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mardi 18 juin 2019

Elverskud : La Fille du Roi des Aulnes, version Niels Gade


gade erlkönigs tochter concerto copenhagen
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La marque de mort de la Fille du Roi des Elfes, orchestration révisée de 1864. Sur instruments anciens.
(Sophie Junker, Johannes Weisser, Concerto Copenhagen, Lars Ulrik Mortensen – Da Capo)

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Même épisode, dans sa version danoise et orchestration originales.
(Elmark, Paevatalu, Tivoli SO, Schønwandt – même label)




1. Une œuvre


Grand, grand choc que cette parution. Niels Gade (1817-1890), représentant capital du romantisme danois (mais dont le tropisme est en réalité très germano-centré), admiré de Schumann et Mendelssohn (qui crée sa première symphonie, et l'invite à Leipzig pour enseigner au Conservatoire et diriger l'Orchestre du Gewandhaus), est plutôt connu – en tout cas du mélomane de bonne volonté – pour ses pièces aimables, très éloignées de l'avant-garde des années 1840-1860. Et pourtant, quel homme de théâtre, comme en témoigne la cantate (en allemand, justement) Comala – avec une scène de chasse extraordinaire !
 
De la génération de Schumann, Liszt, Wagner, Verdi, il n'apparaît pas comme pionnier et a pourtant légué quelques œuvres d'une singularité étrange comme cette Forarsfantasi (Fantaisie printanière, Op.23), dont le romantisme concertant bon teint annonce par endroit, comme par erreur, les couleurs blanches du Martinů pré-minimaliste.
 
Cet Elverskud apparaît comme un autre grand coup : en réunissant des balades médiévales danoises, Gade s'assure non seulement un succès à l'aune du goût du temps pour la matière médiévale, mais parvient aussi, paradoxalement, à produire une œuvre d'une tension dramatique saisissante, haletante comme l'opéra le plus resserré.

Il raconte comment Herr Oluf, chevauchant seul à travers les prés et la bruyère le jour de ses noces, rencontre la Fille du roi des Elfes, qui tente de le séduire avant de le frapper à mort. Cette scène centrale est précédée des avertissements de la mère du cavalier, puis suivie des questions-réponses qu'ils se font à son retour, avant qu'Oluf n'expire.



2. Un patchwork de ballades danoises
 
Le livret est sans auteur crédité, puisant littéralement des portions de ballades dialoguées – les caractéristiques questions de la mère auxquelles le héros ne répond que partiellement avant le dévoilement final – l'assassinat du père d'Edward, la mort du roi Renaud, celle d'Oluf… – en mélangeant plusieurs sources (forme-miroir où la ballade d'Oluf enchâsse l'épisode représenté, et non seulement narré, des Elfes).
 
Il est manifestement agencé par Gade lui-même, avec l'aide de Hans-Christian Andersen (dont il rejeta le premier brouillon) et d'autres proches (son ami le journaliste Sisbye, son beau-père Erslev, son demi-cousin Carl Andersen…). Il confie les arrangements textuels des ballades au philologue Molbech ; mais il lui mène, à lui aussi, vie suffisamment dure pour que celui-ci ne souhaite pas apparaître comme auteur !

À quoi ressemble donc le texte final ?
Prologue et Épilogue sont tirés et arrangés de la ballade La Colline des Elfes.
¶ Les trois parties, centrales, de l'histoire proprement dites sont issues de la ballade d'Oluf, Elverskud – littéralement « blessé d'un trait d'elfe », que les Anglais peuvent plus facilement négocier en Elf-Shot. Elles sont remaniées par Molbech pour représenter directement toute l'action (en particulier la rencontre avec la fille du Roi des Elfes).
¶ Gade y ajoute deux poèmes récents et sans lien pour étoffer deux moments :
        1) un des Poèmes enfantins du Matin d'Ingemann, pour figurer le début du jour au château où est attendu Oluf. Ces poèmes (publiés en 1837) constituent des hits absolus de la culture danoise (au même titre que les contes d'Andersen) ;
        2) une méditation pour l'entrée d'Oluf, dans une langue beaucoup plus lyrique et romantique que les échanges formels des énigmes des ballades ; elle explicite en quelque sorte les motivations de cette chevauchée loin du château où s'apprête son mariage – un désir diffus et tenace, inquiétant, pour un autre visage. Ces quatre quatrains sont dus à Holbech lui-même et sont très visiblement, encore plus qu'Ingemann, éloignés du style médiéval des ballades utilisées.



3. Une musique et une réception généreuses

Le résultat musical et dramatique en est pourtant très fluide, d'un romantisme simple et direct, très déclamé, avec de belles mélodies pastorales (clarinette en particulier !) et des répliques animées qui suivent de près la prosodie. On peut songer à l'esprit des Scènes de Faust de Schumann, qui adaptent aussi une pierre angulaire du patrimoine littéraire en en mettant d'abord en valeur l'élan textuel.

C'est, de mon point de vue, l'une des très belles œuvres symphoniques du XIXe siècle à mettre ainsi en valeur la poésie. Même en musique pure, l'œuvre est charmante et intense à la fois, et se soutient fort bien.

Elverskud est composé de 1851 à 1854 (donc, malgré ses raffinements, pas à la pointe de l'innovation musicale) et reçoit un accueil extrêmement chaleureux au Danemark – on se figure combien l'usage de cette matière nationale a pu accroître l'enthousiasme et la fierté du public face à ce qui est déjà une très belle œuvre. Devant son vif succès elle est redonnée dans une plus grande salle, avec un plus grand orchestre, un mois après sa création ; et dès 1855 l'œuvre parcourt l'Allemagne dans la traduction d'Edmund Lobedanz, où elle soulève également un bel enthousiasme. Sous le titre plus familier d'Erlkönigs Tochter. Dont il faut dire un mot.

Dans les années 1860 et 1870, le succès s'est tellement étendu qu'il en existe des versions chantées en anglais et en français !



4. Une traduction mouvementée

Le titre original de la cantate de Gade, Elverskud, signifie « frappé-d'une-flèche d'elfe ». Dans sa traduction allemande, il est remplacé par Erlkönigs Tochter, « la fille du Roi des Aulnes » – le personnage central qui porte la malédiction, certes, mais les elfes, les aulnes, pourquoi ce changement ?

La difficulté remonte à longtemps.

La ballade danoise d'origine, Herr Oluf han rider, publiée anonymement en 1739 dans la Danske Kæmpeviser, a été réappropriée par Gottfried von Herder dans sa plus fameuse ballade, Erlkönigs Tochter (1778) – c'est l'histoire de Herr Oluf, mais adaptée en un poème plus concis par Herder, et mise en musique en particulier par Loewe (mais aussi, un demi-siècle plus tard, Fibich !), dont c'est probablement le lied le plus célèbre, sous le titre Herr Oluf (1821).
Or, en l'adaptant, Herder opère un choix étrange : au lieu de traduire Ellerkonge (forme archaïque, encore en usage assez tard comme bien d'autres en littérature danoise, souvent sorties des dictionnaires), l'équivalent d'Elverkonge (« roi elfe »), il choisit Erlkönig (« roi des aulnes »).

On admet généralement qu'il s'agit d'une erreur philologique de sa part – ayant lu Ellerkonge comme Ellekonge (« roi des aulnes »). D'autres auteurs avancent aussi la possibilité que Herder ait délibérément fait du Roi des Elfes un personnage mystérieux de la forêt (je me dis qu'il peut y avoir aussi tout simplement une question de consonance expressive).
Mais en réalité, la confusion préexiste déjà chez les philologues danois, certains rattachant la forme Ellekonge (aussi attestée, me semble-t-il) de l'elletræ (træ = arbre), l'aulne.

Que Herder ait suivi les érudits qui l'ont précédé, fait la même erreur logique, opéré une confusion moins glorieuse en oubliant une lettre, ou volontairement altéré l'identité du roi magique, c'est sous cette dénomination que le personnage se fait connaître dans la poésie allemande – repris comme tel dès 1782 par Goethe dans une autre histoire de violence elfique (sans Oluf et sur un enfant), Erlkönig.

Tout cela explique pourquoi, en 1855, il était si évident de remplacer ce « percé-d'une-flèche d'elfe » par le titre bien connu de la ballade de Herder, « la fille du roi des aulnes », par ailleurs le personnage capital situé au centre exact de la cantate.
Branding in nineteenth-century style.

J'avais proposé en 2006 une notule qui expliquait sous un angle différent cette histoire (explorant, à partir de Goethe, sa source Herder).



5. Trois versions


gade erlkönigs tochter kitayenko
1992 : Kitayenko. Orchestre National de la Radio du Danemark. Eva Johansson, Anne Gjevang, Poul Elming (Chandos).
Version en danois. Dans une captation Chandos un peu vaporeuse, avec un orchestre qui n'est pas non plus le plus ferme du monde, une belle lecture avec de grandes voix : le grand ténor wagnérien danois d'alors Paul Elming (dans ces années, il faisait Siegmund à Bayreuth, puis Parsifal) ; l'abyssale Anne Gjevang (le contralto pour la Saint-Matthieu et le Messie de Solti) ; la prometteuse Eva Johansson (future Brünnhilde & Elektra, encore dans une période lyrique mais on entend déjà le potentiel de largeur de la voix).
Ce n'est pas la lecture la plus nerveuse du monde, mais elle fonctionne bien – c'est d'ailleurs la seule avec un ténor. (J'ai l'impression qu'il s'agit de l'orchestration révisée de 1864, mais je n'ai pas trouvé l'information dans la notice.)

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gade erlkönigs tochter schønwandt
1996 : Schønwandt. Symphonique de Tivoli. Susanne Elmark, Kirsten Dolberg, Guido Paevatalu (Da Capo).
Chez le label spécialiste danois de Naxos, l'orchestration originale, chantée en danois. Schønwandt réussit très bien les différentes composantes de la partition, l'ardeur dramatique comme la contemplation pastorale, et les voix sont délicieuses, soprano limpide et mordant, baryton franc et moelleux… L'Orchestre de Tivoli tire son nom des jardins où il se produit l'été : c'est en réalité l'orchestre régional de Zélande (Sjællands Symfoniorkester), qu'on appelle aussi Philharmonique de Copenhague. Le prise de son n'est pas la plus volptueuse du monde (un peu lointaine et métallique, comme les Naxos de ces années), mais l'investissement des interprètes rend ce détail assez secondaire.

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gade erlkönigs tochter concerto copenhagen
2019 : Mortensen. Concerto Copenhagen. Sophie Junker, Ivonne Fuchs, Johannes Weisser (Da Capo).
Da Capo fait lui-même, plus de dix ans après, le contrepoint de sa parution précédente, avec la version allemande (peut-être plus exportable) de 1855 et l'orchestration révisée de 1864.
Ce volume dispose de beaucoup d'avantages :
¶ bien que je sois partisan du plaisir de l'exotisme (et dispose de notions de danois), l'allemand rend le texte plus présent et net (vraiment une question de nature de la langue, les consonnes allemands sont plus nettes – beaucoup de « sourdes / non voisées » qui claquent), on comprend bien mieux ce qui est dit, même si la prononciation est très valeureuse dans les autres albums, en particulier Schønwandt ;
¶ le Concerto Copenhagen, en 1991 et dirigé par le (grand) claveciniste Lars Ulrik Mortensen depuis 1999, est un ensemble sur instruments d'époque avec deux spécialités : le répertoire pré-1800… et la musique scandinave méconnu. Ils ont notamment faits de très beaux Bach (Messe en si, Brandebourgeois) secs et nerveux. Dans ce répertoire romantique aux traits d'orchestration un peu schumanniens, qu'ils jouent sur instruments anciens et diapason d'époque, ils apportent une netteté de trait et une chaleur des couleurs qui permettent de donner beaucoup d'aération au spectre sonore, beaucoup d'intensité aux ponctuations de l'action… Les vents apportent une coloration assez merveilleuse, en particulier ;
¶ il en va de même pour les chanteurs, attaques fines, timbres clairs et mordants, ils chantent clairement, du lied, tout en osant la générosité de l'opéra.
Tout frémit dans cet enregistrement, qui s'écoute d'une traite, comme une chevauchée à travers les aulnes.



Certains de ces enregistrements sont disponibles sur les plates-formes de flux (les trois sur Naxos Music Library, et sur Deezer et Qobuz, vous trouverez au moins Mortensen ; je n'ai pas vérifié pour Spotify).

Les livrets sont librement accessibles en ligne pour Mortensen et Kitayenko (qui contient le livret quadrilingue)

En attendant, je ne puis trop vous presser de découvrir cette pudique merveille, ou à tout le moins la réentendre dans cette très belle version allemande & orchestration révisée qui vient de paraître.

samedi 20 janvier 2018

Les opéras rares cette saison dans le monde – #5 : en anglais




opera house
L'opéra de Debrecen et l'étrange géométrie de son plafond.
On y donne Acis and Galatea de Haendel.




Précédents épisodes :
principe général du parcours ;
#1 programmation en langues russe, ukrainienne, tatare, géorgienne ;
#2 programmation en langues italienne et latine ;
#3 programmation en allemand ;
#4 programmation en français.

À venir : polonais, slaves occidentaux (tchèques, slovaques) & méridionaux (slovène, croate), celtiques & nordiques (irlandais, danois, bokmål, suédois, estonien), espagnols, et surtout une grosse notule sur les opéras contemporains intriguants, amusants (ou même réussis).



opera house
La salle du Pinchgut Opera a un plan en « boîte à chaussures » inhabituel pour une salle prévue pour le scénique, surtout avec ses sièges latéraux orientés à 90°.
Pinchgut est une île qui fait face à Sydney, presque entièrement occupée par son Fort Denison, à l'image d'If à Marseille. La compagnie qui a pris son nom se situe dans la ville, bien sûr, et est spécialisée dans l'exécution d'opéras du XVIIe et XVIIIe siècle sur opéra d'époque, de très bon niveau ainsi qu'en témoignent quelques disques.

On y donne Athalia de Haendel.



Opéras baroques

Pas d'Arne, rien que du Haendel, désolé – mais quelqu'un doit bien faire Blow quelque part, au moins une version de concert dans une petite salle.

Haendel, Acis and Galatea (Debrecen)
Haendel, Athalia (Pinchgut de Sydney)
Haendel, Saul (Mainz, an der Wien)
Haendel, Apollo e Dafne (Graz)
→ Trois « oratorios » (en réalité des opéras en anglais, même pas toujours sur sujet religieux) et une cantate, Apollo e Dafne – il a aussi existé une Daphne, son quatrième opéra et le dernier de sa période hambourgeoise, mais la musique en est perdue.
Acis contient des airs assez marquants et hors de l'ordinaire (les graves profonds de Polyphème ont leur célébrité chez les basses), tandis que Saul est beaucoup plus varié et mobile qu'un seriastandard,mais je trouve, étrangement, que cela ne se ressent quasiment que dans l'antique studio Harnoncourt, là où les plus informés, fût-ce Jacobs, ne parviennent pas tout à fait à rendre cette force du verbe biblique et cette atmosphère très singulière. Je ne puis donc préjuger du rendu en salle.

opera house
La salle de l'Opéra d'Edmonton, en Alberta.
On y donne HMS Pinafore de Sullivan.




Opéras romantiques

Là aussi, on aurait pu espérer les bijoux (mélanges de belcanto, de fantastique weberien et de numéros assouplis à la française…) comme Robin Hood de Macfarren, Satanella de Balfe ou Lurline (Loreleï…) de Wallace. Mais je n'ai rien vu, et il est vrai que même dans les Îles Britanniques, cette part du patrimoine reste tout à fait occultée, hélas – ceux que j'ai pu entendre valent largement les opéras d'Adam et Auber, dans un style similaire (mais plus ambitieux qu'eux, ils ont de toute évidence respiré Weber et Marschner).

Sullivan, The Pirates of Penzance (Leipzig, Ulm, Meiningen, San Diego)
Sullivan, HMS Pinafore (Edmonton en Alberta)
Sullivan, Trial by Jury (Leeds)
→ Répertoire léger mais prégnant qu'on ne joue guère hors des îles britanniques et de l'Amérique anglophone… la musique en est très consonante et formellement tout à fait simple, mais pas sans séductions mélodiques ; les livrets originaux et piquants ; l'ensemble virevoltant avec beaucoup de finesse en fin de compte – moins virtuose que Rossini, sans doute, mais aussi beaucoup moins souligné que les Offenbach : le meilleur du comique anglais.
→ À présent qu'il est ordinaire de jouer des opéras, même dotés d'une veine comique verbale significative, en langue originale – sans mentionner la généralisation de l'usage de l'anglais dans la population –, il n'y a pas vraiment de raison de ne pas en donner au moins les titres emblématiques : Penzance (qui existe en français, d'ailleurs), Pinafore, Mikado, Yeoman… en ce qui me concerne, je les trouve plus stimulants à tout point de vue (musicalement, mais surtout beaucoup plus amusants) que les petits Offenbach qu'on redonne ici et là. J'avoue cependant ne pas en être assez familier pour disposer d'une opinion sur les petits Gilbert & Sullivan, qui ne valent peut-être pas mieux !

Chadwick, Burlesque Opera of Tabasco (New Orleans)
→ George Whitefield Chadwick est un des plus beaux représentants du romantisme musical américain, à la fin du XIXe siècle (1854-1931) – de la Second New England School, comme Amy Beach. Sa Deuxième Symphonie témoigne d'une belle maîtrise de tous les aspects d'écriture, dans une veine simple et lumineuse. Mais les Symphonic Sketches sont encore plus intéressants, plus personnels – culminant dans le mouvement lent, « Noel », tout à fait dans l'esprit folklorique de la Neuvième de Dvořák !
→ Son opéra Tabasco de 1894 en témoigne. (Oui, Tabasco comme la sauce.) Intrigue minimale : : Hot-Heddam Pasha menace de décapiter son cuisinier français (en réalité un imposteur irlandais) si celui-ci ne relève pas davantage ses plats. Après une recherche désespérée à travers la ville, c'est la mystérieure fiole d'un mendiant aveugle qui fait l'affaire, en réalité une bouteille de sauce au piment Tabasco.
→ C'était au départ une simple commande locale d'une milice de Boston, à l'occasion d'une levée de fonds pour une nouvelle armurerie. Mais le succès fut grand, les droits rachetés par un producteur ambitieux, un accord passé avec l'entreprise créatrice de la sauce, ce qui a transformé la petite pièce légère en grand événement traversant le continent dans une forme de cirque extraverti (distribution de produits, immense bouteille en carton-pâte sur scène).
→ Musicalement, nous avons affaire à de la pure veine légère anglophone, quelque part entre Sullivan et Candide de Bernstein, très agréablement réussi. [Je ne crois pas qu'il en existe d'intégrale officielle, mais YouTube en fournit plusieurs extraits.]



opera house
L'Opéra de Tel Aviv évoque de l'extérieur un de ces hôtels de luxe de la côte.
On y donne A Midsummer Night's Dream de Britten.




Opéras du XXe siècle

On y trouve essentiellement des compositeurs dans une veine tout à fait tonale, artisans d'un héritage raisonnable du passé, à exceptions près (qui ne sont pas du tout de l'opéra d'ailleurs, mais figuraient dans les saisons de respectables maisons).

Je les ai laissés dans l'ordre suggéré par leurs dates de naissance.

Barber
, Vanessa (Frankfurt-am-Main)
→ Je tiens Vanessa pour l'un des opéras les plus aboutis de tout le répertoire, sa cohérence entre livret et musique, sa fluidité, sa façon de toucher simplement à la vérité du théâtre et à la beauté de la musique n'ayant que peu d'égales.
→ Une notule le présente plus amplement (ainsi que les contraintes de distribution et circostances de création).

Britten
, The Rape of Lucretia (Cologne)
→ L'opéra (le troisième de ses quinze) a l'originalité de convoquer des coryphées, mais j'aurais peu de bien à en dire. Langage sonore très gris, livret très lent (et qui fait du viol de Lucrèce un semi-rêve assez déplaisant dans ses insinuations – comme la jeune mère de Merlin, elle fait un rêve érotique, bien fait pour sa tronche), où même la scène-titre se déroule très lentement, habillé d'échanges bavards et flous… Et tout ce qui précède et suit a finalement un rapport dramatique assez lâche avec ce que devrait être l'histoire de Lucrèce – tout l'apparat romain a disparu, en tout cas. Même la prosodie, parfois le point fort de Britten, est ici noyée dans un semi-lyrisme récitatif sans grand relief. Bof.

Britten
, Gloriana (Madrid)
→ Commande de Covent Garden pour le Couronnement d'Elizabeth II, en 1953, Gloriana est une variation sur l'épisode des amours et de la mort de Robert Devereux, amant d'Elizabeth Ière. Chez Britten, Devereux est moins perdu par ses ennemis à la Cour que par ses propres faiblesses à la guerre, voire par ses propres partisans – sa mort est signée devant l'aplomb de ses soutiens, le considérant indispensable au gouvernement du royaume. Et tout cela sert de support à une méditation sur l'âge (Elizabeth est déjà mûre), sur la solitude de l'individu, sur l'avenir de tout amour et de toute vie…
→ Musicalement, le sujet est bien sûr l'occasion pour Britten d'écrire dans une langue assez claire, au besoin néoclassique, et plutôt en aplats d'accords, comme accompagné sur orgue positif. Pas forcément très saillant, mais d'une belle sobriété ; peut-être un peu régulier pour se montrer efficacement dramatique.
→ Le sujet n'est finalement pas très révérencieux, présentant cette reine déclinante, hésitante, sensible aux morsures de l'amour-propre. Mais, au demeurant, Elizabeth II n'a pas choisi son nom de règne (un souverain d'Angleterre peut changer son prénom, comme les papes) en référence à son inégalable devancière, simplement décidé de conserver son nom de baptême – peut-être plus de la modestie que de l'ambition, mais je ne suis pas assez familier des biographes de ladite majesté pour m'avancer sur le sujet.
→ Il existe une bande de la création – avec Peter Pears en jeune galant (!), mais aussi Geraint Evans en Lord (!) et Monica Sinclair en Lady (!!). Mais le son un brin ouaté accentue plutôt les limites du style de Britten, à mon sens.

Britten, A Midsummer Night's Dream (an der Wien, Tel Aviv)
→ Même si les parties amoureuses sont plus grises, le Songe de Britten, au milieu de sa carrière (1960) est l'un de ses opéras les plus coloré et inventifs, en particulier dans toutes les parties féeriques : le contre-ténor inhabituel d'Oberon, écrit pour Deller, les fanfares grêles des Elfes, les interventions parlées savoureuses de Puck… Vraiment du Britten inhabituellement bigarré, et très inspiré par endroit.

Britten, The Prodigal Son (Opéra de Chambre de Moscou)
→ Antépénultième opéra (ou assimilé) et troisième de ses paraboles pour représentation d'église, c'est aussi la moins convaincante (Noye's Fludde dispose d'un certain impact dramatique ; The Burning Fiery Furnace s'essaie à une modernité un peu plus radicale), très peu saillante à mon gré – un peu comme du mauvais Billy Budd.

Britten, Death in Venice (Stuttgart, Linz)
→ Un cas étonnant de Britten beaucoup plus germanisant, décadent même, d'un langage plus hardi (enfin, de la tonalité avec de légères touches un peu plus berguiennes, pour les années 70…) et plus romantique à la fois. Bien sûr, la déclamation très en avant et un peu indifférenciée reste toujours la sienne, mais le changement de couleur est patent, et ce n'est pas si souvent donné.

Menotti, The Medium (Berne, Chicago, New Orleans)
Menotti, The Consul (Dayton, Lawndale en Californie)
Menotti, Amahl and the Night's Visitors (Lausanne, Sofia)
Menotti, célèbre pour avoir été le librettiste (et compagnon) de Barber, a produit un grand nombre d'œuvres scéniques (2 ballets-pantomimes, 18 opéras dans tous les genres, de la piécette bouffe d'une demi-heure à l'opéra historique néo-romantique, en passant par toute une gamme de sujets et langages intermédiaires). D'un langage tout à fait tonal, mais puisant à de très nombreuses écoles, le résultat n'en est pas musicalement unique, mais toujours très opérant en tant qu'objet de théâtre musical.
Amahl est un gentil opéra pour enfants, qui existe, comme The Telephone ou The Medium, en plusieurs langues dont le français. Mais aussi en allemand, comme The Consul – qui sera donné en allemand en Allemagne et en Autriche pendant cette saison.
→ Les deux autres sont plus dramatiques, quoique intégrant des éléments plaisants, en particulier dans The Consul, son opéra le plus sombre (du moins parmi ceux enregistrés), où pourtant le comique absurde abonde, culminant dans d'improbables tours de magie (au départ minables, à la fin presque surnaturels) au sein même du Consulat.
The Consul est une histoire terrible, une tragédie bureaucratique kafkaïenne épouvantable, écrite dans un langage qui emprunte à la déclamation et aux atmosphères oppressantes de Britten, au lyrisme de Puccini, à l'harmonie de Poulenc, et pourtant traitée avec une vivacité particulière et une prédominance de l'humour. Une notule lui est consacrée.
The Medium, son œuvre la plus jouée, est probablement la plus travaillée sur le plan musical, avec une variété de textures, un travail sur l'orchestration, sur les contrastes entre scènes, sans rien céder à ses qualités prosodiques et théâtrales habituelles. C'est un rôle où ont brillé les grands mezzos déclinants mais glorieux – Mödl, Crespin, Gorr… [Vous pouvez par exemple l'aborder avec cette version en français – Metz 1994 avec Gorr, Raphanel, Zanetti !]
→ Assez peu donné sur les grandes scènes, Menotti est en revanche très régulièrement programmé dans des théâtres de taille moyenne – car, je suppose, ne réclamant pas d'orchestres immenses, n'obligeant pas à des pyrotechnies invraisemblables, et toujours très payant scéniquement. Il doit, en fin de compte, figurer parmi les compositeurs nés au XXe dont les opéras sont le plus joués. Et ce n'est que justice : sans être un compositeur majeur, chaque œuvre, prise comme un tout, fonctionne à la perfection, pas de longueurs, pas de faiblesses, surtout dans sa première période – The Saint of Bleecker Street et bien plus tard Goya, plus sérieux, ont moins de saillances. [Mon chouchou reste la courte conversation en musique The Telephone.]

opera house
À la Taschenoper (« Opéra de poche ») de Vienne.
On y donne A House Full of Music de John Cage.


Partch, Barstow: Eight Hitchhikers' Inscriptions (Buenos Aires)
→ Je l'ai vu classé dans un saison d'opéra, mais Barstow est loin de répondre à la définition stricte, ni même élargie de l'opéra : il s'agit d'inscriptions d'auto-stoppeurs lus sur une rambarde routière à Barstow, en Californie (1841).
→ Harry Partch est resté célèbre pour ses créations d'instruments ; pendant la Grande Dépression, il a vécu comme vagabond auto-stoppeur / intérimaire itinérant (hobo), et a réalisé quantité d'instruments nouveaux à partir de matériaux sommaires.
→ Cette œuvre, originellement écrite pour voix guitare adaptée, a aussi été révisée (en 1954 et 1968) pour deux voix, et des instruments propres à Partch que même la base de l'IRCAM ne nomme qu'en anglais : surrogate kithara (cithare de substitution, je dirais), chromelodeon, marimba diamant et boo. Très accessible et sympathique, mais cela ne dure que dix minutes.

Cage, A House Full of Music (Taschenoper de Vienne)
→ Je l'ai vu, de même, mentionné dans des saisons d'opéra, mais enfin, malgré quelques glossolalies (et explications parlées surimprimées), c'est plutôt une forme de poème symphonique de chambre (produit notamment avec des batteries de cuisine…). Du vrai Cage, très ludique, pas forcément intéressant musicalement.

opera house
Le Noah Liff Opera Center accueille l'Opéra de Nashville (Tennessee).
On y donne Susannah de Floyd.
(Et on y propose aussi, dès le 27 ce mois, j'en parlerai dans la notule consacrée aux créations, un très prometteur et subtil Hercules vs. Vampires !)


Floyd, Susannah (Nashville)
→ Le grand classique du patrimoine américain (avec A Streetcar Named Desire, dans le genre très différent de la conversation en musique et du théâtre d'auteur). Susannah est au contraire une histoire où les enjeux moraux et sociétaux sont très conservateurs, écrite dans un langage hors de son temps, complètement romantique, très lyrique.
→ Musique pas du tout neuve (le livret davantage, puisqu'il fait écho à une culture qui n'est pas directement européenne, mais il n'est pas fabuleux), mais très beau si on aime l'opéra dans ce qu'il peut avoir d'élancé, de simplement lyrique – un Puccini sans sophistication post-wagnérienne et sans sirop, si vous voulez. J'aime assez, je dois dire. Je l'ai déjà dit : je suis un garçon simple.

opera house
Le pittoresque orientalisant de l'Opera North, marque qui s'est imposée pour désigner l'Opéra de Leeds (phtographie de Don McPhee pour le Guardian).
On y donne Trouble in Tahihi de Bernstein.

Bernstein, Trouble in Tahiti (Amsterdam, Leeds, Semperoper de Dresde, Boston, Opera Parallèle de San Francisco… et l'Athénée à Paris)
Bernstein, On the Town (Saint-Gall)
Bernstein, A Quiet Place (Kammeroper de Vienne)
→ Trois comédies musicales : les premières, et puis la dernière, qui reprend Trouble in Tahiti en y adjoignant de nouveaux actes. Les trois sont de la très bonne comédie musical, dans un style de… comédie musicale. Ne surtout pas y chercher de l'opéra (ni même l'éclectisme de la Messe).



opera house
Intérieur coloré de du Théâtre de Saint-Gall (Sankt Gallen) en Suisse.
On y donne On the Town de Bernstein.




Ce n'est pas une année de redécouvertes particulièrement fastes en langue anglaise, mais à l'échelle du monde, il y a tout de même de quoi admirer quelques beautés.

En revanche, hors patrimoine, on verra beaucoup de créations et de reprises d'œuvres récentes (certaines intriguantes, voire terrifiantes), que je traiterai dans une notule à part… (mais d'ici à ce que je la publie, je pourrai sans doute en écouter certaines qui auront été jouées !)

lundi 2 janvier 2017

De Stanisław Moniuszko à Władysław Żeleński – l'opéra romantique et fantastique polonais en vidéo


Sur les sites spécialisés, une belle moisson de raretés disponible actuellement ; voilà l'occasion de parler un peu plus amplement d'un domaine à peu près vierge hors de Pologne. Je ferai prochainement un point sur les vidéos d'opéra rares et/ou exaltantes disponibles en ce moment en ligne.

En l'occurrence, The Opera Platform a mis à disposition Goplana de Władysław Żeleński, que je vous invite à découvrir pendant ou après cette notule.

Peut-être commencer par des conseils de prononciation : « Staniswouaf Moniouchko » et « Vouadisvouaf Jèniski ».



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Des compositeurs d'opéra polonais au XIXe siècle, on ne connaît guère que Stanisław Moniuszko – et encore, on ne le joue jamais en France, très rarement hors de Pologne, il existe peu de disques, et pas forcément des intégrales, pas toujours avec le livret non plus… Alors Żeleński, qui n'a jamais été aussi populaire…

Néanmoins, Żeleński, de la génération suivante (né en 1837 contre 1819 pour Moniuszko), propose une musique globalement plus intéressante. Moniuszko écrit du Auber (et pas du très grand Auber) à la polonaise, opéra-comique à numéros bien clos, encore marqué par l'influence du belcanto, essentiellement des cantilènes ou des airs de caractère avec accompagnement simple en ploum-ploum. (Cela dit, Halka – 1846 – est beaucoup plus séduisante et dramatique que l'assez translucide Manoir Hanté – 1862 – dont il ne faut espérer ni le fantastique du Vampyr, ni la fantaisie charmante de la Dame Blanche, pourtant antérieurs de plus de 30 ans !)




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Chez Żeleński, le discours musical est continu, et à défaut de beaucoup moduler, l'accompagnement adopte un peu plus de variété.

Goplana (1895) raconte les manipulations des fées pour trouver un mari à leur gré, menaçant le pauvre navigateur ou manipulant le prince, à coups de sorts, de mensonges, de doubles amours, d'épreuves, de jalousies, de menaces. Pourtant, la musique frappe par son sage sérieux et son peu de spectaculaire (ou même de figuralisme), comme arrêté au modèle d'Euryanthe de Weber (1823 !).
Même en comparant aux opéras des nations d'Europe peu réputées pour leur avant-gardisme, cet opéra a des décennies de retard. Thora på Rimol de Hjalmar Borgstrøm, dans la Norvège de 1894, évoque au minimum le Wagner du Vaisseau fantôme (1841) dans un orchestre plus luxuriant et une harmonie plus mobile ; Rusalka [notules 1, 2, 3] de Dvořák, chez les Tchèques en 1900, est certes à des années-lumières de Pelléas ou Elektra, dans la même décennie, mais explore des motifs et des harmonies sophistiquées qu'on ne pouvait pas entendre avant le Wagner de maturité (et donc, le temps de l'assimilation, guère avant les années 1880-1890).

Chez Żeleński, l'orchestration repose sur des principes qui n'excèdent pas la science du milieu du XIXe siècle (et plus celle de Schumann ou du premier Verdi que celle de Meyerbeer ou Berlioz !). Je crois néanmoins que cette impression d'homogénéité entre les différents tableaux tient grandement à l'interprétation de l'Opéra National Polonais de Varsovie, dont le style épais et un peu indifférent ressemble à celui qui faisait tout jouer identiquement au milieu du XXe siècle, avant les révolutions stylistiques. Jouée avec plus de tranchant et d'engagement, la partition révèlerait mieux ses beautés.




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Pourquoi le conseiller, dans ce cas ?

Car il s'agit d'un véritable dépaysement : il est très rare d'entendre un opéra polonais, et encore plus dans la langue polonaise ; les plus fréquents dans le monde doivent être Les Diables de Loudun de Penderecki… en allemand, et Le Roi Roger de Szymanowski, très typé, pas celui où le détail de la langue n'est pas le plus immédiatement sensible.
Et, malgré les réserves formulées, si ce n'est pas un chef-d'œuvre, ce n'est pas pour autant un mauvais opéra : le livret est très dépaysant, une bizarre tragédie à base d'intrigues légères de femmes conspiratrices (qui finissent par tourner très mal, certes, dans les dernières minutes), dans un univers folklorique qui ne ressemble guère aux autres opéras. La musique continue, sans être très marquante, échappe à la fragmentation en numéros et coule agréablement. Le ballet de l'acte III, rempli de danses traditionnelles, n'est pas inintéressant non plus.

Surtout, The Opera Platform propose une expérience exceptionnelle : capté en HD, le spectacle est surtitré simultanément en polonais et en anglais, ce qui permet à la fois de suivre le détail du texte prononcé et le sens de chaque séquence, beaucoup plus précisément qu'avec des sous-titres monolingues. Et c'est un plaisir qui n'a pas de prix – on devrait faire ça systématiquement pour tous les spectacles donnés et pour toutes les vidéodiffusions.
(La même maison avait d'ailleurs proposé, il y a quelques mois, Straszny dwór, le Manoir hanté de Moniuszko – mais il fallait choisir une traduction unique, je crois. Un site qui tient ses promesses d'exploration européenne !)



L'occasion également, pour les plus joueurs d'entre nous, d'observer quelques particularités plaisantes de la langue polonaise, comme la prononciation du « y », qu'on résume souvent par [é], comme dans « Szymanowski », mais qui peut aussi être un beau [i] slave, plus rond que le [i] standard (comme dans «  Władysław ») et qui peut même se prononcer plutôt [a] en fin de mot.

Contrairement à ce que l'on dit parfois de la médiocrité de l'école de chant polonaise (voir par exemple cet entretien (quatrième question en partant de la fin) où un jeune chanteur souligne que Beczała et Kwiecień ont été formés en réalité en Allemagne et aux États-Unis), on peut aussi profiter d'un plateau remarquable : deux rôles de ténor écrasants, très longs, placés haut et réclamant une assez bonne largeur, chantés avec une aisance remarquable.
Et pourtant, il est vrai, la langue polonaise, placée assez en arrière et farcie de consonnes sèches (sans vibration des cordes vocales), n'est guère favorable au chant intrinsèquement.

L'expérience est réellement à tenter.

(Vous remarquerez au passage qu'être un metteur en scène réputé en Pologne n'a pas exactement la même signification visuelle qu'en Europe plus occidentale…)



À bientôt pour de nouvelles aventures, avec des suggestions de programme pour janvier : en Île-de-France, on jouera Lambert, Le Camus, Sacchini, Chaminade, Humperdinck, Alfvén, Mel Bonis, Stenhammar, Ešenvalds, Sandström, Hindemith, Milhaud, Tormis, Kalniņš, Vasks, Guy Sacre et autres bijoux que vous manqueriez possiblement sans cela !

David Le Marrec

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