samedi 20 janvier 2018
Les opéras rares cette saison dans le monde – #5 : en anglais

L'opéra de Debrecen et l'étrange géométrie de son plafond.
On y donne Acis and Galatea de Haendel.
Précédents épisodes : ¶ principe général du parcours ;
#1 programmation en langues russe, ukrainienne, tatare, géorgienne
;
#2 programmation en langues italienne et latine ; #3 programmation en allemand ; #4 programmation en français. |
À venir : polonais, slaves occidentaux (tchèques, slovaques) & méridionaux (slovène, croate), celtiques & nordiques (irlandais, danois, bokmål, suédois, estonien), espagnols, et surtout une grosse notule sur les opéras contemporains intriguants, amusants (ou même réussis).

La salle du Pinchgut Opera a un plan en « boîte à chaussures » inhabituel pour une salle prévue pour le scénique, surtout avec ses sièges latéraux orientés à 90°.
Pinchgut est une île qui fait face à Sydney, presque entièrement occupée par son Fort Denison, à l'image d'If à Marseille. La compagnie qui a pris son nom se situe dans la ville, bien sûr, et est spécialisée dans l'exécution d'opéras du XVIIe et XVIIIe siècle sur opéra d'époque, de très bon niveau ainsi qu'en témoignent quelques disques.
On y donne Athalia de Haendel.
Opéras baroques
Pas d'Arne, rien que du Haendel, désolé – mais quelqu'un doit bien faire Blow quelque part, au moins une version de concert dans une petite salle.
Haendel, Acis and Galatea (Debrecen) Haendel, Athalia (Pinchgut de Sydney) Haendel, Saul (Mainz, an der Wien) Haendel, Apollo e Dafne (Graz) |
→
Trois « oratorios » (en réalité des opéras en anglais, même pas
toujours sur sujet religieux) et une cantate, Apollo e Dafne – il a aussi existé
une Daphne, son quatrième
opéra et le dernier de sa période hambourgeoise, mais la musique en est
perdue.
→ Acis contient des airs
assez
marquants et hors de l'ordinaire (les graves profonds de Polyphème ont
leur célébrité chez les basses), tandis que Saul est beaucoup plus varié et
mobile qu'un seriastandard,mais
je trouve, étrangement, que cela ne se ressent quasiment
que dans l'antique studio Harnoncourt, là où les plus informés, fût-ce
Jacobs, ne parviennent pas tout à fait à rendre cette force du verbe
biblique et cette atmosphère très singulière. Je ne puis donc préjuger
du rendu en salle.

La salle de l'Opéra d'Edmonton, en Alberta.
On y donne HMS Pinafore de Sullivan.
Opéras romantiques
Là aussi, on aurait pu espérer les bijoux (mélanges de belcanto, de fantastique weberien et de numéros assouplis à la française…) comme Robin Hood de Macfarren, Satanella de Balfe ou Lurline (Loreleï…) de Wallace. Mais je n'ai rien vu, et il est vrai que même dans les Îles Britanniques, cette part du patrimoine reste tout à fait occultée, hélas – ceux que j'ai pu entendre valent largement les opéras d'Adam et Auber, dans un style similaire (mais plus ambitieux qu'eux, ils ont de toute évidence respiré Weber et Marschner).
Sullivan, The Pirates of Penzance (Leipzig,
Ulm, Meiningen, San Diego) Sullivan, HMS Pinafore (Edmonton en Alberta) Sullivan, Trial by Jury (Leeds) |
→ Répertoire léger mais prégnant qu'on
ne joue guère hors des îles britanniques et de l'Amérique anglophone…
la musique en est très consonante et formellement tout à fait simple,
mais pas sans séductions mélodiques ; les livrets originaux et piquants
; l'ensemble virevoltant avec beaucoup de finesse en fin de compte –
moins virtuose que Rossini, sans doute, mais aussi beaucoup moins
souligné que les Offenbach : le meilleur du comique anglais.
→ À présent qu'il est ordinaire de jouer des opéras, même dotés d'une veine comique verbale significative, en langue originale – sans mentionner la généralisation de l'usage de l'anglais dans la population –, il n'y a pas vraiment de raison de ne pas en donner au moins les titres emblématiques : Penzance (qui existe en français, d'ailleurs), Pinafore, Mikado, Yeoman… en ce qui me concerne, je les trouve plus stimulants à tout point de vue (musicalement, mais surtout beaucoup plus amusants) que les petits Offenbach qu'on redonne ici et là. J'avoue cependant ne pas en être assez familier pour disposer d'une opinion sur les petits Gilbert & Sullivan, qui ne valent peut-être pas mieux !
→ À présent qu'il est ordinaire de jouer des opéras, même dotés d'une veine comique verbale significative, en langue originale – sans mentionner la généralisation de l'usage de l'anglais dans la population –, il n'y a pas vraiment de raison de ne pas en donner au moins les titres emblématiques : Penzance (qui existe en français, d'ailleurs), Pinafore, Mikado, Yeoman… en ce qui me concerne, je les trouve plus stimulants à tout point de vue (musicalement, mais surtout beaucoup plus amusants) que les petits Offenbach qu'on redonne ici et là. J'avoue cependant ne pas en être assez familier pour disposer d'une opinion sur les petits Gilbert & Sullivan, qui ne valent peut-être pas mieux !
Chadwick, Burlesque Opera of Tabasco (New Orleans)
→ George Whitefield Chadwick est un des
plus beaux représentants du romantisme
musical américain, à la fin du XIXe siècle (1854-1931) – de la Second New England School,
comme Amy Beach. Sa Deuxième Symphonie témoigne d'une belle maîtrise de
tous les aspects d'écriture, dans une veine simple et lumineuse. Mais
les Symphonic Sketches sont
encore plus intéressants, plus personnels – culminant dans le mouvement
lent, « Noel », tout à fait dans l'esprit folklorique de la Neuvième de
Dvořák !
→ Son opéra Tabasco de 1894 en témoigne. (Oui, Tabasco comme la sauce.) Intrigue minimale : : Hot-Heddam Pasha menace de décapiter son cuisinier français (en réalité un imposteur irlandais) si celui-ci ne relève pas davantage ses plats. Après une recherche désespérée à travers la ville, c'est la mystérieure fiole d'un mendiant aveugle qui fait l'affaire, en réalité une bouteille de sauce au piment Tabasco.
→ C'était au départ une simple commande locale d'une milice de Boston, à l'occasion d'une levée de fonds pour une nouvelle armurerie. Mais le succès fut grand, les droits rachetés par un producteur ambitieux, un accord passé avec l'entreprise créatrice de la sauce, ce qui a transformé la petite pièce légère en grand événement traversant le continent dans une forme de cirque extraverti (distribution de produits, immense bouteille en carton-pâte sur scène).
→ Musicalement, nous avons affaire à de la pure veine légère anglophone, quelque part entre Sullivan et Candide de Bernstein, très agréablement réussi. [Je ne crois pas qu'il en existe d'intégrale officielle, mais YouTube en fournit plusieurs extraits.]
→ Son opéra Tabasco de 1894 en témoigne. (Oui, Tabasco comme la sauce.) Intrigue minimale : : Hot-Heddam Pasha menace de décapiter son cuisinier français (en réalité un imposteur irlandais) si celui-ci ne relève pas davantage ses plats. Après une recherche désespérée à travers la ville, c'est la mystérieure fiole d'un mendiant aveugle qui fait l'affaire, en réalité une bouteille de sauce au piment Tabasco.
→ C'était au départ une simple commande locale d'une milice de Boston, à l'occasion d'une levée de fonds pour une nouvelle armurerie. Mais le succès fut grand, les droits rachetés par un producteur ambitieux, un accord passé avec l'entreprise créatrice de la sauce, ce qui a transformé la petite pièce légère en grand événement traversant le continent dans une forme de cirque extraverti (distribution de produits, immense bouteille en carton-pâte sur scène).
→ Musicalement, nous avons affaire à de la pure veine légère anglophone, quelque part entre Sullivan et Candide de Bernstein, très agréablement réussi. [Je ne crois pas qu'il en existe d'intégrale officielle, mais YouTube en fournit plusieurs extraits.]

L'Opéra de Tel Aviv évoque de l'extérieur un de ces hôtels de luxe de la côte.
On y donne A Midsummer Night's Dream de Britten.
Opéras du XXe siècle
On y trouve essentiellement des compositeurs dans une veine tout à fait tonale, artisans d'un héritage raisonnable du passé, à exceptions près (qui ne sont pas du tout de l'opéra d'ailleurs, mais figuraient dans les saisons de respectables maisons).
Je les ai laissés dans l'ordre suggéré par leurs dates de naissance.
Barber, Vanessa (Frankfurt-am-Main)
→ Je tiens Vanessa pour l'un des opéras les
plus aboutis de tout le répertoire, sa cohérence entre livret et
musique, sa fluidité, sa façon de toucher simplement à la vérité du
théâtre et à la beauté de la musique n'ayant que peu d'égales.
→ Une notule le présente plus amplement (ainsi que les contraintes de distribution et circostances de création).
→ Une notule le présente plus amplement (ainsi que les contraintes de distribution et circostances de création).
Britten, The Rape of Lucretia (Cologne)
→ L'opéra (le troisième de ses quinze)
a l'originalité de convoquer des coryphées, mais j'aurais peu de bien
à en dire. Langage sonore très gris, livret très lent (et qui fait du
viol de Lucrèce un semi-rêve assez déplaisant dans ses insinuations –
comme la jeune mère de Merlin, elle fait un rêve érotique, bien fait
pour sa tronche), où même la scène-titre se déroule très lentement,
habillé d'échanges bavards et flous… Et tout ce qui précède et suit a
finalement un rapport dramatique assez lâche avec ce que devrait être
l'histoire de Lucrèce – tout l'apparat romain a disparu, en tout cas.
Même la prosodie, parfois le point fort de Britten, est ici noyée dans
un semi-lyrisme récitatif sans grand relief. Bof.
Britten, Gloriana (Madrid)
→ Commande de Covent Garden pour le Couronnement d'Elizabeth II,
en 1953, Gloriana est une
variation sur l'épisode des amours et de la mort de Robert Devereux, amant d'Elizabeth Ière.
Chez Britten, Devereux est moins perdu par ses ennemis à la Cour que
par ses propres faiblesses à la guerre, voire par ses propres partisans
– sa mort est signée devant l'aplomb de ses soutiens, le considérant
indispensable au gouvernement du royaume. Et tout cela sert de support
à une méditation sur l'âge (Elizabeth est déjà mûre), sur la solitude
de l'individu, sur l'avenir de tout amour et de toute vie…
→ Musicalement, le sujet est bien sûr l'occasion pour Britten d'écrire dans une langue assez claire, au besoin néoclassique, et plutôt en aplats d'accords, comme accompagné sur orgue positif. Pas forcément très saillant, mais d'une belle sobriété ; peut-être un peu régulier pour se montrer efficacement dramatique.
→ Le sujet n'est finalement pas très révérencieux, présentant cette reine déclinante, hésitante, sensible aux morsures de l'amour-propre. Mais, au demeurant, Elizabeth II n'a pas choisi son nom de règne (un souverain d'Angleterre peut changer son prénom, comme les papes) en référence à son inégalable devancière, simplement décidé de conserver son nom de baptême – peut-être plus de la modestie que de l'ambition, mais je ne suis pas assez familier des biographes de ladite majesté pour m'avancer sur le sujet.
→ Il existe une bande de la création – avec Peter Pears en jeune galant (!), mais aussi Geraint Evans en Lord (!) et Monica Sinclair en Lady (!!). Mais le son un brin ouaté accentue plutôt les limites du style de Britten, à mon sens.
→ Musicalement, le sujet est bien sûr l'occasion pour Britten d'écrire dans une langue assez claire, au besoin néoclassique, et plutôt en aplats d'accords, comme accompagné sur orgue positif. Pas forcément très saillant, mais d'une belle sobriété ; peut-être un peu régulier pour se montrer efficacement dramatique.
→ Le sujet n'est finalement pas très révérencieux, présentant cette reine déclinante, hésitante, sensible aux morsures de l'amour-propre. Mais, au demeurant, Elizabeth II n'a pas choisi son nom de règne (un souverain d'Angleterre peut changer son prénom, comme les papes) en référence à son inégalable devancière, simplement décidé de conserver son nom de baptême – peut-être plus de la modestie que de l'ambition, mais je ne suis pas assez familier des biographes de ladite majesté pour m'avancer sur le sujet.
→ Il existe une bande de la création – avec Peter Pears en jeune galant (!), mais aussi Geraint Evans en Lord (!) et Monica Sinclair en Lady (!!). Mais le son un brin ouaté accentue plutôt les limites du style de Britten, à mon sens.
Britten, A Midsummer Night's Dream (an der Wien, Tel Aviv)
→ Même si les parties amoureuses sont
plus grises, le Songe
de Britten, au milieu de sa carrière (1960) est l'un de ses opéras les
plus coloré et inventifs, en particulier dans toutes les parties
féeriques : le contre-ténor inhabituel d'Oberon, écrit pour Deller, les
fanfares grêles des Elfes, les interventions parlées savoureuses de
Puck… Vraiment du Britten inhabituellement bigarré, et très inspiré par
endroit.
Britten, The Prodigal Son (Opéra de Chambre de Moscou)
→ Antépénultième opéra (ou assimilé) et
troisième de ses paraboles pour
représentation d'église, c'est aussi la moins convaincante (Noye's Fludde dispose d'un certain
impact dramatique ; The Burning
Fiery Furnace s'essaie à une modernité un peu plus radicale),
très peu saillante à mon gré – un peu comme du mauvais Billy Budd.
Britten, Death in Venice (Stuttgart, Linz)
→ Un cas étonnant de Britten beaucoup
plus germanisant, décadent
même, d'un langage plus hardi (enfin, de la tonalité avec de légères
touches un peu plus berguiennes, pour les années 70…) et plus
romantique à la fois. Bien sûr, la déclamation très en avant et un peu
indifférenciée reste toujours la sienne, mais le changement de couleur
est patent, et ce n'est pas si souvent donné.
Menotti, The Medium (Berne, Chicago, New
Orleans) Menotti, The Consul (Dayton, Lawndale en Californie) Menotti, Amahl and the Night's Visitors (Lausanne, Sofia) |
→ Menotti,
célèbre pour avoir été le librettiste (et compagnon) de Barber, a
produit un grand nombre d'œuvres scéniques (2 ballets-pantomimes, 18
opéras dans tous les genres, de la piécette bouffe d'une demi-heure à
l'opéra historique néo-romantique, en passant par toute une gamme de
sujets et langages intermédiaires). D'un langage tout à fait tonal,
mais puisant à de très nombreuses écoles, le résultat n'en est pas
musicalement unique, mais toujours très opérant en tant qu'objet de
théâtre musical.
→ Amahl est un gentil opéra pour enfants, qui existe, comme The Telephone ou The Medium, en plusieurs langues dont le français. Mais aussi en allemand, comme The Consul – qui sera donné en allemand en Allemagne et en Autriche pendant cette saison.
→ Les deux autres sont plus dramatiques, quoique intégrant des éléments plaisants, en particulier dans The Consul, son opéra le plus sombre (du moins parmi ceux enregistrés), où pourtant le comique absurde abonde, culminant dans d'improbables tours de magie (au départ minables, à la fin presque surnaturels) au sein même du Consulat.
→ The Consul est une histoire terrible, une tragédie bureaucratique kafkaïenne épouvantable, écrite dans un langage qui emprunte à la déclamation et aux atmosphères oppressantes de Britten, au lyrisme de Puccini, à l'harmonie de Poulenc, et pourtant traitée avec une vivacité particulière et une prédominance de l'humour. Une notule lui est consacrée.
→ The Medium, son œuvre la plus jouée, est probablement la plus travaillée sur le plan musical, avec une variété de textures, un travail sur l'orchestration, sur les contrastes entre scènes, sans rien céder à ses qualités prosodiques et théâtrales habituelles. C'est un rôle où ont brillé les grands mezzos déclinants mais glorieux – Mödl, Crespin, Gorr… [Vous pouvez par exemple l'aborder avec cette version en français – Metz 1994 avec Gorr, Raphanel, Zanetti !]
→ Assez peu donné sur les grandes scènes, Menotti est en revanche très régulièrement programmé dans des théâtres de taille moyenne – car, je suppose, ne réclamant pas d'orchestres immenses, n'obligeant pas à des pyrotechnies invraisemblables, et toujours très payant scéniquement. Il doit, en fin de compte, figurer parmi les compositeurs nés au XXe dont les opéras sont le plus joués. Et ce n'est que justice : sans être un compositeur majeur, chaque œuvre, prise comme un tout, fonctionne à la perfection, pas de longueurs, pas de faiblesses, surtout dans sa première période – The Saint of Bleecker Street et bien plus tard Goya, plus sérieux, ont moins de saillances. [Mon chouchou reste la courte conversation en musique The Telephone.]
→ Amahl est un gentil opéra pour enfants, qui existe, comme The Telephone ou The Medium, en plusieurs langues dont le français. Mais aussi en allemand, comme The Consul – qui sera donné en allemand en Allemagne et en Autriche pendant cette saison.
→ Les deux autres sont plus dramatiques, quoique intégrant des éléments plaisants, en particulier dans The Consul, son opéra le plus sombre (du moins parmi ceux enregistrés), où pourtant le comique absurde abonde, culminant dans d'improbables tours de magie (au départ minables, à la fin presque surnaturels) au sein même du Consulat.
→ The Consul est une histoire terrible, une tragédie bureaucratique kafkaïenne épouvantable, écrite dans un langage qui emprunte à la déclamation et aux atmosphères oppressantes de Britten, au lyrisme de Puccini, à l'harmonie de Poulenc, et pourtant traitée avec une vivacité particulière et une prédominance de l'humour. Une notule lui est consacrée.
→ The Medium, son œuvre la plus jouée, est probablement la plus travaillée sur le plan musical, avec une variété de textures, un travail sur l'orchestration, sur les contrastes entre scènes, sans rien céder à ses qualités prosodiques et théâtrales habituelles. C'est un rôle où ont brillé les grands mezzos déclinants mais glorieux – Mödl, Crespin, Gorr… [Vous pouvez par exemple l'aborder avec cette version en français – Metz 1994 avec Gorr, Raphanel, Zanetti !]
→ Assez peu donné sur les grandes scènes, Menotti est en revanche très régulièrement programmé dans des théâtres de taille moyenne – car, je suppose, ne réclamant pas d'orchestres immenses, n'obligeant pas à des pyrotechnies invraisemblables, et toujours très payant scéniquement. Il doit, en fin de compte, figurer parmi les compositeurs nés au XXe dont les opéras sont le plus joués. Et ce n'est que justice : sans être un compositeur majeur, chaque œuvre, prise comme un tout, fonctionne à la perfection, pas de longueurs, pas de faiblesses, surtout dans sa première période – The Saint of Bleecker Street et bien plus tard Goya, plus sérieux, ont moins de saillances. [Mon chouchou reste la courte conversation en musique The Telephone.]

À la Taschenoper (« Opéra de poche ») de Vienne.
On y donne A House Full of Music de John Cage.
Partch, Barstow: Eight Hitchhikers' Inscriptions (Buenos Aires)
→ Je l'ai vu classé dans un saison
d'opéra, mais Barstow
est loin de répondre à la définition stricte, ni même élargie de
l'opéra : il s'agit d'inscriptions d'auto-stoppeurs lus sur une
rambarde routière à Barstow, en Californie (1841).
→ Harry Partch est resté célèbre pour ses créations d'instruments ; pendant la Grande Dépression, il a vécu comme vagabond auto-stoppeur / intérimaire itinérant (hobo), et a réalisé quantité d'instruments nouveaux à partir de matériaux sommaires.
→ Cette œuvre, originellement écrite pour voix guitare adaptée, a aussi été révisée (en 1954 et 1968) pour deux voix, et des instruments propres à Partch que même la base de l'IRCAM ne nomme qu'en anglais : surrogate kithara (cithare de substitution, je dirais), chromelodeon, marimba diamant et boo. Très accessible et sympathique, mais cela ne dure que dix minutes.
→ Harry Partch est resté célèbre pour ses créations d'instruments ; pendant la Grande Dépression, il a vécu comme vagabond auto-stoppeur / intérimaire itinérant (hobo), et a réalisé quantité d'instruments nouveaux à partir de matériaux sommaires.
→ Cette œuvre, originellement écrite pour voix guitare adaptée, a aussi été révisée (en 1954 et 1968) pour deux voix, et des instruments propres à Partch que même la base de l'IRCAM ne nomme qu'en anglais : surrogate kithara (cithare de substitution, je dirais), chromelodeon, marimba diamant et boo. Très accessible et sympathique, mais cela ne dure que dix minutes.
Cage, A House Full of Music (Taschenoper de Vienne)
→ Je l'ai vu, de même, mentionné dans
des
saisons d'opéra, mais enfin, malgré quelques glossolalies (et
explications parlées surimprimées), c'est plutôt une forme de poème
symphonique de chambre (produit notamment avec des batteries de
cuisine…). Du vrai Cage, très ludique, pas forcément intéressant
musicalement.

Le Noah Liff Opera Center accueille l'Opéra de Nashville (Tennessee).
On y donne Susannah de Floyd.
(Et on y propose aussi, dès le 27 ce mois, j'en parlerai dans la notule consacrée aux créations, un très prometteur et subtil Hercules vs. Vampires !)
Floyd, Susannah (Nashville)
→ Le grand classique du patrimoine
américain (avec A Streetcar Named
Desire, dans le genre très différent de la conversation en
musique et du théâtre d'auteur). Susannah
est au contraire une histoire où les enjeux moraux et sociétaux sont
très conservateurs, écrite dans un langage hors de son temps,
complètement romantique, très lyrique.
→ Musique pas du tout neuve (le livret davantage, puisqu'il fait écho à une culture qui n'est pas directement européenne, mais il n'est pas fabuleux), mais très beau si on aime l'opéra dans ce qu'il peut avoir d'élancé, de simplement lyrique – un Puccini sans sophistication post-wagnérienne et sans sirop, si vous voulez. J'aime assez, je dois dire. Je l'ai déjà dit : je suis un garçon simple.
→ Musique pas du tout neuve (le livret davantage, puisqu'il fait écho à une culture qui n'est pas directement européenne, mais il n'est pas fabuleux), mais très beau si on aime l'opéra dans ce qu'il peut avoir d'élancé, de simplement lyrique – un Puccini sans sophistication post-wagnérienne et sans sirop, si vous voulez. J'aime assez, je dois dire. Je l'ai déjà dit : je suis un garçon simple.

Le pittoresque orientalisant de l'Opera North, marque qui s'est imposée pour désigner l'Opéra de Leeds (phtographie de Don McPhee pour le Guardian).
On y donne Trouble in Tahihi de Bernstein.
Bernstein, Trouble in Tahiti (Amsterdam,
Leeds, Semperoper de Dresde, Boston, Opera Parallèle de San Francisco…
et l'Athénée à Paris) Bernstein, On the Town (Saint-Gall) Bernstein, A Quiet Place (Kammeroper de Vienne) |
→
Trois comédies musicales : les premières, et puis la dernière, qui
reprend Trouble in Tahiti en
y adjoignant de nouveaux actes. Les trois sont de la très bonne comédie
musical, dans un style de… comédie musicale. Ne surtout pas y chercher
de l'opéra (ni même l'éclectisme de la Messe).

Intérieur coloré de du Théâtre de Saint-Gall (Sankt Gallen) en Suisse.
On y donne On the Town de Bernstein.
Ce n'est pas une année de redécouvertes particulièrement fastes en langue anglaise, mais à l'échelle du monde, il y a tout de même de quoi admirer quelques beautés.
En revanche, hors patrimoine, on verra beaucoup de créations et de reprises d'œuvres récentes (certaines intriguantes, voire terrifiantes), que je traiterai dans une notule à part… (mais d'ici à ce que je la publie, je pourrai sans doute en écouter certaines qui auront été jouées !)
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Opéra romantique et postromantique européen a suscité :
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