samedi 16 décembre 2006
Verdi en français - (Jérusalem, Les Vêpres Siciliennes, Don Carlos et autres bricoles)
Je renvoie aussi, pour complément, à Wagner en français et à un commentaire de l'état de Rigoletto après traduction.
Pour la petite histoire, Verdi est le compositeur le plus enregistré, devant Wagner, Mozart & Puccini (ex aequo), Donizetti (!), Richard Strauss, Haendel, Bellini.
Etait posée la question des opéras français (à mon humble avis les meilleurs) de Verdi. Très meyerbeeriens, et d'ailleurs Les Vêpres ont été écrites par Scribe, et Don Carlos en partie par Du Locle (également librettiste du Sigurd de Reyer, oeuvre que les habitués de CSS connaissent bien).
1. Les trois oeuvres françaises de Verdi
Jérusalem est un rifacimento (une refonte) d'I Lombardi alla prima crocciata, avec toute la musique de circonstance et les grandes scènes dramatiques réclamés par le genre du Grand Opéra à la française. Persistent les airs à cabalette, mais le style n'est plus du tout donizettien, on regarde plus vers Halévy, disons. [Mais du bon Halévy.]
Les Vêpres siciliennes, titre déjà ironique, sont dans la veine du meilleur Scribe (texte d'Eugène Scribe sur une révolte historique, à la façon des Huguenots ou du Prophète), avec un équilibre dramatique parfait. Verdi tire tout le nécessaire de la succession de Meyerbeer quant à l'économie dramatique au sein de chaque acte, économie d'habitude bien plus transversale pour travailler sur le drame dans son ensemble, et non sous forme d'actes-miniatures. De l'excellente musique aussi.
Don Carlos, bien évidemment, mérite le détour. Sur un livret de Camille du Locle et Joseph Méry, d'après Schiller. L'original français dispose d'une introduction (choeur des bûcherons et grand ensemble, avec superposition du choeur des chasseurs qui ouvre les versions italiennes en cinq actes) et d'un grand ballet (où Eboli échange son costume avec la Reine, au III). Sans parler de la déploration sur le choeur de Posa, qui reprend le merveilleux Lacrymosa du Requiem. Le duo Philippe/Posa, modifié en son milieu, moins chromatique et moins vocal, se fonde plus profondément sur le dialogue, le protocole, que sur les violentes réclamations politiques de Posa. La fin débouche pianissimo dans le choeur des moines.
Les Vêpres siciliennes et Don Carlos sont les deux seules oeuvres à avoir initialement été écrites pour la scène française (Jérusalem répondait à une commande de "la grande boutique", mais n'est qu'une refonte).
Il existe aussi des versions françaises des opéras les plus célèbres de Verdi. On en trouve volontiers des partitions, plus infidèles au texte que les Wagner, souvent revus avec une petite connotation moralisante, voire bigote (Rigoletto, Traviata sous le titre de Violetta...). Certaines sont contemporaines de Verdi. Celle du Trouvère par exemple, avec des danses ajoutées, comme ce fut le cas pour Macbeth. On trouve au disque le Trouvère (Dynamic, mal chanté et mal capté) et un très beau Rigoletto (J. Etcheverry, Massard, Vanzo, Doria).
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Disques et représentations - Opéra romantique français et Grand Opéra - Opéra romantique et vériste italien a suscité :
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