Carnets sur sol

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samedi 30 avril 2016

La nouvelle saison et l'avenir de Radio-France


Suite à plusieurs réclamations, un mot sur la saison de Radio-France, et sur ce qu'elle inspire quant à son avenir.

Je reprends en partie le commentaire en réponse à Berwald sous la notule consacrée à la Philharmonie, au moins pour la partie sélection :

[à propos des bruits de couloir sur une saison essentiellement straussienne]
C'est toujours le cas lorsqu'on a un écho global, les autres ne regardent pas forcément les mêmes choses, et même les lignes de force ne sont pas forcément interprétées de la même façon (je suis enchanté du couplage Sibelius 2 / Tchaïkovski 6, qui est tout sauf une rareté).

Je ne ferai vraisemblablement pas de notule là-dessus : pas grand'chose de particulier à repérer (et plus d'avant-première), si on lit simplement la brochure, on voit tout ce qu'il faut. (Et puis j'ai des notules discographiques et « pédagogiques » en retard.)
[Bien, en fait, maintenant que vous avez amené le sujet, je crois que je vais en toucher un mot.]

J'ai effectivement repéré sensiblement les mêmes choses que vous :
– la Suite de Salomé de Schmitt ; hélas, comme pour l'Oiseau de feu et la plupart des suites du monde, il manque une grosse part du plus intéressant dans la Suite…) ;
– les 2 & 5 de Sibelius ; pas rare, mais j'aime ça, d'autant que je suis un converti plutôt récent) ;
– les 2 & 4 de Nielsen ; je désespérais de jamais voir la 2, en plus par Storgårds !
– week-end musique de chambre nordique : piano de Čiurlionis ; orgue de Kalniņš, Ešenvalds, Vasks, etc. ; Quatuors de Stenhammar, Szymanoski, Chostakovitch ;
– le couplage Lemminkainen (complet ?) de Sibelius / Symphonie de Debussy (l'orchestration de Matthews n'a pas été gravée semble-t-il, je n'ai vu que celle de Tony Finno) rend bien sûr curieux (même si, intrinsèquement, ce ne sont pas les plus grandes œuvres de leur auteur, surtout pour Debussy !).

La Cinquième de Sibelius a décidément une riche fortune ces derniers temps : en à peine plus d'un an, quatre programmations, pour un compositeur qui était quasiment absent des programmes il y a quinze ans… On a eu l'Orchestre de Paris en septembre 2015, le Philhar' en avril 2016, il y aura le Philharmonia en octobre 2016, et l'ONF en décembre 2016… Ils pourraient nous donner la version originale une fois, tant qu'à faire.

La Nursery, ça n'a jamais été publié en version orchestrale, n'est-ce pas ?  J'aime beaucoup le volume de Lise Boucher de la version pour piano. Il me semble, comme les Animaux modèles, que ce n'est proposé qu'en fragments pour un concert familial.

Monsieur Beaucaire ne me désintéresse pas, mais c'est beaucoup trop cher pour de la musique légère (surtout quand on a les Frivolités Parisiennes qui se produisent pour trois fois rien, avec un autre sens du style et surtout un tout autre enthousiasme !).
Pour le reste, quand même beaucoup de Brahms et Strauss, j'ai peine à ne pas remarquer qu'on pourrait supprimer un orchestre sans trop bouleverser la vie musicale… Certes, on voit bien que le grand répertoire et le patrimoine français échoient plutôt à l'ONF, tandis que le Philhar' fait l'opéra, le classique, le contemporain et les décadents… mais cela souffre tellement d'exceptions, et pour un répertoire tellement homogène, qu'on ne ferait pas vraiment la différence s'il n'y avait que 2/3 des dates et un seul orchestre. Du point de vue du contribuable en tout cas, ça paraît tellement une évidence ; si encore l'un des deux se déplaçait en province, mais ils restent résolument sédentaires, au service des parisiens et maintenant dans la même seule salle de concert ! 
Je ne le leur souhaite pas, et cela fait davantage d'offre pour nous, mais il se peut bien qu'un jour, ce manque de lisibilité se paie assez cher pour eux. Même les logos sont identiques (une belle réflexion à ce sujet, ) !

fragonard baiser
Fragonard, fantaisie abstraite : Fusion des deux orchestres de Radio-France

La Cour des Comptes, très informée et lucide, dans un style direct et dépourvu de vindicte, livrait, il y a un an, un constat particulièrement éclairé :

Lieu unique :
– « Contrairement à la BBC dont trois des cinq orchestres résident en province, les formations de Radio France sont implantées à Paris. »
– « La  réouverture  de  l’auditorium  en  novembre  2014,  salle  unique pour  les  deux  orchestres,  donne  une  acuité  nouvelle  à  ce  problème  de définition  de  leurs  rôles. »
– « Dorénavant, leur présence conjointe à la Maison de la Radio  va  rendre  patente  la  trop  grande  proximité  de  leurs programmations. »

Indifférenciation des rôles :
– « La direction de la musique n’est pas apparue en mesure de piloter les  programmations  des  formations  musicales.  Comme  elle  l’a  indiqué elle-même,  ce  sont  les  formations  musicales  qui  construisent  leur saison. Les choix sont ensuite soumis à la validation du directeur de la musique. »
– « La  grande  proximité  des  répertoires  entre  les  deux  orchestres  est corroborée par l’examen des contrats de travail de leurs chefs. Le contrat de  M.  Myung-whun  Chung,  chef  d’orchestre  de  l’Orchestre philharmonique  de  Radio  France,  prévoit  la  programmation  du  grand répertoire  symphonique,  d’opéras,  d’oratorios  et  du répertoire contemporain,  quand  celui  de  M.  Daniele  Gatti,  chef  d’orchestre  de l’Orchestre national de France, retient la valorisation du grand répertoire symphonique et la reprise ou la création d’œuvres contemporaines.  »
– « Tous  les  efforts  de  coordination  renforcée  se  heurtent  à  des oppositions, comme en témoigne l’impossibilité, en septembre 2014, de créer une direction artistique commune aux deux ensembles, dont la seule annonce  a  conduit  au  dépôt  d’un  préavis  de  grève  à  l’Orchestre philharmonique de Radio France. »
– « la  redéfinition  de  la  spécificité  des  deux  formations,  option  peu convaincante au regard des échecs passés de cette spécialisation »

Vers la fusion :
– Ce n'est pas, contrairement à ce que la presse a pu résumer, la seule solution envisagée (mais la seule indiquée dans les abstracts…), seulement la plus efficace selon la Cour. Défendue d'ailleurs de façon très progressive, par un rassemblement des effectifs, qui dégonfleraient peu à peu. Évidemment, cela ne prend pas en compte la spécificité artistique et sonore de ces deux orchestres, qui ont bel et bien leurs identités propres de ce point de vue (le lyrisme élancé des cordes du Philhar' n'a rien de commun avec le grain très dense de celles du National…), mais le rapport défend assez bien son point de vue.
– « Dans  un  premier  temps,  le  nouvel  orchestre comprendrait un nombre important de musiciens garantissant la plus large programmation  grâce  à  des  déploiements  à  géométrie  variable  qui  sont déjà ceux de l’Orchestre philharmonique. Cela éviterait ainsi de recourir à des  remplacements  externes,  qui  représentent  une  part  importante  des cachets. Dans un second temps, l’effet mécanique des départs à la retraite lui permettrait de retrouver une taille normale. »
– Il s'agit aussi de limiter le sous-emploi des musiciens, le paiement d'heures supplémentaires et l'embauche ponctuelle mais récurrente de musiciens externes : « Outre la question de la coordination, cette solution permettrait de
résoudre  progressivement  le  sous-emploi  chronique  des  musiciens  de  Radio  France.  Au  titre  de  l’article  48  de  l’annexe  11  de  la  convention collective, les musiciens travaillent 1 110 heures par an, horaire négocié en  fonction  des  particularités  du  métier.  Or,  en  moyenne  annuelle,  les musiciens de l’Orchestre national de France ont travaillé 703 heures entre 2010  et  2013  et  ceux  de  l’Orchestre  philharmonique  739  heures  entre 2009  et  2013. Durant  cette  période,  seuls  quatre  musiciens  ont  travaillé plus de 950 heures par an. Quatorze musiciens ont travaillé moins de 500 heures.  Cette  situation  n’empêche  pas  le  recours  à  des  remplacements externes (1,4 M€ en 2013) et le paiement d’heures supplémentaires. »

De fait, lorsqu'on observe cette programmation homogène, dans un seul lieu, il est difficile de ne pas se poser la question – même si je doute que cela arrive avant un futur assez lointain, considérant l'effroi contractuel des responsables face à tout conflit.

Mais qu'un orchestre soit dédié aux tournées en province (il y a assez à faire à Paris, on peut bien partager !), ou à l'exploration du patrimoine français, tandis que l'autre servirait de formation de prestige qui jouerait les grands titres pour les besoins de la radio, ce ne serait pas absurde.

On pourrait aussi envisager que les extraits sonores diffusés sur France Musique (même si personne n'écoute la chaîne) soient enregistrés par les orchestres, puisqu'ils ont de toute façon un salaire fixe.

david teniers
Teniers le Jeune, peinture d'histoire : L'Auditorium de Radio-France un soir d'affluence
Shugborough Hall (collection particulière).


À cela s'ajoute la question du déficit (abyssal, les chiffres figurent dans le rapport complet, la billetterie ne couvre rien), et donc notamment du remplissage. Au risque de répéter ce qui a déjà été dit : même si l'accueil est devenu plus adéquat depuis que l'entrée se fait à l'opposé de la salle (possiilité d'être à l'abri, lieu d'attente avec sièges, agents de sécurité très courtois, ce qui n'était pas le cas auparavant), le sentiment demeure le même, le public a l'impression d'être toléré, comme s'il était invité dans une émission de radio. Parce qu'il n'y a pas de lieu dédié, parce qu'on surveille sans cesse que les spectateurs ne prennent pas le mauvais couloir, parce ce qu'on replace de force les spectateurs du second balcon, quitte à leur donner de moins bonnes places (un premier rang de face se transformant en dernier rang de profil)…

Tout cela – à part le dernier point, que je trouve particulièrement déplaisant, on achète les places sur plan et je ne suis pas sûr que ce soit contractuellement très défendable, aucune autre salle de spectacle ne force les gens à quitter leur emplacement… – n'est pas très important, mais cela contribue sans doute, pour un public habitué à être accueilli dans des lieux conçus pour lui, à ne être très enclin à se déplacer spontanément vers la Maison de la Radio. Ce n'est pas très festif, disons.
Par ailleurs, sans vouloir verser dans de la sous-sociologie (ce qui est, paraît-il, encore pire que la sociologie), le public potentiel des mélomanes des XVe et XVIe arrondissements, ou de la Petite-Couronne-Occidentale, qui devrait se laisser séduire par la proximité, au contraire de la Philharmonie, est peut-être justement le plus sensible à cette question du décorum, ce qu'une salle un peu froidement fonctionnelle (les éclairages sont un peu durs) et un environnement pas totalement au service du spectateur ne servent pas idéalement.

À part ça, la salle a une très chouette acoustique dans les endroits où le son n'est pas étouffé par les angles supérieurs, on y est proche et on y voit bien de partout. Et il y aura Nielsen, Schmitt et Kalniņš la saison prochaine.

mercredi 13 avril 2016

Château de Versailles 2016-2017


Alors que la saison va progressivement être dévoilée sur leur site à partir de cette semaine, voici un petit récapitulatif de ce qui sera annoncé – grâce à Faust qui s'est fondu dans la foule des Mécènes du Château pour nous fournir tous les précieux éléments que je réexploite ici.

La saison de la Philharmonie est peut-être un peu gentillette, mais du côté lyrique, il y aura de quoi faire la saison prochaine en Île-de-France. L'Opéra de Paris propose déjà quelques jolies choses (un Cavalli par Alarcón, un Rimski-Korsakov rare, quelques productions prometteuses comme ces doubles distributions de Lohengrin ou Onéguine…), l'Auditorium du Louvre rejouera le programe Cœur de Dumestre (avec le fabuleuse Eva Zaicik au lieu de Claire Lefilliâtre – l'écart stylistique sera tout aussi important avec les hommes !) et présentera Les Éléments de Lalande et Destouches, le Théâtre des Champs-Élysées déborde de fêtes pour l'opéra romantique italien et français (Norma sur instruments d'époque par Fasoli, La Reine de Chypre, un des bons ouvrages d'Halévy, Boccanegra, le Requiem de Verdi, Carmen, Andrea Chénier dans des distributions luxueuses)… même la Philharmonie a mis ses grands efforts de ce côté-là, avec 3 oratorios de Schumann et Mendelssohn par les meilleurs (Harding, Pichon, Gerhaher, Goerne), la venue du Bolchoï pour un Tchaïkovski très rare en France, ou encore la reprise d'El Niño d'Adams par le LSO…
À l'Opéra-Comique, on annonce quelques grandes réjouissances comme La Nonne sanglante, grand opéra de Gounod directement inspiré de Meyerbeer (et très réussi, une de ses meilleures œuvres) ou Le Timbre d'argent, un inédit de Saint-Saëns.

Mais si vous aviez déjà réservé, vous pouvez vider votre agenda : Versailles a annoncé en cercle restreint sa saison prochaine. Et.

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Fuyez, fuyez tant qu'il en est encore temps !

En rouge, les productions scéniques. En bleu, les versions de concert. Soulignées, les choses rares et exaltantes que vous ne reverrez plus jamais.





Premiers opéras italiens

Monteverdi – La Favola d'Orfeo – Arts Flo, Agnew.
Passe aussi à la Philharmonie, avec Auvity dans le rôle-titre.

Monteverdi – L'Incoronazione di Poppea – Grüber, d'Hérin.
Grüber avait très bien réussi Ulysse au début des années 2000, autrement difficile à tenir… Un peu moins enthousiaste sur d'Hérin (formidable dans le baroque et le classique français !) dans ce répertoire.

Rossi – Orfeo – Mijnssen, Pygmalion, Pichon. Reprise de la production fantastique qui a tourné cette année : le plus grand spectacule de cette saison à mon avis, à voir absolument si la distribution demeure de même niveau Francesca Aspromonte revient !



XVIIe anglais

Purcell – Dido and Æneas – Roussat & Lubeck, Dumestre.
La production de Cécile Roussat & Julien Lubeck, déjà passée à Versailles en 2014, et captée à Rouen la même année (désormais disponible en DVD) était, visuellement comme musicalement, bouleversante – difficile de trouver une lecture plus effrayante et intense. Distribution totalement renouvelée : Mireille Delunsch y retrouve le rôle principal, qu'elle n'avait pas pratiqué depuis longtemps, me semble-t-il.
Également avec Benoît Arnould (Énée), Katherine Watson (Belinda), Cyril Auvity (un Marin ?), Nicholas Tamagna (le meilleur Esprit du marché), Caroline Meng (l'Enchanteresse ?), Lucile Richardot, Jenny Daviet.

Purcell – King Arthur – production des époux Benizio, Niquet.
Avec Tauran, Santon, M. Vidal, Labonnette, J. Fernandes !



Tragédie en musique et musiques de scène françaises

Lully – Monsieur de Pourceaugnac – Hervieu-Léger, Christie.

Lully – Le Bourgeois gentilhomme – Podalydès, Coin.
Avec notamment Romain Champion et Marc Labonnette.

Charpentier – Médée – Pynkoski, Opera Atelier Toronto, Fallis.
L'ensemble, à la pointe du mouvement aux Amériques, continue de remonter les grands standards de la tragédie en musique du XVIIe siècle. Pynkoski fait très bien avec peu de moyens, et si les émissions canadiennes sont en général assez en arrière, le tout est toujours habité d'un respect scrupuleux du style. Pour ce qui est potentiellement (avec une poignée d'autres concurrentes) la meilleure tragédie en musique jamais écrite, voilà qui fait plutôt envie.
Avec Jesse Blymberg, Colin Ainsworth et Olivier Laquerre.

Marais – Alcyone – Moaty, Savall. Également donné à l'Opéra-Comique.
Pour avoir entendu Savall en jouer des pièces d'Alcyone mises en suite, la sècheresse et la raideur étaient assez redoutables sans la réverbération des mixages Alia Vox, mais il a pas mal travaillé ce répertoire depuis et affiné son style. Ce sera peut-être très bien.
Je n'adore pas cet opéra (ni ceux de Marais en général, à l'exception de Sémélé qui dispose d'un demi-caractère particulier), le livret étant ce qu'il est, et la musique de Marais un peu tourmentée et virtuose pour mes goûts, plus musicale que dramatique d'une certaine façon, à une époque où la musique n'était pas aussi émancipée que chez Rameau. Mais on ne l'a guère entendu depuis Minkowski et Christie au début des années 1990 : en 2008 avec Armonico Tributo à Vienne, et en 2011 à Bilbao et… Sablé-sur-Sarthe, par les Folies Françoises.
D'autant que le distribution fait très envie : Bayodi-Hirt, Bennani, Desandre, Auvity, Guimaraes, Mauillon, Abadie, Abete !

Rameau – Zoroastre – Pichon.
Un des meilleurs opéras de Rameau avec Castor et les Boréades, tous deux donnés il n'y a pas si longtemps. Livret aux péripéties assez linéaires, mais très animé. Et puis Courjal dans un grand rôle de méchant baroque qui réclame de beaux graves !
Avec Piau, Desandre, Mechelen, Courjal, Immler.



Opéra seria

Haendel – Rodelinda – Il Pomo d'Oro.
Également donné au TCE. Ensemble particulièrement persuasif dont j'ai dit déjà le plus grand bien.
Avec Kalna, Lemieux, Hamarström, DQ Lee, Ainsley, Weisser.

Vivaldi – Arsilda, Regina di Ponto – Radok, Collegium 1704, Luks.
À mon avis le meilleur ensemble actuel pour ce répertoire, d'assez loin. La fougue et l'articulation de ces tchèques est redoutable.



Classique italien

Mozart – Don Giovanni – I. Alexandre, Minkowski.
Avec Bou, Barbeyrac, Skerath, Gleadow…
La trilogie Da Ponte est prévue pour la saison suivante.



Classique français

Salieri – Les Horaces – Rousset.
Il reste, après les Danaïdes (déjà données par Rousset à Versailles, et enregistrées) et Tarare (sur lequel CSS prépare actuellement un long dossier), un dernier opéra de Salieri en français… et celui-là, il n'a pas été redonné çà ou là. Avec les deux chefs-d'œuvre ultimes précités, on s'attend forcément un peu à une découverte fulgurante (tout à Tarare, je n'ai pas encore ouvert la partition).
Avec Wanroij, E. Lefebvre, Dran, Dubois, Bou, Foster-Williams, Ph.-N. Martin.



Romantique italien

Rossini – Elisabetta, Regina d'Inghilterra – Spinosi
L'œuvre est une horreur pour tous les amoureux de la musique, comme si Rossini avait voulu caricaturer Donizetti avant même son entrée en fonction : des pages entières sur deux à trois accords, sans modulations, de la virtuosité se résumant à des gammes… C'est, au mieux, une suite d'exercices pour entendre ses gosiers préférés.
Dommage, parce qu'en l'occurrence, entre le Chœur Arnold Schönberg, la grande voix d'Alexandra Deshorties, la souplesse de Norman Reinhardt (dont le timbre évoque beaucoup Kunde), le mordant de Barry Banks et le tranchant de l'Ensemble Matheus, ce sera servi dans les meilleures conditions possibles – me donnerait presque envie d'y aller, tenez.

Rossini – La Cenerentola – Blersch, Les Musiciens du Prince, Fasolis.
Une mise en espace avec costumes comme jadis à Pleyel. Avec Bartoli, Nikiteanu, C. Chausson, Corbelli…
Les autres Fasolis sont avec I Barrochisti.



Romantique français

Saint-Saëns – Proserpine – Radio de Munich, Schirmer
Revoici la fine équipe pour un nouvel inédit. Ce n'est pas le Saint-Saëns le plus aventureux (selon la logique d'exploration d'Alexandre Drawicki : prévilégier la couleur du temps plutôt que les nouveautés comme le font les histoires de la musique en général), il y a vraiment peu d'audaces harmoniques (et encore moins rythmiques), mais la lecture de la partition m'avait paru alléchante, pas mal de procédés très adroits où l'on sent la patte d'un maître (de petites carrures rythmiques qui parcourent des scènes entières, par exemple).
C'est plutôt la cantate Frédégonde qui suscite ma curiosité, mais parmi les opéras à remonter, cette Proserpine m'attirait beaucoup.
Et distribution de feu, comme toujours : Gens, M.-A. Henry, Tilquin Vidal, Antoun, Foster-Williams, Lavoie, Sagsyan, Teitgen !





Deux opéras qui figuraient dans ma liste de souhaits absolus et improbables d'opéras que je voudrais entendre avant que mes atomes n'aillent seconder l'économie maraîchère, très beau score, surtout ajouté au reste. Et puis on me redonne le Rossi que j'ai raté, c'est trop gentil, il ne fallait pas.

À cela s'ajoutent quantité de concerts sacrés et profanes :
¶ Louis XIII sacré : messe de Boësset, Litanies de Moulinié, Scènes sacrées de Bouzignac par Schneebeli.
¶ Motets et élévations de Dumont par Daucé.
¶ Grands Motets de Lalande par Schneebeli.
¶ Il Trinfo della Divina Giustizia de Porpora par Les Accents.
¶ Messe du Sacre de Napoléon par Méhul (avec la Cinquième de Beethoven pour faire bonne mesure) par Les Siècles, à la Chapelle Royale.

Et puis quantité de grands classiques : Vêpres de Monteverdi par Pichon, Grands motets de style Louis XIV, Leçons de Couperin par Dumestre, Magnificat de Bach par Gardiner, la Saint-Jean par la Chapelle Harmonique, Messie par Christie.

Pour couronner le tout, une soirée Jaroussky autour d'Orphée… les dernières catégories sont à 70€, amusez-vous bien.


Le choix devient de plus en plus terrifiant.

dimanche 3 avril 2016

Philharmonie 2017, premières impressions


Bonne jauge de la mode culturelle en France, le programme de la Philharmonie, par sa masse critique (nombre hallucinant de concerts, jusqu'à quatre le même soir, sans compter les ateliers !), permet d'évaluer un peu ce qui plaît au public et aux programmateurs.


filles fragonard
Fragonard, Deux jeunes filles après la période des abonnements
(Anciennement collection époux Resnick.)



A. Normalisation

Globalement, la programmation est moins aventureuse que 2015-2016 (mais le premier semestre, lors de l'ouverture en janvier 2015, n'était pas d'une audace folle non plus) :
peu de grands dispositifs (cette saison, Prometeo de Nono, l'hommage à Boulez, Gruppen de Stockhausen ; la saison passée, Jeanne d'Arc au Bûcher, par exemple) qui justifient le côté modulable de la salle, son rôle pour des grand'messes tout public ;
– les concerts symphoniques contiennent moins de pièces rares en leur sein, me semble-t-il ; moins de programmes thématiques originaux et très bigarrés (Amérique du Sud cette année).

Clairement, la Philharmonie devient de plus en plus le lieu du concert symphonique à Paris, même s'il demeure des week-ends jazz et un ou deux week-ends musiques du monde : on y retrouve les concerts des grandes pièces du répertoire par de grands chefs et de grands orchestres, comme un peu partout ailleurs – la différence étant qu'en province il faut se contenter du seul orchestre résident.

Bien sûr, les activités afférentes, les concerts avec participation d'amateurs (beaucoup d'enfants pour cette prochaine saison), les concerts sing-along (Christmas Carols de Britten, airs d'opéras français légers avec Les Siècles, L'Enlèvement au Sérail en français…), les cycles thématiques (assez accrocheurs cette fois, du genre 1001 nuits), les grandes soirées contemporaines (dont une riche tentative de panorama de la création officielle en France depuis les années 70 !) demeurent, mais globalement, on entendra surtout les grands standards dans de multiples versions.

Le Cinquième Concerto de Beethoven doit bien être donné 4 fois, et je n'ai regardé que par les gens qui m'intéressaient !  Pareil pour les dernières Sonates pour piano, au moins deux concerts (Pires et Leonskaja, mais on peut supposer que Pollini, une fois le programme annoncé, fera de même), alors qu'il n'y a que quatre ou cinq concerts de piano solo dans la saison…

Ce sont d'ailleurs, contrairement aux deux premières saisons (où le Sacre du Printemps et la Mer étaient partout), essentiellement les œuvres du répertoire germanique romantique qu'on peut entendre. Haydn et Mozart, peu en cour dans le Paris symphonique ces dix dernières années, reviennent en force (sans parler des concertos), et s'ajoutent à un répertoire qui se limite essentiellement à Beethoven, Schubert (la Cinquième Symphonique uniquement, et un peu partout), Mendelssohn, Schumann, Brahms, Bruckner, Mahler, R. Strauss… auxquels s'ajoute Bartók. Les Russes conservent leur portion habituelle avec les standards de Tchaïkovski, Rachmaninov, Chostakovitch et Prokofiev (une quantité raisonnable de Stravinski cette année, que se passe-t-il ?).
Le baroque a quasiment disparu
, même de la Cité (les baroqueux Christie, Gardiner, Minkowski, Jacobs, viennent pour jouer d'autres répertoires !). Très peu de musique française hors deux récitals de sopranos légers, et ne parlons pas des autres aires (même Dvořák est difficile à trouver), à part la musique américaine (états-unienne) qui a son week-end et même une jolie part au delà.

Davantage de musique vocale, j'ai l'impression, et à chaque fois dans des environnements très prestigieux, avec les spécialistes de leur discipline (Armide de Gluck par Minkowski, Elias par Pichon, Schumann avec Gerhaher puis Goerne, La Pucelle d'Orléans par le Bolchoï, El Niño avec le LSO dirigé par le compositeur, les Sept dernières Paroles de MacMillan par les Cris de Paris, 2 semi-créations dans la grande salle et 2 ou 3 autres à la Cité pour la jeunesse…) ; là encore, mis à part la niche contemporaine assurée par l'institution, essentiellement du répertoire du XIXe siècle…


B. L'Orchestre de Paris

L'Orchestre de Paris, principal résident, peut servir d'emblème à cette évolution, même s'il ne s'agit que d'une coïncidence : avec le départ de Paavo Järvi, c'est tout un répertoire original (nordique notamment, et l'invitation de chefs qui jouaient de la musique « locale » d'autres horizons, espagnole, sud-américaine…) qui s'évanouit.

Il est vrai que Daniel Harding, son successeur, a peu joué avec eux (une seule fois à ce jour, m'a-t-on dit), et désire donc sans doute acquérir des habitudes de travail à partir d'un répertoire déjà connu en commun. Mais en l'occurrence, il propose un cycle Mahler (qu'il dirige très bien, et incorporant la Dixième de Cooke III, là n'est pas la question) qui occupe l'essentiel de sa saison symphonique, le reste tournant essentiellement autour de Mendelssohn, Schumann et Brahms
Le programme le plus original est probablement celui regroupant trois « suites » d'œuvres lyriques ou semi-lyriques (Roméo de Berlioz, Pelléas de Debussy, Peter Grimes de Britten), alliage atmosphérique intéressant, mais je dois avouer que le choix de la suite de Leinsdorf pour Pelléas (peu ou prou les Interludes bout à bout), au lieu de celle de Marius Constant, plus longue, établissant de véritables ponts, et empruntant aussi aux beautés à l'intérieur des scènes, ne m'attire pas vraiment.

Le véritable point fort de la saison de l'orchestre tient dans les trois grandes productions vocales, réunissant les meilleurs spécialistes à chaque fois : Scènes de Faust de Schumann avec Karg, Gerhaher, Staples et Selig ; Le Paradis et la Péri de Schumann avec Goerne ; le Deutsches Requiem de Brahms par Dohnányi, avec Karg et Nagy.

Thomas Hengelbrock, le chef associé, n'est finalement qu'assez peu présent (deux concerts, comme cette saison, je crois), et faire jouer Bach à l'Orchestre de Paris n'est pas une bonne idée en définitive.


C. Détails

¶ Abandon de la Philharmonie 2 dans les dénominations des salles : elle redevient la Cité de la Musique dans la brochure. On suppose tous les retards et toutes les accusations de tromperie sur la marchandise… C'est plutôt une bonne chose : beaucoup plus clair, et par ailleurs un bien joli nom, assez proche de son projet et de sa réalité.
Au passage, quelqu'un a-t-il pu accéder à la rue musicale », qui devait relier les deux ensembles et contenir des stands et animations en permanence ?

¶ La Philharmonie n'annonçait déjà pas les changements d'œuvre ou de chef, mais tous les records sont battus : le jour même de la parution du programme, à midi, discordance entre la brochure diffusée deux heures plus tôt et le site… Ce serait bénin si ce n'était l'œuvre que l'on a le moins de probabilité de réentendre de toute la saison : Uirapuru est remplacé par une œuvre du même compositeur et d'égale longueur, Chôros n°6, mais au contenu pas exactement comparable.
Uirapuru est une sorte d'équivalent, dans la langue chatoyante de Villa-Lobos (teintée d'influences françaises, et même de Wagner par endroit), des grands ballets de Stravinski, un Sacre du Printemps un peu plus lyrique et chatoyant que violent et bigarré ; les Chôros sont des pièces ambitieuses, certes, mais d'un rhapsodisme plus folklorisant, moins radicaux. C'était une excellente nouvelle dans l'absolu, mais la déception est réelle lorsqu'on se rend compte que, tandis qu'on réservait (parce que la brochure, elle, n'a pas changé, et aucun avertissement officiel en dehors du programme discret sur la page exacte du concert), les programmateurs changeaient tranquillement le programme.
En l'occurrence, je dois être un peu le seul à être gêné (puisque Uirapuru était vraiment ma motivation, pas Argerich ni même Villa-Lobos dans l'absolu), mais cette manie irrespectueuse devient assez irritante.

urban brahms ¶ Les contempteurs du nivellement trouveront leur bonheur dans la brochure, qui culmine avec un « Urban Brahms » : intégrale de l'œuvre pour piano, avec alternance de piano-jazz, hip-hop, danse krump et grapheurs. L'attelage est tout de même exotique : la musique la plus abstraite qui soit, sans aucun référent, se limitant à l'exploration paisible de la forme (même pas la tension dramatique qui peut être évocatrice chez Beethoven ou dans les symphonies de Bruckner…), et aussi en général assez peu fortement pulsée, avec des appuis un peu incertains, volontairement rendus flous par le compositeur – mais toujours reliés au temps fort.
C'est rigolo, mais comment articuler cela avec la science du rebond, du contre-temps, de l'anticipation, du décalage expressif ?  Si ce n'est pas simultané, cela fera toujours du contraste, mais le hip-hop sur Brahms, ça me paraît vraiment compliqué.

¶ Du même esprit, mais plus ouvertement joueur, une commande de Bernard Cavanna pour l'Orchestre de Picardie et… le Chœur de Smartphones d'Abbeville. La pièce se nomme Geek Bagatelle (improprement, au demeurant, car si tous ceux qui disposent d'un téléphone-aspirateur-essoreuse étaient des geeks, le mot deviendrait vite synonyme d'humain), et je ne sais pas ce qu'est un Chœur de Smartphones, surtout adossé à une localité – les résidents chantent à distance ?  ce sont les sonneries qui jouent la musique ?  ou les bruits d'ambiance ? 
Ça ne fait pas plus envie que ça, mais ça fait toujours causer – la preuve.

¶ Dans le domaine des intégrales, le piano est considérablement honoré : en plus de Brahms, c'est un cycle Beethoven sur deux ou trois jours en semaine (je redis comme à chaque fois ma perplexité : à part à attirer l'attention, à quoi sert-il de programmer des cycles dans une période si étroite que personne ne peut les suivre à moitié ?), avec pianos du Musée de la Musique (riche idée !), et, pour les amateurs de tortures raffinées, tout Glass en 12h par le même pianiste, le temps d'une nuit. Déjà que cinq minutes en paraissent cinquante, je n'ose imaginer l'état de vague survie des malheureux qui auraient tenté la nuit complète. Notez bien que vous en aurez pour votre argent, puisqu'on ose pas faire payer pour ça. Là encore, le concept est fendard, mais je me demande :
– qui a l'endurance / le temps / l'envie d'écouter 12h de musique (a fortiori répétitive) ;
– et surtout, en admettant que le happening attire mieux l'attention qu'un concert isolé, qui ira réserver pour un petit Glass de 4h à 5h du matin ?  Les premières heures seront sans doute remplies, mais le reste, il n'est là que pour l'affichage ?

¶ Les Pasdeloup ont manifestement leur petit réservoir de compositeurs orientalisants inoffensifs (ça sonne facilement même s'il n'y a pas beaucoup de musique). Après Garayev et  Thilloy, ils montent un peu en gamme avec du Fasil Say symphonique, mais autant l'improvisateur est jbilatoire, autant le compositeur montre ses limites dans ses jolis bric-à-bracs multiculturels, flatteurs mais pas très nourrissants. (Ça me paraît au demeure un peu ambitieux pour le niveau de cohésion perfectible de l'orchestre, les Say sont des partitions exigeantes.)

¶ La programmation est si riche qu'il existe des chevauchements spectaculaires. Certes, ils ne s'adressent pas aux mêmes publics, mais si l'on se trouve par hasard à cette croisée précise, la Philharmonie perd un peu d'argent. Je n'ai évidemment remarqué que ceux qui m'intéressaient, mais il y a par exemple :
 – le Concerto pour clarinette de Copland au moment de l'opus 24 de Schumann par Gerhaher (27 janvier) ;
Stele de Kurtág et San Francisco Polyphony de Ligeti contre le récital vocal de Monteverdi à Xenakis par Nigl (28 janvier) ;
– la rétrospective des commandes officielles depuis les années 70 à la Cité de la Musique tandis que le Bolchoï donne la Pucelle d'Orléans à la Philharmonie, concomitance logique, mais il est possible d'être exalté par la perspective des deux (17 mars) ;
– et le plus dur de tous, le bouquet Marcabru / Dufay / Willaert / Gabrieli / Monteverdi / Vivaldi par Savall dans la grande salle (avec l'extraordinaire Hanna Bayodi-Hirt, pas entendue depuis longtemps dans les parages !), concurrençant en vain l'originalité du programme futuriste du petit amphi de la Cité : mélodies de Chostakovitch et Prokofiev, piano de Mossolov et Ustvolskaya, trio pour  clarinette, violon et piano d'Ustvolskaya !  Dans le même temps, l'Orchestre du Conservatoire donne une Deuxième de Sibelius gratuite dans la salle des concerts de la Cité… (28 février) Là encore, on voit bien qu'on s'adresse à des publics différents, mais il n'empêche, l'offre est tellement prodigue qu'elle peut s'opposer à elle-même !

¶ J'ai donc au passage cité un assez grand nombre des bonnes choses inattendues présentes dans la saison à venir : musique de chambre du futurisme russe, rétrospective de la création en France dans le second XXe siècle, bouquet franco-vénitien de Savall, musique symphonique de Villa-Lobos…
Et puis les titres pour la plupart assez rares en musique vocale, une Brockes-Passion de Telemann, Elias, La Péri, Scènes de Faust, La Pucelle d'Orléans, El Niño, les Sept dernières Paroles de MacMillan, plusieurs créations ou reprises de créations récentes. Pas forcément des titres inédits en soi (on entend régulièrement ces œuvres dans leur aire linguistique), mais on ne les voit quasiment jamais passer en France, même à Paris.
À cela s'ajoutent tous les standards qui seront joués de multiples fois et qu'on a envie d'entendre, selon les goûts de chacun, par tel ou tel interprète de premier plan – en ce qui me concerne, il y aura la 38 de Mozart par Zacharias, la Cinquième de Tchaïkovski par l'ONDIF, la Quatrième de Bruckner par Inbal et la Deuxième de Mahler par le Chœur de l'Orchestre de Paris, par exemple, toujours des petits plaisirs renouvelés.

Moins de musique baroque, peu de musique de chambre de la musique symphonique conservatrice : les découvertes (du moins en salle) seront plutôt du côté de la musique vocale cette saison.


D. Réservations

¶ À l'exception de quelques bizarreries (Pollini qui vient comme d'habitude, chez ces pianistes-stars, sans annoncer son programme ; un soir où l'Orchestre de Paris a prévu un concerto de Brahms, mais pas le « complément » !), glass intégralele travail de documentation de la brochure est exemplaire : à chaque fois, on mentionne le nom des œuvres, la section jouée si elle n'est pas donnée en entier, voire la version de la partition utilisée (Suite de Pelléas version Leinsdorf, Dixième de Mahler version Cooke comme-sur-le-CD, etc.).
Les résumés eux aussi ont l'avantage de ne pas se limiter à une liste dithyrambique (« l'un des meilleurs violonistes de sa génération », qu'on peut aussi bien voir apposé à Hilary Hahn qu'au professeur de violon du coin, tout dépend du nombre des meilleurs évidemment…), et présenter assez précisément les dispositifs de salle ou les projets du programme.
C'est loin d'être la norme sur les sites des autres salles – les récitals du Théâtre des Champs-Élysées se limitent trop souvent à une liste de noms de compositeurs, aux détails et aux proportions parfaitement flous.

¶ Lors de l'ouverture des abonnements, je suis surpris de constater que c'est la première catégorie qui est prise d'assaut et affiche très vite complet dans certaines portions de la salle (en tout cas sur les concerts où elle ne monte pas trop haut) ; autant c'est très logique pour les concerts où les différences de prix entre catégories sont faibles (ONDIF, ONLille, etc.), autant pour l'Orchestre de Paris, hausse des tarifs aidant, ce commence à faire une somme.
Par ailleurs, un concert était déjà marqué complet dans toutes les catégories au bout de quelques heures d'ouverture (erreur ?)… il faut dire qu'il comporte à la fois du Mozart, du Beethoven et des valses viennoises ! 

¶ Pour finir, une astuce, si vous avez cherché en vain la Deuxième de Mahler dans les abonnements, il faut, une fois abonné, aller chercher dans les « avantages » et trouver le bon concert, là on peut réserver, dans toutes les catégories d'ailleurs (non valable pour les autres concerts). [Au passage, si vous prenez les places supplémentaires au moment de l'abonnement, vous payez plein tarif.]
Pour vous faciliter l'existence dans ce maquis touffu, je vous livre directement le lien. Je vous en prie.
En revanche, aucune trace de la 38e de Mozart le mardi 7 février, sans Zacharias.


E. Bilan


Tout est réuni pour un énorme remplissage : des œuvres très courues, un agencement avenant de thématiques accrocheuses, de grands noms partout – le Théâtre des Champs-Élysées continue de perdre des orchestres habitués au profit de la Philharmonie, la Radio Bavaroise ayant fini par adopter la Cathédrale de la Porte de Pantin ; ne restent plus guère, Avenue Montaigne, que Vienne, Dresde et l'Opéra de Munich.

Je suis assez déçu devant le rétrécissement du répertoire : beaucoup moins de choses originales par rapport à Pleyel ou à la saison qui s'achève. Et en dehors du contemporain, toujours très fourni et varié (explorant plutôt les extrêmes d'ailleurs, les « atonals officiels » et minimalistes, pas les néo-tonals ou atonals polarisés), il reste peu d'éléments des anciens points forts de la Cité de la Musique (baroque, lied, pots-pourris thématiques). La déroute du lied, concentré sur trois concerts en deux jours, reste spectaculaire, alors qu'il y avait cette tradition de concerts à plusieurs voix, qui remplissait plutôt bien d'ailleurs, se limitant à un soir par an (les Liederspiele de Schumann, le Lapin de fiançailles de Schubert…).

Néanmoins, considérant la masse immense de concerts proposés, et l'existence de nombreuses autres salles (réouverture de Favart, peut-être de l'Athénée…), il y a amplement de quoi passer sa vie au concert, sans être condamné à se gaver de Beethoven et de Brahms.

Bonne chasse !

David Le Marrec

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