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dimanche 24 avril 2022

Nouvelles saisons en Île-de-France : quels concerts immanquables ?


tce miroir

À présent que je dispose d'un agenda complété de toutes les grandes saisons 2023 qui viennent de paraître (Garnier, Bastille, Philharmonie, Champs-Élysées, Radio-France, Versailles, Seine Musicale…), on se plaint en me disant « mais il y a déjà trop de choix, comment choisir ? ».

Je tente donc de contribuer à votre bien-être avec cette petite sélection rapidement commentée de concerts qui me paraissent particulièrement prometteurs. Évidemment, je ne puis deviner ce que chacun a entendu, il y a donc quantité d'œuvres et de concerts au programme assez habituels qui seront très bien et auxquels vous pourrez prendre beaucoup de plaisir si vous ne les avez pas déjà entendus vingt fois…

J'ai tâché de l'organiser de la façon la plus claire possible, en classant les genres du plus grandiose au plus intime, et à l'intérieur de chacun, par ordre chronologique approximatif d'âge des compositeurs ou de composition des œuvres. Comme cela, vous pouvez ne chercher que le baroque ou le vingtième en regardant au début ou à la fin de chaque genre, ou bien vous limiter à l'opéra, au lied, etc.

Puisque vous me lisez, vous le savez déjà, mais les meilleurs concerts sont souvent les tout petits qui ne sont annoncés que deux semaines à l'avance et qui permettent, pour un tarif très modique, d'être tout près des interprètes dans une petite salle où l'on entend très bien, dans une atmosphère de communion particulier et avec des propositions souvent plus originales – on ne saurait trop recommander de tenter les soirées du CNSM, notamment les ateliers lyriques qui sont de véritables propositions scéniques souvent très supérieures aux mises en scène dispendieuses mais assez statiques qui prévalent aussi bien chez les tradi que chez les regie
Il vous faudra donc, pour en tirer le meilleur, jeter un œil régulier à l'agenda pour ne pas les manquer… je les inscris dès que possible, mais il m'arrive d'apprendre deux jours avant qu'un opéra inédit est joué dans tel conservatoire, par telle institution pas du tout musicale ou par telle micro-compagnie passée sous mon radar…



A. Opéra scénique

Sacrati, La Finta Pazza par la Cappella Mediterranea (3,4 décembre)
→ Opéra du XVIIe italien, donc primauté à la déclamation et action en général plutôt statique. Je ne suis pas encore allé entendre celui-ci, mais les critiques ont été absolument dithyrambiques.

LULLY, Armide par Pitoiset & Le Poème Harmonique (12,13,14 mai)

→ Le chef-d'œuvre de LULLY, avec prononciation restituée et mis en scène, par une très belle équipe.

Grétry, La Caravane du Caire par Pynkoski et Le Concert Spirituel (9,10,11 juin)

→ Pynkoski réussit à chaque fois des tours de force scéniques (rendre Richard Cœur de Lion palpitant !) ; ce Grétry-ci, dont Napoléon a fait donner un extrait lors de sa prise de Moscou, demande aussi à être mis en valeur et je suis très curieux. (Le Concert Spirituel était électrisant dans Richard, et la distribution reprend beaucoup de chanteurs en commun.)

Stravinski, Poulenc : Le Rossignol (en français !) et Les Mamelles de Tirésias par Les Siècles (mi-mars)

→ Version prévue par Stravinski, elle n'existe que dans un vieil enregistrement de la RTF, très bien chanté, mais où l'on entend mal l'orchestre. Et sur instruments d'époques !  Avec les rares Mamelles, une soirée de folie en perspective.

Britten, Peter Grimes à l'Opéra Garnier (février)
→ Pas donné depuis très longtemps à Paris, un drame original et prenant autour des rumeurs dans un village – avec en sous-main, comme dans Billy Budd, un propos sur l'homophobie. Privilégiez plutôt les dernières dates, le temps que l'orchestre se chauffe : ce n'est vraiment pas le même en fin qu'en début de série !

Stockhausen, Freitag par Le Balcon (14 novembre)
→ Suite du grand cycle Licht. Temporalités distendues, dispositifs dramatiques / scéniques / musicaux toujours surprenants, il y a toujours quelques longueurs, mais l'expérience marque très longtemps, et la musique n'est pas si difficile d'accès… c'est autre chose, et cela mérite complètement d'être essayé.


B. Ballet


Adès, The Dante Project, ballet de McGregor (mai)

→ Si l'on s'intéresse à la musique dans le ballet, il y a fort longtemps qu'on n'a plus trop de quoi se satisfaire à l'Opéra, où l'on a pourtant eu dans les périodes pré-Dupont des ballets sur des musiques de Franck, Copland, Rangström, Sauguet, Damase, Morton Gould… Cependant cette proposition-ci paraît bien tentante, par un compositeur syncrétique et souvent inspiré, auquel la forme variée et discontinue du ballet devrait très bien fonctionner. Sur un sujet a priori porteur de contrastes spectaculaires.
→ On remarque au passage qu'il faut désormais « Project » dans le nom pour vendre des musiques plus rares (Walton, Weinberg…), quand ce n'est pas du « Beethoven project » pour refourguer deux sonates à titre !


C. Opéra en concert

LULLY, Thésée par Les Talens Lyriques (22 mars)
→ L'opéra de LULLY qui a connu le plus grand succès jusqu'en 1730 !  Contre toute attente, car c'est probablement, après Psyché II, le moins inspiré de son auteur. Il a été plus souvent repris que, par ordre décroissant : Atys, Amadis, Roland, Armide, Phaëton, Cadmus et Alceste !
→ Il n'a pas été redonné en France depuis Le Concert d'Astrée il y a une quinzaine d'années (et auparavant, ce devait être le concert de fin de stage à Ambronay il y a un peu plus de 20 ans, dirigé par Christie, avec notamment Legay, d'Oustrac, Novelli et Immler dans la distribution !), et ce n'est pas non plus une œuvre inintéressante : son premier acte est une succession vertigineuse de combats audibles hors scène, de prières, de récits de guerre… une des pages les plus impressionnantes de toute l'histoire du genre !

Jacquet de La Guerre
, Céphale & Procris par A Nocte Temporis avec Cachet et Mauillon (22 janvier)
→ Une des plus belles tragédies en musique du XVIIe siècle : on attend avec une impatience ardente qu'elle soit remontée (prononciation restituée, ici ?  Mechelen la pratique avec son ensemble, certes dans une perspective moins exagérément archaïsante que Green-Lazar-Dumestre), le livret a un remarquable potentiel dramatique, et la sophistication de la musique rend son écoute passionnante et saisissante.

Charpentier, Médée par Le Concert Spirituel (27 mars)
→ Œuvre qui contient à la fois les plus beaux duos d'amour de l'histoire de l'opéra et la scène des Enfers la plus terrifiante de toute la tragédie en musique. Ici, avec la prise de rôle tant attendue de Véronique Gens ! (mais attention, le rôle est vraiment grave pour elle, ça ne la flattera pas à son maximum).

Mlle Duval, Les Génies par l'Ensemble Caravaggio (7 mars)
→ De Mlle Duval, on ne sait à peu près rien : aussitôt son opéra joué, elle disparaît de nos radars : s'est-elle mariée, tout simplement ?   Très curieux de l'entendre (tout début XVIIIe).

Philippe d'Orléans, La Suite d'Armide par la Cappella Mediterranea (2 juillet)
→ Formé et aidé par Gervais, Philippe d'Orléans écrit des opéras dans une veine hardie, qui doit beaucoup à l'influence italienne (tellement que l'on soupçonne des fautes d'harmonies ou de copie…). Pas aussi ébouriffant que Penthée (et livret bien plus sage, mais grand plaisir d'entendre pour la première fois une version intégrale !

Rameau, Castor & Pollux version 1737 par l'Orfeo Orchestra de Budapest (13 mai)
→ Version bien supérieure dans son économie dramatique (tout n'y est pas joué d'avance, Pollux hésite bel et bien) à la version de 1754 (qui dispose en sus de quelques moments musicaux très réussis), et qu'on entend très peu. L'occasion de profiter de récitatifs assez extraordinaires qui disparaissent en partie dans sa refonte. Le seul opéra de Rameau qui dispose d'une telle tension dramatique – le caractère décoratif ou indolent de ses livrets constituant la principale faiblesse de son catalogue pour le public d'aujourd'hui.

Rameau, Zoroastre, par Les Ambassadeurs (16 octobre)
→ Livret très désordonné, regorgeant de rebondissements exagérés, qui a la particularité de mettre en scène le panthéon zoroastro-mazdéen. Musicalement trépidant, très animé de bout en bout.

Gluck, Iphigénie en Aulide, par le Concert de la Loge Olympique (7 octobre)
→ À la création, tout le monde pleurait dans la salle. Moins tendu que son pendant de Tauride, de très beaux moments, un vrai sens mélodique, avant que Gluck ne radicalise encore son style dépouillé – qui conserve ici encore quelque chose des galanteries rococo de ses prédécesseurs.

Mozart, Così fan tutte par la Chambre de Bâle & Antonini (24 mars)
→ Mozart par cet orchestre et ce chef, voilà qui va ravir tous les amateurs de crincrins et pouêt-pouêts !

Bertin, Fausto par Les Talens Lyriques (20 juin)
→ Personne ne sait ce que cela vaut : Louise Bertin, fille du directeur du Journal des Débats, à qui Hugo voulut complaire en écrivant un livret (La Esmeralda) tiré de Notre-Dame de Paris, n'éblouit pas trop dans ce seul opéra publié (mais dans des circonstances imparfaites). On l'avait accusée ailleurs de laisser Berlioz écrire une partie de l'œuvre – apparemment il n'aurait fait qu'aider à l'orchestration, pas extraordinaire au demeurant. J'ignorais même qu'elle avait écrit d'autres opéras, et n'ai eu le temps de chercher aucune information sur ce Fausto. Quoi qu'il en soit, c'est du neuf absolu, par une compositrice de grand opéra à la française (il n'y en a pas beaucoup !).

Massenet, Hérodiade par Car, Borras, Semenchuk, Dupuis, l'Opéra de Lyon et Rustioni (25 novembre)
→ Réservoir d'airs très marquants pour toutes les tessitures (les airs de soprano, ténor, baryton et basse sont toujours programmés en récital depuis un siècle !), dans un opéra un peu démonstratif et statique, mais qui fouetté par Rustioni devrait être particulièrement séduisant.

Massenet, Grisélidis par le National de Montpellier (4 juillet)
→ Mon Massenet chouchou (avec Cendrillon, Thaïs et Amadis), peut-êter celui que j'aime le plus. Très récitatif, très dramatique, le Démon tente une femme vertueuse et se joue du mari. Tout cela avec un humour très français et une qualité mélodique qui se coule dans une forme libre qui évite l'air. Très animé, un des meilleurs opéras de langue française (et dans une très belle distribution).

Gilberto Gil, Amor azul (2,3,4 décembre)
→ L'opéra de Gilberto Gil est reprogrammé. Je n'ai aucune idée de l'angle par lequel il aborde le genre, mais ce sera du neuf, probablement imparfait et rafraîchissant.


D. Musique symphonique


Cherubini
, Mercadante et Boïeldieu symphoniques par la Chambre de Paris (17 octobre)
→ Symphonies (et concerto pour harpe !) de compositeurs du premier XIXe, très rarement donnés en concert, et par l'orchestre le plus à même de leur rendre justice !

Farrenc, Symphonie n°2 par Insula Orchestra (29-30 septembre)
→ Le disque des 1 & 3 avait été une révélation pour un peu tout le monde sur la qualité de ces œuvres (que je ne tenais pas en très haute estime). Précieux de disposer aussi de la 2, et pas sûr qu'il y ait une sortie de disque à la clef !

Bruckner (s4), Messiaen (Ascension) par l'OPRF & Chung (17 mars)
→ Chung m'a très profondément marqué dans la Sixième, je courrai l'entendre ici.

Holmès : Andromède, Pologne, Nuit & Amour… par le National de Metz (4 février)
→ Les grands poèmes symphoniques d'Augusta Holmès, d'une veine marquée par Wagner – à l'écoute, il y a pas mal de points commun avec les pages symphoniques de Lekeu.

Bertin, Farrenc, Holmès, Danglas, Bonis, Grandval, Jaëll : pièces symphoniques et concertantes par la Chambre de Paris (23 juin)
→ Programme de compositrices symphoniques : ce que j'en connais n'est pas le sommet du répertoire symphonique, mais ce sera assurément différent et stimulant.

Mahler 9 par Chung (9 décembre)

→ Mêmes raisons que précédemment : très envie d'entendre à nouveau la maîtrise de Chung dans de grandes pages symphoniques très architecturées.

Sibelius (s1), Salonen (cc violon), Lindberg (Feria) par l'ONDIF (14 mars)
→ Très beau programme original et au contenu musical dense, qui ira à merveille à l'un des orchestres les plus engagés et enthousiastes de la scène française.

R. Strauss : 4 interludes d'Intermezzo, Légende de Joseph, Monologue de Chrystothemis… par Asmik Grigorian / OPRF / Franck (1er avril)Weill : Symphonie n°2 par l'Orchestre de Paris (8-9 février)
→ Raretés de Richard Strauss : la Légende de Joseph n'est pas le chef-d'œuvre des chefs-d'œuvre, mais Intermezzo et Chrysothemis, je prends très volontiers. Comme tout ce qui est neuf. Et puis le décadentisme germanique est l'un des meilleurs répertoires du Philhar', où le luxe de ces cordes homogènes et lyriques fait merveille.

Bartók (Prince de Bois intégral), Brahms (cc piano 1) par Trifonov / ONF / Măcelaru
→ Măcelaru change tout en or, alors dans des œuvres aussi riches, d'un format plus ambitieux que celles qui sont traditionnellement jouées par le National, je suis très curieux.

N. Boulanger (violoncelle-piano), Copland (symphonie avec orgue), Piston (Prélude), Carter (Concerto flûte) : pièces symphoniques et chambristes rares par Pahud / OPRF / Franck (11 janvier)
→ Programme étrange, mais la Symphonie de Copland (remaniée ensuite en n°1 en réorchestrant les parties dévolues initialement à l'orgue), le concerto de Carter ou le Prélude de Piston sont très rarement donnés, et issues de gens qui savent écrire pour l'orchestre.

Stucky, Barber (cc violon), Sibelius (s5) par SFSO & Salonen (10 mars)
→ À nouveau un programme qui sort des sentiers battus, même si le concerto de Barber reste un concerto pour violon…

Rihm (Jagden und Formen) et Varèse (Déserts) avec vidéos de Viola, par l'EIC (22 janvier)
→ Deux pièces majeures du XXe siècle, le grand cycle motorique et très accessible de Rihm qui fait la part belle aux bois et les interludes avec cuivres varésiens de Déserts, de quoi se vautrer dans l'orgie de la virtuosité orchestrale et des tuilages atonals infinis…


E. Musique sacrée

Allegri Rossi A. Scarlatti, motets… par Alarcón (6 octobre)
→ Italiens qui couvrent tout le XVIIe siècle, dans des styles s'étageant de la fin de la Renaissance aux débuts du seria, par l'un des meilleurs (et plus inventifs !) spécialistes.

Antonio Draghi, Le Don de la vie éternelle par la Cappella Mediterranea (3 juillet)
→ Oratorio italien de la seconde moitié du XVIIe siècle (qu'entendra-t-on dans la Chapelle Royale, dont l'acoustique est mauvaise ?).

Lenzi, Boffi, Couperin & nos contemporains : Lamentations et Méditations par l'Escadron volant de la Reine (31 mars)
→ Italiens rares et Troisième Leçon de Couperin (pour le Mercredy) à l'occasion du Vendredi saint à Radio-France.

Charpentier, Méditations pour le Carême par Les Arts Florissants (31 mars)
→ L'une des œuvres les plus sidérantes de toute la musique sacrée. J'avais présenté la Deuxième ici, et Les Arts Florissants vont en donner l'intégralité !  Expérience toujours bouleversante, déjà vécue à l'Oratoire du Louvre en 2015 (par Le Poème Harmonique).

Gilles, Requiem par Helsinki BO et Chantres CMBV (8 décembre)
→ L'Introït absolument ineffable (avec ses pointés et ses silences) et le tuilage de l'Offertoire (parmi mes boucles favorites) rendent cette œuvre profondément marquante, parmi d'autres beautés. Il est rarement donné, il faut se précipiter.

Lalande, Campra, Bernier, Gervais : motets par Chantres CMBV & Haïm (17 novembre)
→ Très bel attelage de compositeurs sous influence ultramontaine (pour les trois derniers), sensibles au contrepoint et aux explorations harmoniques, et peu joués.

Gervais, grands motets par Les Ombres (23 novembre)
→ Le maître de chapelle et professeur de Philippe d'Orléans, programme dévolu à ses seuls grands motets (donc avec dialogues entre solistes et chœurs), un petit événement !

Beethoven, Missa Solemnis par Le Concert des Nations (22 mai)
→ Considérant le succès de leurs symphonies, assez enthousiaste d'entendre ce haut chef-d'œuvre dans une version crincrinnante avec un orchestre recruté parmi les meilleurs spécialistes.

Verdi, Requiem par Heever, Semenchuk, Tetelman, Teitgen, Orchestre de Paris, van Zweden (26-27 avril)
→ Ça, c'est souvent donné, mais le plateau est hallucinant, on a regroupé quatre des voix les plus insolentes du marché vocal actuel !  Et c'est payant ici. Avec en plus le Chœur de l'OP qui excelle dans cette œuvre avec sa douceur et sa netteté, et van Zweden qui paraît-il anime toujours de façon très convaincante cet orchestre, promesse de moments assez intenses !

F. Chœur


Reinecke & Schubert : pièces pour chœur et quelques instruments par le Chœur de Radio-France et Ruf en récitant (20 décembre)
→ Reinecke est connu pour ses pièces pour flûte d'un romantisme très apaisé, mais il a aussi commis des symphonies beaucoup plus tempêtueuses, dans un style très premier-XIXe quoiqu'elles soient contemporaines de Brahms !  (Il faut dire que l'histoire-bataille telle qu'on nous l'enseigne, en musique, néglige les œuvres qui représentaient les courants majoritaires, en général moins hardis. Tous les compositeurs du second XIXe ne sont pas wagnériens !)
→ Cette pièce a l'air très originale, renforcée d'instruments isolés, et bénéficiant d'un récitant.

Mendelssohn : Christus, Première Nuit de Walpurgis par Accentus et Insula Orchestra (16 mars)
→ Christus est une très belle cantate digne des grands Mendelssohn choraux, tandis que la Nuit de Walpurgis, mieux connue, est une sorte de messe profane, d'oratorio de théâtre qui ressemble assez, par ses aspects plus massifs que le Mendelssohn habituel, à un compromis avec l'univers schumannien. (Sur instruments anciens et avec un beau chœur, miam.)

Mendelssohn Schumann Reinberger Saint-Saëns par la Maîtrise de RF (14 octobre)
→ Quelques-uns des meilleurs compositeurs pour l'a cappella, dans des œuvres à chœurs multiples, et pas l'un des meilleurs chœurs d'enfants du monde.

Massenet, Farrenc, Paladilhe, Roussel, Chausson, Saint-Saëns, Chabrier, Sohy, Chaminade, Bonis par la Maîtrise de Radio-France (16 mai)
● Chœurs de Grandval, Guilmant, Saint-Saëns, Renié, Dubois, Bonis, Caplet, Duparc, La Tombelle, Labole, Boëllmann, Sohy, Delibes, Chaminade et Gounod par le Chœur de Radio-France (19 juin)
Duparc, Bonis, L. Boulanger, Schmitt, Fauré, Castagnet : chœurs et arrangements choraux par le Chœur de l'Orchestre de Paris (17 janvier)
→ Trois programmes français qui fréquentent à la fois la fin XIXe siècle et le début du XXe, avec des grands représentants de l'époque, donc un programme plutôt consacré aux arrangements pour chœur : ce sera la grande fête !

Poulenc (Assise), Villette, Britten : Motets par Accentus (30 juin)
→ Les plus beaux chœurs de Poulenc avec quelques autres vignettes toutes de dépouillement, par un chœur qui les connaît très bien. Beau cadeau !

Schnittke (Concerto pour chœur), Rachmaninov (Vêpres) par MusicAeterna (25 mars)

→ Peut-être les deux plus grands jalons du patrimoine choral russe, mais le concert est suspendu pour l'instant – MusicAeterna étant largement financé par une banque russe, ses fonds risquent de se tarir, et ses autorisations de déplacement risquent de se faire plus difficultueuses, de part et d'autre.

Tormis : chœurs par le Chœur de l'Orchestre de Paris (14 mars)
→ Tormis est le grand représentant letton d'une veine chorale qui puise aux sources du folklore : il était à la fois musicologue collecteur et compositeur, et sa musique, simple et dansante, reflète ces influences. Parfois des arrangements ou recréations de chansons existante. Très accessible, mais pas sans richesse, il est très rare non seulement de bénéficier d'un concert qui lui soit entièrement consacré, et de surcroît par un chœur français – sans doute une première !


G. Musique de chambre

Lassus, Gabrieli, Rossi, Bassano, Marini, Falconieri, Monteverdi, Merula… passacailles avec des membres de l'OCP (26 novembre)
→ Passacailles en folie du premier XVIIe siècle italien !

Lombardi Sirmen, Quatuor n°5 par des membres de l'OPRF, couplé avec des concertos pour piano de Haydn et Mozart (9 juin)
→ Compositrice passionnante dont les duos pour violon et les quatuors, à la fin du XVIIIe siècle, portent à leur sommet une sophistication inhabituelle dans le répertoire galant. Parmi les pièces de chambre les plus marquantes de cette période, à mon sens.
→ Couplage étrange, pourquoi jouer ceci dans un concert marketté comme à la gloire du pianiste Piotr Anderszewski ? (Ces fous vont me contraindre à aller entendre un concert de concertos pour piano classiques…)

Haas, Krása, Webern : quatuors par les meilleurs membres de l'OCP (Hughes, Parruitte, Cardoze…) (10 décembre)
→ Quatuors décadents très rarement entendus en France par des membres de l'Orchestre de Chambre de Paris, qui ont de véritables qualités de chambristes (Olivia Hughes est l'ancien violon 2 du Quatuor Ardeo) : à les entendre, on croirait un quatuor constitué !

Chostakovitch, Symphonie n°14 pour deux pianos et percussions (7 novembre)
→ Proposition très originale, qui fait fort envie (les deux solistes sont là également). C'est à la Philharmonie, mais Radio-France propose, du même arrangeur, la n°5 pour un effectif similaire (ce dont la nécessité m'apparaît moins impérieuse… qui aime la Quinzième de Chostakovitch ?).

Messiaen, Chants d'oiseaux par Boffard et… les chanteurs d'oiseaux (30 mars)
→ Dans le Musée de la Musique, idée stimulante de tisser les Catalogues d'oiseaux et autres intégrations de Messiaen… avec une évocation de leurs originaux.

Nancarrow & Ligeti par le Quatuor Béla (4 mars)
→ Les deux quatuors de Ligeti et un quatuor de Nancarrow (très fortement admiré de Ligeti, qui le mettait au niveau d'Ives et Webern…), promesse d'une soirée qui change des standards du répertoire et de leurs équilibres habituels.


H. Lied & mélodie

Airs de cour de Guédron, Boësset, Lambert, Le Camus par Les Arts Florissants (27 mai)
→ Le concert d'airs de cour annuel de la Cité de la Musique, par quelques-uns des meilleurs spécialistes.

Clérambault, Dandrieu, Dornel, Louis Antoine Lefebvre, Montgaultier et Louis Antoine Travenol, cantates par Le Consort (29 novembre)
→ Cantates françaises (inédites !) par le meilleur ensemble spécialiste.

Schubert, Der Schwanengesang par Boesch & Martineau (15 mars)
→ Au disque, la version que je trouve la plus marquante de ce cycle apocryphe. La voix de Boesch sonne bien en salle, il n'y a pas de raison que ce ne soit pas grand aussi en cocnert !

Schubert, lieder orchestrés (et extrait d'Alfonso und Estrella) par les Prégardien et l'OCP (9 février)
→ Le petit plus réside dans Alfonso, un chef-d'œuvre dont les airs et duos méritent le déplacement indépendamment du programme. Et puis, quitte à écouter du lied orchestré, autant le faire avec un orchestre agile et avec les meilleurs spécialistes du chant expressif allemand…

Lieder de Schubert, Schumann, Wagner, Loewe, Wieck, Brahms, Wolf, Reger, Pfitzner, Sommer, par Marlis Petersen (14 juin)
→ Programme très varié d'une très belle voix.

Beethoven Schubert Rihm par Nigl et Pashchenko, piano Gebauhr 1855 (15 février)
→ Le programme du disque paru chez Alpha : la voix si particulière (très mixée) de Nigl (qui sonne comme un ténor moelleux) lui permet une expressivité hors du commun. Bouleversé par sa Meunière, passionné par ses Schubert ; le cycle de Rihm ne me paraît pas le meilleur de ce qu'a produit le compositeur, mais c'est l'occasion d'entendre un récital varié, et accompli à un degré à peine concevable. Sur piano d'époque, pour ne rien gâcher.

Nadia & Lili Boulanger par Richardot & Fornel (20 mars)
→ L'une des voix les plus marquantes de notre temps dans ces mélodies ciselées et très peu données en concert.



J'espère que tout ceci vous fournira les repères nécessaires pour effectuer les bons choix de vie et ne pas être lassé à la fin de la saison en décrétant que, décidément, vous avez tout entendu et que les saisons sont toutes les mêmes. C'est largement vrai, mais… la multiplicité de l'offre permet, en glanant la marge de chaque salle, de s'amuser assez vivement !

Pour le reste (en particulier en musique de chambre et mélodies, mais aussi en symphonique avec les orchestres van Lauwe, Elektra, Ut5, COSU…), il faudra guetter les annonces tardives des petits ensembles et des conservatoires.

À bientôt pour de nouvelles aventures : expérimentations de tragédie en musique, nouvel épisode biblique, exploration des usages des thèmes patriotiques français, suite des anniversaires, ou du panorama des compositeurs ukrainiens tiennent la corde.

(On me réclame aussi une notule sur les représentations musicales du coït – ce qui constitue une occasion tentante de reparler de la terrible Mona Lisa de Schillings –, mais je ne suis pas tout à fait sûr d'obtempérer : la constitution, partition en main, des exemples musicaux assortis du visionnage des différentes positions traditionnelles pour le viol – car ne nous mentons pas, dans le théâtre lyrique, je ne vais pas rencontrer beaucoup de représentations sonores du consentement éclairé – risque d'occuper un peu trop inconfortablement mon loisir.)

Dans l'intervalle, j'ai été mandaté pour écrire le programme de mon festival préféré : mon rythme de publication en sera peut-être temporairement affecté, mais je tâcherai au moins de vous nourrir en matériau ukrainien. Et les commentaires d'écoutes restent complétés au quotidien.

--

P.S. : Malgré tout le soin mis à la confection, le passage de mon éditeur à la version définitive a ménagé des sauts de ligne intempestifs. Je ne vais pas avoir le temps de tout corriger, il faudrait refaire la mise en forme manuellement pour chaque entrée (alors que j'y ai déjà passé beaucoup de temps). Mes excuses pour l'inconfort de lecture.
David Le Marrec

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