Et alors que dire du répertoire de Lully ! La musique est, je trouve superbe, mais le chant ... Au secours, c'est d'un niais, d'un grandiloquent ! Insupportable...
Oui, c'est grandiloquent, c'est de la musique d'apparat, Grand Siècle. Néanmoins elle ne s'y limite pas : si vous tentez Charpentier Destouches, Desmarest, Francoeur, Rebel plutôt que Lully, cette dimension est nettement plus réduite.
Cela dit, la tragédie lyrique est un genre tellement codifié que de la même façon que Garnier, Rotrou, Corneille et Racine, on peut trouver ça irritant si on n'est pas sensible à une certaine façon d'aborder la langue et les émotions.
Rossini, encore pire ... Des AH-AH-ah-ah-ah qui montent et descendent toutes les deux secondes ! Enfin, bref, on a le choix entre des vocalises ridicules (la palme d'or revient à la Reine de la Nuit !)
Oui, là on est dans l'esthétique belcantiste où la substance de la voix est le principal intérêt, d'où les voyelles tenues. La Reine de la Nuit n'est ni la plus spectaculaire ni la plus incongrue, parce que son aspect hystérique et stratosphérique s'intègre de façon cohérente à sa psychologie et à son rôle dramatique (en opposition avec tous les autres personnages).
soit des phrases interminables et théatrales (Wagner est le champion pour ça !) au possible, et des voix continuellement poussés au maximum.
Exact, mais la voix n'est pas exactement l'intérêt principal de Wagner, du moins lorsqu'on l'aborde au début.
Je suis très ouvert d'esprit, mais là franchement ... Enfin, chacun ses gouts ... Je n'ai trouvé mon bonheur que chez certains morceaux de Haendel.
Des ariosos surtout, je suppose, peu ornés (du genre Ombra mai fu et Lascia ch'io pianga), oui, c'est sans doute ce qui est le plus accessible quand on n'aime pas l'opéra.
En revanche, la majorité des airs sont très ornés, ni plus ni moins que Rossini.
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J'aurais tout de même quelques suggestions à vous faire.
D'abord une question : avez-vous écouté des oeuvres intégrales, avec livret (ou en DVD sous-titré) ? L'opéra en tranches reste un objet décoratif, et j'avoue que je ne m'y intéresserais pas s'il n'existait que des récitals. L'opéra en contexte dramatique, en revanche, fait entrer en relation différents arts, qui dialoguent de façon très enrichissante.
Il ne faut pas perdre de vue non plus que l'opéra fonctionne mieux en salle, là où on a l'impact physique des voix réelles - ce qui suppose néanmoins d'être dans une bonne salle et pas trop mal placé, donc pas la médication la plus facile.
Un DVD avec une mise en scène qui mette en valeur le propos musical (par exemple, pour Mozart, les Nozze par McVicar ou Così fan tutte par Hytner) pourrait vous faire changer d'avis.
Tout dépend aussi de ce que vous appréciez usuellement en musique instrumentale.
Vous qui n'avez pas aimé l'aspect grandiloquent ou incongru de l'opéra, vous pourriez peut-être essayer le lied : Goethe, Schiller, Hölderlin, Heine, Eichendorff, Rückert pour les textes... et des lignes vocales sobres. Ca marche aussi avec le madrigal, même si les textes sont moins bons. Pour la mélodie française, il y a beaucoup de risques d'être rebuté par les textes (souvent très mal choisis), mais essayez peut-être le disque Fauré de Jérôme Corréas (extrait ici), où il chante avec un naturel extraordinaire Verlaine, tout le contraire de ce que vous reprochez ici au chant lyrique.
Côté opéra, vous pouvez peut-être tenter la conversation en musique , peut-être pas Pelléas que vous trouverez trop artificiel, mais Sophie Arnould de Pierné, par exemple, et en allemand Intermezzo de Strauss.
Ou tout simplement Monteverdi. Ce pourraient être des angles d'attaque plus séduisants pour vous que ceux que vous avez tenté.
J´appelle variété de qualité ce qui implique une musique de qualité avec des textes intelligents qui ont un sens: Jacques Brel, Yves Duteil , Pierre Bachelet.
On peut vraiment discuter de la profondeur des textes des trois susdits. J'ai beaucoup de tendresse pour l'ingénuité du deuxième, mais ce n'est tout de même pas du domaine de la grand poésie, ni plus ni moins que Marie Espinosa (c'est tout récent, mais on se trouve sensiblement dans le même registre mignonnet).
Je crois qu´il y a des goûts qui sont totalement incompatibles : il est impossible d´être " fan" de lyrique si on est " fan" de rap et vice versa.
Je n'en suis pas persuadé du tout, et je fréquente beaucoup de mélomanes (pas forcément jeunes !) qui adore le Black Metal ou même Britney Spears. Comme quoi...
De toute façon, si dans le classique on aime à la fois Lully, Verdi et Boulez, il n'y a pas de raisons qu'on ne puisse pas aimer plusieurs genres musicaux ; l'approche en est évidemment différente, le plaisir aussi.
L´on est quand même obligé de reconnaîre que certains genres ne peuvent s´amalgamer , au même titre que certaines cultures peuvent se voir, se visiter de temps en temps mais ne peuvent cohabiter.
Là aussi, on peut s'abuser, il y a eu des emprunts folkloriques littéraux très réussis dans de la musique classique, sans parler de l'imprégnation réciproque avec le jazz : entre Johnny spielt auf de Křenek, l'ambiance foxtrot d'Ogelala et l'héritage évident de Chopin, voire de Messiaen chez les jazzmen, il y aurait de quoi dire. :)
Par contre, l´on peut approcher l´aspect technique ( je n´aime pas beaucoup ce mot) du lyrique sans snobisme , c´est á dire par exemple employer des mots simples ou des métaphores pour parler des voix. Tout le monde ne peut pas comprendre les termes techniques de l´art lyrique.
Bien sûr, on n'est pas obligé de remplacer tous les termes par les vocables italiens... mais le vocabulaire spécialisé aide aussi à être précis. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai pondu un certain nombre de ces notules, pour qu'on puisse trouver à disposition, sur la Toile, quelques pistes.
]]>Tout d´abord, il est absolument impossible de comparer voix lyriques et voix de variété alors qu´il y a déjá une différence notable entre voix d´opéra " lourds"
Il y a surtout énormément de techniques très différentes en variété (entre le belting efficient et les voix "soupirées", c'est un monde !).
et voix d´opéras légers ou d´opérette : j´avoue que j´imagine mal Juan Diego Florez en Heldentenor wagnérien.
Au contraire, ça m'intéresserait assez, en plus il aurait parfaitement l'allure de Siegfried. :)
Variétés: avec un microphone et des trucages d´ingénieurs de son, il est facile de faire des effets, d´amplifier ou , au contraire, de gommer.
Et même de gérer la justesse.
Mais ça se fait aussi pour l'opéra : il suffit d'écouter les prises de son des retransmissions sur le vif au Met, on ajoute une réverbération énorme pour donner l'impression que les voix font vibrer les murs, et on égalise le son, si bien que les graves sont plus sonores que les aigus !
Il n'empêche qu'on ne peut pas tricher sur les bases du chant : autant Amaury Vassili chante réellement mal (il est vendu comme ténor, mais c'est un mélange pas très heureux de technique d'amateur lyrique pas très bon et de tournures plus typées variété), autant les voix des stars de la pop sont souvent très intéressantes. Un beau belting, ça s'entend : Gunilla Backman ou Stephanie J Block, amplifiées ou pas, elles ne trichent pas, des voix dynamiques et bien construites.
Evidemment, ce n'est pas du tout la même destination du chant (elles seraient couvertes par un grand orchestre et avec insuffisamment d'harmoniques graves pour se répandre harmonieusement dans une grande salle), mais on ne peut vraiment pas dire que ce soit un mauvais chant.
Ces chanteuses á la voix dite puissantes comme Céline Dion ou Lara Fabian, je serais curieuse de savoir ce qu´elle pourraient produire sans aucun micro , sans aucun arrangement et dans une salle de l´envergure du Metropolitan Opera.
Les chanteurs lyriques sont de toute façon déjà amplifiés au Met, et dans bien d'autres maisons du monde. Evidemment, pour ce type de voix, ce ne serait pas un simple renfort de confort qu'il faudrait, mais clairement une multiplication du volume par les haut-parleurs...
Mais on ne peut pas reprocher à un type de chant de ne pas pouvoir faire ce qu'il n'a jamais prétendu faire ! De la même façon, les chanteurs d'opéra sont souvent (pas toujours, il y a de beaux contre-exemples !) très gênés pour chanter de la variété ou de la pop. A moins de se réinventer une technique tout à fait différente pour l'occasion - Renée Fleming a même totalement changé de timbre dans l'excercice !
Toute comparaison n'a donc pas de sens, de même qu'on pourrait reprocher à Lully de ne pas faire des accords de cinq sons comme Scriabine, ou à Mallarmé d'être plus hermétique qu'Aragon. On ne peut juger d'un art que conformément aux objectifs qu'il se donne...
Cela dit, le lyrique n´est dépassé que dans l´esprit de ceux qui le croient et en écouter n´empêche pas d´écouter de la bonne variété, ce qui en passant se fait malheureusement de plus en plus rare car maintenant, ca ressemble plus á des cris d´hystéries qu´á du vrai chant.
Je ne suis pas d'accord, comme pour l'opéra, il y a des techniques différentes, mais toujours de
Après, il faudra se mettre d'accord sur ce qu'est la bonne variété, et pour ma part, mes fréquentations remontent assez loin (Nohain / Hartuch et Blanche / Calvi...). Par ailleurs il y a des bluettes récentes que je trouve sympathique, mais je n'en écoute pas tous les jours.
Et puis si on y inclut la pop, le chant est encore plus vaste.
C'est d'une méchanceté... Il y a longtemps que la lecture d'un roman ne m'avait pas autant touché. :-(
C'est sûr que c'est plus fleur bleue que Là-bas.
Je ne serais pas étonné qu'il s'agisse là des réels sentiments de l'auteur à l'égard de l'opéra. Visiblement amateur de récital avec piano et de musique symphonique malgré tout. C'est finalement une position assez banale chez les mélomanes.
A propos, t'ai-je dit qu'il existait une notule de CSS sur le sujet ? Un truc sur les voix d'opéra, il faut que je retrouve où je l'ai mis, c'est quelque part avec mes lunettes.
Je te souhaite bien du mal. >:-€
Tu as eu tort, ce n'est pas moi qui ai trinqué hier. <|8o)
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