Mais que sont Rebecca, Soupçons, Spellbound, Paradine Case ou même Shadow of a Doubt ? Pas essentiellement des courses-poursuites, n'est-ce pas ? :) Certes, Hitchcock fait toujours monter sa sauce, mais ce n'est pas là le principal, on est loin de North by Northwest effectivement.
Je n'ai pas vu Le Procès Paradine, mais les autres oui. Quand je dis foncièrement axé autour du suspense, je ne veux pas dire forcément courses poursuites, action, James Bond. Cela peut prendre cet aspect, comme dans North by Northwest, mais pour moi précisément les films que vous citez, bien que dénués "d'action", sont des films à suspense. Rebecca ne tient que par là, sur l'angoisse qu'on ressent devant la vieille gouvernante, le fantôme de l'ancienne femme, les idées qu'on se fait, en même temps que Joan Fontaine. Mais je pense que si je le revoyais, ça marcherait moins bien. Vous avez raison, Spellbound et Rebecca ressemblent un peu à Soupçons, je vous cite: "les personnages se lient vite, et puis découvrent quelque chose d'obscur et d'indicible chez l'être aimé." Mais Soupçons aussi est, sans l'ombre d'un doute, un film à suspense. Hithcock a expliqué un peu partout cette théorie du suspense, qui évite le simple "Who done it ?", et repose sur la manipulation du spectateur crédule. Peut-être que le principal n'est pas là, comme vous dites, mais il n'est pas non plus dans l'histoire d'amour, qui est secondaire, ou subordonnée au reste. "Les personnages se lient vite", c'est un euphémisme, je pense que le mariage dans Rebecca est le mariage le plus rapidement conclu de l'histoire du cinéma ! Alors que dans Notorious, l'intrigue policière, le suspense (la clé durant le bal etc.) sont à mes yeux subordonnés à l'histoire d'amour, qui est beaucoup plus importante. Les sentiments des personnages sont beaucoup plus complexes que la moyenne des histoires d'amour qu'on trouve dans les films américains, et même dans les Hitchock, style (pour rester dans le N&B) 39 Marches , ou Soupçons, ou même Rebecca. Enfin, c'est comme ça que je le ressens…
J'étais juste amusé par la juxtaposition évidente de deux utilisateurs différents. Ca fait partie du charme de Wikipédia pour moi : le plaisir d'être surpris. :)
Eh oui, mais on trouve encore bien pire, parfois !!
Bonne soirée…
Il ne faut pas le voir comme un Hitchcock habituel, foncièrement axé autour du suspense (type Fenêtre sur cour, ou La Mort aux trousses), mais foncièrement comme une histoire d'amour (romantique), chose assez rare somme toute chez Hitch.
Mais que sont Rebecca, Soupçons, Spellbound, Paradine Case ou même Shadow of a Doubt ? Pas essentiellement des courses-poursuites, n'est-ce pas ? :) Certes, Hitchcock fait toujours monter sa sauce, mais ce n'est pas là le principal, on est loin de North by Northwest effectivement.
Notorious est précisément celui qui parmi ces noir-et-blanc américains (Psycho est évidemment à part, dans le temps, la photographie et la narration) est le plus lié à une intrigue "policière", non ?
(Là je ne serais pas d'accord avec vous, quand vous dites qu'elle n'est bonne que dans Spellbound:
Ce n'est pas ce que j'ai dit : je l'y trouve plus inspirée, et surtout, concernant Under Capricorn, j'ai eu de la difficulté à voir le propos en dehors des moments de bravoure de Bergman, précisément...
Je dois à l'honnêteté de dire que je n'ai aimé aucun Hitchcock en couleur... toutes ses qualités visuelles disparaissent. C'est le cas pour beaucoup de cinéastes (il faut se réinventer une esthétique avec la couleur), mais avec lui, on tombe de si haut - et un peu plus bas que d'autres...
Continuons les désaccords ? Spellbound n'est pas mon film préféré, je l'avoue… J'avais même oublié qu'elle jouait dedans. Oui, elle est très bien, c'est vrai, mais je trouve que le film présente une vision décidément trop simpliste de la psychanalyse… La musique était pas mal, si je me souviens bien ?
Oui, la musique de Rózsa est assez réussie. Evidemment, il ne faut pas voir Spellbound (comme bien d'autres films de l'époque, même si c'est l'un des premiers du genre) comme une représentation sérieuse de la psychanalyse, pas plus que le final de Rambo II (seul avec une femme et un vieillard blessé, il met en déroute l'armée des rouges) n'est une vision sérieuse de la stratégie militaire.
C'est une représentation schématisée et esthétisée de la psychanalyse, comme on peut le faire avec la mort à l'opéra, où les personnages en profitent pour se définir longuement aux yeux du monde...
Spellbound n'a rien de cohérent : s'enfuir pour prouver son innocence tout en faisant une petite nuitée chez un psy pour régler quelques complexes qui traînent... qui y croit ? C'est surtout une vision hallucinée et esthétisée de la chose, avec pour fondement les cadavres dans les placards qu'on trouve chez les personnes avec qui on se lie... Assez typique d'Hitchcock : les personnages se lient vite, et puis découvrent quelque chose d'obscur et d'indicible chez l'être aimé.
En un sens, Hitchcock explicite dans Spellbound son esthétique du dévoilement...
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Mélopathie et cinémanie
Mais ne se rapprocheraient-ils pas singulièrement, en ce point, des mélomanes, autre terrible engeance ? ;-) Bien sûr, il y a cinéphile et cinéphile, comme il y a mélomane et mélomane… Mais Balzac ne se défiait il pas de tous ces grands monomanes qu'on trouve dans La Comédie Humaine ?
Disons que je ne me sens pas dans la même situation avec les mélomanes, parce que j'aime (certes diversement) tous les répertoires du domaine classique, et un certain nombre d'autres genres : je trouve toujours un terrain de conversation positif avec un anti-lullyste, un anti-verdien, un anti-wagnérien ou un anti-boulézien, il est rare qu'il déteste les quatre à la fois, et dans ce cas, je pourrai toujours, en dernier ressort, parler de Bach. :)
Ma situation n'est pas la même dans le domaine filmique, où je n'ai pas du tout cette acceptation large... et où je suis de surcroît assez fortement minoritaire dans mes goûts, plus encore que pour la musique (où je ne conteste pas les "valeurs sûres").
Cela dit, le militant anti-tabac n'a peut-être pas tort: apparemment, Gene Tierney morte d'une maladie des poumons, et relativement jeune.
Ce n'est certainement pas moi qui minimiserai les responsabilités des marchands de mort : j'étais juste amusé par la juxtaposition évidente de deux utilisateurs différents. Ca fait partie du charme de Wikipédia pour moi : le plaisir d'être surpris. :)
]]>Pour ce qui est des cinéphiles, de toute façon : ils ne sont jamais d'accord. Et en plus d'être en désaccord entre eux, ils ont le front de l'être avec moi. Je rougis pour eux.
Mais ne se rapprocheraient-ils pas singulièrement, en ce point, des mélomanes, autre terrible engeance ? ;-) Bien sûr, il y a cinéphile et cinéphile, comme il y a mélomane et mélomane… Mais Balzac ne se défiait il pas de tous ces grands monomanes qu'on trouve dans La Comédie Humaine ?
Je ne me sens pas enclin à ouvrir ce front-là, mais je ne suis pas du tout d'accord (mais alors vraiment pas). Je le trouve même un peu décevant, peut-être le moins abouti de ses noir-et-blanc américains. Oh, pas du raté, mais j'avais été dépité justement pour un Hitchcock B&W de cette période : je n'en vois pas à partir de son séjour américain qui ne soient pas des chefs-d'oeuvre.
Moi non plus, je ne me sens pas enclin, pour la raison exposée ci-dessus (rappel: proposition 1: Les cinéphiles ne sont jamais d'accord). Toutefois, je me permettrai de défendre un instant Les Enchaînés, en proposant cette hypothèse. Il ne faut pas le voir comme un Hitchcock habituel, foncièrement axé autour du suspense (type Fenêtre sur cour, ou La Mort aux trousses), mais foncièrement comme une histoire d'amour (romantique), chose assez rare somme toute chez Hitch. Et alors, selon moi, cela devient magnifique… (mais ce n'est pas l'archétype du Hitchcock, j'en conviens). D'autant que Bergman est extraordinaire dans le rôle de la femme amoureuse, bien différente de ce qu'elle fait chez Rosselini par exemple. (Là je ne serais pas d'accord avec vous, quand vous dites qu'elle n'est bonne que dans Spellbound: dès le début par exemple, ce n'est pas évident de jouer un personnage saoûl comme elle le fait.) Quant à Cary Grant, dans un rôle plus facile, mais très sérieux, il est toujours parfait.
Continuons les désaccords ? Spellbound n'est pas mon film préféré, je l'avoue… J'avais même oublié qu'elle jouait dedans. Oui, elle est très bien, c'est vrai, mais je trouve que le film présente une vision décidément trop simpliste de la psychanalyse… La musique était pas mal, si je me souviens bien ?
D'accord avec vous sur la Wikipédia Francophone… Cela dit, le militant anti-tabac n'a peut-être pas tort: apparemment, Gene Tierney morte d'une maladie des poumons, et relativement jeune.
Bonne soirée !
Mais à part les cinéphiles(,) qui savent que Les Enchaînés est le plus beau film d'Hitchcok,
Je ne me sens pas enclin à ouvrir ce front-là, mais je ne suis pas du tout d'accord (mais alors vraiment pas). Je le trouve même un peu décevant, peut-être le moins abouti de ses noir-et-blanc américains. Oh, pas du raté, mais j'avais été dépité justement pour un Hitchcock B&W de cette période : je n'en vois pas à partir de son séjour américain qui ne soient pas des chefs-d'oeuvre.
Pour ce qui est des cinéphiles, de toute façon : ils ne sont jamais d'accord. Et en plus d'êtres en désaccord entre eux, ils ont le front de l'être avec moi. Je rougis pour eux.
Quant au Capricorne, il n'est plus très vu aujourd'hui.
Il faut dire que c'est franchement faiblard, aussi bien l'intrigue que la photographie... Je suis resté assez interdit en le découvrant.
Et c'est donc de très loin le meilleur de ses films avec Hitchcock que vous n'avez pas cité, Spellbound. A commencer par les qualités d'actrice qu'elle y révèle, très au-dessus des deux autres.
et n'a pas l'image de qq'un de vieillot,
Voilà, c'est ça. Elle n'a pas l'image d'une icône de l'ancien temps, même fascinante, comme peut l'être Garbo par exemple. Elle est perçue comme assez "actuelle" par ceux qui en parlent, et entendre sa voix qui serait plus celle qu'on prêterait à Pola Negri (oui, j'exagère, puisqu'elle n'a pas non plus une voix typée années 20) : c'est à peine concevable.
mais ce que je voulais dire, c'est qu'on trouve des oreillers ou des sacs avec Monroe ou A. Hepburn dessus, pas Bergman !
Parce que son registre n'est pas le même, c'est sûr !
Oui, je crois que cette histoire de cigarette traîne qq part sur Wikipédia…
On en trouve mention en de nombreux endroits sur la Toile (par exemple ici avec quelques détails), mais en effet Wikipédia francophone est particulièrement savoureux, avec la petite phrase ajoutée à la volée par un militant anti-tabac :
Elle commença à fumer après la projection de son premier film pour rendre sa voix plus grave car "Ma voix était celle d'une Minnie en colère." Elle fuma beaucoup, ce qui peut avoir contribué à sa mort.
Mais c'est vrai qu'on préfère des voix comme celles de Bacall, Dietrich, K. Hepburn…
Pas franchement des voix qui me font bondir de bonheur, un peu ternes tout de même (concernant Dietrich, ça sonne un peu "voix-de-fumeuse", d'ailleurs : la voix semble ne pas vibrer normalement, comme si elle n'était pas chauffée). Katharine Hepburn reste même un mystère pour moi, je ne parviens pas à trouver ce qui fait son succès d'interprète... et particulièrement dans ses phrasés en bouillie (où je ne trouve ni accents expressifs ni détails troublants). La voix n'est pas désagréable, mais tout à fait banale pour moi.
]]>Sentierdelune :
Sinon, bravo pour le blind test, je n'aurais vraiment pas trouvé !
Il était dur, je l'admets. Vous étiez censés trouver en localisant la langue et ensuite avec le second indice "pas célèbre pour chanter". Une suédoise dont tout le monde a entendu la voix mais qui ne chante pas, ça limite assez vite les possibilités.
Mais je ne pense pas qu'Ingrid Bergman soit vraiment considérée comme une actrice "actuelle", je veux dire pas moins mais pas plus que Marlène Dietrich, par exemple, et certainement moins que Audrey Hepburn ou Marilyn Monroe. Casablanca, qui doit être son film le plus célèbre (réputation surfaite ?), est catalogué je pense "vieux film", surtout par les jeunes !
Il y a jeune et jeune. Ca dépend surtout de l'importance de leur tropisme naphtalinocinéphile. :)
Mais spontanément, j'ai l'impression, en entendant parler de Bergman, qu'elle est toujours très vivace et présente dans les imaginaires, pour Casablanca et plus encore pour ses Hitchcock.
En tout cas, elle n'a pas l'image de quelqu'un de "vieillot" (effet encore accentué par l'appétit singulier des amateurs de cinéma pour les vies privées), alors que son chant sonne vraiment d'une autre époque. Le plus étonnant, c'est la conjonction des deux : son chant est vraiment révélateur de sa technique parlée, qui, elle, ne paraît pas si différente d'une élocution "normale" - même si elle est infiniment plus soignée que la norme aujourd'hui, mais c'est plus une question de changement d'esthétique et d'attentes au cinéma que de phonation des individus.
Mais c'est vrai qu'elle est née un peu avant les autres grandes actrices des années 1940 (style Lauren Bacall, G, Tierney…),
Si on prend Tierney (ou Simmons), on est pour le coup réellement en présence d'une technique vocale qui a singulièrement vieilli, avec les voix aigrelettes et très haut placées (rien à voir avec celles qui ont réellement fait du théâtre). La voix de Tierney est tellement peu en rapport avec les rôles qu'elle incarnait... elle avait même raconté (je n'ai pas cherché à démêler l'authentique du reconstitué) qu'elle fumait aussi dans le but de modifier sa voix. Ce qui paraît une démarche bizarre, soit dit en passant, abîmer son timbre au lieu de tout simplement travailler différemment sa voix.
Mais content que ma petite amusette vous ait diverti !