je considère que les voix de garçons sont irremplaçables dans le répertoire religieux de cette époque, en particulier chez Bach.
Ce que vous dites sur l'intégration par les compositeurs du paramètre de faillibilité chez les voix d'enfant me paraît très juste, et votre proposition est sans doute la plus juste. Me concernant, c'est davantage une infirmité personnelle : je ne peux pas entendre un enfant chanter (déclamer, aucun problème) sans me sentir devenir Golaud.
Vous parlez de manque de maturité, je préfère parler de candeur et de simplicité.
Ce n'est pas non plus de la candeur, ils bûchent comme des damnés... Mais sans le recul, le supplément de conscience qui arrive avec l'âge adulte.
Dans la bouche d’une adulte, certains sont tout simplement déplacés, voire, à mon avis, franchement ridicules
Cela dépend vraiment du degré de foi de chacun, je crois. On peut les trouver parfaitement sérieux avec adulte ou tout à fait ridicules même avec enfant.
Mais c'est vrai, dans cette cantate, le texte du soprano s'accommode mieux au minimum d'une voix d'homme (plus logiquement adulte, puisqu'il évoque le bienfait d'être enfant, et non ses doutes).
Et sans doute aussi mon oreille n’est-elle pas affutée au même point que la vôtre.
Ce n'est vraiment pas cela, parce que je suis en général très tolérant sur la justesse et les rythmes (on pourrait même dire que je m'en moque un peu, pourvu que le flux général soit satisfaisant). Il s'agit davantage d'un ressenti de nature beaucoup plus primitive.
Je gage que vous vous seriez installé à Dresde ou à Hambourg :-)
Non, pas vraiment, on y jouait essentiellement du seria stéréotypé, malgré quelques tentatives syncrétiques sympathiques. Dans la musique italienne et germanique de l'époque, j'aurais plutôt été chercher dans les musiques liturgiques, je crois.
(peut-être en raison des efforts qu’ils ont dû fournir pour tenter de restituer la prononciation à la française, sans doute cauchemardesque pour des Anglais de cet âge)
La prononciation locale du latin n'est intéressante que lorsqu'elle est pratiquée par des locuteurs fluides... sinon, si c'est pour faire encore plus artificiel et inexpressif que du latin "standard". Je ne serais pas du tout gêné par une prononciation à l'anglaise des motets français, pourvu qu'elle soit expressive. Mais ce n'est pas vraiment ce qui domine dans l'air du temps.
Je suis allé écouter Dennis Chmelensky... oui, la voix est assez charnue, ça évoque un timbre quelque part entre Lezhneva et Kirkby, mais la prononciation... et puis on sent l'attention au chant, la prudence. C'est tout le problème pour moi : même bien chanté, ça manque d'abandon, ça manque d'épaisseur expressive.
Tölzer Knabenchor
Très bel extrait en effet (même si la netteté des traits n'est pas celle de professionnels adultes), mais on ne peut vraiment pas comparer cela avec des "falsettistes délavés" : oui, les voix sont agréablement tranchantes, mais ce sont des sopranos. Dans les parties intermédiaires, les falsettistes apportent souvent une couleur spécifique, beaucoup plus distincte que les altos féminins, et n'ont pas les impératifs d'attaque de la partie de dessus.
Mais comme je le disais, je n'ai pas de prévention contre les choeurs d'enfants, particulièrement lorsqu'on y mêle des jeunes filles, et surtout associés à des chantres adultes.
A l'inverse, vos solistes dans Schumann, je les jetterais volontiers par-dessus la rambarde du Paradis.
Caruso de Dalla
J'aime cette chanson moi aussi ; Beasley a la voix idéale pour ça, mais je l'ai trouvé un peu maniéré par moment, quitte à déformer la voix.
Nicholas Mulroy
Il sonne tout de même très anglais, ça m'évoque plutôt Paul Elliott en plus mince ou Nico van der Meel en plus blanchâtre. (Je n'aime pas trop.)
Nigel Rogers sonnait beaucoup plus italiens, avec ses harmoniques de masque très développées, presque criardes (j'aime beaucoup, alors que mon absolu esthétique est plutôt du côté des voix anglaises qu'iltaliennes...).
Tartines
C'est évidemment un plaisir pour moi d'être lu avec cette précision... et de pouvoir converser aussi agréablement, ce qui est tout de même un peu le but d'un site comme celui-ci.
Quoi qu’il en soit, c’est (presque) toujours un plaisir de lire votre blogue — j’aime voir pleinement assumer les avis personnels, même à contrecourant, même lorsque je ne les partage pas.
J'ai l'avantage, avec les goûts que j'ai, de ne pas pouvoir prétendre être un modèle en quoi que ce soit ; ça facilite la modestie. :)
Ca a l'avantage de ne pas reproduire les avis qui sont parfois répétés de façon un peu superficielle (Untel étant le meilleur alors que personne n'a vérifié ce qui se produisait autour...) ; ça peut aussi agacer parfois, parce qu'à force de déballer les cartons, je suppose qu'on peut être soupçonné de pose.
[En même temps, lorsque j'écoute les Quatuors de Schubert, je ne vais pas poster une notule pour dire que les derniers sont merveilleux...]
Merci pour vos recommandations et vos tentatives de conversion !
Dans Schütz et Bach, il manque plein de choses, un vrai scandale !
C'est certain. Dans Schütz, on pourrait citer pas mal de choses dans la musique sacrée en effet... J'ai conservé ce qui me paraissait vraiment surplomber le reste, mais j'ai pu passer à côté de certaines choses.
Pour Bach, il est certain qu'il manque beaucoup, vu tout ce qu'il a produit (et dans quelle qualité). Mais ici comme ailleurs, j'adhère parcimonieusement à son univers sonore. Les cantates ont tendance à être peu digestes pour moi, comme un univers qui tourne sur lui-même en s'amusant de ses explorations, mais qui reste obstinément muet. J'ai eu beau chercher dans les fameuses, dans les rares, dans les insolites, je n'en ai trouvé aucune qui me ravisse vraiment. Il y en a des bouts isolés en revanche, dont j'ai cité un exemple auquel je suis souvent revenu (il y en a quelques autres).
Déformation professionnelle, je relève trois erreurs dans Bach (J. S.): BWV 225 et non 255 pour Singet dem Herrn ein neues Lied, BWV 226 et non 256 pour Der Geist hilft unser Schwachheit auf
Effectivement, c'est bizarre, les autres sont dans la bonne fourchette 225-231. Merci !
et c’est Fürchte, pas Furchte
J'ai essayé d'y prêter garde, mais il est possible qu'il en reste d'autres... certains titres ont été copiés de sites "réduits" en anglais... j'ai pu manquer de remettre certains accents ici ou là. Je corrige tout ça à la prochaine mise à jour, puisque j'ai déjà quelques titres à ajouter.
Sinon, pourquoi avoir inclus la Saint-Marc de Bach quand la musique en est perdue?
Pas complètement, il en reste des bouts (des recopies de sections), et Willens a enregistré la reconstruction proposée par Hellmann et Glöckner (chez Carus). Peu m'importe l'exactitude du raisonnement (un peu complexe, comme toutes ces exégèses sur Bach, puisqu'on veut à tout prix combler les trous...), le résultat est remarquable, du niveau des deux autres Passions.
Compléments pour Bach (autant être cohérent dans la présentation): BWV 232 pour la Messe en si mineur, BWV 243 pour le Magnificat, BWV 244 pour la Saint Matthieu, BWV 245 pour la Saint-Jean, BWV 247 pour la Saint Marc perdue. La logique voudrait alors toutefois la présence des numéros des œuvres des autres compositeurs, chaque fois que c’est possible. La solution la plus économe serait sans doute de supprimer les BWV et les numéros d’opus.
L'air de rien, rien que compiler les noms (et les assortir dans un ordre chronologique approximatif d'âge des compositeurs) prend longtemps. Quand les cotes sont nécessaires, ou quand je les ai sous la main, je les mets. Mettre la liste aux normes n'apporterait pas de plus-value particulière (à part pour faire jolie), et c'est du temps que je ne passerai pas à l'enrichir ou à faire quelque chose de plus intéressant. :)
Accessoirement, le nom des notes se compose traditionnellement en italique dans un texte en romain, mais reste en italique dans un titre en italique.
Là, c'est encore autre chose, j'essaie d'alléger le visuel au maximum. Sinon, il faudrait un tableau, mais c'est peu compatible avec le format à colonnes du site - difficile de préjuger de la taille des écrans d'arrivée.
Sinon, je vous suggère d’écouter le Christus vincit de James MacMillan
Oui, quelque part entre le genre archaïsant d'O Crux de Nystedt (avec moins de frottements directs, mais plus de difractions harmoniques) et la luminosité kaléidoscopique de l'Amen de Górecki... j'aime beaucoup ce type d'écriture radieux. J'avais été un peu frustré par les timbres un peu frustes du Dmitri Ensemble (Naxos), mais à la réécoute avec les Elysian Singers (Signum), je dois dire que c'est vraiment superbe.
La deuxième est mieux enregistrée et le soprano garçon est nettement meilleur, pourtant je la trouve moins émouvante, je n’y ai pas retrouvé l’espèce de langueur extatique des alléluias du premier enregistrement.
Dieu soit loué, il n'y avait de garçon dans aucune de ces deux versions.
J'ai les versions de Walker et Higginbottom I, mais je ne les ai pas encore essayés.
Voilà qui change des «petits braillards», vous ne trouvez pas?
Ce sont de toute façon les meilleurs au monde... Oui, c'est écoutable, mais il y manque toujours du corps, de la souplesse, et puis une chose toute simple qu'est la maturité, par rapport à une partition, une façon de s'emparer des phrasés, des mots, du style. (En plus, j'ai toujours des sentiments mitigés en voyant des gamins de dix ans se coucher à minuit pour chanter un pauvre choeur de cinq minutes dans une symphonie de Mahler.)
En revanche, sous forme de choeurs, en particulier intégrés à des pupitres masculins (mais pas seulement), ça ne me pose aucun problème.
Les extraits que vous proposés sont néanmoins bons, ça ne braille pas au moins.
Je n'ai pas cette Britten-Box. Ce label Novum ne m'est d'ailleurs pas familier... il vient d'où ?
Merci pour ces riches corrections / précisions / ajouts / conseils !
Salut! (à l'antique)
C'est du joli...
Je signale une petite erreur: l'Op.11 de Brahms c'est la 1ère Sérénade, tu voulais très certainement parler des Motets Op.110.
Exact, merci beauccoup ! Surtout que des Motets, il y en a un certain nombre chez Brahms...
Le 0 figure bien dans le fichier original, j'ai dû l'effacer en corrigeant un saut de ligne...
C'est corrigé désormais, merci !