Tu es irrémédiablement en train de communiquer une image de gentil. Attention, on a tôt fait de ternir une réputation de malveilance bâtie sur des années.
Tu veux dire que je suis comme ces quatuors qui étaient mieux avant ?
Ugolino dixit : :
De toute façon, je pense qu'on ne serait pas d'accord sur les "très grands quatuors". Les quelques fois où j'ai entendu en concert des supposé très grands quatuors - le plus souvent des quatuors dont la réputation repose sur un passé lointain -, j'ai souvent trouvé ça très moyen.
C'est une expérience que j'ai eue souvent aussi, les quatuors célèbres doivent leur notoriété au studio, parfois sur un répertoire précis ou à une époque particulière... et l'épreuve de la salle peut être assez déconcertante en tant que spectateur, plus que pour n'importe quel autre répertoire, en ce qui me concerne.
J'avais par exemple été frappé par la désinvolture des Pražák ou le terrible déclin des Tokyo, alors que mes plus grandes expériences sont effectivement dues à des quatuors qui ne peuvent peut-être même pas encore vivre de leurs recettes, mais qui se donnent à chaque concert de façon absolue, pour se faire une place dans l'imaginaire du public et de la critique.
Après, moi je m'en fous, j'aime pas l'art de la fugue en quatuor
Et en tout état de cause, ce n'est jamais que du Bach.
Kurtag je trouve ça gentil mais pas essentiel
Je te retrouve bien là. :)
C'était pour dire à Joël qu'il n'avait peut-être rien raté.
Tu es irrémédiablement en train de communiquer une image de gentil. Attention, on a tôt fait de ternir une réputation de malveilance bâtie sur des années.
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Oui, Joël, tu as bien sûr raison, j'ai vu la retransmission, qui était tirée des représentations de Strasbourg, où Piia Komsi remplaçait bel et bien Cécile De Boever, alors qu'elle ne devait faire qu'un cycle, sur une petite scène, il me semble. C'était une bénédiction, avec De Boever, vous aviez (sans que ce soit moche) les défauts de timbre du format dramatique, sans le volume. Alors que Komsi, c'était un vrai soprano léger qui se donnait à fond, au delà même de ses limites ! Grande incarnation.
Effectivement, les duos avec Márta sont toujours délicieux. Ce n'est pas forcément de la grande musique profonde, mais il se dégage toujours un charme particulier de leurs apparitions.
Par curiosité, les master classes étaient données en quelle(s) langue(s) ?
Satisfaction de ce côté-là, avec aussi une impression très forte laissée par la soprano dans les Quatre Caprices qui mélange parole et chant et fait utiliser un registre très grave à la chanteuse.
Anu Komsi est une grande spécialiste de Kurtág, elle a gravé les Kafka-Fragmente avec Sakari Oramo, et si sur l'ensemble la dernière version Banse / Keller est peut-être plus aboutie, sur le plan vocal, son aisance et ses qualités paradoxalement lyriques font merveille. C'est sa soeur Piia que tu entendais en Brünnhilde à la Cité l'année passée en remplacement de Cécile de Boever. Bref, je ne doute pas que ç'ait été excellent.
Merci pour ces commentaires sur les transcriptions récentes, que je n'ai jamais écoutées. Jamais vu passer ça au disque, mais il en existe tellement que j'ai pu les manquer.
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@ Ugolino :
En tout cas, il se trouve que moi j'y étais (et que t'as intérêt à croire mon témoignage) : leur Art de la Fugue ressemblait tout à fait à ceux qu'ils ont donné par le passé, et leur maîtrise technique était souveraine. Si faire trois minuscules erreurs d'intonation au premier violon (immédiatement masquées, et au sein d'une prise de risque maximale, sans vibrato et d'une justesse immaculée, sur tous les modes de jeu possibles), c'est rater une saison qui n'a même pas débuté, alors ce n'est plus de être devin, c'est être prophète de malheur. :) Evidemment, c'est tellement plus chic de montrer qu'on n'est pas dupe.
Non, il faut être sérieux deux secondes, on peut ne pas aimer les Keller, on peut ne pas aimer les Keller dans l'Art de la Fugue, on peut ne pas aimer l'Art de la Fugue pour quatuor, on peut être fatigué et s'ennuyer en concert... mais dire que c'était catastrophique, ce n'est même plus grotesque, c'est de la fiction. :) Je crois avoir entendu en concert (puisque c'est ton mètre-étalon, j'en profite) quelques très grands quatuors, certains en pleine gloire, d'autres déclinants, et les Keller ont peut-être la maîtrise technique la plus hallucinante que j'aie entendue.
Ce n'est pas pour dire du mal de ta source, mais à mon avis elle n'était pas dans sa meilleure clairvoyance ce soir-là. Parce qu'on a beau avoir tous des attentes différentes, on peut se mettre d'accord sur le fait que Ferras joue juste, que Szeryng joue legato et que Kogan fait beaucoup de son.
Après, chacun son avis bien sûr, mais je serais très curieux de découvrir les motifs de ce désastre.
Je n'ai pas de doute en revanche sur le fait que le Philhar avec ce chef dans ce répertoire soit immense. Après, le Faust de Schnittke, il faut aimer ce type de surcharge musicale, je m'avoue mitigé. Mais les deux concerts faisaient envie, assurément.
De toute façon, qu'est-ce qu'on en a à faire de L'Art de la Fugue quand on a du Kurtág, hein ?
[Pardon, j'ai l'impression que ma formulation fait ressentir une forme d'agacement, ce qui n'est pas du tout le cas bien sûr. Comme je suis un peu pressé, je n'ai pas le temps de récrire le commentaire pour gommer les effets de manche rhétoriques inutilement véhéments, mais il va de soi que je ne te reproche rien. Je suis d'ailleurs intimement persuadé que [i]même toi, tu aurais trouvé ça au minimum acceptable. :) ]