Carnets sur sol - Commentaires
http://operacritiques.online.fr/css/index.php
fr2016-10-28T19:21:15+02:00daily12016-10-28T19:21:15+02:00Pourquoi la vie de musicien ? – Herreweghe & Brahms - DavidLeMarrec
http://operacritiques.online.fr/css/index.php?2016/10/21/2859-pourquoi-la-vie-de-musicien-herreweghe-brahms#c11847
2016-10-28T19:21:15+02:00DavidLeMarrecBonsoir Mathieu,
Je trouve ça aussi dommage que les grands interprètes (re)jouent très
souvent les oeuvres les plus connues. Ils ont peut-être un côté très
perfectionniste qui fait qu'ils ne sont jamais satisfaits du résultat
final... Il faut dire aussi que ce sont des oeuvres très... Mathieu,
Je trouve ça aussi dommage que les grands interprètes (re)jouent très
souvent les oeuvres les plus connues. Ils ont peut-être un côté très
perfectionniste qui fait qu'ils ne sont jamais satisfaits du résultat
final... Il faut dire aussi que ce sont des oeuvres très riches et on
peut imaginer qu'au fil du temps, les chefs découvrent toujours de
nouvelles choses qu'ils estiment nécessaire d'exprimer.
C'est le bon côté de la chose : effectivement, il y a quelque chose de
très particulier dans le fait de posséder
un morceau, de pouvoir lui faire prendre forme à loisir, d'entrer en
communication avec lui pour ainsi dire… En particulier lorsqu'il y a
plusieurs strates simultanées (donc au clavier, ou en dirigeant),
l'ivresse est très spécifique.
Néanmoins, je crois que dans la vraie vie, la première raison est la
pression des formateurs et recruteurs d'abord (il faut faire ses
preuves en montrant qu'on peut, et c'est logique, bien jouer
Mozart/Beethoven/Verdi/Brahms/Mahler), du public ensuite (qui attend
telle célébrité dans telle œuvre) – il suffit de voir les vagues de
déception lorsqu'un artiste célèbre est remplacé par un autre aussi
bon, voire meilleur (ou plus adapté), et les cascades de protestations
ou de revente qui s'ensuivent. Dans le répertoire vocal, il y a un côté
très spécifique et épidermique de l'adhésion à un timbre, qui peut
expliquer l'hystérie, mais ailleurs, c'est vite encore moins
sympathique.
En tout cas, dans le parcours d'un artiste, s'il ne veut pas jouer
devant une salle vide, et s'il espère recueillir un peu d'enthousiasme,
il est plus prudent de jouer Bach que Buxtehude, Mozart que Vranický,
Weber que Marschner, Verdi que Meyerbeer, Brahms que van Gilse, Boulez
que Manoury, etc. Et ce n'est même pas scandaleux, dans la mesure où,
pour remplir une salle, on ne peut pas s'adresser qu'aux quelques
exaltés qui veulent tout écouter – moi le premier, en écoutant un
répertoire dont je ne suis pas aussi familier, je vais d'abord vers les
artistes emblématiques ou les grands titres (j'ai abordé le folk
avec Joni Mitchell, le musical
avec Schoenberg – C.-M., pas le nôtre –, avant d'aller chercher des
chemins de traverse…). Tout cela est très légitime. Mais ne favorise
pas l'audace.
Pour faire venir le public vers de la rareté, il faut un bon argument
de vente, souvent lié au thème plus qu'à la musique elle-même – il y a
donc d'excellentes musiques qui n'ont pas de thématique figurative
avenante, et d'autres pas particulièrement indispensables qu'on va
jouer pour remplir un programme sur la paix, les animaux ou la couleur
violette.
Mais comme ça a été dit, il y a sûrement aussi une volonté de répondre
aux attentes du public. Et le public est souvent paresseux et se peut
se contenter d'écouter les compositeurs qui font "autorité" en estimant
qu'ils sont sûrement les meilleurs. Dans ces conditions ça n'est pas la
peine d'écouter autre chose puisque c'est a priori moins bien.
Ce genre de raisonnement est effectivement irritant chez les mélomanes
: « les bons sont célèbres, les autres sont des épigones ». Parce qu'il
est factuellement faux, et surtout tellement illogique (on fait comment
pour les mauvaises œuvres restées à la mode ? – certains considèrent
que la présente de Donizetti et Verdi au répertoire constitue un
scandale permanent, après tout), puisque les conditions de création
(œuvre jamais donnée, mal interprétée, victime de cabale ou de
préjugés, difficile d'accès, tombée rapidement…) ou l'évolution des
goûts (renouvellement permanent du répertoire, abandon de certains
instruments nécessaires à l'exécution…) peuvent empêcher de grandes
œuvres de parvenir jusqu'à nous.
Et fussent-elles moins grandes que leurs vis-à-vis
célèbres, c'est aussi l'occasion de creuser un style musical qui nous
plaît…
En revanche, chez le grand public, ma foi, lorsqu'on va peu au concert
ou qu'on écoute peu de disques, on a tout intérêt à aller à ce qui
certain, les grands compositeurs (par les grands interprètes, c'est
plus délicat, puisque le système ne favorise pas forcément les plus
adéquats, mais plutôt les plus célèbres, fussent-ils célèbres pour un
répertoire précis…). C'est ce que nous faisons tous, je crois, quand
nous nous commençons à nous intéresser à un domaine, quel qu'il soit.
On ne peut pas lui en tenir rigueur.
À cela s'ajoute qu'écouter quelque chose que les autres écoutent permet
dans parler, dans un domaine qui est déjà de la musique de niche
! On ne croise pas tous les jours des gens capables de parler des
différentes symphonies de Beethoven, alors gloser sur les frères
Vranický… c'est s'assurer un plaisir un peu plus solitaire.
On peut alors n'écouter que du Bach
toute sa vie ... Je caricature mais je me dit qu'on peut rapprocher ce
phénomène de la tendance au cinéma des "suite, remake, reboot ..." : on
revient constamment aux même choses en se disant que le public répondra
présent et ainsi, on ne prend aucun risque.
Je perçois différemment les deux phénomènes : les suites développent
des éléments nouveaux, des variations sur un thème certes connu, mais
qui change selon le goût du temps… le matériau est en partie neuf. Dans
le cadre d'une interprétation tel que l'univers du classique le
conçoit, le changement est assez minime (même si l'effet peut en être
spectaculaire), et j'ai beau être le premier à collectionner les
versions, il faut bien admettre que dans les musiques très écrites
comme les symphonies de Mahler, ça revient à chaque fois à entendre
sensiblement la même chose ; en tout cas très loin d'une œuvre
différente.
Après le souci c'est qu'à côté, on a
de très belles oeuvres qui demeurent dans l'oubli. Et ça pose peut-être
plus problème dans la musique que dans d'autres arts puisque,
contrairement au théâtre par exemple où le texte peut suffire, il ne
suffit pas (pour la majorité des gens) de lire une partition pour
s'imprégner de l'oeuvre. D'où la nécessité pour les interprètes connus
qui peuvent se le permettre de prendre des risques. Mais ce n'est
jamais évident...
Dans certains répertoires (ceux qui intègrent l'improvisation), c'est
naturel. Dans ceux où l'on a pris l'habitude d'être scrupuleusement
exacts (sous prétexte de respecter des partitions qui n'étaient
pourtant pas du tout respectées à l'époque…), je suis tout à fait
partisan des transcriptions sauvages, au minimum… Götterdämmerung pour deux
flûtes et quintette à cordes, c'est grandiose. Et
renouvelle vraiment l'écoute.]]>Pourquoi la vie de musicien ? – Herreweghe & Brahms - Mathieu
http://operacritiques.online.fr/css/index.php?2016/10/21/2859-pourquoi-la-vie-de-musicien-herreweghe-brahms#c11836
2016-10-24T11:50:55+02:00MathieuBonjour David.
Je trouve ça aussi dommage que les grands interprètes (re)jouent très souvent les oeuvres les plus connues. Ils ont peut-être un côté très perfectionniste qui fait qu'ils ne sont jamais satisfaits du résultat final... Il faut...Bonjour David.
Je trouve ça aussi dommage que les grands interprètes (re)jouent très souvent les oeuvres les plus connues. Ils ont peut-être un côté très perfectionniste qui fait qu'ils ne sont jamais satisfaits du résultat final... Il faut dire aussi que ce sont des oeuvres très riches et on peut imaginer qu'au fil du temps, les chefs découvrent toujours de nouvelles choses qu'ils estiment nécessaire d'exprimer.
Mais comme ça a été dit, il y a sûrement aussi une volonté de répondre aux attentes du public. Et le public est souvent paresseux et se peut se contenter d'écouter les compositeurs qui font "autorité" en estimant qu'ils sont sûrement les meilleurs. Dans ces conditions ça n'est pas la peine d'écouter autre chose puisque c'est a priori moins bien. On peut alors n'écouter que du Bach toute sa vie ... Je caricature mais je me dit qu'on peut rapprocher ce phénomène de la tendance au cinéma des "suite, remake, reboot ..." : on revient constamment aux même choses en se disant que le public répondra présent et ainsi, on ne prend aucun risque.
Après le souci c'est qu'à côté, on a de très belles oeuvres qui demeurent dans l'oubli. Et ça pose peut-être plus problème dans la musique que dans d'autres arts puisque, contrairement au théâtre par exemple où le texte peut suffire, il ne suffit pas (pour la majorité des gens) de lire une partition pour s'imprégner de l'oeuvre. D'où la nécessité pour les interprètes connus qui peuvent se le permettre de prendre des risques. Mais ce n'est jamais évident...]]>Pourquoi la vie de musicien ? – Herreweghe & Brahms - DavidLeMarrec
http://operacritiques.online.fr/css/index.php?2016/10/21/2859-pourquoi-la-vie-de-musicien-herreweghe-brahms#c11830
2016-10-21T18:43:22+02:00DavidLeMarrecBienvenue Frédérick !
Je ne veux surtout pas porter de jugement définitif : j'ai trouvé ça
très beau, et rien que pour le timbre unique du chœur, c'est un délice
– pour le reste, c'était quand même très loin d'être mal joué ou terne,
je m'en suis surtout servi comme support pour...Frédérick !
Je ne veux surtout pas porter de jugement définitif : j'ai trouvé ça
très beau, et rien que pour le timbre unique du chœur, c'est un délice
– pour le reste, c'était quand même très loin d'être mal joué ou terne,
je m'en suis surtout servi comme support pour poser quelques questions.
Ensuite, en termes de conception générale, à part l'aération du spectre
(et même quelques trous, donc – le public s'y est même parfois trompé,
croyant à une fin de mouvement tant il y avait de l'espace sonore entre
les détachés des accords !), je ne trouve pas que ce soit
fondamentalement différent de ce qu'on entend d'habitude. Certes, il y
a moins de vibrato (il y en a quand même) et c'est plus vif, mais ce
n'est pas très flagrant, ça ne sonne pas « droit » ni « pressé ». Je
crois que ça tient largement à l'œuvre de toute manière : les versions
des autres pionniers (dont Gardiner, certes avec Vienne) n'apportent
pas non plus de contraste saisissant.
Si, Norrington ou Spering, là on a quelque chose de différent, mais
dans une veine radicale, presque méchante,
qui n'est pas du tout l'univers de Herreweghe.
Évidemment qu'on ne pourrait pas remplir avec Herzogenberg, mais si
Herreweghe avait profité de sa notoriété pour jouer, disons, des œuvres
a cappella de Bach (Singet dem
Herrn), Mendelssohn (il les a enregistrées aussi), Bruckner (idem, et
de quelle façon !), Brahms et Herzogenberg, ou simplement un programme
Brahms / Herzogenberg (avec le titre « Brahms et son double » ou un
truc racoleur dans le genre, éventuellement avec des lettres de Clara
intercalées), ça n'aurait pas forcément sensiblement plus mal rempli –
le Deutsches Requiem est
donné très régulièrement, et le public qui s'y intéresse n'est pas
forcément assez nombreux pour aller tous les voir.
Et encore, hors de Paris, si Herreweghe passe à Caen ou Dijon, il n'y
aura pas forcément le choix pour entendre quelque chose qui sorte de
l'offre locale, donc si le chef est célèbre, il peut jouer un peu ce
qu'il veut.
Ce n'est pas non plus une obligation, mais je me demande la
justification interne qu'on peut trouver, lorsqu'on est célèbre, à
rester dans son pré carré… Il arrive un peu la même chose à Christie,
qui ne forme plus d'aussi près ses chanteurs sur le plan du style, et
qui rejoue en boucle ses anciens succès avec très peu de nouveautés,
alors qu'il en reste tout autant à remonter…
Concernant les Chants Sérieux,
je disais simplement que je n'aime pas beaucoup l'œuvre : la mélodie et
la prosodie ne sont pas marquantes (même si l'usage de l'Écclésiaste est plutôt atypique et
amusant). En version piano, on a de grands aplats pas très intéressants
; et dans la version pourtant orchestrée par Brahms, je trouve ça mal
fait, beaucoup de doublures lourdes, une écriture en accords, on dirait
que ça a été écrit pour piano et vaguement instrumenté ensuite (mais en
piano, ce n'est pas beau non plus…). Comme tout ce que la musique a
fait d'érudits semble se pâmer devant le résultat, je cherche ce que
j'ai manqué, et ce n'est pas cette fois-ci que je trouverai. Pourtant,
je les ai joués, chantés, écoutés en plein de versions au disque, et en
concert en version piano et en version orchestrale, mais rien n'y fait,
je ne vois pas ce qui est extraordinaire là-dedans. Des fois, on passe
à côté des choses, c'est ainsi.
--
Bonsoir, …otagesde Mimy !
[Oui, ça m'amuse toujours, je ris à chaque fois que je le lis…]
Ou pourquoi 9 sur 10 le bis d'un violoniste est de Bach.
Ça s'explique un peu mieux pour les bis de violon : un bis est
supposément célèbre ou festif. Or le répertoire en violon solo contient
certes des merveilles, mais pas forcément célèbres, ou alors un peu
superficielles. Bach permet, par sa relative nudité, de mieux mettre en
valeur son talent propre – je suis tout sauf un inconditionnel de Bach,
mais souvent, le meilleur moment d'un concerto pour violon ou
violoncelle, est le bis de Bach qui suit, où l'on entend vraiment les
qualités de l'interprète. Et puis c'est quand même plutôt bien fait,
ces petites choses (et ils jouent ça tout le temps).
Mais on pourrait se demander pourquoi on n'a pas plus de Paganini ou
d'Ysaÿe, pour en rester à des choses qui ont leur notoriété (plutôt que
du Bériot ou du Handochkine).
Peut-être qu'il y a simplement un
plaisir hypnotique à revenir encore et encore sur ce qui
enchante-captive (un peu comme quand un gamin regarde le même Walt
Disney pour la 16e fois en un mois) ?
Quand on pratique, oui, c'est très différent, on ne sent pas du tout la
répétition, parce qu'on est actif, on est dans l'enjeu de bien faire…
Au contraire, jouer quelque chose dont vous êtes sûr vous procure une
forme d'ivresse, une facilité à vous exprimer… Mais à ce niveau, on
peut supposer qu'ils peuvent aussi acquérir de la familiarité avec des
œuvres moins courues, d'autant que Herreweghe l'a déjà fait…
Ce que je trouve un peu triste, c'est que les interprètes célèbres
s'enferment finalement dans le grand répertoire – pareil, Kaufmann
enregistrait Marschner à ses débuts, et maintenant il faut
Verdi-Wagner-chansons napolitaines… Alors que justement, ils sont ceux
qui pourraient promouvoir au delà des seuls geeks de nouveaux titres. C'est
bizarre, mais j'ai l'impression qu'ils veulent leur empreinte dans
l'histoire de l'interprétation, se mesurer aux pièces déjà célèbres, et
pas dans l'histoire de la musique en infléchissant le cours des
programmations.
Je comprends très bien les logiques de remplissage et le plaisir
subjectif à se réapproprier ce qu'on connaît, mais quand on en fait son
métier et qu'on trouve que c'est un truc sérieux ou important, je
m'étonne que peu se sentent concernés par la question. Le
non-renouvellement du répertoire (dans le temps ou dans le contenu) est
quand même un vrai sujet en musique classique, me semble-t-il.]]>Pourquoi la vie de musicien ? – Herreweghe & Brahms - la souris
http://operacritiques.online.fr/css/index.php?2016/10/21/2859-pourquoi-la-vie-de-musicien-herreweghe-brahms#c11829
2016-10-21T17:11:27+02:00la sourisOu pourquoi 9 sur 10 le bis d'un violoniste est de Bach.
Peut-être qu'il y a simplement un plaisir hypnotique à revenir encore et encore sur ce qui enchante-captive (un peu comme quand un gamin regarde le même Walt Disney pour la 16e fois en un mois) ?...Ou pourquoi 9 sur 10 le bis d'un violoniste est de Bach.
Peut-être qu'il y a simplement un plaisir hypnotique à revenir encore et encore sur ce qui enchante-captive (un peu comme quand un gamin regarde le même Walt Disney pour la 16e fois en un mois) ?]]>Pourquoi la vie de musicien ? – Herreweghe & Brahms - Frédérick
http://operacritiques.online.fr/css/index.php?2016/10/21/2859-pourquoi-la-vie-de-musicien-herreweghe-brahms#c11828
2016-10-21T16:14:41+02:00FrédérickBonjour,
Je vais rarement au concert mais j'étais au TCE ce lundi et j'ai été émerveillé par la lecture de ce requiem allemand. Êtes-vous sûr que cela n'apporte rien ? Ne serait ce que les tempi, très rapides (à peine une heure je...Bonjour,
Je vais rarement au concert mais j'étais au TCE ce lundi et j'ai été émerveillé par la lecture de ce requiem allemand. Êtes-vous sûr que cela n'apporte rien ? Ne serait ce que les tempi, très rapides (à peine une heure je pense, un record ?)
Deux autres remarques si vous le permettez :
- Êtes vous sûr que l'on puisse remplir un théâtre avec une oeuvre de Herzogenberg? (Le TCE n'était pas rempli lundi)
- Je n'ai malheureusement rien compris à votre commentaire sur les chants sérieux...je les écoutais pour la première fois, cela ne m'a pas paru...si mal (désolé mon incompétence musicale m'empêche de trouver quelque chose de plus intelligent à dire )