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Mon choc sera définitivement pour Heggie. Je ne le connaissais aucunement, j’ai trouvé Of Gods and Cats charmant, Statuesque complètement enthousiasmant et Iconic Legacies hypnotique (le motif cabaretier qui innerve toute la partition est tout à fait le genre de choses que je goûte sans modération).
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Au rang des excellentes surprises, le Richard Cœur de Lion de Grétry. Je connaissais la version Doneux qui ne m’avait pas convaincu. Dans un son moderne, et avec une telle urgence dramatique, quelle fête !
Le disque de Bizet arrangé et arrangeur par Gouin m’a électrisé. Les paraphrases d’opéra et surtout le concerto de Saint-Saëns sont irrésistibles !
Même tarif, avec un soupçon moins d’enthousiasme (par goût), pour le disque Visovan/Hummel. C’est vraiment l’arrangement de Beethoven que je retiens. Décidément, Hummel est un compositeur qui ne cesse de m’étonner en bien (son quintette Op.87, son trio Op.78 !), je songe vraiment à programmer une exploration en profondeur de son legs (chambriste et concertant, vraisemblablement).
La messe de Cherubini par Bernius, enfin, pas tout à fait aussi belle que le requiem en ut mineur, mais que de moments magiques. Le Qui tollis, le Cum Sancto Spiritu, les poignants Benedictus et Agnus Dei, et les sublimes Et incarnatus est/Et resurexit (mon passage favori, je suppose).
Enfin, le disque Ķeniņš m’a beaucoup parlé. Pas une star du disque, je n’ai trouvé que deux autres monographies à écouter (en cours), mais un langage personnel, assez sinueux et élusif. Petite précision toutefois, le disque ne contient que la symphonie No. 1, la No. 2 est inédite ?
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Maintenant, un peu de dissenssion… Au rang des œuvres très bonnes mais qui ne m’ont pas suffoqué…
Le disque de Camboulas. Réalisation bouleversante, œuvre assez austère, j’ai aimé mais y pénétrer n’est pas chose facile.
Le disque vocal Schmitt, des choses vraiment intéressantes (Kérob-Shal, en particulier), quel dommage que la prononciation soit si épouvantable. Je n’ose demander des disques où la parole est bien pire (car apparemment, il y en a des tombereaux), du moins, les timbres sont plaisants.
La réduction du Chant de la Terre par de Leeuw n’est pas dénuée d’intérêt, mais comme je faisais la découverte de l’œuvre en même temps, la version originale m’a paru plus convaincante, surtout dans le dernier mouvement. Ceci étant dit, l’exercice est intéressant et je ne suis pas contre les réorchestrations (je frémis au nombre de versions différentes que je possède des Tableaux d’une exposition).
Les symphonies de Schmidt avaient été recensé lors de la précédente livraison, et malgré ma faible appétence pour ce compositeur — hélas ! — je confirme la qualité incroyable de cette nouvelle version Järvi.
L’opéra ( ? quelle étiquette mensongère) de Wellesz m’a beaucoup plu. On y retrouve les ingrédients de certaines de ses symphonies (la No. 1 pour les cuivres et le drame, la No. 2 pour l’aspect filmique, la No. 8 pour les percussions et les "cris" orchestraux du I) addtionnés d'une bonne dose de Stravinsky et de Orff. Oui, c’est très régulier, mais comme c’est assez bruyant et rituel (au vu du sujet, je trouve cela même assez normal), je classe cela parmi mes heureuses découvertes du mois. Certes, cela n’est pas la partition la plus palpitante de son compositeur (au point que j’attendais un pluriel à ballet moisi dans le titre de cette notule pour y inclure ce disque), mais j’ai aimé et cela me convient pour les jours où j’ai besoin de pompiérisme sinistre.
Le disque Bouzignac n’est pas recommandé ? Découvert sur les recommandations de Benedictus, j’avais beaucoup accroché à un style qui pourtant est assez éloigné de mes tropisme. Existe-t-il mieux à se mettre entre les oreilles ?
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Maintenant, les nouveautés non recensées en détail seront assez limitées.
Le disque Kaufmann que j’ai commenté ici est mon choix du mois. Tout à fait le genre de syncrétisme inquiet que je goûte, qui me rappelle, dans un registre un peu différent, Leonard Salzedo et Erik Chisholm.
Le disque Bollon compositeur m’a beaucoup surpris. Selon les sensibilités, on entendra une plaisanterie bariolée qui emprunte à tous les registres ou un collage et pillage éhonté de citations bruyantes et bruitistes, avec force effets (batterie, platine de DJ et j’en passe). J’ai cru qu’on se payait ma tête à la première écoute, la seconde, une fois l’incrédulité passée, s’est mieux déroulée, j’ai pensé à Gabriel Prokofiev de ce que je connais, mais des gens mieux informés parlent de « métalleux autrichien à platines ⓒ (tendance Gander) mais en plus néo », ce qui me semble très approprié une fois que l’on sait qu’il s’agit d’une esthétique actuelle.
Il ne m’est rien resté du requiem de Jommelli, bien réalisé, mais auquel je n’ai trouvé aucune saillance. Si je dois en dire quelque chose, je suppose que ce serait des effets de symétrie et une légèreté générale ?
Enfin, un disque de musique de chambre « expérimentale » de Knut Vaage. À ma grande surprise, j’ai beaucoup aimé. Rabalder pour piano est assez apocalyptique, ça gronde, ça sourde, ça explose parfois, avec des hululements extatiques poussés par le pianiste à un moment (qui doivent être écrits). Svev (trio pour piano) alterne les atmosphères, c’est étrange, pas toujours agréable, mais il y a quelque chose. Enfin, Bumerang pour quatuor à cordes est la pièce qui a remporté mon adhésion, beaucoup d’effets (le gramophone qui se détraque, les coutures qui craquent, les ricanements), une angoisse très colorée, des explosions paroxystiques, je suis impressionné !
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Ce sera tout pour cette fois ?
Je suis flatté de lire que mes suggestions sont notées, et m’inquiète toutefois de ce qu’elles puissent apporter satisfaction ou déception. Par exemple, Pavlova et Coates ne me semblent pas taillées pour les goûts du maître de maison. La première me paraît moins inspirée que Le Sacrifice de Wellesz (même si son style relève plus du Tchaikovsky filmique), j’ai peur que la seconde soit cataloguée comme Neuwirth2 (je ne pas Olga, mais disons que Gloria ne respire pas la joie de vivre et ne se complaît pas dans les sonorités faciles). Avec un peu de chance, on trouvera (si le temps le permet) quelques heureuses rencontres malgré tout et je ne serai pas mis sur liste rouge.
Bons concerts, bonnes écoutes et au plaisir !