Provoquez, provoquez, vous pouvez parce décidément aujourd’hui je me sens bien coupable… NON, je ne suis pas montée au premier étage de cette Scola. Voilà, vous savez tout.
Oh. C'est mal.
Quant à cette Traviata, je suppose que ce rôle était chanté par Patrizia Ciofi que vous citez, mais elle ne m’a pas spécialement marquée.
Pourtant, pourtant...
Pour le « reste », c’est encore pire : en dehors du grand lit tout vert du premier acte et des feuilles mortes du second, je ne me souviens presque de rien, comme par exemple d’Alfredo, et il me semble que Germont ne chantait pas très juste, bien que je me souvienne d’avoir trouvé sa scène du 2ème acte avec Violetta un peu émouvante. Comme quoi, avec un peu de bonne volonté, on trouve toujours quelque chose de plus positif !
Et vous avez dans votre délicatesse "oublié" le chef. :-)
Je vous renouvelle mes excuses les plus en relief mais pas trop gondolées tout de même.
On ne va pas en faire un campanile, n'ayez crainte.
]]>les poncifs de Carsen, sans les beaux tableaux qu'il sait parfois ménager
Aaahhh... La flèche s'est logée en plein coeur. Qu'est-ce que tu trouves poncif chez Carsen ? Tu trouves qu'il se répète ? C'est vrai qu'il y a des types d'images qui reviennent, en particulier tout ce qui a trait au théâtre dans le théâtre.
Merci d’avoir placé mon devoir de vacance en tête de gondole
Eh, mais quoi de plus légitime que de le placer sur le premier canal de ce carnet ! Notre munificence dogale est sans limite, voyez-vous, elle inonde sans compter.
Et vous pouvez vous moquer, nous ne broncherons pas, nous avons les épaules solides - le dorso duro si vous préférez.
Pour cette viole, je crois bien m’être trompée, il devait en effet s’agir d’un alto, mais j’avoue ne pas avoir bien vu les musiciens vraiment cachés derrière le piano. J’ai été abusée par le programme qui annonçait « viola » que mon modeste dictionnaire italien a traduit par « viole ».
Viola peut signifier : violet(te), le violet, la violette, la viole, l'alto. :-)
Je ne sais pas si on trouve les lieder de Vivaldi par N*** dans la Vivaldi’Shop de Venise : je n’y suis pas entrée non plus ! Mais c’est vrai que j’aurais dû vérifier si N*** était correctement distribuée ici… ah quelle faible fan fais-je !!!
Je vous avouerai que nous, Comité de Surveillance de la Fanitude Stutzmannienne, sommes extrêmement déçus.
Tape-à-l’œil, la basilique Saint-Marc ?!!!
D'une richesse chromatique un rien ostentatoire, si vous préférez. Mais je ne suis pas sûr que cela règle notre différend.
Ah, si nous avons souvent des goûts un peu similaires en musique, je constate qu’en architecture et en peinture, ce n’est pas le cas, et je ne suis pas sûre que vous vous précipitiez pour acquérir un « petit Sylvie illustré » sur Venise, puisque tout ce qui dépasse le XVIe siècle m’inspire en général assez peu en comparaison des périodes plus anciennes ;-) !
Aïe aïe.
La Scola Grande dei Carmini : « une atmosphère assez spécifique » certes, mais « un décor chamarré d’un goût très sûr »… Hum, hum, je ne tiens pas à être responsable de représailles éventuelles que l’on pourrait vous faire subir à cause de mes propos beaux-artistiquement-subversifs, mais le baroque-chantilly-œuf-en-neige doré sur tranche n’est pas mon capuccino ;-) ! Quant à Tiepolo, pour lequel je reconnais avoir plus d’indulgence (même si je lui préfère Véronèse), je crois que ses peintures aux Carmini sont seulement au premier étage.
Oui, c'est exact. J'avoue avoir cédé aux charmes coupables de la provocation facile. Mais ce premier étage est de toute beauté - j'espère que vous l'avez vu !
Que voulez-vous dire par « Et lorsqu’on voit le niveau de la Fenice, on frémit… » ? Sérieusement, pensez-vous que le niveau de l’orchestre n’est pas terrible, ou qu’il est très bon ?
Il est réputé - et toute la discographie du théâtre en témoigne - pour ne pas être d'une rigueur musicale, d'une souplesse stylistique et d'une cohérence instrumentale à toute épreuve, dirons nous. :-)
Ma question est tout à fait innocente, je n’ai pas d’opinion sur cet orchestre, et le seul opéra que j’ai vu de la Fenice était la retransmission de la Traviata qui a fait la réouverture (spectacle un peu décevant d’ailleurs, bien qu’il y ait eu quelques bons moments).
Patrizia Ciofi était phénoménale, d'une délicatesse assez épatante, mais la mise en scène... les poncifs de Carsen, sans les beaux tableaux qu'il sait parfois ménager.
Je vous avoue que ma préférence va au scénario n°3, mais je ne connais pas le nom que vous donnez à cette école : je suppose qu’il s’agit de metteurs ob-scène ?
Konwitschny sévit en Allemagne régulièrement. Il est notamment l'auteur du Götterdämmerung donné à Stuttgart il y a quelques années. Ce n'est pas mauvais, mais juste un peu gratuit - Siegfried en tutu, Gunther en homme d'affaires. Du second degré, des gadgets, mais pour aller où ? Je préfère nettement ça à une mise en scène littérale et sans idées, cela dit, mais ce n'est pas convaincant pour autant.
Schliegensief, j'aurais peine à me montrer sévère, je n'ai rien vu ; mais la description de son Parsifal de Bayreuth fait frémir - peut-être est-ce cependant très intelligent. Miradors pour Monsalvat, rouleaux de papier-toilette dont dispose Parsifal, lapin pour le Graal, foules animistes, vidéos licencieuses, coppulations sur scène, le tout dans le désordre le plus cataclysmique. Il s'agit d'un réalisateur subversif, qui avait été choisi justement pour susciter le débat. A moitié réussi, parce que tout le monde a trouvé ça mauvais. :-)
Quant au scénario n°2, il me semble que très récemment, à Berlin, il y en a un de ce genre qui vient d’être interdit ?
Oui, il s'agit de Hans Neuenfels, provocateur notoire et stérile, prompt à saborder les oeuvres qu'il met en scène, et que je suis bien content de voir déprogrammé - on aurait déjà dû le lyncher plusieurs fois.
Cela dit, c'est un symptôme très préoccupant pour la liberté d'expression et la frilosité des responsables.
Je ne sais pas ce qui est le plus « audacieux », l’interdiction, ou l’interdiction de l’interdit ???
Eternelle question. Ca dépend du moment, et du groupe dans lequel on se situe. Il y a toujours une contre-mode de la contre-mode, encore plus branchée...
Je comprends votre souhait de voir et d’entendre des petites troupes jouer des œuvres moins connues, mais je crois en effet que l’on peut rêver…
N'est-ce pas.
Et enfin, je suis parfois (parfois seulement ;-)) assez bouchée : « mes lieder de Rihm » ? C’est un jeu de mot, ou c’est très sérieux ? Je vous en prie, éclairez mon cerveau capitonné de ces circonvolutions baroques que j’apprécie si peu !
Je voulais dire que puisque les petites troupes ne défrichent pas de répertoire, pour ma part je m'en retournais travailler les lieder de Wolfgang Rihm qui m'attendent. Ses Hölderlin-Fragmente. Puisque personne ne les joue, il faut bien que quelqu'un s'y colle si on veut savoir à quoi ça ressemble !
Et c'est très sympa, d'ailleurs.
Au plaisir de vous lire, S comme Sérénissime, pas moins.
Et D comme Dogal - pas plus, hélas.
]]>Votre envoyée spéciale européenne revient juste d’un voyage à Venise. Le but n’était pas musical, mais je ne peux m’empêcher de vous faire un petit compte-rendu d’une soirée d’opéra dont on ne lira jamais un mot dans la presse spécialisée pour mélomanes. Je vous place ma prose n'importe où, et vous pouvez bien sûr en disposer comme vous voudrez !
A la bonne heure ! Merci beaucoup !
Venise (Italie), Scuola Grande dei Carmini, jeudi 28 septembre 2006, 20h30.
Grand souvenir de cette Scuola que j'avais tenu à voir lors de mon passage. Une atmosphère assez spécifique, et un décor chamarré d'un goût très sûr.
Venice Opera Orchestra
Direction-piano : Paolo Polon, violon : Enrico Piccini et Samuel Angeletti, viole : Luca Zanetti, violoncelle : Elena Borgo.
En effet, petit effectif ! Mais - pardon - êtes-vous bien sûr qu'il s'agissait d'une viole ? Ca me semble bien étrange (et pour tout dire à peu près impossible). Pour quelques raisons qui sont tout de même au nombre de quelques-unes :-) :
- l'effectif est un effectif standard, adaptable à plusieurs opéras, et les instrumentistes remplaçables si besoin ; pourquoi prendre cet instrument rare ?
- nous avons ici un effectif de quintette avec piano tout à fait orthodoxe ;
- Rossini et autres compositeurs célèbres que doit jouer l'ensemble n'ont jamais employé la viole ;
- la viole n'utilise pas les mêmes tempéraments que les autres instruments, et surtout que le piano ; ce peut se régler, mais tout cela me paraît bien technique pour une représentation de ce type - plutôt un dispositif de musique contemporaine pour piano préparé, violoncelle scordatura et viole d'amour bien tempérée. :-)
Bref, il m'apparaît très clairement qu'il s'agissait d'un alto, mais si ce n'était le cas, à quoi ressemblait cette viole ?
Toujours piriforme.
Ou viole de gambe (contrebasse de taille violoncelle), ou viole d'amour (taille alto, mais tenue la touche vers le bas) ?
Mais j'en serais très étonné. Même dans vos présentations, il y a matière à commentaire ! :-)
Musicalement parlant, Venise rime avec Vivaldi,
Spontanément, certes, mais il n'est pas le seul ! Ne serait que si l'on compte les créations à la Fenice, par exemple l'Ernani de Verdi.
de la même façon que Vienne va avec Mozart ou Leipzig avec Bach. Pourtant, il faut avoir vraiment préparé son parcours vénitien pour trouver quelques traces de Vivaldi à Venise, et la plus évidente –l’église de la Pieta- s’est dérobée puisqu’elle était « chiuso ». Quelques affiches de concerts proposent bien un programme à base de Vivaldi : les éternelles 4 saisons, bien sûr, avec musiciens en costumes XVIIIe siècle (je n’ai déjà pas succombé à ce genre de « représentation » à Vienne, ce n’est pas pour le faire ici), ou bien un ou deux concertos tellement mélangés avec des fragments d’œuvres d’autres compositeurs que cela ne m’attire guère.
Oui, des choses fort hétéroclites. Je m'étais rendu à San Giorgio entendre le Concerto Veneziano (en costumes donc), il y a plusieurs années. Programme attrape-tout (Vivaldi, suite en si mineur de Bach, les Noces...), mais l'exécution était d'assez bonne qualité, et sans mauvais goût. J'imagine que leurs disques tant décriés doivent jouer sur une autre fibre - notamment avec prise de son surréverbérée, etc. Mais ce que j'ai entendu était vraiment très honnête.
Mais il est vrai que j'entretiens de bien meilleurs souvenirs avec les concerts vocaux plus confidentiels donnés dans les églises. Très beaux récitals ténor et de contre-ténor, notamment. Et programme plus original. Le tout sans prétention, à un niveau semi-pro (petites églises pas très remplies dans lesquelles les interprètes changent régulièrement).
Comme vous pouvez le constater, j'ai écumé l'offre musicale de la petite cité. :-)
Signalons tout de même pour les amateurs que dans une ruelle touristique au nord de la place Saint-Marc, une boutique exclusivement dédiée à ce compositeur vénitien vend produits dérivés et CD.
Je crois avoir vu cela. Pas entré d'ailleurs, aller à Venise pour acheter des disques, la belle affaire.
Y trouve-t-on l'intégrale des lieder de Vivaldi par N*** ?
Après avoir salué la célèbre basilique, toujours aussi belle,
J'ai un souvenir un peu tape-à-l'oeil, mais c'est en effet un témoignage rare.
Continuant ma promenade, j’aborde le théâtre Malibran (vers le pont du Rialto), assez intéressée par le récital donné le lendemain par un violoncelliste dont je n’ai pas retenu le nom. Hélas, on ne peut pas réserver ici une place pour ce concert, il faut aller à la Fenice, et on ne peut me dire s’il reste des places !!!
Dites, c'est le parcours du combattant, même en fin de saison ! Apparemment, ils sont sûrs de remplir !
Seulement un peu déçue puisque je ne suis pas venue ici pour écouter de la musique, je poursuis tranquillement mon périple pédestre, et n’y pense plus. Mais le lendemain, au hasard d’une promenade, je tombe sur la Scuola Grande dei Carmini (au bout du Campo San Margarita)
Oh, mais pas la peine de préciser, pour qui nous prenez-vous ? < :-D
On admirera le professionnalisme de la précision géographique. Le Petit Sylvie Illustré version Venise est-il disponible dans les agences de voyages ?
qui propose en alternance deux opéras par une troupe locale s’appelant gentiment « Venice Opera Orchestra ».
J’adore ce genre de dénomination modeste. Il y a aussi les « Virtuosi » de Rome & cie. Généralement des orchestres assez médiocres, forcément, les meilleurs sont à la Fenice. Et lorsqu’on voit le niveau de la Fenice. On frémit – moi je dis.
Alors, pourquoi pas ce Barbier de Séville à Venise ?
C’est parti pour la folle aventure !
Je n’ai jamais vu et entendu un opéra donné avec aussi peu de moyens,
Je ne saurais donc trop vous recommander la Cendrillon de Pauline Viardot, écrite explicitement pour piano (et solistes vocaux).
La grande salle rectangulaire du rez-de-chaussée de la Scuola n’est absolument pas faite pour accueillir un spectacle. Environ 150 chaises pliantes sont disposées sous son riche plafond à caissons aux peintures du XVIIIe siècle. Un autel surplombé par une sculpture de la Vierge à l’enfant encadrée de colonnes et de frontons baroques donne un décor « naturel » à la scène presque improvisée : une petite estrade recouverte de tapis, avec sur la gauche un simple tissu pour masquer les entrées et les sorties des chanteurs, et sur la droite, dissimulé par un piano droit recouvert d’un tissu rouge et or, un petit espace pour les musiciens. Pour tout accessoire, une chaise, une table, une plume et un peu de papier. Les costumes d’inspiration XVIIIe siècle sont à peine moins modestes, leurs étoffes ont de belles couleurs chatoyantes où le vert et le bleu dominent, et que rehaussent quelques galons et passementeries dorés. Perruques, chapeaux, chaussures à talons rouges et épée viennent compléter ce tableau vivant au milieu de toutes ces peintures tout de même assez figées et conventionnelles.
Les admirateurs de Tiepolo vous maudiront jusqu’à la soixantième génération.
Si je reçois des menaces sur ma vie, vous allez m’entendre !
Les rôles sont bien distribués ; les caractères des personnages conviennent aux voix des chanteurs, qui sans être exceptionnelles, sont toutes justes et bien posées, agréables bien que sans timbres très caractéristiques. Je détacherai de la distribution le Figaro d’une très belle présence d’Omar Camata, à la voix assurée et à l’entrain communicatif, ainsi que dans le petit rôle de Berta la camériste, la soprano Koo Hyeon Jeong, à la voix franche et au jeu très concentré, même lorsqu’elle ne chante pas. Dans l’ensemble, les chanteurs paraissent très à l’aise, les sons sortent avec une belle facilité, les forte brillants sont en général leur point fort, mais ils ont plus de mal avec les vocalises, les pianissimi et les traits plus expressifs.
Ce qui semble normal avec une bonne technique pas exceptionnelle. Surtout s’ils n’ont pas beaucoup l’habitude de la scène seuls.
Cependant leurs jeux compensent aisément ces faiblesses, et ils n’hésitent pas à jouer la comédie pour faire rire avec des effets simples et légers, bien dosés, mais jamais vulgaires ou outrés. Je doute que même un metteur en scène « sulfureusement » intellectuel puisse rendre Rossini intellectuel.
Ne les tentez pas. Je n’y pensais pas, il est vrai, mais on ne voit pas de Rossini très audacieux. Ca m’amuserait beaucoup, je pense.
Allez, un petit effort d’imagination.
Scénario 1 (école la plus répandue) : Le Pompier de Séville. Le Comte Almaviva, officier des S.A., cherche à séduire une belle inconnue qui, bien que juive, attise un feu coupable en son cœur. Il croise l’agent de la Gestapo Figaro qui, muni de sa sirène anti-aviation, permet de faire sortir précipitamment la belle de l’antre où la retient cachée aux regards concupiscents son jeune cousin juif Bartholo, prétendument pompier, en réalité agent double et résistant du réseau de la Weisse Rose [c’est vrai que c’est féminin, tiens ! ]. Naturellement, la sirène devra couvrir orchestre et chanteurs pendant cinq minutes minimum, afin de plonger le public dans la détresse empathique qu’il convient de susciter chez lui.
Je passe le détail, mais on a beaucoup de possibilités : nuit de Cristal à la fin de l’acte I, viol sur le rondo de l’acte II, bref un véritable opéra militant, dans un combat d’avant-garde contre tous les fascismes de notre temps – car c’est cela qu’il faut entendre.
Scénario 2 (école des audacieux) : Le Mollah Almaviva, prêcheur rigoureux et pécheur impénitent, entend enlever une belle européenne afin d’en faire sa treizième femme. Avec l’aide du Taliban Figaro, il assassine Massoud-Bartholo à la fin de la pièce (avec vidéo-projection à reculons des images du 11/09/01, naturellement), comme la victoire de tous les obscurantismes qui se sont comme éveillés à cette date fatidique.
Scénario 3 (école Konwitschny-Schligensief) : Le Comte Almaviva, en tutu, arrive sur la place du marché de Guernica (on ne le reconnaît pas pour mieux figurer le caractère anonyme de la chose – c’est juste marqué dans les notes de programme). Il y trouve Figaro, riche homme d’affaire. Il veut enlever Rosine, un vieux travesti qu’il a aimé dans sa jeunesse. Bartholo arrive, en collants, tout dépenaillé. Première orgie. Le lapin blanc entre et chante l’hymne de la police, avant d’être charcuté sur la scène. La dépouille est présentée en marche funèbre sur le duo « Pace e gioia » du II, tandis que les danses zouloues se poursuivent jusqu’au trio final autour du mirador tapissé de papier-toilette. Etc.
Je suis sûr qu’en choisissant les bons metteurs en scène, on pourrait obtenir quelque chose du genre. :-)
Par ailleurs, je serais très friand de voir un travail un peu fouillé sur ces pièces. Pas évident, je sais.
Ici, il n’y a évidemment aucune prétention de ce genre : c’est un « melodramma buffo » comme le rappelle le programme, et chaque effet comique est souligné avec enthousiasme par un public de touristes (plutôt anglophone) qui connaît visiblement l’œuvre, et s’amuse beaucoup.
Le seul petit bémol est à mon avis dû à l’orchestre qui accompagne les chanteurs. Il est très réduit et est composé de deux violons, d’une viole et d’un violoncelle, tous soutenus par le piano droit joué par le chef d’orchestre Paolo Polon. Et c’est bien dommage que les vigoureux et disgracieux « ploum-ploum » de ce piano soient venus de temps en temps couvrir les voix !
Oui, la salle capitonnée n’est pas forcément idéale pour que les voix puissent s’épanouir. Et ces orchestres pas souvent d’un niveau irréprochable.
Mais malgré cette dernière remarque, ce Barbiere di Siviglia de Rossini donné par le « Venice Opera Orchestra » est un excellent spectacle. Il n’a absolument pas à avoir honte de sa modestie, et l’enthousiasme de sa troupe à l’énergie communicative devrait servir d’exemple aux grandes salles qui semblent parfois oublier que la musique et l’opéra sont des plaisirs simples et naturels.
Oui, c’est exact, la fraîcheur du spectacle amateur a parfois des charmes que le professionnalisme (et, dans certains cas, la routine) des spectacles les plus sérieux font oublier.
A titre personnel, il est toute fois une chose que je regrette : que la pratique amateur, pour éviter la comparaison, n’en profite pas pour mettre en valeur des œuvres moins connues.
Je rêve, je sais : il n’y aurait plus de volontaires ni pour jouer, ni pour écouter. :-)
Bien, je vais donc retourner travailler mes lieder de Rihm. :-)
Merci beaucoup pour ce compte-rendu qui, comme à l’accoutumée, aborde bien plus que la seule représentation !