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samedi 25 novembre 2023

Le nouveau Musée de la Marine


musée de la marine réouverture

Le Musée de la Marine (antenne de Paris) vient de rouvrir cette semaine. Je m'y suis rendu, puis ai écouté l'heure de « note d'intention » du directeur et de l'adjointe au chef de projet muséographique. Je ne connaissais pas l'ancien parcours (apparemment beaucoup plus compartimenté), mais pour les curieux, quelques impressions.


1. Un vénérable ancêtre

Il s'agit du second plus ancien musée de marine au monde (après celui de Saint-Pétersbourg), débuté par les collections d'un inspecteur des constructions navales, qui convainc Louis XV de conserver les maquettes que l'homme possède dans une Salle de Marine (1752). La collection voyage beaucoup, dans l'Hôtel de la Marine, le Grand Trianon (sous l'Empire), et après un retour au Louvre, est définitivement installée au Palais de Chaillot après l'Exposition Universelle, en 1943.

musée de la marine réouverture


2. Les espaces


J'ai été frappé par la vastitude et la beauté immaculée des espaces ainsi rénovés, immense galerie blanche, ponctuée d'ambiances : un simili-navire à l'entrée (que je n'ai pas vraiment perçu), des conteneurs, des demi-cercles suspendus comme des postes de commandement de navires modernes, une vague stylisée pour la partie sur les tempêtes et naufrages, et l'ensemble du parcours aboutit en apothéose sur la collection de proues, et surtout sur les exubérantes décorations de poupe de La Réale, la plus grosse galère de l'ère Louis XIV, au fond de la perspective.

musée de la marine réouverture


Deux grands escaliers droits permettent d'accéder à l'étage de sous-sol.

Les voûtes en plein cintre, recoffrées avec des lamelles blanches et séparées par des coupoles, sont traitées de façon très épurées, d'une blancheur parfaite. Un côté à la fois patrimonial et futuriste qui correspond assez au goût du temps, et qui est ma foi vraiment élégant – et plutôt apaisant.

musée de la marine réouverture

3. Les contenus


Le choix a été fait de mettre peu d'objets à disposition, ce qui rend le parcours assez rapide à réaliser, et plutôt lisible : on n'est pas enseveli sous les objets de même type (il y aurait entre 40.000 et 60.000 objets en possession du musée…), on peut progresser en regardant simplement cette sélection de ce qui est le plus marquant.
J'apprécie le geste, mais il se révèle aussi un peu frustrant lorsqu'on entre dans une section qui nous intéresse particulièrement, et qu'on voudrait voir toutes les variantes d'un modèle réduit, ou un large éventail de proues – je serais vraiment preneur, sur le modèle des musées des carrosses, de musées de proues !  Sur la durée aussi, même si les collections sont destinées à tourner tous les trois ans, un visiteur régulier aurait vite épuisé le fonds.
Il n'y a pas vraiment de solution à cet enjeu (sauf à réaliser un musée à double lecture, avec un étage d'initiation et des salles en nombre infini en sous-sol pour exposer toutes les collections aux visiteurs plus chevronnés…).

musée de la marine réouverture

En début de parcours, les maquettes qui sont le noyau historique du musée, puis une évocation de la marine commerciale. Arrivent ensuite les tempêtes au creux d'une vague géante (avec ambiance sonore) un peu platement stylisée à mon gré. On y voit tout de même un Incendie du Kent particulièrement monumental et impression de Théodore Gudin.

musée de la marine réouverture

On se promène dans les objets techniques (jolie maquette qui ne fonctionne pas totalement mais permet de comprendre l'identification lumineuse des phares de la côte du Léon), jusqu'à la grande exposition et de la poupe de La Réale et des proues (figures de rois, de marchands, d'allégories…), l'endroit le plus exaltant du parcours, où j'ai réellement ressenti une émotion esthétique.

musée de la marine réouverture

En descendant l'escalier, on se promène dans les 13 marines de Joseph Vernet représentant les ports de France (les 2 dernières de la série sont conservées au Louvre), puis – après un énigmatique couloir où une borne venue de l'Allier (département peu célèbre pour ses façades maritimes !) a été prêtée par l'Office National des Forêts (??) – dans un parcours chronologique de maquettes de navires du XVIIe au XXe siècles, qui s'achève par… deux sièges pour un simulateur de Rafale sur un porte-avion, clairement l'attraction la plus fréquentée. (Le directeur est un ancien de l'aéronavale et les deux sièges sont mécénés par Dassault, certes, mais le lien avec le musée ne m'a pas paru évident. Certes, c'est piloter un avion qui se pose sur un bateau.)

musée de la marine réouverture


4. Les émotions

L'espace général est d'une grande beauté, et j'ai été vraiment séduit par ses grandes lignes à la fois neuves dans leur décoration minimaliste (quelques traits blancs au plafond en matériau peint, et c'est tout) et très traditionnellement alignées sur la forme haute galerie avec coupoles.

L'acmé de la visite est atteint, je l'ai dit, en sortant de la Vague, lors de l'apparition du Napoléon pour la proue du vaisseau Iéna et des grands ornements de poupe de la galère La Réale, en majesté au fond de la galerie, trônant au-dessus de la profondeur de l'escalier droit.

La nocturne jusqu'à 22h – sera-t-elle reconduite passé l'engouement de la réouverture ?  je l'espère, c'est important pour permettre aux classes laborieuses d'accéder aux collections sans affronter la foule des week-ends et/ou immobiliser son dimanche – permet de profiter très agréablement des espaces non saturés.


5. Les manques

Je suis toutefois sorti mitigé de l'expérience : en dehors des espaces et des fragments de navire, j'ai été peu touché par les objets que j'ai vus. Et je pense qu'il y a une raison de cela – j'y reviens.

Les bornes interactives m'ont paru nombreuses, mais dans son entretien avec Xavier Mauduit, le directeur général a souligné qu'il avait fait le choix d'en mettre peu. Lors de ce premier parcours, je ne les ai pas utilisées ; j'ai aperçu qu'il y en avait pour suivre l'explication du décor de La Réale, en redondance avec les cartels – ça, c'est vraiment bien, interactivité pour ceux que ça aide à entrer dans les collections, et possibilité pour les autres de s'en passer. (Je déteste les propositions qui imposent de s'agglutiner autour d'une borne numérique unique ou d'écouter un audioguide lent qui interdit la conversation avec ses binômes d'exposition…)
La difficulté en revanche, c'est qu'elles sont disponibles seulement par unité – sauf pour le simulateur de vol, où il y en a deux –, si bien que même lors de la fin de la nocturne,  clairsemée vers 21h, toutes les bornes étaient occupées, pour ne pas dire sujettes à queue… Si c'est encore possible, les doubler serait une bonne idée.

L'impression de dépareillement est liée aux collections elles-mêmes : la base historique du Musée tient dans les maquettes et les vues de port de Joseph Vernet, on y ajoute des objets de marine et nécessairement, on a l'impression de traverser des éléments assez disparates, surtout avec le choix d'un nombre réduit d'objets qui ne permet pas l'immersion. Je trouve ça très bien de ne pas être submergé, mais s'il n'y en a pas assez, on ne comprend pas nécessairement les lignes de force.

Mais surtout, j'ai été réellement frustré par l'impression de survol un peu schématique. Certes, je découvrais le musée avec un temps limité, et j'ai simplement observé la nature des sections, pris davantage de temps là où j'étais intéressé… mais j'ai eu l'impression qu'il manquait réellement une étape pédagogique.
Par exemple pour les modèles réduits : on nous explique à quoi ils servent, on nous parle de la reproduction des gréements… mais à aucun moment dans tout le parcours on ne nous explique comment un bateau flotte, quelles sont les parties qui le composent (et qu'est-ce qu'un gréement…), comment on le construit, quels sont les différents types de vaisseaux clairement classifiés par taille, caractéristiques, usages… On parcourt une somme d'exemples non contextualisés qui ne permet pas d'en ressortir avec une vision d'ensemble claire.

musée de la marine réouverture

Autrement dit, le parcours pique la curiosité, donne envie d'en savoir davantage, mais il ne répond pas, à mon sens, aux questions fondamentales qu'il serait facile d'exposer dans un musée et plus délicat d'expliquer dans un livre – je vous aurais montré des maquettes de bateaux-qui-flottent et de bateaux-qui-coulent, moi !

musée de la marine réouverture

Et c'est tout à fait possible : mon modèle en la matière réside dans les écomusées, dont je suis ressorti en ayant acquis de réelles connaissances sur les savoir-faires de la vie quotidienne : béalières à Pransles (milieu de l'Ardèche), meuniers de Kérouat à Commana, maisons à apoteiz à Saint-Rivoal (les deux dans les Monts d'Arrée), tanneurs (je ne me rappelle plus où !)… Dans ces cas, le musée est l'occasion d'éprouver en personne des technicités spécifiques, où l'on explique les buts, la matière première, les méthodes de transformation, en exposant les machines, en détaillant leur fonctionnement…
Dans le Musée de la Marine, je me suis trouvé face à des bateaux de toutes sortes sans connaître du tout leur mode de construction, ni même souvent leur vocation au sein d'une flotte, leur inscription dans une hiérarchie et une distribution des tâches. On m'a tout de suite dit qu'ils transportaient des cargaisons ou servaient à asseoir le prestige du pouvoir, mais cela je le savais, et j'attends d'un tel musée qu'il me permette de comprendre les mécanismes profonds plutôt que de me conduire à travers une suite de généralités dont il est facile par ailleurs d'avoir connaissance.

musée de la marine réouverture

On n'en est pas au niveau du Quai Branly, dont les collections permanentes ne contiennent que très peu d'éléments de chaque zone (parfois un objet par pays !) et aucune médiation – il faut prendre l'audioguide, mais outre l'inconfort susmentionné, tous les objets ne figurent pas dans l'audiodescription, et il manque surtout un cadre pour comprendre ce que l'on voit. Masque rituel, mais quelle est la religion à laquelle il se rapporte ?  Est-ce un masque rituel purement traditionnel, ou une version esthétisée plus tardive / ornementale ?  Comment nous est-il parvenu (don, échange, vol – non pas pour rendre, mais pour comprendre) ?  On ne peut rien lire de plus que le pays et l'époque, et surtout pas d'explication sur les dominantes culturelles de l'aire concernée – vous pouvez passer devant les costumes d'Asie Centrale sans en retirer aucune indication sur les religions concernées par ces habits de fête… Là, c'est pour moi un manque grave, qui finit, à force de vouloir laisser libre l'émotion du spectateur, par lui faire reproduire le regard du colon : on observe tous ces artéfacts bizarres avec des pensées qui finissent par aboutir à mais comment peut-on être Africain ?, ce qui paraît à peu près exactement l'inverse du but visé par un musée des arts du monde, censé nous émerveiller, nous faire comprendre, nous rapprocher, et non nous laisser perplexes ou persuadés du désordre intrinsèque de ces cultures lointaines…
(Leurs expositions temporaires sont au contraire très structurées, instructives et passionnantes, absolument à l'inverse du parcours permanent.)


6. Ce qu'on en retire

C'est donc à la fois une expérience très agréable et, à mon sens, une conception défectueuse qui n'apporte pas toutes les connaissances que j'aurais voulu. Typiquement, la Galerie de Minéralogie adossée au Museum d'Histoire Naturelle, avec ses compartiments étroits beaucoup plus traditionnels, prend le temps d'expliquer chaque notion et de la démontrer, si bien que si l'on prend le temps de faire tout le parcours (il y a deux pièces et j'y ai passé trois heures sans tout à fait finir…), on comprend vraiment des choses fondamentales, et qui resteraient plus abstraites dans un livre. Un véritable rôle de musée.

En sortant du Musée de la Marine, impressions mêlées de disposer d'un nouvel espace de jeu où il fera bon se promener en hiver, se poser le temps de lire quelques pages, de regarder quelques objets, d'admirer la dizaine de proues exposées… mais aussi de n'avoir à peu près rien appris. 

samedi 18 mai 2013

Auditorium de Bordeaux : premiers retours d'expérience


Le lieu a enfin ouvert, après des années de retard - certaines utiles, comme l'ouverture au public de cette bribe de quartier romain au moment de l'établissement des fondations, qui laisse augurer des vestiges qu'on pourrait retrouver en rasant le centre-ville (pas de l'ordre de Pompéi, mais sans doute un ensemble d'une richesse comparable à Ostie, par exemple). Et ouverture, alors qu'il n'était pas correctement terminé, témoin le parquet pas encore verni et abîmé lors de l'inauguration.

L'horrible Palais des Sports, une des pires acoustiques de la planète - un lieu entièrement gris et bétonné, peuplé de sièges en plastiques, et où le son s'évanouit dès les premiers rangs, devenant une sorte de bruit tout aussi puissant que la source, mais complètement diffus -, peut donc enfin être relégué à l'endroit qui sied parmi les instruments de torture antiques, aux côtés du lit de Procuste et de la chaise à clous.


Cliché de Thomas Sanson pour la Mairie de Bordeaux.


Fait assez rare pour être relevé, la salle reçoit son nom d'un compositeur vivant - Henri Dutilleux. Au train où allaient les choses, je devine que quelques-uns auront craint une ouverture posthume - et son âge n'est pas en cause !

L'événement ne peut être correctement commenté qu'après avoir éprouvé les qualités du nouvel espace, dans différentes condigurations. C'est pourquoi il est temps à présent. Après avoir entendu divers échos pas toujours concordants, Carnets sur sol a humblement prié un témoin privilégié de nous faire part de son sentiment, après avoir assisté aux premiers opéras, ainsi qu'aux premiers récitals symphoniques et baroques.

Voici ce qu'Olivier Lalorette, auteur du très-clairvoyant site de conseils discographiques Discopathe Anonyme, nous écrit. Nous ne saurions trop le remercier pour avoir assumé cette mission périlleuse malgré ses exigeantes activités :

Suite de la notule.

dimanche 10 octobre 2010

Victoire du violoncelle sur les ténèbres

1. Le lieu


Le Foyer de l'Ame est un petit temple de l'Eglise réformée libérale, situé tout près de Bastille, à dix mètres du Boulevard Richard Lenoir. Il s'inscrit dans un tronçon de la rue Daval devenu depuis rue du Pasteur Wagner en hommage à son fondateur Charles W. (1852-1918), un théoricien protestant aux conceptions très ouvertes au monde et aux découvertes.

L'édifice lui-même répond à cette personnalité, plusieurs titres.

  • La salle de culte est prévue pour une large polyvalence : la photographie que l'on propose place l'orgue dans sa gloire, comme une salle de concert, mais la simplicité informelle, du mobilier, les bancs mobiles, le matériel divers laissé épars et surtout, à l'étage, des tables pour se réunir, travailler, et même un robinet et un évier prévus qui permettent de réaliser travaux ou repas, tout porte l'image d'un local ouvert non seulement aux Textes mais aussi à l'entièreté de la vie quotidienne et intellectuelle. (On dispense d'ailleurs des cours de français à l'usage des primo-arrivants dans les salles attenantes.)
  • Le style général est propre à l'architecture des temples français : peinture blanche et jaune orangé chaleureux et discret, sur des murs plats ornés de pilastres néoclassiques à acanthes, un peu à l'image des extérieurs renaissants de type François Ier et Henri II, mais sans aucune préciosité, tout en stylisation. L'étage fait le tour de la salle, qui reste largement ouverte, fonctionnelle et lumineuse grâce à une superbe verrière plate, beaucoup plus Art Nouveau de son côté... Un mélange de tradition épurée et de progrès moderne, qui se matérialise aussi dans les devises, évangéliques ou non, inscrites aux tribunes et dignes d'une Maison des Travailleurs.


L'espace est très accueillant, sans solennité, et l'acoustique agréable, d'une réverbération discrète, ni sèche ni floue.

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2. La désuétude de la viole de gambe

La viole de gambe est un instrument aujourd'hui disparu des nomenclatures compositionnelles, et à l'exception d'Henri Casadesus au début du vingtième siècle [1] et de quelques expérimentations éphémères en musique récente de pair avec le fascinant mouvement 'baroqueux', on ne l'utilise plus que pour rejouer des musiques vieilles de plusieurs siècles.

Il y a toujours des raisons historiques (influence de tel ou tel compositeur, prédominance de telle ou telle école nationale ou locale...) à l'imposition et la disparition d'instruments, mais ici il existe beaucoup de raisons pratiques. En tout cas pour la plus courante, la basse de viole de gambe, car les dessus de viole ne posent pas les mêmes problèmes.

Car la basse de viole de gambe est :

  • Très peu puissante : difficilement audible même à quelques mètres.
  • Pourvue d'une petite amplitude dynamique : quelle que soit la force d'action sur les cordes, le son n'excède jamais le mezzo forte.
  • Plus difficile à jouer :
    • six cordes au lieu de quatre, accordées à la quarte (et non à la quinte comme le violoncelle), du ré 1 au ré 3 ;
    • d'une tenue d'archet inversée par rapport au violoncelle, qui rend le geste moins incisif et moins agile ;
    • nécessitant de déplacer la viole vers l'avant pour actionner les cordes graves.
  • Plus difficile à tenir accordée (assez instable, et plus de cordes évidemment).
  • D'une agilité bien moindre, on l'a dit.
  • Réclamant une grande énergie articulatoire pour produire les sons.
  • Avec un nombre de notes limité dans le grave et le médium (à cause des frettes qui fixent des hauteurs de son).
  • Presque jamais vibrée, à cause des frettes évidemment qui limitent la possibilité d'action sur la justesse, mais aussi de traditions de jeu et, je crois, du peu d'effet sur un son aussi tenu (ce qui réclamerait en outre un surcroît d'énergie dépensée, déjà considérable pour un aussi petit son).


Par ailleurs, son son geignard n'a pas la noblesse, l'éclat, l'étendue, la variété des coloris, l'incisivité du violoncelle. Un instrument donc intrinsèquement limité.

Comme les deux familles (violes et violons) étaient distinctes, le plus commode, efficace et impressionnant a logiquement supplanté l'autre. Et ce concert confirmait toutes ces remarques a priori que les lutins de CSS se faisaient quelques jours auparavant.

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3. Oeuvres

On pouvait donc entendre dans ce concert des extraits des suites en ré et en sol du Deuxième Livre de pièces de viole (1701) de Marin Marais.

Notes

[1] Mais dans le cadre d'ensembles destinés à mettre en valeur surtout la viole d'amour qui était l'instrument qu'il défendait (ayant même écrit une méthode et composé des études !), avec une tessiture proche de l'alto et non du violoncelle - et qui était de la catégorie des viole da braccio, par opposition aux violes de gambe qui se tiennent entre les jambes, même les plus petites.

Suite de la notule.

mardi 15 juillet 2008

A la découverte de Saintes (2)

2. La ville gallo-romaine et l'îlot vert

Faute d'avoir consulté nos notes et de l'avoir réclamé à notre guide bienveillant, faute de temps aussi, nous avons dû faire l'impasse sur les thermes de saint Saloine.


L'arc de Germanicus, sur la rive droite (du côté de l'abbaye), pièce d'apparat bâtie par un riche saintongeais de l'époque gallo-romaine, se trouve face au fleuve - le seul édifice de ce type aisément visible, les autres étant noyés dans l'îlot vert ou en retrait.


A droite, vue depuis la Charente.


L'amphithéâtre (parfois désigné par les arènes), au bout de l'allée qui traverse sur sa largeur le centre vierge de Saintes, présente de très beaux vestiges, et les responsables de l'aménagement ont eu l'excellente idée de combler l'arène, ce qui permet de saisir, de l'intérieur, l'aspect du lieu. Plusieurs passages sont possibles à l'intérieur des vomitoires, sur les gradins ou encore dans les galeries qui desservent l'arène, dont il reste des pans suffisants pour prendre conscience du manquant - excepté, peut-être, la hauteur réelle de l'édifice.



En haut à gauche, la situation de l'amphithéâtre, dans cette cuvette veroyante loin de toute circulation, avec Saint-Eutrope au loin, au niveau de la rue.
En haut à droite, la situation du visiteur dans l'arène comblée, assez touchante.
En bas à gauche, une vue d'ensemble des vestiges les plus conséquents, où l'on peut déambuler à travers les vomitoires éboulés.
En bas à droite, l'amphithéâtre perçu depuis l'entrée des artistes (bouchée quelques mètres plus loin par des coulées de boue épaisse). Photographies très réussies dues à MatheoPC.


Devant le peu de population présente, il est de surcroît loisible de flâner dans ces ruines où seuls les endroits dangereux ont été interdits au public, ce qui laisse un bon tiers d'amphithéâtre (le plus intéressant) en visite totalement libre. Calme parfait, bien évidemment, est-il besoin de le préciser.

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Pour finir, le très beau dépôt lapidaire (baptisé « musée archéologique »), une salle de taille moyenne où figurent des vestiges consistants et originaux, mais assez totalement dépourvus de documentation. Nous ne saurons pas de quelle époque datent ces angelots chrétiens aux allures de Bacchus, ni d'où proviennent ces généreux piliers (temples ? basiliques ? autres édifices publics ?).



(Photos CSS.)

Une petite pensée pour Vartan qui n'a eu l'heur de passer par là.

lundi 14 juillet 2008

A la découverte de Saintes (1)

Sur une insistante et néanmoins gracieuse invitation, un petit groupe de lutins s'est rendu à Saintes. C'est qu'ils rêvaient depuis longtemps de l'escapade, les sacripans, dans cette région symbole du roman le plus abouti, le plus riche et le plus divers.

Aussi, dans le cadre d'un emploi du temps chargé, ils risquent vous entretenir de considérations plus architecturales, péché mignon de la rédaction de CSS, mais encore peu présent dans ces pages.

Je vous prie d'avance de les excuser pour la liberté éditoriale intolérable qu'ils prennent de la sorte.


Splendide panneau lumineux vingtième de la gare de Saintes. Style cheap & kedalle.
1. Aspect général

La cité en elle-même s'apparente à une ville modeste de l'Ouest du Périgord, du Nord de la Gironde, ou des Charentes, avec ses maisons basses en pierre de Saintonge (évidemment) sur le modèle (appauvri) de l'échoppe bordelaise, souvent avec un étage cependant ; les rues présentent chacune un caractère assez peu homogène, mais répondent largement à ces mêmes critères architecturaux.


Bossage souligné au rez-de chaussée, encadrement en léger relief, aucune décoration au-dessus des entrées.


De part et d'autre de la Charente s'étendent de longues rues parallèles au fleuve (si bien qu'y compris avec notre guide local lamentable, il était impossible de se perdre), légèrement convexes, qui permettent de rayonner très rapidement vers les églises à dévorer (en particulier le cours Reverseau, où figure l'église réformée).


Le temple protestant, cours Reverseau.


La façade du temple est assez caractéristique des mélanges de ce début du vingtième siècle, entre son porche néo-roman propre aux néo-gothiques, ses ouvertures étroites stylisées à la byzantine, son allure élancée Art Nouveau... Dans le genre, on peut également penser à la synagogue de Bordeaux, que nous présenterons peut-être un jour par ici.


La synagogue de Bordeaux. (Photos CSS.)


Derrière le cours Reverseau, en retournant vers le fleuve (donc totalement au coeur de Saintes) on peut parcourir un ancien chemin de ronde, qui descend soudain vers une cuvette boisée. Plusieurs kilomètres carrés absolument vides d'urbanisation, non pas des jardins d'agréments ou des cultures maraîchères... Simplement une verdure jamais élaguée, avec quelques maisons logées au milieu d'une flore abondante. Pas un commerce, pas une institution, pas une route. Simplement des pentes et des escaliers de pierre pour accéder à cet univers presque silencieux, hors du monde. Et exactement au milieu de la ville, une sorte d'impensé de l'urbanisme de la ville.
Impressionnant et délicieux. C'est là qu'on débouche, au bout d'une espèce d'avenue piétonne en gazon qui parcourt le « quartier » sur sa longueur, sur l'amphithéâtre (voir article suivant).


Depuis la cuvette, vue en contrebas de saint Eutrope (au niveau du reste de la ville). Très vilaine photographie, mais c'est tout ce que l'on trouve en ligne et nous n'avons pas pris de cliché à ce moment pour ne pas ralentir notre aimable guide. Elle donne une idée de la situation de cet assez vaste lieu absent du reste de la ville.
A droite, une carte qui permet de mesurer l'ampleur de cet ensemble vierge au coeur du centre-ville.


L'ensemble de la petite cité saintongeaise est d'ailleurs étonnamment vide, y compris un jour de festival (peu de places dans l'abbaye, il est vrai). Vingt minutes avant le concert de vingt heures, deux personnes dans le jardin immédiatement derrière l'abbaye. Et une trentaine de personnes devant l'entrée. Dès 22h, le cours National et l'avenue Gambetta, artères principales qui traversent la Charente, sont absolument vides d'hommes et de circulation (en marchant, dans une pénombre assez importante, une voiture toutes les trente secondes sur la rue la plus animée de la ville, et un passant toutes les cinq minutes...), avec une impression de désert civilisé absolument délectable.

Dans la journée même, un samedi de festival avec concert du héros local Herreweghe, difficile de croiser quelqu'un dans les lieux touristiques classés, comme la crypte saint Eutrope, pourtant un bijou d'un type assez rare. Vraiment étonnante atmosphère.

David Le Marrec

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