Comme chaque année, quantité de bijoux vont circuler à travers le
territoire hexagonal (et
étranger
proche). En particulier à Bordeaux, Lyon, Tours ou Toulouse,
mais pas seulement.
Cette année le centre du monde lyrique se trouve incontestablement à
Bordeaux, dont toutes les productions suscitent le plus vif intérêt.
J'y débute donc mon tour de France. Contrairement aux précédentes
éditions, je me suis dit que le lieu était peut-être plus déterminant
que les styles : on voyage plus volontiers dans une ville pas trop
distante, quitte à étendre ses choix. Et cela procure aussi une
visibilité sur les dominantes des différentes maisons. [Retours
appréciés sur la question, si vous vous en servez / avez une opinion.]
N.B. : La cote en
putti d'incarnat suit la cote «
spectacle vivant » et non celle habituelle des disques.
Cote d'intérêt d'œuvre, si elle est rare, pour vous aider à vous
déterminer (je ne vais pas me risquer à me prononcer sur les intérêts
relatifs de la Flûte vs. Traviata vs. Lohengrin…).
: dispensable
:
intéressant (avec des réserves)
: stimulant
: grisant
: depuis
tout ce temps qu'on l'attendait !
Cote d'attente d'interprétation. Par essence, contrairement aux œuvres
qui existent déjà, elle n'est qu'une projection de probabilités
(subjectives de surcroît…).
: ouille
:
inégalement attirant
: très
appétissant
:
exceptionnel
:
potentiellement une référence à venir
En Province
Bordeaux :
♦
Bellini – Il Pirata
Ce n'est pas l'œuvre du siècle, assez loin des grands aboutissements de
Bellini (même de
La Straniera et
des
Capuletti, voire de la
Sonnambula), du
belcanto assez
pâle à mon gré (sans les petites finesses harmonies ou les joliesses
d'orchestration dont il est coutumier par ailleurs). Mais c'est rare.
De la distribution, je ne connais que René Barbera (excellent ténor
spécialiste), et Adèle Charvet dans le petit rôle d'Adele. Si le reste
est du même niveau, ce sera très beau.
♦
Offenbach – La vie parisienne
Pas l'œuvre majeure du répertoire, mais dirigé par Minkowski avec
Gillet, M.-A. Henry, Extrémo, de Hys, Fouchécourt, Barrard, H.
Deschamps. Uniquement des chouchous, et uniquement de grands
interprètes.
♦
Debussy – Pelléas et Mélisande
Avec Minkowski, Skerath, Brunet, Barbeyrac, Duhamel et Varnier !
Quelle distribution éclatante, complètement francophone de surcroît –
et de quelle façon ! Petite curiosité, la mise en scène est
assurée par Philippe Béziat, qui avait tourné
le documentaire autour de la création russe de Pelléas en juin 2007 – par
Minkowski et Py.
♦
R. Strauss – Elektra
Avec Brimberg, M.-A. Henry, Palmer, Alvaro, Mortagne, Delunsch (dans
les élans de la Cinquième Servante !), et dans les rôles minuscules
Morel, Pasturaud, Legay, Tachdjian, Tréguier ! Même au disque et
en studio, j'ai peu vu de distributions aussi exaltantes : le duo
épique des sœurs, la Cinquième Servante, l'ultra-luxe de chaque petit
rôle…
♦
Henri Rabaud – Mârouf, savetier du
Caire.
Un opéra rare foisonnant, très riche et fantaisiste, qu'on peut
conseiller à tous : beaucoup de matière musicale, beaucoup d'action,
mise en scène traditionnelle (mais animée) très chatoyante pour les
novices, et distribution de feu : Bou, Santoni, Teitgen, et puis dans
la constellation de petits rôles importants Legay, Contaldo,
Leguérinel, Peintre, Tachdjian, Yu Shao – toutes personnes dont l'éloge
a déjà été fait dans ces pages.
♦
Boesmans – Pinocchio
La nouvelle production Boesmans-Pommerat, après le succès remarquable d'
Au Monde (sorte de langage de
Pelléas
atonal placé dans l'univers théâtral désabusé d'aujourd'hui), prend à
nouveau une distribution remarquable (Briot, Lhote, Auvity, Le Saux…),
et va tourner en France. Intriguant et très attirant. La cotation
n'exprime que l'attente, puisque personne ne l'a encore entendu !
Annoncé pour 2018 en Île-de-France (Athénée à l'automne ?).
◊ Seule production peu attirante, la
Lucia
de Donizetti avec Behr et Sempey, qui va agréger à peu près tout ce que
je n'aime pas en chant – mais ce ne sera pas vilain non plus, loin s'en
faut. Et il y aurai Thomas Bettinger (Arturo) et François Lis
(Raimondo).
Toulouse :
♦
d'Albert – Tiefland / (
)
Certes avec Schukoff, Brück et Flor, donc pas la fête de la glotte
facile ni des baguettes élancées, mais tout de même, ce petit bijou de
romantisme décadent – plaqué sur un livret réaliste, sorte de
Wally allemande, à ceci près que
la musique en est remarquable…
♦
Puccini – La Rondine
De la conversation en musique dans le genre lyrique italien. Je ne suis
pas un inconditionnel (ça sirupise beaucoup), dans le genre
Wolf-Ferrari a beaucoup mieux réussi la juste mesure, à mon sens. Mais
c'est peu donné.
Limoges :
♦
Piazzolla – María de Buenos Aires
Je suppose que ce dépendra beaucoup du parti pris lyrique ou non. (Je
me rends compte que je ne l'ai jamais écouté, alors que ça pique ma
curiosité depuis lontemps !)
♦
Bizet – Les Pêcheurs de perles
Avec Guilmette, Dran et Duhamel. Là encore, du très bon francophone
! (Duhamel y était tout bonnement miraculeux il y a un peu plus
d'un lustre. La voix a changé vers plus de noirceur, moins de clarté,
d'impact et d'aisance en haut, il faut voir. Mais ce sera très beau de
toute façon.)
Rennes :
♦
Gounod – Le Médecin malgré lui
Rare, et agréable.
♦
Zemlinsky – Der Zwerg
Un opéra court assez régulièrement donné en France (et la
Tragédie florentine
doit être dans le top 5 ou 10 des opéras du XXe montés en France…).
L'intérêt réside particulièrement dans la prise de rôle de Mathias
Vidal, le chanteur le plus éloquent en activité – jamais entendu en
allemand pour ma part, en italien il est quasiment aussi excellent
qu'en français. La voix a gagné en largeur, et il a démontré qu'il
pouvait tenir, malgré sa nature de départ, de véritables rôles
lyriques. Ici, on est à la frontière du très grand lyrique, voire du
dramatique (surtout à l'échelle italienne !), mais l'orchestre ne
concurrence pas trop, je suis très curieux d'entendre le résultat.
Angers-Nantes :
♦
1 opéra-comique d'Hervé : Mam'zelle Nitouche
♦
1 opérette de Messager : Les P'tites Michu
♦
Haendel – Rinaldo
Dirigé par B. Cuiller, avec Negri, Dolié et surtout Benos – le seul
contre-ténor en activité, avec Bejun Mehta dans un genre plus héroïque,
qui me paraisse vraiment doté d'un impact physique et d'une capacité de
diction. Je n'aime pas faire de généralités abusives, mais vraiment,
tous
les autres altos masculins que j'ai entendus en salle, même ceux qui
sonnent bien en retransmission et au disque (Fagioli, Čenčić…) n'ont
aucun impact sonore, même de près, et s'expriment dans une certaine
bouillie verbale. C'est très bien dans le répertoire sacré (en
particulier dans les chœurs et les ensembles), mais pour tenir des
solos dans des situations dramatiques, ça ne fonctionne vraiment pas
bien. Sauf Benos, passionnant jusque dans le lied.
[Tournée à Quimper, Besançon, Saint-Louis, Compiègne, Dunkerque,
Charleroi, Mâchon, La Rochelle.]
♦
Berlioz – La Damnation de Faust
Avec Hunold, Spyres, Alvaro. Ça vient de se terminer et c'était
semble-t-il hautement satisfaisant.
Tours :
♦
Gounod – Philémon et Baucis
Pas le Gounod le plus saillant (un peu uniformément doux…), mais
rarissime, à l'occasion de l'anniversaire.
♦
Tchaïkovski – Iolanta
Le dernier opéra de Tchaïkovski semble s'imposer durablement sur les
scènes européennes. Pas du niveau constant de ses deux précédents,
toujours au répertoire (
Onéguine et
Dame de Pique,
sommets assez absolus du genre opéra), mais un joli conte aux couleurs
plus françaises, moins prodigue en épanchements lyriques. J'aimerais
bien qu'on nous donne aussi les premiers, qu'on ne joue jamais (
L'Enchanteresse en particulier,
mais je ne dirais pas non à
Vakoula ou
au
Voïévode !).
♦
Rimski-Korsakov – Mozart et Salieri
Mise en musique littérale de portions des saynètes de Pouchkine, sous
une forme très récitative. Pas évident pour les non-russophones, et pas
très chatoyant en tout état de cause, mais change de ce qu'on joue
majoritairement.
♦
Britten – A Midsummer Night's Dream
Non sans longueurs, mais non sans charmes (les chœurs, les répliques de
Puck !).
Caen :
♦
Hervé – Les Chevaliers de la Table
Ronde / (
)
Vraiment pas grand intérêt musical ni scénique, sans être sublimé par
l'interprétation pour ce dont j'ai pu juger par la retransmission (en
tournée depuis deux ans).
♦
Marais – Alcione / (
)
Production de l'Opéra-Comique (Savall / L. Moaty).
♦
Poulenc – Dialogues des Carmélites
Production du théâtre des Champs-Élysées dans la belle mise en scène de
Py, avec sa distribution affolante : Petibon-von
Otter-Gens-Devieilhe-Koch-Barbeyrac-Cavallier (et Piolino, Hys et
Lécroart dans les petits rôles !).
Rouen :
♦
Cherubini – Médée
En version française, avec Hervé Niquet.
Lille :
♦
Mozart – Così fan tutte
Par Haïm et Honoré. Avec Azzaretti, Arduini et Rivenq qui seront
excellents. Autres interprètes inconnus de moi (Mantashyan, Verrez,
Giustiniani).
♦
Offenbach – Le Roi Carotte / (
)
Reprise de la production Pelly : Schnitzler, Mortagne, Beuron, H. Mas,
Gay, Grappe, Briot…
♦
Zemlinsky – Der Zwerg
Un opéra court assez régulièrement donné en France (et la
Tragédie florentine
doit être dans le top 5 ou 10 des opéras du XXe montés en France…).
L'intérêt réside particulièrement dans la prise de rôle de Mathias
Vidal, le chanteur le plus éloquent en activité – jamais entendu en
allemand pour ma part, en italien il est quasiment aussi excellent
qu'en français. La voix a gagné en largeur, et il a démontré qu'il
pouvait tenir, malgré sa nature de départ, de véritables rôles
lyriques. Ici, on est à la frontière du très grand lyrique, voire du
dramatique (surtout à l'échelle italienne !), mais l'orchestre ne
concurrence pas trop, je suis très curieux d'entendre le résultat.
Tourcoing :
♦
Debussy – Pelléas et Mélisande
Très appétissante version : à la perspective intriguante d'écouter
Malgoire diriger ce répertoire, s'ajoute une distribution où figurent
uniquement (hors Andrieux, et Devieilhe et ses soirs) des diseurs
baroqueux ! Devieilhe en alternance avec Reinhold (pas du tout
les mêmes caractéristiques, ce serait étonnant de comparer !),
Andrieux, et puis Buet, Haller, Delaigue, Faraon, Buffière !
Reims :
♦
Grétry – Richard Cœur de Lion
Emblématique sans être majeur, on ne peut néanmoins considérer avoir
vécu sans entendre « Ô Richard, ô mon roi » et bien sûr l'ariette de
Laurette chantée de façon complètement désarticulée par la vieille
Comtesse dans la
Dame de Pique
de Tchaïkovski.
♦
Bizet – Les Pêcheurs de perles
Avec Guilmette, Dran et Duhamel. Là encore, du très bon francophone
! (Duhamel y était tout bonnement miraculeux il y a un peu plus
d'un lustre. La voix a changé vers plus de noirceur, moins de clarté,
d'impact et d'aisance en haut, il faut voir. Mais ce sera très beau de
toute façon.)
Metz :
♦
Saint-Saëns – Samson et Dalila
Avec Kamenica, Furlan, Duhamel, Bolleire ! Sans doute pas très
intelligible chez Kamenica (mais quel fruité !), et francophones
remarquables et vaillants pour les autres.
☼ (On annonce
Sigurd de
Reyer en début de saison prochaine !)
Nancy :
♦
Massenet – Werther
Avec Montvidas et d'Oustrac. Probablement pas totalement idoine, mais
très intriguant assurément, et sans doute original et…
différent !
Strasbourg :
■ Saison étrange, très peu de titres grand public, beaucoup
d'arrangements et de contemporain.
♦
Zandonai – Francesca da Rimini
L'œuvre, langage italien de la mouvance pucciniste, est mâtinée
d'aspects plus richardstraussiens, un beau mélange sonore, même si le
livret est particulièrement immobile – une action par acte, dans un
rythme dramatique qui n'excède pas de beaucoup
Lohengrin (
Parsifal, à côté, c'est
The Naked Gun III).
Après une assez longue éclipse dans tout le milieu du XXe siècle, elle
semble être programmée à intervalles assez régulier en Europe ces
dernières années (à un échelon moindre, un peu comme
Hamlet de Thomas,
Die tote Stadt de Korngold ou les
Janáček).
♦
Manoury – Kein Licht
Manoury fait partie des rares compositeurs atonals en activité à être
capable d'écrire réellement bien pour le drame et la voix. Très curieux
de voir ça très bientôt à l'Opéra-Comique à Paris.
Dijon :
♦
Mondonville – L'Amour et Psyché
Un ballet en un acte qui n'a jamais été enregistré – style galant
post-ramiste. En couplage avec le merveilleux
Pygmalion Avec Bennani de Rameau.,
Léger, Sicard (et Mechelen Jr. dans
Pygmalion),
le Concert d'Astrée.
♦
Verdi – Simone Boccanegra
Pas souvent donné en Province, j'ai l'impression.
♦
Boesmans – Pinocchio
La nouvelle production Boesmans-Pommerat, après le succès remarquable d'
Au Monde (sorte de langage de
Pelléas
atonal placé dans l'univers théâtral désabusé d'aujourd'hui), prend à
nouveau une distribution remarquable,
différente de Bordeaux
(Briot, Degout, Beuyron, Boulianne, Munger…),
et va tourner en France. Intriguant et très attirant. La cotation
n'exprime que l'attente, puisque personne ne l'a encore entendu !
Annoncé pour 2018 en Île-de-France (Athénée à l'automne ?).
Saint-Étienne :
■ Depuis l'expulsion de Campellone, qui vient désormais plus
régulièrement à Paris pour combattre la pénurie de concerts (…), pour
notre plus grand plaisir… Saint-Étienne n'est plus, hélas, le même
centre d'exploration du répertoire massenetien et du XIXe français
tardif.
♦
Cilea – Adriana Lecouvreur
Là aussi, peu donnée en France. Pour ma part, j'adore les parties
comiques (début du I et du III), c'est-à-dire à peu près toutes les
scènes de Michonnet, dans une veine archaïsante qui n'empêche pas la
virtuosité ; beaucoup moins toute la partie sérieuse, où les gros
motifs sont rabâchés à coups de doublure voix-orchestre, vraiment pas
du grand raffinement. Et puis cette fin supposément pathétique (et
tellement peu XVIIIe, malgré le sujet « réaliste ») qui vient conclure
un vaudeville que je trouve plutôt fendard…
Lyon :
■ Pour la première fois depuis bien des années, Lyon n'est pas l'Opéra
doté de la plus belle programmation de France – je mets de côté
l'Opéra-Comique qui, en abandonnant le grand répertoire à Garnier,
Bastille et Champs-Élysées, peut se spécialiser dans les répertoires
qui
me plaisent. Néanmoins,
si Bordeaux fait carton plein, Lyon représente cette saison encore un
très solide dauphin !
♦
Mozart – Don Giovanni
Avec Montanari, le très charismatique Sly (le rôle doit lui aller comme
un gant), l'inaltérable Buratto, l'expressif Ketelsen – certes, il y a
Julien Behr et ses limites, mais ce n'est pas non plus de quoi sortir
fâché. Très prometteur.
♦
Rossini – La Cenerentola
Mise en scène de Herheim en coproduction avec Oslo, direction musicale
du spécialiste Montanari (et Cyrille Dubois en Prince), de quoi
rehausser la seule reprogrammation d'un classique.
♦
Verdi – Attila / (
)
Des longueurs assez peu exaltantes (les duos des amoureux, peu
tourtereaux au demeurant), mais aussi des moments impressionnants comme
les affrontements entre Attila et l'Ambassadeur de Rome, ou ses songes
terrifiants. Avec T. Serjan, Markov, Ulyanov. Et visite à Paris ensuite.
♦
Verdi – Don Carlos
Version française de ce standard. Production d'Honoré, et belle
distribution : S. Matthews, Romanovsky, Degout, Pertusi, Scandiuzzi,
Bolleire.
♦
Rimski-Korsakov – Mozart et Salieri
Mise en musique littérale de portions des saynètes de Pouchkine, sous
une forme très récitative. Pas évident pour les non-russophones, et pas
très chatoyant en tout état de cause, mais change de ce qu'on joue
majoritairement.
♦
Zemlinsky – Der Kreiderkreis
/ (
)
Un des grands Zemlinsky les moins joués, servi par une brochette de
spécialistes : L. Koenigs à la direction, Beller Carbone, G.
Fassbender, (Lauri) Vasar et le
miraculeux Rügamer. Mise en scène d'un excellent
directeur d'acteurs chantants, Richard Brunel.
♦
Respighi – La Belle au bois dormant
Une charmante miniature ni hardie, ni totalement archaïsante. Très
séduisant.
☼ Comme si cela ne suffisait pas, sept (!) soirées avec le
War Requiem de Britten « mis en
scène », avec rien de moins que Chtcherbatchenko, Groves et L. Vasar !
Avignon :
♦ Deux titres légers (
Des Land des
Lächelns de Lehár et
Les
Mousquetaires au couvent de Varney).
Montpellier :
♦
Verdi – Nabucco
Pas si souvent donné en France, et avec Jennifer Check en Abigaille –
il y a quinze ans, elle chantait formidablement Rusalka…
Ça fait
a priori plutôt
très envie, si la voix a évolué harmonieusement (j'ai pourtant tâché de
la suivre, mais les bandes américaines circulent moins bien, et je ne
crois pas qu'elle ait fait une carrière gigantesque).
♦
Grieg – Peer Gynt
Avec Philipe Estèphee, Norma Nahoun et Marie Kalinine, direction
Schønwandt.
♦
Bizet – Carmen
Je ne connais pas Robert Watson en José, mais Anaïk Morel et Alexandre
Duhamel, je n'aurais pas choisi mieux si on m'avait demandé mon avis
(et Piolino en Remendado !).
Marseille :
♦
Neuf titres du répertoire
léger : 1 J. Strauß II, 2 Offenbach, 1 Messager, 1 O. Straus, 1 Yvain,
1 F. Loewe, 2 Lopez !
♦
Rossini – Tancredi / (
)
Il faut aimer le
seria
romantique, avec ses livrets remarquablement immobiles en compensation
de son agilité glottique spectaculaire, mais il sera servi par les
meilleurs spécialistes : Carella, Barcellona, A. Massis, Bolleire…
♦
Donizetti – La Favorite / (
)
Une des plus belles réussites de Donizetti, dont la veine mélodique
semble mieux s'épanouir loin des contraintes de l'agilité
démonstratives, et dont le sens dramatique, sis sur un bon livret
mobile, surprend. Distribution contrastée : Courjal devrait être un
pontife fulgurant, mais il faudra supporter en regard l'engorgement et
la diction de Margaine, et l'élégance discutable de Fanale (que
j'anticipe mal, peut-être à tort, dans les souplesses et demi-teintes
du répertoire français).
♦
Verdi – Ernani / (
)
Un livret certes privé du sel de son modèle (la censure tudesque n'a
pas voulu du Roi dans l'armoire !), et une langue musicale encore très
belcantiste, mais aussi de très belles choses – l'air d'entrée
d'Ernani, le duo et l'ensemble de la chambre… Avec Hui He, Meli,
Tézier, Vinogradov, dirigés par Foster.
♦
Massenet – Hérodiade / (
)
Pas le Massenet le plus subtil, enfilade d'airs à forte couleur locale
(supposément antique, donc), et donc assez dépendant des qualités
individuelles. Il y aura Nicolas Courjal pour le monologue des Astres,
et Lapointe pour « Vision fugitive » ; pour le reste, Mula, Uria-Monzon
et Laconi, sans être du tout indignes, ne promettent pas une
exécutionde la première grâce (disons).
♦
(David) Alagna – Le dernier jour
d'un condamné / (
)
Pas le grand opéra de son temps, avec une musique oscillant entre les
innovations du début du XXe (Debussy, R. Strauss) et une laque de sirop
post-puccinien par-dessus, un livret qui ne brille pas par ses nuances
ni par la sobriété d'un verbe hautement littéraire… Néanmoins, tout
cela est assez agréable, et servi, outre Alagna, par des artistes
francophones de grande qualité (Dudziak, Ghazarossina, Ermelier,
Martin-Bonnet…) et dirigé par Ossonce.
Dans les
Provinces
Liège :
♦
Bellini – Norma
Avec Silvia Dalla Benetta (capiteuse et ardente), Kunde, J-.M. Lo
Monaco et dirigé par le très détaillé, net et animé Zanetti (sa
Luisa Miller dans les mêmes lieux
était un modèle).
Bruxelles :
♦ Dallapiccola – Il prigioniero / (
)
Avec Blancas-Gulín, Graham-Hall et Nigl.
[Couplé avec
Das Gehege de Rihm, monodrame.]
♦ Poulenc – Dialogues des
Carmélites
Mise en scène de Py, avec des variations de distribution réjouissantes
dans la distribution B : Altinoglu, et Gillet en Blanche avec M.-A.
Henry en Lidoine, Deshayes en Mère Marie, et bien sûr Saelens en
Premier Commissaire. Toujours Barbeyrac et Cavallier ; Brunet en
Croissy.
Anvers :
♦ Donizetti – Le Duc d'Albe
Un Donizetti français assez pâle, où on retrouve l'absence de veine
mélodique qui caractérise un grand nombre de ses titres italiens – on
retrouve bien le compositeur de Bolena, Stuarda, Devereux, Borgia,
Pasquale, plus que celui de La Favorite, L'Elisir ou Lucia.
♦ Korngold – Der Wunder der Heliane
Musique comme livret, si le vocable
décadent
a un sens… il s'incarne ici. Assez peu donné, surtout à portée de
français…
♦ Prokofiev – Le Joueur
Quasiment pas d'opéra russe en France cette année, hors
Onéguine (voire
Iolanta), et encore moins des
titres rares. Dirigé par Dmitri Jurowski.
Lausanne :
♦
Menotti – Amahl et les visiteurs du
soir
Conte de Noël. Pas vertigineux, mais c'est assurément rare.
Monaco :
■ Toujours des distributions très prestigieuses et au cordeau, avec en
particulier :
♦
Verdi – I Masnadieri / (
)
Pas le meilleur Verdi, mais de beaux ensembles. Et une distribution de
gens très concernés et adroits : Giannattasio, Vargas, N. Alaimo.
♦
Gounod – Faust
Avec Campellone, Calleja, Rebeka, Lhote.
♦
Offenbach – Les Contes d'Hoffmann
Avec Lacombe, Peretyatko (quatre héroïnes), Flórez, Courjal, R. Briand
(4 valets) ! Ce serait bien qu'il soit retransmis, celui-là : ce
sera très différent de l'ordinaire (Flórez moins dramatique, Courjal
plus basse, Brian sans nul doute épatant, Lacombe toujours parfait dans
ces répertoires…). Et avec toutes ces vedettes (même Burshuladze en
Crespel !), une excuse toute trouvée à la diffusion.
♦
Britten – Peter Grimes
Avec José Cura.
Barcelona :
♦
Donizetti – Poliuto / (
)
Avec Callegari, Radvanovsky, Kunde, Salsi.
♦
Wagner – Tristan und Isolde
Mise en scène Ollé, avec Theorin et Vinke !
♦
Rubinstein – Le Démon / (
)
Très bel opéra pas si russe (largement teinté de Marschner) dans une
production (probablement hardie) importé du Helikon de Moscou.
Particulièrement rare sous nos contrées, un livret très prenant et de
la belle musique.
Bilbao :
♦ Bellini – Norma
Avec Axentii reconvertie en soprano, et dans l'autre distribution Tro
Santafé et Kunde.
♦
Verdi – I Masnadieri / (
)
Avec Giannattasio, Stoyanov, Kares.
♦
Britten – War Requiem
Avec le meilleur diseur (allemand) actuel, Thomas E. Bauer.
Je consacrerai une notule complète à l'intention des grands voyageurs,
autour des opéras vraiment rares, eux, à voir en Europe.