Compositeur
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Oeuvre
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Version
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Commentaires
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Indispensables
célèbres
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Première
période : romantisme
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Schubert
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Die Winterreise
« Le Voyage
d’Hiver »
(Müller)
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Fischer-Dieskau /
Moore
Prades 1955 (INA)
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- Cycle fondamental, une marche
dans et vers l'anéantissement.
- DFD dans ses meilleures années et dans un bon son, avec
Moore concerné, la quadrature du cercle entre lyrisme et
expression. Attention, pas de livret, il faut utiliser le site d'Emily
Ezust, ou alors acheter plutôt la version Goerne /
Johnson (Hyperion) avec traduction anglaise, ou pour une traduction
française Fischer-Dieskau / Demus (très, trop
lyrique). Goerne / Brendel, peut-être
préférable à cette
dernière, devrait logiquement comporter une version
française.
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Schubert
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Intégrale
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G. Johnson (Hyperion)
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Une somme immense, à
pricorer au gré des volumes disponibles
séparément à la vente
(l'intégrale existe d'un seul tenant, mais
présentée de façon moins pratique - en
mélangeant les interprètes et les sujets au
profit de la chronologie - et surtout en ôtant les
commentaires musicologiques et littéraires remarquables des
notices de Graham Johnson). Traductions anglaises des textes allemands.
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Schubert
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Lieder (épiques et antiques)
(Schiller, Mayrhofer...)
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Rolfe-Johnson / Johnson (Hyperion)
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Deux
volumes
particulièrement aboutis de l'intégrale. Ils ont
l'avantage d'être extrêmement convaincants tant au
niveau
des pièces que des interprètes, de ne pas
être
contemporains du Winterreise
pour changer un peu les atmosphères, et de ne comporter
qu'un nombre réduit de tubes,
ce qui laisse ensuite toute latitude ensuite pour écouter
ses
interprètes favoris dans les standards dont on ne parvient
pas
à se débarrasser dans les récitals les
plus
courants...
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Schubert
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Lieder (nocturnes)
(Goethe, Schiller, Ossian...)
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Hampson /
Johnson (Hyperion)
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Schumann
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Liederkreis Op.39
« Cycle de lieder
»
(Eichendorff)
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Goerne / Schneider (Decca)
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- Une sorte d'idéal
romantique, sur des poèmes parmi les plus beaux de langue
allemande, avec des teintes crépusculaires et
mélancoliques, jubilatoires parfois aussi...
- Si l'on privilégie une version féminine,
peut-être moins prenante mais tout aussi bien dite (quelques
petites imperfections ici ou là, notamment au niveau de
l'accent gallois), M. Price / Johnson chez Hyperion
est également un excellent choix.
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Schumann
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Dichterliebe Op.48
« L’amour du
poète »
(Heine)
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Fassbaender / Reiman (EMI)
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- Une
suite de miniatures ironiques sur l'amour
déçu.
- Fassbaender
en accentue
particulièrement la dérision amère ;
le disque
RCA, lui, contient en complément l'opus 90 et plusieurs
lieder
majeurs de Schumann. Enfin, la version disponible sur Carnets sur sol est
tout aussi bonne et légalement gratuite, puisque ses droits
d'auteur patrimoniaux
et voisins sont arrivés à expiration.
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ou Gerhaher / Huber (RCA)
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ou libre de droits disponible sur
CSS : Souzay / Cortot
|
Deuxième
période : romantisme tardif |
Wagner
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Wesendonck-Lieder
« Lieder sur des
poèmes de Mathide Wesendonck »
|
Minton
/ Boulez (Sony) |
- Cycle de lieder sur les
poèmes de la maîtresse de Wagner,
épouse de son mécène d'alors. Ce sont
largement des esquisses de Tristan und Isolde,
également inspiré par leur relation. Le dernier
lied a été orchestré seulement pour
une sérénade d'orchestre de chambre sous les
fenêtres de Mathilde, à l'occasion de son
anniversaire. Les autres orchestrations (pas bien meilleures...) sont
dues à Felix Mottl (l'assistant de Hans Richter pour la
création du Ring). Cependant, l'oeuvre
sonne mieux avec orchestre - au piano, on entend des silences et des
redondances, un déséquilibre voix-piano aussi.
- Le problème réccurent est que la diction est
totalement incompréhensible, ou alors avec peu de relief,
chez la plupart des interprètes. La notre y
échappe tout à fait, même s'il y a plus
précis (Crespin / Prêtre chez EMI) ; la direction
de Boulez fait de surcroît de l'orchestration là
où il n'y en pas vraiment d'écrite.
- Le disque Sony est couplé avec de bons
Rückert-Lieder, qui ne dispensent peut-être pas
d'une version plus frémissante.
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Brahms
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Volkslieder
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S. Genz / Vignoles (Apex)
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Parmi les oeuvres très
homogènes de Brahms (entre elles, et même
à l'intérieur de chaque pièce), c'est
là sans doute le corpus le plus avenant. Version
très bien dite et chantée.
|
Troisième
période : les mouvements décadents
(postpostromantiques ou novateurs violents ou raffinés)
|
Wolf
|
Lieder
(Mörike)
|
Bär / Parsons (EMI)
|
- Les lieder les plus
célèbres de Wolf,
interprétés par une voix très claire
(qui tient depuis des emplois parfois voisins du baryton dramatique,
voire du baryton-basse !), très raffinée,
idéal équilibre entre la simplicité et
la sophistication. C'est précisément cette
simultanéité bizarre qui est le propre de Wolf.
- Epuisé ou en voie d'épuisement, auquel cas on
peut adopter le disque Goethe-Mörike de
Kirchschlager / Deutsch Anakreons Grab
(paru sous forme de livre-CD et sous forme CD).
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Wolf
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Spanisches Liederbuch
« Livre de lieder
espagnol »
(Heyse &
von Geibel)
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von Otter / Bär / Parsons
(EMI)
|
- Deux heures de lied sous sa forme
populaire et joyeuse, mais toujours très
travaillée chez Wolf. Sans doute le plus accessible de son
corpus.
- Ce disque, un petit bijou vocal et verbal, est aussi
épuisé ou en voie d'épuisement, auquel
cas le disque Schwarzkopf / Fischer-Dieskau / Moore (EMI)
est excellent... sauf en ce qui concerne les interventions de
Schwarzkopf, pourtant d'habitude plutôt à son aise
dans Wolf.
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Mahler
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Des Knaben
Wunderhorn
« Le Cor merveilleux de
l’enfant »
(Arnim &
Brentano)
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Bonney, Goerne
(Fulgoni, Winbergh) / Chailly (Decca)
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- Des Knaben Wunderhorn,
fondé sur le recueil de poèmes populaires d'Arnim
& Brentano, est aussi un recueil de chants au ton badin ou
insolent, écrits et orchestrés brillamment par
Mahler.
- Cette version est la plus complète du marché
(car aucune ne contient absolument tous les numéros), soit
un lied de plus qu'Abbado. C'est aussi l'une des plus spectaculaires
orchestralement et des plus vivantes tout court.
|
Mahler
|
Trois cycles :
- Lieder eines fahrenden
Gesellen
« Chants d’un
compagnon errant »
(Mahler)
- Rückert-Lieder
« Lieder sur des
poèmes de Friedrich Rückert »
(Rückert)
- Kindertotenlieder
« Chants sur les enfants
morts » (Rückert)
|
Hampson / Bernstein
(DG, existe également en
DVD)
|
- Trois
éléments indispensables de l'histoire du lied
orchestral, conçu comme tel dès l'origine,
même si Mahler est passé par une particelle (=
version piano non destinée à publication), alors
que la plupart des exemples précédents sont des
orchestrations a posteriori, une fois la
carrière des partitions faite en piano / voix.
- Il y a de surcroît quantité d'anecdotes
attachées à leur composition dans la vie
personnelle de Mahler, ce qui contribue d'autant plus à leur
célébrité.
- Interprétation extrêmement incarnée,
difficile de trouver beaucoup mieux.
- Moins cher, Henschel / Nagano, assez dans le
même genre et avec le même programme, a paru chez
Apex.
Les petites budgets peuvent y aller voir aussi (sans
attendre les textes qui sont chez DG...). On peut aussi citer, dans des
cycles dépareillés, Siegfried Lorenz, Waltraud
Meier,
Dietrich Fischer-Dieskau, Brigitte Fassbaender, etc. Mais on
préfère s'en tenir au plus petit nombre de
disques
possible, pour constituer cette discothèque 'essentielle'.
|
Mahler |
Das Lied von der Erde
"Le Chant de la Terre"
(Poètes chinois massacrés) |
Thorborg
/ Öhman (parfois graphié Öhmann) /
Schuricht
(domaine
public, disponible
sur CSS) |
-
Mahler rechignait à écrire une dixième
symphonie,
du fait de l'image de la malédiction qui pesait dessus
depuis
Beethoven et Schubert ; aussi, après sa Huitième,
il
imagine de présenter autrement sa prochaine grande fresque
chantée, sous le titre de Lied,
alors qu'il s'agit bien dans son esprit d'une symphonie - c'est au
demeurant amplement autant une symphonie que la Huitième
(pas
moins en tout cas...).
Il utilise l'adaptation allemande de poèmes chinois
assez méconnaissables,
pour certains à partir d'une traduction
française... avec de surcroît
des ajouts de sa propre fantaisie ici et là.
- La version Schuricht dispose d'une atmosphère
extraordinaire,
et le son est tout à fait bon pour
l'époque
(à part pour l'incident fameux de l'exaltée
néerlandaise probablement nazifiante qui vient prononcer un
petit slogan près du micro avant de sortir : on l'entend
à peine, ce n'est absolument pas une gêne
à
l'écoute).
Pour les oreilles sensibles ou les âmes délicates,
Klemperer, dans un tout autre genre, plus charnu mais sans sa lourdeur
coutumière, est un enchantement. |
[pour
ceux qui n'aiment pas les versions anciennes :
Ludwig / Wunderlich / Klemperer (EMI)] |
R. Strauss |
Vier
Letzte Lieder
« Quatre derniers lieder
»
(3 Hesse et 1 Eichendorff) |
Te Kanawa / Soli (Decca) |
- Dans le versant ultralyrique et assez
sirupeux du Chevalier
à la Rose et d'Arabella,
le grand classique du lied orchestral. D'une beauté hors du
commun, il faut bien le reconnaître.
- Parmi les pléthoriques excellentes versions
(Grümmer / R.
Kraus, Stemme / Pappano, Janowitz /
Karajan, Norman /
Masur, Popp / Tennstedt, Della Casa /
Böhm, Mattila
/ Abbado, Fleming / Thielemann, Pollet /
Weise, etc.),
on a choisi celle-ci comme le meilleur équilibre entre la
diction (secondaire
mais appréciable), l'expression, la ductilité -
et la
présence de l'orchestre. De surcroît, le couplage
avec
d'autres lieder orchestrés de Strauss (nettement moins
essentiels) correspondait mieux à notre projet que les
autres
couplages. Mais chacun peut aller voir ses chouchous et ne manquera pas
de le faire s'il en a. |
Berg |
Sieben
Frühe Lieder
« Sept
lieder de jeunesse »
(divers poètes) |
von Otter / Forsberg (DG)
(version piano) |
- Les Frühe
Lieder
sont encore dans un ton très décadent
à la
façon de Schreker ou du jeune Webern, tarabiscoté
mais
tout à fait dans une logique tonale. On
préfère
recommander la version piano, pour mieux goûter les
délicieuses alternances tension-détente de
l'harmonie, et
tout l'intimisme sophistiqué de leur ton, mais ils ont
été orchestrés par Berg vingt ans plus
tard
(très belle chose également).
- Les Altenberg-Lieder,
eux, sont déjà du côté des
recherches
d'avant-garde de Berg, et appartiennent vraiment au coeur du
vingtième siècle (les strates alla
Schreker se font de plus en plus libres et inquiétantes). Le
texte chanté est très bref, et l'orchestre tient
la
première place (souvent l'introduction, les ponctuations et
la
conclusion sont plus longues cumulées que la partie
chantée...). Le travail orchestral tient
véritablement de
l'orfèvrerie, mais l'on n'est finalement plus dans le lied.
[C'est d'ailleurs une constante : après Wolf, le texte,
même s'il est très soigneusement choisi, devient
de plus
en plus prétexte
à une expression essentiellement musicale. C'est aussi
lié aux langages musicaux de plus en plus libres qui s'accommodent
mal
des inflexions naturelles de la voix parlée. Et à
la
prédominance au fil du temps du lied orchestral - un
contresens
d'une certaine façon par rapport à la nature
initiale du
lied.]
- On a choisi deux versions superlatives, mais qui ont le
défaut
d'être séparées, pour deux cycles assez
court. Il
est donc possible, pour économiser, d'acquérir en
un seul
volume Banse
(Frühe) / Marc (Altenberg) / Sinopoli (Teldec,
avant que ce soit épuisé...), avec une direction
extraordinairement précise et intense de Sinopoli, mais Marc
vraiment en difficulté vocalement (ça criaille,
même si ce n'est pas grave ici - mais on est loin de la magie de Price) ou Balleys /
Ashkenazy (Decca),
très détaillé, assez sombre et un peu
froid (mais
peut-être plus préférable car plus
équilibré). Tout cela est excellent et, pour le
coup, ce
sont les versions orchestrales des
Frühe Lieder, moins essentielles, on l'a dit,
mais c'est une économie possible. |
Berg |
Altenberg-Lieder
« Lieder
sur des poèmes de Peter Altenberg » |
M.
Price / Abbado (DG) |
Quatrième
période : modernités et
contemporanéité |
Cycles
contemporains |
Il
existe bien sûr des cycles intéressants plus
récents (en particulier Rihm), mais ils nous paraissent
moins
essentiels, aussi bien du point de vue de la
célébrité que de leur
intérêt
intrinsèque. Il faudrait plutôt aller chercher du
côté de la mélodie française
symphonique : Poèmes
pour mi de Messiaen, La
Geôle & Deux Sonnets de Jean Cassou de
Dutilleux, Pli selon
pli (voire Le
Soleil des eaux) de Boulez pour rencontrer des choses
vraiment indispensables. Et qui, esthétiquement, doivent
bien plus au lied que de la mélodie
française. |
Au moins aussi
indispensables, mais moins connus et commentés
(donc
moins utiles
pour nourrir la conversation, et peut-être moins urgents pour
le
néophyte qui voudrait pouvoir échanger) |
Première
période : romantisme |
Wieck-Schumann |
Lieder |
Högman / Pöntinen (BIS) |
- Entre Schubert et Schumann, et
certainement pas inférieure, inspiration et
poésie au sommet. -
Version superlative pour l'investissement des deux partenaires, la
poésie et l'évidence du tout :
peut-être le plus
beau disque de lied du marché. Couplé avec
d'autres
indispensables de Fanny Mendelssohn-Hensel et Alma Schindler-Mahler,
donc très économique.
- Pour aller plus loin : intégrale Gritton / Loges / Asti
(Hyperion) ou Craxton / Djeddikar (Naxos). |
Deuxième
période : romantisme tardif |
On
pourrait sans doute parler des
lieder de Liszt, mais faute de disques vraiment monographiques (il n'y
en a presque pas !), et surtout faute que le corpus soit totalement
majeur (même s'il est passionnant !)... on s'abstiendra, en
le
mentionnant simplement pour mémoire. |
Troisième
période : les mouvements décadents
(postpostromantiques ou novateurs violents et raffinés) |
Reger |
Duos
Op.14
(divers poètes dont Eichendorff) |
Klepper / M. Borst / Deutsch (Capriccio) |
- Attention, cela dure à peine
un quart d'heure, mais
c'est un sommet de délicatesse, le cycle de duos
à
connaître dans le répertoire du lied.
- Version remarquable avec pianiste remarquable. Couplé avec
d'autres duos (intéressants) dans le domaine du lied
également. |
Reger |
Lieder |
May / Renzikowski (Arte Nova) |
- Ce disque parcourt l'ensemble de la
production de Reger, de
puis la jeunesse jusqu'à la maturité, et
révèle un raffinement décadent dont on
n'imaginerait pas capable l'auteur des poèmes symphoniques
rondement et tristounettement postromantiques. Un corpus majeur, tout
un monde ; dans le même goût que Wolf si l'on veut,
mais
infiniment plus travaillé et personnel.
- Excellente interprétation, sobre mais habitée. |
Schindler-Mahler |
Lieder
(dont Novalis et Dehmel) |
Högman / Pöntinen (BIS) |
- Un corpus vertigineux, dont on ne
connaît
malheureusement que très peu de titres, ceux
publiés par
Alma de son vivant (on se rappelle que son mari lui avait
défendu la composition). C'est véritablement
l'une des
fulgurances les plus étonnantes de l'histoire de la musique,
en
pointe de la modernité et de l'invention chez les
décadents, bien plus moderne (et, disons-le, plus
génial)
que Mahler dans les mêmes années, par exemple. A
connaître absolument, quasiment tous ceux qui l'ont
découvert ont été conquis...
- Disque superlatif décrit plus haut (Clara Wieck-Schumann)
et
qui contient aussi du Fanny Mendelssohn-Hensel, donc un
véritable achat économique et
forcément
enthousiasmant.
- Pour aller plus loin : intégrale (de ce qui
était alors
publié) Ziesak / Vermillion / Elsner / Garben chez CPO. |
Langgaard |
Lieder |
Dahl / Stærk (Da Capo) |
- Un corpus étrange, avec une
sorte d'hypertophie du
discours, quelque chose d'assez véhément et
épique, dans un langage qui reste relativement
postromantique.
Assez insolite, cette manière de traiter la petite forme
avec
les moyens de la grande, y compris sur la durée assez
étendue des pièces.
- Belle interprétation pour pas cher (la seule au disque). |
Webern |
Intégrale |
Oelze / Schneider (DG) |
- Dans le coffret de la seconde
intégrale Boulez de
Webern, la véritable intégrale qui contient
(à peu
près) tout en deçà des
numéros d'opus, on
trouve cette intégrale des lieder, par un couple de
rêve
(ductilité et naturel... surnaturels d'Oelze dans cette
musique
si difficile, et rondeur très assurée chez
Schneider).
Les premières oeuvres sont les plus
intéressantes, de la
tonalité stricte des Frühe
Lieder à
l'atonalisme libre des autres premiers cycles. Le sens de
l'atmosphère de Webern, sans s'attacher plus que cela au mot
en
tant qu'unité, est proprement exceptionnel.
Peut-être
l'ensemble le plus émouvant, le plus prenant depuis
Schubert...
Rien de sombre dans ces premières pièces, juste
une sorte
de lassitude chaleureuse, comme accablée sous un
été gorgé de soleil. A
connaître absolument. |
Gurlitt |
Vier dramatische Gesänge
« Quatre
chants dramatiques »
(Hardt, Goethe, Gerhart Hauptmann) |
Oelze
/ Beaumont (Phoenix) |
-
Ici aussi, peut-être l'exemple le plus réussi
de lieder orchestraux, car le texte est au coeur du traitement de
Gurlitt, qui choisi quatre extraits fondamentaux du
théâtre allemand pour en faire un traitement
relativement
récitatif, mais toujours lyrique.
- Oelze participe bien entendu largement à la
réussite de
l'entreprise par la justesse de son ton mélancolique mais
détaillé. (On se souvient qu'Antony Beaumont
avait
écrit une fin alternative à celle de Philipp
Jarnach pour
le Doktor Faust
de Busoni...) |
Schreker |
Vom ewigen Leben
« De la vie
éternelle »
(sur traduction allemande de Whitman) |
Barainsky
/ Ruzicka (Koch) |
-
Dans le versant purement instrumental du lied avec orchestre, un
complément très bienvenu au Vier Letzte Lieder,
bien plus sinueux et sophistiqué, moins direct aussi. Une
orgie
orchestrale du meilleur Schreker. [Il s'agit en
réalité
de l'orchestration de ses deux derniers lieder.]
- Peu de versions disponibles (déjà rares) sont
satisfaisantes, celle-ci l'est pleinement. |
Korngold |
Lieder |
Kirchschlager / Deutsch (Sony) |
- Beaucoup
de poèmes anglais en VO (y compris du Shakespeare) dans les
deux cycles proposés dans ce disque, mais Korngold
mérite tout de même d'être
mentionné, vu son esthétique, en tant que
compositeur de lied. Extrêmement tonal, se fondant sur la
plénitude des harmonies et des tensions-détentes,
il serait assez à comparer à Mahler sans les
grincements ou à R. Strauss sans le sirop, pour ces
oeuvres-là. (Leur date de composition est
très tardive - années 40, et la conception de ces
cycles a donc eu lieu en Amérique où Korngold
s'installe comme compositeur de film dès 1934.)
- Magnifique interprétation, ronde, fruité,
très dite, très maîtrisée
aussi ; avec un piano présent et inspiré.
Il s'agit du premier récital
discographique de Kirchschlager - son meilleur au demeurant, et d'une
audace programmatique plus que notable, puisque ces Korngold sont
couplés avec le premier cycle d'Alma Schindler-Mahler et des
extraits de Des Knaben
Wunderhorn de Gustav Mahler en version piano. |
Quatrième
période : modernités et
contemporanéité |
Holl |
Lieder |
Holl / Jansen (Sonder) |
Robert Holl est surtout connu comme
chanteur (encore en activité), mais son inspiration comme
compositeur apparaît bien supérieure à
celle de sa (bonne) qualité d'interprète. C'est
une lecture très noire du lied, extrêmement
tourmentée et qui reste cependant tonale ; cela se rapproche
beaucoup de la couleur de Křenek (en mieux), ou du Berg des
pièces orchestrales Op.6 et des Altenberg. En
réalité, il s'agit d'un héritage
direct de la décadence radicale, et ce n'est pas
véritablement de la musique typée XXIe
siècle que l'on entend là (encore qu'il y ait
aujourd'hui beaucoup de courants postmodernes,
néotonals ou
syncrétiques - majoritaires d'ailleurs sur la stricte
atonalité). Il n'empêche que pour
le coup, on dispose d'un traitement étroit du
texte et non pas de volutes abstraites ou d'une succession d'effets, et par
conséquent, cela marche bien mieux pour le lied.
En tout état de cause, il s'agit d'un très bel
ensemble. On peut s'en faire une
idée sonore sur son site personnel (les CDs ne
sont de toute façon pas faciles à trouver dans le
commerce) ; et pour en savoir plus... on peut lire CSS. Ceci,
par exemple. |
Jalons historiques
(Pour comprendre les origines
du lied, mais pas majeur du tout.
On s'est limité aux très
célèbres, mais C.P.E. Bach, Zelter et Loewe
peuvent permettre de comprendre également des choses.) |
Mozart |
Intégrale |
Ameling (Philips) |
- Des miniatures très
naïves, vraiment sous forme de romances. On se trouve vraiment
au moment où la chanson populaire fusionne avec la bluette
de salon (ou plutôt juste avant, puisqu'on est encore dans
quelque chose de galant).
- Très belle interprétation souple et gracieuse
d'Ameling, mais la
version de l'intégrale Brilliant Classics (avec
Claron McFadden pour moitié), de surcroît pour
partie avec pianoforte (ce qui devrait procurer un brin plus de relief)
devait tout à fait faire l'affaire, inutile de se mettre en
dépense. |
Beethoven |
An
die ferne Geliebte
(Jeitteles) |
Goerne / Brendel (Decca) |
- La première oeuvre
expérimentale du lied : le ton est très simple,
sans affèteries, mais il s'agit d'un cycle continu
où chaque lied s'enchaîne directement aux autres
(la partition ne marque d'ailleurs aucune discontinuité),
comme un tout. De surcroît, le travail malicieux (mais pas
drôle non plus, entendons-nous bien, c'est Beethoven),
presque expérimental, sur le matériau musical, le
retour de thèmes, la manière de variations sur
les motifs déjà énoncés,
l'unité générale, tout cela fait
véritablement de la chanson légère une
oeuvre à part entière, destinée
à ceux qui sont capable de l'apprécier - et non
plus l'importation de thématiques populaires, même
s'il en est encore question.
L'oeuvre en elle-même n'est pas d'une beauté
bouleversante, mais sa modernité presque insolente est
vraiment impressionnante - et fondamentale pour la suite.
- On propose une excellente version, profonde et
intériorisée, couplée qui plus est au Schwanengesang de
Schubert, autre morceau majeur du répertoire - une
économie de plus ! |