2024 s'achève, et tout occupé à mes
méditations autour des
concerts, à mes enregistrements
d'inédits
et à diverses notules
futiles ou
profondes, j'ai manqué de temps pour conseiller
des
disques,
que ce soient mes compagnons réguliers, mes belles découvertes, ou les
nouveautés.
Comme j'ai tout de même pris la peine de sélection 514 albums parus en
2024 et d'en écouter 276, je peux au moins vous proposer, classés par
genre (puis par ordre chronologique approximatif), les quelques-uns qui
me paraissent particulièrement remarquables.
Voici les
playlists qui
correspondent : ma sélection des 514
nouveautés les plus attirantes, les 276 que j'ai
écoutées, et les
coups de cœur qui apparaissent ci-après.
[[]]
Musiques vocales
1. Opéra
¶ LULLY, Armide – Le Poème Harmonique
¶ Jacquet de la Guerre, Céphale & Procris – A Nocte
Temporis
¶ Destouches, Télémaque
& Calypso – Les Ombres
¶ Duval, Les
Génies – Il
Caravaggio
¶ Blamont, Les Feſtes Grecques &
Romaines – Les Ambassadeurs
¶ Mondonville, Le Carnaval du
Parnasse – La Chapelle
Harmonique
¶ Gluck, Iphigénie en Aulide – Le Concert de
la Loge Olympique
|
Côté tragédie en musique (
LULLY,
Jacquet de La Guerre, Destouches, plus tard
Gluck) et opéra ballet à entrées
(Duval, Blamont, Mondonville), c'était faste !
On gagne quelques versions de haute volée pour
Armide, Céphale & Procris (l'une
des meilleures tragédies pessimistes de la génération post-
LULLYste,
dont il n'existait qu'une version, en mauvais français et difficile à
trouver) et
Iphigénie
en Aulide, et surtout on documente pour la première fois deux
opéras ballets musicalement très intéressants – en particulier
Les Feſtes Grecques
& Romaines qui pétarade très généreusement dans ses
ensembles triomphaux.
Et surtout, découverte de bijoux :
Télémaque qui s'enflamme de plus en plus,
finissant par atteindre le meilleur de l'école post-
LULLYste,
tout en urgence déclamatoire ;
Les Génies,
un ballet où l'absence d'intrigue permet à la compositrice,
l'énigmatique Mlle Duval, de déployer une vaste fantaisie d'effets très
prenants – dans l'esprit du
Destin
du Nouveau Siècle de Campra, mais avec un aspect un peu plus
tardif / galant / Louis XIV.
¶ Bellini, I puritani – Oropesa, Brownlee,
Frizza – chez EuroArts
¶ Borgstrøm, Der Fischer –
Opéra d'Oslo, Terje Boye Hansen
¶ Erlanger, La Sorcière – Tourniaire
¶ Messager, Coups de Roulis –
Les Frivolités Parisiennes
¶ Yvain, Yes ! – Les
Frivolités Parisiennes
¶ Samaras, Tigra – Sofia
Amadeus Orchestra, Fidetzis
|
Deux opérettes (
Messager, Yvain)
qui ont circulé en tournée avec les Frivos, pleines d'invention… la
musique s'en soutient remarquablement au disque, il faut juste tolérer
les résumés mal faits et mal dits, qui partent d'une bonne intention
mais rejettent loin de l'action… des dialogues raccourcis auraient été
beaucoup plus agréables.
aire sorciaire
Des opéras romantiques inattendus : une nouvelle version des
Puritains
chantée par la crème des belcantistes, et s'incarne très bien ; l'autre
opéra du critique
Borgstrøm
(dont je tiens
Thora på Rimol pour
l'un des plus beaux opéras de tous les temps), cette fois en allemand,
très dramatique et réussi, quoique nettement moins saisissant et coloré
que
Thora (
Der Fischer imite beaucoup les
invariants de l'opéra du XIXe siècle) ; une sorte d'opéra verdien grec
du XXe siècle (
Samaras) ;
et surtout le premier opéra d'
Erlanger officiellement publié,
très bien chanté (Borras !), mâtiné d'influences tristaniennes, d'une
grande richesse musicale et orchestrale, bâti sur des caractères forts,
bien balancé dramatiquement, le grand choc d'opéra post-1800 de
l'année. (J'ai dans mes projets de déchiffrer et
mettre
à disposition d'autres Erlanger, mais ce ne sera jamais pareil que
Tourniaire avec un excellent orchestre et plein de grands chanteurs.)
2. Musiques de scène
¶ Mendelssohn, Athalie – Spering (réédition
numérique)
|
J'ai inclus dans ma sélection (souvent, je m'en suis rendu compte
a posteriori)
certaines rééditions (ou premières éditions en numérique) de disques
qui étaient parfois difficilement disponibles ou peu visibles
auparavant. J'ai fait des choix, parfois arbitraires, pour ne pas
saturer ma liste de nouveautés de non-nouveautés – mais clairement,
l'entrée de Château de Versailles Spectacles et d'Hyperion au catalogue
des plateformes de flux, ce fut pour moi comme un déversoir soudain de
nouveautés !
En l'occurrence, la meilleure musique de scène de
Mendelssohn après le
Songe, que j'aime beaucoup et qui
se pare ici d'urgence et de couleurs que je n'avais pas soupçonnées
jusqu'ici.
3. Oratorio
¶ Ziani, La morte vinta sul
Calvario – Dagmar Šašková, Les Traversées Baroques
¶ Franck, Les Béatitudes – Madaras |
Un assez inventif oratorio du XVIIe siècle (toujours beaucoup plus
variés que ceux de l'époque de l'
opera
seriatriomphant),
à la forme assez souple (mais où l'on sent l'arrivée de plus en plus
forte des numéros clos), et une révélation pour une œuvre de
Franck qui m'avait
paru platement sulpicienne, et qui se révèle ici contrastée, débordant
d'ambition et de tension totalement insoupçonnées !
4. Musique sacrée
¶ YULE – Trio Mediæval
¶ LULLY, Te Deum – Les Épopées
¶ Desmarest, Te Deum de Lyon – Les Surprises
¶ Haendel, Dixit Dominus – Les Argonautes
¶ Zelenka, Missa Gratias agimus tibi –
Barockorchester Stuttgart, Bernius
¶ Mozart, Requiem – Pygmalion
¶ Beethoven, Missa Solemnis – Le Concert des Nations
¶ Fauré, Requiem & Gounod,
Messe de Clovis – Le Concert Spirituel
¶ Lloyd, A Symphonic Mass – Bournemouth SO & le compositeur
¶ Briggs, Hail Gladdening Light – Trinity College Cambridge, Layton
|
Une version totalement repensée du Te Deum de
LULLY,
une lecture cinglante du
Dixit
Dominus de
Händel, le
plus beau et personnel
Requiem
de
Mozart entendu depuis…
(Currentzis ? mais Pichon me paraît à la fois plus consensuel et plus
abouti), de même pour un
Requiem
de
Fauré particulièrement
déclamé et
animé. J'y ai
adjoint la
Messe Symphonique
de
Lloyd, grand format aux
belles idées musicales.
Par ailleurs le grand organiste
David
Briggs (auteur notamment d'une transcription tétanisante de la
Cinquième Symphonie
de Mahler) propose des œuvres pour chœur radieuses, à la fois riches
harmoniquement et tournées vers des atmosphères qui évoquent davantage
l'espérance.
Dernière pépite arrivée, des
hymnes en
bokmål, suédois, anglais et latin par le Trio Mediæval, des épures
d'une grande beauté, avec quelques mélodies très entraînantes(
Det hev ei rosa sprunge !).
5. Musique chorale profane
¶ Mendelssohn, Chœurs masculins
profanes – SWR Vocalensemble Stuttgart, Bernius
|
Mendelssohn excelle dans l'écriture chorale, mais ses œuvres
profanes pour chœur d'hommes sont très peu données, et à peine plus
enregistrées. Le meilleur spécialiste du compositeur (qui a
tout
enregistré de sa musique sacrée, et à très degré d'inspiration) propose
ici l'une des plus vastes anthologies disponibles, suprêmement
articulée de surcroît.
6. Récitals d'opéra avec orchestre
¶ Nahuel Di Pierro – Fra l'ombre e
gl'orrori
¶ Christopher Purves – Handel:
Finest Arias for Base Voice vol.1 (2012, réédition numérique)
¶ Michael Spyres – In the Shadows
¶ Pene Pati – Nessun Dorma
¶ Roberto Alagna – 60
|
Deux disques baroques pour basse, trois disques romantiques pour ténor.
Le marché est ainsi fait.
Clairement pas la gamme de disques la plus exaltante… et pourtant on y
rencontre quelques pépites : le disque de
Nahuel Di Pierro mêlant
recitar cantando et
opera seria met une diction affûtée
au service d'extraits judicieusement choisis. Le disque de
Christopher Purves, pas du tout une
nouveauté mais paru en dématérialisé cette année, quoique exclusivement
consacré à du
seria haendelien,
a tourné en boucle pendant deux mois pour accompagner mes moments de
délassement…
Un Méhul tubesque, un Meyerbeer italien, un Marschner méconnu, le jeune
Wagner… une très originale sélection par le versatile et électrique
Michael Spyres, accompagné par les
Talens Lyriques. Beaucoup de standards au contraire pour le second
album solo de
Pene Pati, mais
lorsqu'on l'a entendu en salle,
l'aisance surnaturelle de la voix et la générosité de l'acteur se
perçoivent – de près en studio, on entend aussi le détail de charpente,
moins joli que de loin (et l'on peut aussi comparer avec les chanteurs
morts, ce qui diminue le caractère exceptionnel du disque). Enfin
l'album des soixante ans de
Roberto
Alagna, le ténor-sapin (moins à cause de Noël que de sa
morphologie),
dont la diction impeccable et la belle patine sont un délice à écouter
dans ce florilège improbable : chansons américaines, italiennes et
espagnoles, airs de Gounod, Verdi, Wagner,
Sadko de Rimski-Korsakov en
français mais
Onéguine en
russe et
Halka de Moniuszko
en polonais…
Il faut aimer le style un peu sanglotant, mais la générosité emporte
mon adhésion, et c'est pour le coup un ensemble… original.
7. Lieder avec orchestre
¶ Samuel Hasselhorn, « Urlicht »
– Philharmonique de Poznań, Łukasz Borowicz
¶ Strohl, mélodies orchestrales
– Marie Perbost, Lucile Richardot, ONDIF, Case Scaglione
¶ Schoeck, Nachhall – Stephan
Genz, Symphonique de Berne, Graziella Contratto
|
Émerveillé en découvrant le naturel de
Samuel
Hasselhorn
dans le lied et la mélodie lors de ses deux ans au CNSM de Paris, avant
de remporter le Concours Reine Élisabeth, cette clarté si singulière
qui se répand au gré de couleurs changeantes, ce sens du texte, je suis
aussi conscient depuis toujours des limites de cette voix, fragile
techniquement. Ce qui la rend très touchante est aussi ce qui la perd
dès qu'il s'éloigne de son répertoire prédilection : en anglais, le
timbre devient soudain tout gris ; et avec orchestre, l'orchestre
concurrence impitoyablement cette voix très peu métallique. Je suis
donc ravi qu'il ait réussi à se faire connaître dans le seul créneau où
il pouvait réellement faire carrière. Les derniers disques montrent
qu'il a épaissé et charpenté son timbre, ce qui doit grandement lui
faciliter la vie mais lui a fait perdre, dans sa
Meunière
par exemple, pas mal de charme et de singularité. Ce disque le présente
quelque part entre ces deux mondes, robuste mais sensible, pour un
répertoire de
décadents :
Humperdinck, Mahler, Zemlinsky, Braunfels, Pfitzner, Korngold, Berg !
Encore plus incroyable, une nouvelle version très aboutie avec, là
aussi, un orchestre de niveau exceptionnel et précisément spécialiste
de
Schoeck (Mario Venzago lui
a fait jouer en enregistrer trois de ses opéras et des lieder
orchestraux, notamment).
Stephan Genz
semble inaltérable, toujours aussi splendidement chanté et dit après
une carrière déjà vaste.
La grande découverte, ce sont les mélodies orchestrales (sur Rodenbach,
Louÿs, Baudelaire) de
Rita Strohl,
d'un romantisme généreux mais très personnellement orchestré – on
dirait qu'elle a entendu pas mal de Sibelius, des effets de nappes très
différents mais très marquants. Avec Lucile Richardot et l'ONDIF, c'est
de la dynamite.
8. Mélodies & lieder
¶ Wonder Women – Capezzuto,
L'Arpeggiata, Pluhar
¶ Doux silence – Roset,
Richardot, Les Musiciens de Saint-Julien, Lazarevitch
¶ Contes mystiques – de Hys,
Beynet
¶ Mélodies sur des poèmes de Ronsard – Mauillon, Le Bozec
¶ Cycles de Louis Beydts – C. Dubois, Raës
|
Énorme coup de cœur pour le parti pris très bienvenu, chez Pluhar de
faire chanter un spécialiste de la chanson italienne,
Vincenzo Capezzuto
(dont la voix semble à s'y méprendre féminine, j'ai vraiment dû opérer
des vérifications tant je n'y croyais pas), pour interpréter en
particulier la bouleversante
Canzone di Cecilia,
œuvre anonyme des Pouilles du XVIIIe siècle, exhumée par Leonard García
Alarcón, qui l'a fait chanter à nombre de ses interprètes (à commencer
par la magnétique
Francesca Aspromonte – et ici plus officiel
avec traduction).
Chaque inflexion est particulièrement juste pour raconter cette
histoire terrible. Par ailleurs album chatoyant à la manière de
l'Arpeggiata, largement consacré aux compositions féminines du XVIIe
siècle italien (Barbara Strozzi, Francesca Caccini, Isabella Leonarda,
Antonia Bembo).
Les pistes chantées de
Doux silence,
des airs de cours français, sont très réussies, avec des choix
d'alliages et de coloris très spécifiques aux Musiciens de
Saint-Julien. Malgré son ton très homogène (uniquement des prières) de
Contes mystiques,
la variété des compositeurs et les qualités des musiciens proposent un
album passionnant – un récital parmi les plus intelligents qu'on puisse
trouver : parmi toute une époque de la musique française, une
collection de prières ou de scènes édifiantes, servies par une
collection de grands compositeurs. Le résultat est, forcément, un peu
ressemblant, mais offre un camaïeu de sentiments mystiques qui
ressemble à un acte de recherche, illustrant la sensibilité de chacune
de ces figures tutélaires. (Et évidemment chanté au cordeau.)
De même, pour les mélodies sur les poèmes de
Ronsard, la diversité des
compositeurs et les qualités de conteurs des interprètes constituent
l'essentiel de ce témoignage précieux.
À l'inverse, pour
Louis Beydts,
l'intérêt provient en premier lieu du corpus : bonheur d'entendre
D'ombre et de soleil,
déchiffré avec plaisir (et c'ce fut un étonnement, Beydts étant surtout
connu comme compositeur d'opérettes, certes raffinées…) il y a plus de
dix ans, renaître ainsi. Tout le disque se révèle à la hauteur : ce
sont des mélodies très travaillées musicalement, sans mettre le texte
au second plan ni se contenter de support à des poèmes ou de jolies
mélodies… de véritables œuvres d'art total, finement calibrées, dans un
langage qui doit à Fauré mais qui semble aussi regarder vers Schmitt.
Et la bonne surprise est que Cyrille Dubois, que je trouve d'ordinaire
très opératique dans le lied (tout est chanté à pleine voix, sans
beaucoup de variété de textures et de coloris, comme son intégrale
Fauré qui m'a très peu touché), parvient ici à une intimité et une
tendresse tout à fait adéquate, tout en conservant son verbe clair et
sa voix insolente. Grand disque de mélodie !
9. Chansons
¶ Sea Songs – Bryn Terfel
¶ Imants Kalniņš, Klusās dziesmas
- Līga Priede, Andrejs Grimms
|
Deux ambiances très différentes.
Je n'ai jamais trop aimé les autres
cross
over de
Terfel,
ses chansons galloises noyées sous un sirop de flonflons néoromantiques
qui standardisaient et affadissaient tout. Ici au contraire,
arrangements très bien pensés, comparses chanteurs de haute qualité, et
lui-même trouve un ton moins uniment opératique… le fameux
Wellerman
trouve ici une des versions les plus probantes que je connaisse !
Album de bout en bout réjouissant, que j'ai pas mal réécouté à sa
sortie.
Imants Kalniņš est la grande
figure patrimoniale vivante de la Lettonie, sur un versant différent de
Vasks : toujours à cheval entre la chanson (comme ici) et le classique
– j'ai le souvenir émerveillé d'un Psaume 150 pour six voix de femmes,
chanté en letton, et d'une évidence mélodique miraculeuse. Très belles
mélodies très naturelles qui s'écoutent avec grand plaisir, même sans
le texte.
Musiques instrumentales
10. Symphonies
¶ Haydn, dernières symphonies
vol.3 – Chambre Danoise, Ádám Fischer
¶ Beethoven, intégrale des symphonies – Kammerakademie Potsdam,
Manacorda
¶ Ries, Symphonies 4 & 5 – Tapiola
Sinfonietta, Nisonen
¶ Bruckner 9 – Symphonique de Bamberg, Hrůša
¶ Brahms, intégrales des Symphoniques – Chamber Orchestra of Europe,
Nézet-Séguin
¶ Mahler 9 – Mahler Academy Orchestra, Philipp von Steinaecker
¶ Sibelius 4 – Göteborg, Rouvali
¶ Strohl, Symphonie de la Forêt – Orchestre National d'Île-de-France,
Scaglione
¶ Khatchatourian, Symphonie 1 – Philharmonie Robert Schumann, Beermann
¶ Adam Pounds, Symphonie n°3 – Sinfonia Of London, John Wilson
¶ Carlos Simon, A Folklore Symphony – National Symphony (Washington),
Noseda
|
Beaucoup de versions remarquables de symphonies déjà très documentées,
je ne m'attarde pas : non seulement j'ai réévalué très à la hausse
l'intelligence de l'intégrale
Haydn
d'Ádám Fischer (les timbres ne sont pas fabuleux, les instruments pas
d'époque, mais tout est construit et phrasé avec une très grande
intelligence), mais ses dernières productions avec la Chambre Danoise,
qui ont le mordant des meilleures interprétations musicologiques, sont
d'une finition tout à fait extraordinaire. Une nouvelle (remarquable)
version des symphonies de
Beethoven,
avec la vivacité de Manacorda. Une Neuvième de
Bruckner
tendue et colorée par Bamberg & Hrůša (probablement l'association
orchestre-chef actuellement la plus révérée par les mélomanes
concertivores). Une lecture à la fois dégraissée et voluptueuse des
Symphonies de
Brahms par
Nézet-Séguin (je redoutais une sorte de facilité cursive, mais pas du
tout). Une Neuvième de
Mahler
sur instruments d'époque (des jeunes musiciens encadrés par des
instrumentistes des meilleurs orchestres d'Europe), aux timbres
particulièrement savoureux et captés avec un beau réalisme physique.
Surtout, une Quatrième de
Sibelius
où Rouvali propose son concept révolutionnaire, jouant les infinies
transitions comme si elles étaient les thèmes, associé avec un train
instrumental saisissant, comme si le son sourdait de la terre même.
Je n’avais jamais aimé le tapage de
Khatchatouriane
(
Khachaturian en graphie
anglaise sur les disques), et ce davantage encore dans le redoutable
Concerto pour violon que pour
Gayaneh
(dont l’exubérance est le propos). Ses symphonies – pas toutes
écoutées, à la vérité – ne m’avaient pas non plus laissé un bon
souvenir. Sont-ce la direction plus carrée de l’excellent
Frank Beermann (son
intégrale Schumann est une merveille d’équilibres intelligents), la
culture plus germanique de la
Philharmonie
Robert Schumann
(orchestre de l’Opéra de Chemnitz) ? En tout cas je suis
émerveillé ici par les couleurs et la qualité du récit assez dramatique
de cette Première symphonie et de la Suite de danses qui suit (en
particulier les deux numéros ouzbeks), véritable musique de scène !
Le plus intéressant réside bien sûr dans les œuvres qui n'était pas
documentées ou peu mises en avant : ainsi l' « Elegie » de la
Troisième Symphonie d'
Adam Pounds servie par les couleurs
de Wilson (au sein d'un album lui-même original), les déhanchements
issus du
gospel dans le
symphonisme consonant de
Carlos Simon
(issu d'une communauté religieuse américaine où la musique profane
était bannie).
Impressionné par les qualités d’orchestratrice de
Rita Strohl dans son album
symphonique. Pour la
Symphonie,
au sein d’une forme rhapsodique, qui évoque les épisodes de vie de la
forêt (sous un prisme très romantique : âme en peine, marche funèbre…),
on entend une véritable touche singulière, proche des
Nocturnes (parfois de façon
saisissante, comme ces appels de trompettes mystérieux très parents de
« Fêtes ») et de la
Mer de
Debussy, mais aussi du
roi Arthus
de Chausson pour les sections plus sombres, et, par touches,
Shéhérazade de Ravel,
Boris Godounov
de Moussorgski, (les doublures de piano pour des mélodies dégingandées,
comme pour le début de la scène du Couronnement), le jeune Scriabine,
la
Sixième Symphonie de
Tournemire, l’horrible Richard Wagner (les bois seuls comme dans
l’interlude qui précède le dernier duo de
Die Walküre).
Et cependant, le style en est tout à fait cohérent, c’est vraiment une
personnalité complète qui s’en dégage, avec ses parentés mais sans
impression de patchwork. J’aime assez ses effets bondissants (lutins),
la construction dramatique de l’épisode de chasse, avec les appels de
cuivres qui s’approchent et s’éloignent, se perdent, reviennent,
ambiance assez opéra. Harmoniquement aussi, il se passe de belles
choses, par exemple du côté de l’usage des quintes augmentées, ou
encore la façon dont la couleur de la chasse mute soudain (de Debussy à
Wagner), de l’épure plutôt lumineuse jusqu’à une atmosphère plus sombre
et menaçante, simplement en faisant bifurquer une résolution : elle
nous transporte soudain d’un univers calmement descriptif à un autre,
fantastique et terrible – comme un nuage, en voilant le soleil, révèle
immédiatement d’autres émotions enfouies.
Le plus gros choc symphonique de cette année : les symphonies de
Ferdinand Ries.
J'avais déjà été frappé, en 2023, en découvrant ses opéras, d'une
qualité exceptionnelle – du romantisme allemand très animé, sans les
baisses de tension récurrentes chez Beethoven, Schubert ou Weber. Il en
va de même pour ses symphonies, qui complètent très bien le corpus
beethovenien, dans une belle interprétation qui n'est pas sur
instruments anciens mais conserve des équilibres très décents et fait
valoir une belle animation. Hâte de découvrir les autres !
11. Poèmes symphoniques
¶ « French Opera Overtures » –
National d'Estonie, Neeme Järvi
¶ Brahms-Sheng, « Black Swan » – Kansas City Orchestra, Michael Stern
¶ Fauré, Dolly – National d'Irlande, Tingaud
¶ Stanford, Verdun – Ulster Orchestra, Shelley (réédition numérique)
¶ Schmitt, La Tragédie de Salomé –
Radio de Francfort, Altinoglu
¶
Bliss pour Brass Band – Black
Dyke Band, John Wilson
¶ Gilse Kverndokk, Le Tour du Monde en 80 jours – Symphonique de
Trondheim, Peter Szilvay
¶ Crumb, Americascapes 2 – National Basque, Treviño
|
Parmi les œuvres symphoniques déjà connues, les ouvertures d'Auber et
Planquette, et surtout une suite tirée de
Lecocq (
La Fille de Madame Angot),
dans des interprétations très élancées du National d'Estonie – qui sans
adopter un équilibre « français », comprennent très bien l'enjeu de
cette musique. Ou encore cette version d'un équilibre suprême de la
suite
Dolly de
Fauré,
par Tingaud et le National d'Irlande, qui ont déjà livré des cycles
Franck et Fauré d'une qualité inattaquable. Plus original mais toujours
au sein du grand répertoire, les orchestrations de pièces de
Brahms :
Chorals
pour orgue par le grand symphoniste Virgil Thomson (la Symphonie n°2
vaut le détour !), une version très équilibrée et limpide du Premier
Quatuor piano-cordes (dans la célèbre orchestration de Schönberg), et
surtout cet inattendu
Black Swann
orchestré par Bright Sheng, d'après les pièces tardives pour piano de
l'opus 118 !
Je n'ai en réalité pas été passionné également par tout le disque
Stanford (qui documente cependant
des œuvres moins lisses que la majorité de son corpus), mais
particulièrement frappé par
Verdun,
une orchestration de sa Sonate pour orgue n°2. La façon dont la
Marseillaise
est sans cesse retravaillée et sourd çà et là, sans fanfariser, m'a
beaucoup séduit – un sens épique plein de dignité, qui ne cède rien au
clinquant.
Deux versions intégrales de
La
Tragédie de Salomé de
Florent
Schmitt
ont paru en quelques mois, très belles, mais celle de la Radio de
Francfort avec Altinoglu, où les pupitres de cordes sont renforcés,
fait valoir une évidence, une tension, un lyrisme assez merveilleux.
Grande version d'un des chefs-d'œuvre ultimes du symphonisme français
(et ce n'en est que la troisième intégrale).
Et puis les pièces les plus improbables :
Americascapes 2 de
George Crumb, beaux paysages
évocateurs dans une langue contemporaine ; une
réjouissante
Suite de
Gilse Kverndokk
(compositeur norvégien né en 1967), dans un style plaisant, bondissant
et pittoresque caractéristique du goût du premier XXe siècle) consacrée
à Phileas Fogg !
Pour finir, le bon, les suites de musiques d'accompagnement ou de
cérémonie d'
Arthur Bliss
arrangées pour section de cuivres… je les ai abondamment écoutées, et
je les trouve sensiblement plus jubilatoires ainsi que les Suites bien
connues d'
Adam Zero ou
Checkmate dans leurs versions
originales !
12. Concertos
¶ « Venice » – Kobekina,
Kammerorchester Basel
¶ Vivaldi, « Norwegian Seasons » – Ragnhild Hemsing, Barokkanerne
¶ Mozart, Concertos piano n°20 & 23 – Pashchenko, Il Gardellino
¶ Antoine & Max Bohrer, Grande
symphonie (concertante) militaire, deux Concertos (violon, violoncelle)
– Eichhorn,
Hülshoff, Philharmonique de Jena (Iéna), Nicolás Pasquet
¶ Gershwin, Concerto en fa –
Trifonov, Philadelphie, Nézet-Séguin
¶ Thomas de Hartmann, Concerto
pour violon – Bell, Lviv, Stasevska
¶ Nather, Matthus, Kochan – Concertos
pour flûte d'Allemagne de l'Est – Frankfurt (Oder), David Robert Coleman
¶ Akhunov, Concerto pour violoncelle « Actus Tragicus » – Andrianov,
Orchestre Svetlanov, Zangiev |
Bien qu'on puisse (à juste titre) considérer les concertos comme la lie
de la production musicale mondiale, je vais en toucher un mot, pour
quelques belles productions. Parmi les tubes : une version trépidante
du
Concerto de
Gershwin avec
Trifonov et
Philadelphie,
la plus marquante que j'aie entendue à ce jour – au sein d'un album de
raretés, mais beaucoup moins intéressant dans l'ensemble. Une version
mordante et
méchante des
concertos-phares de
Mozart,
sur piano ancien, qui renouvelle un peu l'écoute et fait valoir les
véritables équilibres pour lesquels cette musique a été pensée – même
si la prise de son met artificiellement en avant le pianoforte. Une
version hallucinée des
Quatre Saisons
de
Vivaldi par les
Barokkanerne,
jouée comme de la musique populaire de plein air semi-improvisée, avec
quantité de notes de goût ajoutées, et volontiers mimétique de la
nature, beaucoup d'attaques par en-dessous, de raucités… à la fois d'un
niveau instrumental fulgurant et comme joué au débotté à un coin de rue
pendant un marché aux asperges. Très différente de toutes les autres
(ce qui fait du bien, vu la discographie pléthorique), et contre toute
attente très réussie.
La violoncelliste
Kobekina a
toujours des programmes originaux et des arrangements intéressants,
cette fois-ci elle arrange des extraits d'opéras de Monteverdi et
Sartorio, au milieu de concertos de Vivaldi et d'autres pièces plus
inattendues (Britten, Kurtág, Eno…).
Dans le lot, quelques concertos beaucoup plus rares.
Le Concerto pour violoncelle « Actus Tragicus » d’
Akhunov
a déjà bénéficié d’un enregistrement il y a quelques semaines :
généreux et riche, ça s’écoute très bien – que ce soit dans une
perspective romantique-lyrique ou soviétique-inventive.
Le
Concerto pour violon de
Thomas de Hartmann m'a
révélé une facette jusque là inédite du legs de ce compositeur
ukrainien, beaucoup plus sophistiqué et décadent que les pièces
postromantiques assez traditionnelles qui avaient paru au disque.
Première parution discographique des frères
Bohrer,
et elle est particulièrement marquante ! Fils d'un trompettiste
(&
contrebassiste !) de la Cour de Mannheim, nés à Munich dans les années
1780 à deux années d'intervalle, ils sont violoniste et violoncelliste.
Leur langage évoque l'opéra comique du temps, avec une grammaire qui
reste marquée par le classicisme, mais aussi une versatilité émotive un
peu mélancolique, caractéristique du premier romantisme – on pense à
Rossini, Hérold et surtout, me concernant, à Pierre Rode ! Ce
n'est
pas absurde, Rodolphe Kreutzer fut le professeur de violon d'Antoine à
Paris. La symphonie (« militaire » surtout par sa caisse claire
liminaire et son ton décidé) est co-écrite par les frères (bien que
l'interaction des instruments reste très largement de jouer en
homorythmie à la tierce ou à la sixte !), tandis que chacun a écrit le
concerto pour son instrument fourni en couplage (très beaux, mais moins
prégnants à mon sens). Sur instruments modernes, mais le Philharmonique
d'Iéna a déjà enregistré avec les mêmes Eichhorn et Pasquet les
concertos de Pierre Rode avec beaucoup de présence, le résultat est
très probant ! Quant à
Eichhorn,
toujours aussi exceptionnellement sûr, généreux et éloquent, je le
trouve vraiment extraordinaire.
Mais le clou de cette livraison concertante 2024, ce sont les concertos
pour flûte d'Allemagne de l'Est de
Gisbert
Nather (en particulier),
Günter
Kochan,
Siegfried Matthus…
chacun dans un style propre, pas de facilité douceureuse ni de
complexités inaccessibles… de belles œuvres personnelles et qui
explorent la symbiose plutôt que l'affrontement entre soliste et
orchestre. Album très marquant pour moi.
13. Musique de chambre
¶ Coleridge-Taylor, Quintette
clarinette & quintette piano – Nash Ensemble (réédition numérique)
¶ Taneïev,
Quintette piano-cordes – Spectrum Concerts Berlin
¶ Donizetti, Quatuor à cordes 15,17,18 – Quatuor Delfico
¶ Debussy, Poulenc… « Impressions parisiennes – Quatuor Van Kuijk
¶ « Chopin Project » (via
Sabina Meck, Piot Moss, Leszek Kołodziejski) – Polish Cello Quartet
¶ Jeanne Leleu, Quatuor
piano-cordes – A. Pascal, Hennino, Luzzati, Oneto Bensaid
¶ Wolf-Ferrari, Trios à cordes – Trio David
¶ Brahms, intégrale des Trios – Trio Sōra
¶ Chaminade, Trio n°2 – Trio Aralia
¶ Strohl, Trios (et autres œuvres de
chambre) – les Moreau, Williencourt
¶ Melcer-Szczawiński, Trio – Apeiron
Trio
|
Du fait des moindres coûts impliqués (et du temps de préparation
maximisé), les parutions de musique de chambre contiennent
immanquablement mainte merveille.
Du côté des Quintettes, ceux de
Coleridge-Taylor,
au sein de la série que je lui ai consacrée – j'ai été assez émerveillé
de la qualité de ce qu'il a produit dans tous les genres, et la
délicatesse de pensée de ces quintettes n'y fait pas exception. (Il en
existe beaucoup d'autres très belles versions.)
La version du Quintette piano-cordes de
Taneïev n'est pas aussi suprême que les Trios parus par le même
Spectrum Concerts Berlin,
mais ce demeure une splendide interprétation d'une œuvre majeure,
alliant exigence du développement et abandon émotionnel.
Pour les Quatuors, si les versions de ceux de
Donizetti
(très réussis, d'une densité musicale sans comparaison avec ses opéras)
sont nombreuses, elles ne sont pas toujours de très haut niveau, le
répertoire semble boudé par les meilleurs ensembles, aussi cette très
belle interprétation des
Delfico
est particulièrement bienvenue, incluant deux de ses meilleurs opus (le
17 et le 18) ! J'ai été surpris d'être autant séduit par les
arrangements (Petite Suite de
Debussy,
mélodies de
Poulenc
sans chanteurs…) joués par le Quatuor Van Kuijk, d'une fraîcheur et
d'une vérité telle qu'on les croirait pensés d'emblée pour l'effectif à
cordes
De même pour les arrangements du
Chopin Project, etite
merveille inattendue : des arrangements de Chopin pour quatuor de
violoncelles. Ce serait,
a priori,
une très mauvaise idée – ajouter les pleurnicheries du violoncelle,
dans une zone très concentrée du spectre, aux interprétations déjà
dégoulinantes de Chopin… C'est tout l'inverse qui se produit.
1) Le choix des pièces est
particulièrement intelligent : il inclut évidemment des tubes (Préludes
n°4 et n°15, Nocturne opus posthume en ut dièse mineur, Nocturne Op.9
n°2, Valse op.18, Valse-Minute, Valse Op.64 n°2…), mais aussi des
œuvres beaucoup moins courues comme le Nocturne en sol dièse mineur (le
n°12) et trois Mazurkas – pas les plus célèbres d'ailleurs, mais toutes
parmi les plus belles à mon sens. L'occasion de se faire plaisir de
façons très différentes, qui ménage à la fois le plaisir de la
transformation de la chose connue et des (semi-)redécouvertes.
2) L'arrangement ne sonne pas du tout comme les horribles ensembles de
violoncelles (plus larges, il est vrai, octuor souvent) qui s'entassent
sur la même zone du spectre… on croirait entendre un véritable quatuor
à cordes, d'autant que les interprètes ont une technique et un son
merveilleux – l'impression d'entendre une contrebasse dans le grave, un
alto dans le médium, un violon dans l'aigu… Si bien que le résultat est
particulièrement équilibré et homogène. Les siècles d'expérience dans
l'écriture pour quatuor à cordes ont clairement été mises à profit, et
nous jouissons d'un festival de contrechants et pizz bien pensés. Les
arrangeurs (Sabina Meck, Piot Moss, Leszek Kołodziejski) ont fourni des
reformulations très abouties des œuvres originales.
3) Les interprètes sont formidables, on se repaît des couleurs sombres
et chaleureuses, des touches de lumière, de la précision immaculée.
4) Surtout, ce disque procure une rare occasion de réentendre Chopin
comme compositeur et non comme compositeur-pianiste. Non pas que
personne ait jamais pu considérer que Chopin n'était qu'un pianiste,
mais l'œuvre qu'il laisse est tellement liée au piano qu'on s'est
habitué à entendre des tics pianistiques, des traits (écrits, bien
sûr), et que l'instrument ou les modes pianistiques font quelquefois
écran à la musique telle qu'elle est écrite. On peut alors, grâce à
cette nouvelle proposition, s'abstraire des contingences pour en goûter
la substance pure, réinvestie dans d'autres truchements – qui ont aussi
leurs contraintes propres, évidemment. Et je dois dire qu'entendre
Chopin sans les aspects percussifs du piano, un Chopin caressant, un
Chopin plus harmonique (et polyphonique !) que jamais… m'a absolument
ravi. Car il est sans conteste, aux côtés de Berlioz (pour
l'orchestration) et de Meyerbeer (pour la pensée formelle) le musicien
le plus novateur des années 1830 ; personne n'est aussi avancé que lui
sur les questions harmoniques. Le libérer du seul piano lui rend
d'autant mieux justice.
Le Quatuor piano-cordes de cette sélection est dû à
Jeanne Leleu,
compositrice encore moins documentée, s'il est possible, que les
précédentes publications du label La Boîte à Pépites (Sohy, Strohl).
Une véritable immédiateté des motifs dans un langage qui reste dans un
esprit français marqué par Debussy, élégant, épuré, recherché, mais
jamais élusif. Beaucoup de séduction à tous les étages ici, et des
interprètes particulièrement chaleureux.
(Les mélodies sont
intéressantes mais la diction opaque et le timbre peu varié de
Marie-Laure Garnier ne permettent pas d'en prendre toute la mesure ; il
est à espérer que ces œuvres puissent vivre désormais, dans des
interprétations variées répondant à tous les goûts !)
Il faut vraiment attendre la fin du disque consacré à la musique de
chambre pour cordes (frottées) de
Wolf-Ferrari
pour tomber sur quelque
chose d’intéressant, mais les trios à cordes à la fin
de l’album en valent la peine : larghetto du trio en si mineur, presto
fugué du trio en ut
mineur…
Et pour finir une belle brassée de trios piano-cordes. Une très belle
interprétation, épurée et incarnée, de tous les trios de
Brahms (dont celui avec cor) par le
Trio Sōra. Et de réelles
raretés.
Le Deuxième Trio de
Cécile Chaminade,
d'une sensibilité dramatique très inattendue. (Avec la charismatique
Iris Scialom au violon.)
Melcer-Szczawiński (1869-1928)
est quelquefois (et notamment pour ce disque) nommé plus simplement
Melcer (à prononcer « Mèltsèr »). Pourtant, il dispose d'atouts
proprement musicaux exceptionnels. Formé aux mathématiques et à la
musique à Varsovie puis à Vienne, il devient concertiste, comme
pianiste accompagnateur et soliste, tout en remportant pour ses
compositions le premier prix lors de la deuxième édition du Concours
Anton Rubinstein (1895). Je suis avant tout frappé par la générosité de
ses inventions mélodiques. Ce Trio, que je n'entendais pas pour la
première fois, développe quelque chose dans le goût la phrase slave
infinie, comme une chanson d'opéra inspirée du folklore, mais dont la
mélodie s'étendrait sur un mouvement entier. L'évidence, l'élan, mais
aussi la cohérence thématique sont immédiatement persuasifs, et le
rendent accessible à tous les amateurs de romantisme tardif, même sans
connaissance des normes en matière de structure – sans lesquelles il
est plus difficile d'apprécier d'autres figures comme Brahms, mettons.
J'ai vraiment pensé très fortement au Premier Trio et au Second Quatuor
d'Anton Arenski. Le reste du disque n'est pas beaucoup moins
intéressant, incluant une Rhapsodie en trio de
Ludomir Różycki
(autre figure polonaise capitale, davantage tournée vers la modernité,
quelque part entre Melcer et Szymanowski), une très lyrique Romance en
duo (violon-violoncelle) d'
Antoni
Stolpe, et 6 Bagatelles de
Mikołaj
Górecki
(le fils de Henryk) pleines de simplicité. Un petit tour d'horizon
d'œuvres polonaises remarquables, qui élargissent le répertoire du
trio, dans une exécution à la fois maîtrisée et intense.(
extrait)
Enfin, le clou du spectacle, la musique de chambre de
Rita Strohl.
J'ai classé ici le disque sous le patronage des Trios, mais le
Quintette piano et le Quatuor piano sont aussi des merveilles !
Le feu qui se dégage de chaque mouvement est assez spectaculaire, avec
une qualité mélodique remarquable, des thèmes longs, très lyriques et
passionnés. Les mouvements lents, en particulier, sont d’une intensité
rare (je pense quelquefois à ceux de Taneïev, pas tant dans le style
que dans l’attitude exaltée !). Le Quatuor piano-cordes est sans doute
le sommet de tout cela, avec un Thème et variations final dont
l’incroyable surenchère (à tempo modéré) rappelle le second mouvement
du Trio de Tchaïkovski, ou encore son Andante dont le thème est très
apparenté à l’apothéose retrouvée des
Contes
d’Hoffmann
(« Des cendres de ton cœur », réapparu à la fin des années 1980), mais
en plus varié dans les résolutions ; irrésistible. Ce thème se révèlre
assez parent, d’ailleurs, de celui du premier mouvement du Quintette.
Servi par une équipe de chambristes incroyables, parmi lesquels
Héloïse Luzzati, Célia
Oneto-Bensaid, Alexandre Pascal, Edgar Moreau
et bien d’autres, particulièrement engagés (et d’un niveau individuel,
d’une singularité sonore plutôt extraordinaires). Clairement le type
d’anthologie dont on sent (dont on sait !) qu’elle a été mûrie – les
œuvres ont été données en concert, plusieurs fois –, et non
enregistrées en un après-midi pour compléter une intégrale économique
comme cela arrive quelquefois (et c’est déjà très bien en soi).
14. Sonates ou duos
¶ Schmelzer, Döbel, Biber : « Labyrinth
Garden » – Josef Žák, Ensemble Castelkorn
¶ Bruckner (arr. Hermann Behn), Symphonie n°7 (pour deux pianos) –
Julius Zeman, Shun Oi
|
Labyrinth Garden a tourné en
boucle pendant des semaines chez moi : répertoire mal connu (danses de
Döbel de Gdańsk, sonates et danses
de
Schmelzer, vice-Maître de
chapelle de la Cour de Vienne, une chaconne irrésistible de
Biber…),
très inventif formellement, dense musicalement, et toujours prompt à
l’élan mélodique et à l’esquisse du pas de danse, davantage suggéré que
souligné. Vraiment ce que le baroque a fait de meilleur – pour moi le
plus beau disque de violon baroque de tous les temps, place enviable à
partager
Il Sud de l’Ensemble
Exit (sur un autre grand pôle violonistique européen : Falconieri,
Montalbano, Pandolfi, Trabaci, Leoni…). Les danses sont vraiment
transfigurées en quelque chose de très musical et organique, sans
aucune rigidité formelle, sans l’impression d’un patron prévisible ; et
les sonates « représentatives » qui imitent les bruits de la nature
font valoir leur aînesse sur Les quatre Saisons, dont elles annoncent
hautement le principe – l’évocation se produit par le truchement d’une
virtuosité qui cherche d’abord la musicalité, tel ce
Coucou de
Schmelzer, dont le chant se devine caché au milieu de traits très
habillés et lyriques du violon. L’ensemble porte le nom de l’évêque
d’Olomouc, qui fournit aussi le programme de ce concert via ses
archives de Kroměříž : des copies, parfois uniques, de la musique de la
Cour impériale. Quatre musiciens, parmi lesquels je remarque tout
particulièrement l’inventivité très juste de
Felipe Guerra (clavecin
& positif) et bien
Josef
Žák
au violon, fulgurant sur tous les registres : projection sonore
exceptionnelle pour du violon baroque, timbre toujours très charnu,
phrasés extrêmement variés, expressifs et dansants. Il est pour
beaucoup dans la qualité superlative du disque (et du
concert vu peu
après).
¶ Bruckner (arr. Hermann Behn) – Symphonie n°7, version pour deux
pianos – Julius Zeman, Shun Oi (Ars Produktion) Absolument enchanté de
cette proposition, où les pianos scintillent. Tandis que l'Adagio
fonctionne très bien au piano seul (c'est même une œuvre officielle du
piano de Bruckner), les mouvements vifs, et en particulier le premier,
permettent d'atteindre une qualité vibratoire toute particulière qui
rend bien justice à l'œuvre – d'autant plus aidés par les très beaux
timbres de ces deux solistes.
15. Solos
Piano solo
¶
Mendelssohn, intégrale du piano – Howard Shelley
¶ Brahms, Sonate n°1 – Alexandre Kantorow
¶ Liapounov (Lyapunov) – Luca Faldelli
¶ Reger, Variations Bach Op.81 – Eden Walker
¶ Schmidt (arr. Kolly), Chaconne en
ut#m – Karl-Andreas Kolly
¶ Alkan, Erkin, Cowell, Ichiyanagi… « Hydropath »
– Işıl Bengi
¶ Cage², In the Name of the Holocaust
– Bertrand Chamayou
|
Dans le choix immense du piano, quelques albums se dégagent assez
nettement dans mes écoutes. Deux grandes versions de corpus très connus
: l'intégrale
Mendelssohn de
Howard Shelley,
remarquablement équilibrée et élégante, mettant en valeur y compris les
pièces moins courues. Même si le piano n'est pas le médium où
Mendelssohn a le plus fort exprimé sa puissance créatrice, cette somme
est l'occasion d'en découvrir d'innombrables facettes (129 pistes, 5h30
de musique !) dans les meilleurs conditions possibles grâce à
l'élégance et l'aisance de Howard Shelley, tête de pont du label
Hyperion, admiré à juste titre pour la vastitude de son répertoire et
la justesse de ses interprétations. J'ai pu entendre probablement pour
la première fois quelques pièces remarquables qui étaient passées sous
mon radar (
Reiterlied,
certains Préludes…), réévaluer jusqu'à certaines
Romances sans paroles, et dans des
interprétations qui ne réclament pas d'aller ensuite voir ailleurs
! Proposition salutaire.
Et contre toute attente, magnétisé par la
Première Sonate de
Brahms par
Alexandre Kantorow,
suprêmement capté par BIS – comme tout chante et respire, un Brahms qui
a l'évidence de Schubert, sans rien perdre de sa majesté, simultanément
ample et intime. Je l'ai beaucoup réécoutée, j'en suis le premier
surpris. Le reste du disque, autour des transcriptions de lieder de
Schubert par Liszt (que je ne trouve pas très bonnes, comme souvent
chez Liszt on perd beaucoup de la saveur de l'original pour en faire
une pièce de concert beaucoup plus impersonnelle), est remarquablement
joué mais m'intéresse beaucoup moins.
De belles Variations Bach de Max
Reger,
qui prévilégient l'atmosphère sur la pure virtuosité, tout y est très
phrasé et pudique. Un rare album de Franz
Schmidt pour piano solo, avec en
particulier
deux pièces orchestrales arrangées par le pianiste : profiter avec de
la
Chaconne en ut dièse mineur avec ce luxe de
détail, c'est un rare
bonheur, se plonger dans les méandres de cette musique sans être
tributaire des équilibres d'orchestration, d'interprétation, de prise
de son !
Alkan, Massenet, Brahms, Moussorgski,
Beach, J. Scriabine, Cowell, Erkin, Augusta Read Thomas, Ichiyanagi…
Album particulièrement original et
intelligent d'Işıl Bengi, fondé sur l'exploration de figuralismes
aquatiques de nature
très différentes, autour de compositeurs variés. En termes
d'interprétation (quel timbre magnifique !), suprêmement joué et phrasé
comme à chaque fois.
Je n'attendais que de la curiosité de
Cage,
en pensant à ses
Préludes pour piano
préparé
(dont l'écriture, hors procédés timbraux, est très conservatrice
finalement), mais les effets de cloche déchirée pour commémorer le
génocide m'ont beaucoup impressionné, pièce en deux volets qui appelle
au recueillement plus qu'à la tristesse, quelque part entre le cri et
la prière. Le reste de l'album est beau aussi, et
Chamayou révèle, comme dans
ses Messiaen, une ardeur et une intensité qui n'affleurait pas
lorsqu'il jouait le grand répertoire.
Théorbe solo
Visée,
suites pour théorbe – Jakob Lindberg
Visée, Hotman, du Buisson, Bousset, Lambert – Thibaut Roussel
|
Depuis que je l'ai entendu dans une cave (littéralement), il y a une
dizaine d'années, je me dis que
Thibaut Roussel
est un très grand du théorbe… dans un instrument où il est difficile de
soutenir le son, peu parviennent à phraser avec sa précision et son
éloquence. Très bel album, qui mêle deux suites de
Robert de Visée (dont la
célébrissime
Suite en la, le
grand standard de l'instrument) à une Chaconne de
Nicolas Hotman
(peut-être le plus intéressant des compositeurs de danse du XVIIe) et à
des airs de cour de la même époque, très bien chantés (Perrine
Devillers). Le disque, bien bâti, remarquablement joué, pâtit seulement
de la proximité de sa parution avec un
banger absolu.
Un des disques que j'ai le plus écoutés cette année : les
Suites de
Robert de Visée par
Jakob Lindberg,
qui jusque là avait plutôt enregistré du répertoire plus tardif et plus
léger (du type Gaspar Sanz, début du XVIIIe pour guitare baroque), où
il ne m'avait pas paru spécialement singulier. Ici, l'évidence,
l'éloquence, le léger déhanché, l'impression d'ampleur aussi (merci les
ingénieurs de BIS !), rendent chaque pièce absolument irrésistible ;
d'ordinaire, dans ce répertoire, le rythme se perd un peu dans les
contingences des doigtés et la faible durée du son, avec l'impression
un peu vaporeuse d'une danse qui ne danse plus vraiment… ici c'est tout
l'inverse, tout pulse, avec beaucoup de souplesse, et un chant d'une
très belle fermeté. Le plus beau disque de théorbe (archiluths compris)
de tous les temps, sans hésiter. Si vous ne devez n'en écouter qu'un
dans votre vie : celui-ci.
Guitare
solo
Porqueddu,
« The Impressionistic Guitar » – D'Alo, Pucci
|
Pour finir, un ravissement inattendu :
Cristiano
Porqueddu est un interprète guitariste très bien représenté au
disque… mais aussi un compositeur. Et cet album, à travers trois
Sonates, des
Études, une série de
Métamorphoses,
nous fait traverser un langage riche où miroitent beaucoup de belles
harmonies – rien de dissonant comme le laisse pressentir le titre de
l'album, mais beaucoup d'irisations, de recherches de coloris, et qui
ne s'y limite pas, avec un discours bien conduit. Vraiment magnifique –
transcrites pour piano, ces pièces auraient sans doute à espérer une
belle diffusion auprès d'un plus vaste public.
Les plus écoutés
Mon opinion est une bonne chose, l'épreuve des faits en est une autre…
lesquels de ces disques sont revenus le plus souvent dans mes écoutes ?
En réalité, les deux plus écoutés sont des cas particulier : le disque
Haendel de Christopher Purves est une réédition numérique d'une
parution Hyperion de 2012, tandis que, sur,
Wonder Women, j'ai énormément
écouté la piste isolée de la « Canzone di Cecilia ».
Si je les écarte, ce sont donc deux disques de musique instrumentale
baroque – étonnamment, puisque ce n'est pas du tout le genre que je
fréquente le plus assidûment, étant plutôt tourné vers la musique
vocale baroque, ou alors la musique de chambre à partir de la fin du
XVIIIe siècle. D'une part
Labyrinth
Garden de Castelkorn, d'autre part, vous l'aurez compris, le
disque Visée de Jakob Lindberg.
Très écoutés aussi, mais en de moindres proportions, les trios de
Strohl, les quintettes de Coleridge-Taylor, Bliss pour
brass band et la
Sonate de Brahms par
Kantorow – alors même qu'il s'agissait d'une parution assez tardive
dans l'année.
Les références
Je vous laisse ci-après les références plus complètes de ma sélection.
Nom de l'album |
Nom(s) de l'artiste |
Polish Piano Trios |
Melcer-Szczawiński, Różycki, Stolpe, Górecki –
par l'Apeiron Trio – chez DUX
|
Beethoven: Missa Solemnis, Op. 123 |
Ludwig van Beethoven, Jordi Savall, Lina
Johnson, Olivia Vermeulen, Martin Platz, Manuel Walser, Le Concert Des
Nations |
Franck: Les Béatitudes |
César
Franck, Orchestre Philharmonique Royal de Liège, Gergely Madaras,
Hungarian National Choir, Csaba Somos, Anne-Catherine Gillet, Héloïse
Mas, John Irvin, Artavazd Sargsyan, Patrick Bolleire, David Bizic |
Charpentier & Desmarest: Te Deum |
Henri Desmarets, Ensemble les Surprises,
Louis-Noël Bestion de Camboulas, Jehanne Amzal, Jean-Christophe Lanièce |
Stanford: A Song of Agincourt &
Other Works |
Charles Villiers Stanford, Howard Shelley,
Ulster Orchestra |
Sibelius: Symphony No. 4 - The Wood
Nymph - Valse Triste |
Jean Sibelius, Gothenburg Symphony Orchestra,
Santtu-Matias Rouvali |
Chopin Project |
Frédéric Chopin, Polish Cello Quartet |
Jeanne Leleu, une consécration
éclatante, Vol. 1: Musique de chambre et mélodies |
Jeanne Leleu, Alexandre Pascal, Léa Hennino,
Heloïse Luzzati, Célia Oneto Bensaid |
Briggs: Hail, gladdening Light &
Other Works |
David Briggs, The Choir Of Trinity College\,
Cambridge, Stephen Layton, Harrison Cole |
Schmidt: The Piano Album |
Franz Schmidt, Karl-Andreas Kolly |
Mademoiselle Duval: Les Génies ou
les Caractères de l'Amour |
Mademoiselle Duval, Guilhem Worms, Camille
Delaforge, Ensemble Il Caravaggio, Chœur de l'Opéra Royal |
Hjalmar Borgstrøm: Der Fischer |
Hjalmar
Borgstrøm, Ketil Hugaas, Ingebjorg Kosmo, Terje Boye Hansen, Steffen
Kammler, The Norwegian Opera Orchestra, Norwegian National Opera
Orchestra |
Coleridge-Taylor: Piano Quintet
& Clarinet Quintet |
Samuel Coleridge-Taylor, Nash Ensemble |
Ravel, Berkeley, Pounds: Orchestral
Works |
Adam Pounds, Sinfonia Of London, John Wilson |
Mendelssohn: Chöre für Männerstimmen |
Felix Mendelssohn, SWR Vokalensemble Stuttgart,
Frieder Bernius |
Handel: Finest Arias for Base (Bass)
Voice, Vol. 1 |
George Frideric Handel, Jonathan Cohen,
Christopher Purves, Arcangelo |
Venice |
Antonio Sartorio, Anastasia Kobekina,
Kammerorchester Basel |
Mendelssohn, Felix: Athalie |
Felix
Mendelssohn, Dirk Schortemeier, Anna Korondi, Sabina Martin, Ann
Hallenberg, Barbara Ochs, Chorus Musicus Köln, Neue Orchester,
Christoph Spering |
Donizetti: String Quartets |
Gaetano Donizetti, Quartetto Delfico, Mauro
Massa, Andrea Vassalle, Gerardo Vitale, Federico Toffano |
Antoine Bohrer & Max Bohrer:
Orchestral Works |
Antoine Bohrer, Max Bohrer, Friedemann Eichhorn,
Alexander Hülshoff, Jena Philharmonic Orchestra, Nicolás Pasquet |
Felix Mendelssohn: Complete Works
for Solo Piano |
Felix Mendelssohn, Howard Shelley |
Contes Mystiques |
Guy Ropartz, Paul Beynet, Enguerrand de Hys |
In the Shadows |
Daniel Auber, Michael Spyres, Christophe
Rousset, Les Talens Lyriques |
Lully: Te Deum |
Jean-Baptiste Lully, Stephane Fuget, Les
Épopées, Les Pages & Les Chantres du Centre de Musique Baroque de
Versailles |
Elisabeth Jacquet de la Guerre:
Céphale et Procris |
Élisabeth Jacquet de La Guerre, Lisandro Abadie,
Deborah Cachet, Reinoud Van Mechelen, A Nocte Temporis |
Louis Beydts: Mélodies & Songs |
Louis Beydts, Cyrille Dubois, Tristan Raës |
Bruckner: Symphony No. 7 in E Major,
WAB 107 (Arr. for 2 Pianos by Hermann Behn) |
Anton Bruckner, Julius Zeman, Shun Oi |
Maurice Yvain: Yes! |
Maurice
Yvain, Les Frivolités Parisiennes, Sandrine Buendia, Léovanie Raud,
Amélie Tatti, Irina De Baghy, Norma Nahoun, Laure Ilef, Marion
Dhombres, Servane Brochard, Tiphaine Chevallier, Guillaume Durand,
César Matthieu, Sinan Bertrand, Aurélien Gasse, Philippe Brocard,
Olivier Podesta |
Sea Songs |
Bryn
Terfel, Archie Churchill-Moss, Ben Tunnicliffe, Patrick Rimes, Evan
Carson, Sion Owen, Phylip Nichols, Iwan Griffiths, Aled Powys Williams,
Osian Rowlands |
NACHHALL - Othmar Schoeck
Orchesterlieder |
Othmar Schoeck, Graziella Contratto, Berner
Symphonieorchester, Stephan Genz |
Porqueddu: The Impressionistic Guitar |
Cristiano Porqueddu, Riccardo D'Alo |
Doux silence |
Honoré d'Ambruis, Les Musiciens De Saint-Julien,
François Lazarevitch, Julie Roset |
Brahms: Piano Trios, Opp. 8 & 87 |
Johannes Brahms, Trio Sora |
Destouches: Télémaque & Calypso |
Andre Cardinal Destouches, Les Ombres, Sylvain
Sartre, Margaux Blanchard, Isabelle Druet, Emmanuelle De Negri |
Beethoven: The Complete Symphonies |
Ludwig van Beethoven, Antonello Manacorda,
Kammerakademie Potsdam |
Mondonville: Le Carnaval du Parnasse |
Jean-Joseph Cassanéa De Mondonville, Mathias
Vidal, Les Ambassadeurs ~ La Grande Écurie, Alexis Kossenko |
Wonder Women |
Traditional, Christina Pluhar, L'Arpeggiata,
Vincenzo Capezzuto |
Sergey Ljapunov: Piano Works |
Sergey Mikhailovich Ljapunov, Luca Faldelli |
Schmitt: La Tragédie de Salomé &
Chant élégiaque |
Florent Schmitt, Frankfurt Radio Symphony
Orchestra, Alain Altinoglu |
Bruckner: Symphony No. 9 in D Minor,
WAB 109 (1894 Version, Ed. L. Nowak) |
Anton Bruckner, Bamberg Symphony, Jakub Hrůša |
Robert de Visée: Theorbo Solos |
Robert de Visée, Jakob Lindberg |
Lully: Armide |
Jean-Baptiste Lully, Vincent Dumestre, Le Poème
Harmonique |
Entre deux mondes |
Cécile Chaminade, Iris Scialom, Magali Mouterde,
Théodore Lambert |
Reger: Bach Variations, Op. 81,
Träume am Kamin |
Max Reger, Eden Walker |
Cage² |
John Cage, Bertrand Chamayou |
Labyrinth Garden: Violin at the
Court of Kroměříž |
Johann Heinrich Schmelzer, Ensemble Castelkorn,
Josef Žák
|
Ziani: La morte vinta sul calvario |
Marc'Antonio Ziani, Pietro Antonio Bernardoni,
Les Traversées Baroques, Etienne Meyer |
Mahler: Symphony No. 9 on Period
Instruments |
Gustav Mahler, Mahler Academy Orchestra, Philipp
von Steinaecker |
Colin de Blamont: Les Fêtes grecques
et romaines |
François Colin de Blamont, Valentin Tournet, La
Chapelle Harmonique |
French Opera Overtures |
Alexandre Lecocq, Estonian National Symphony
Orchestra, Neeme Järvi |
Brahms: Reimagined Orchestrations |
Bright Sheng, Kansas City Symphony, Michael Stern |
Akhunov: Cello Concerto "Actus
tragicus" |
Sergey Akhunov, Boris Andrianov, State Academic
Symphony Orchestra of Russia "Evgeny Svetlanov", Timur Zangiev |
Mozart: Piano Concertos 20 & 23 |
Wolfgang Amadeus Mozart, Olga Pashchenko, Il
Gardellino |
Urlicht: Songs of Death and
Resurrection |
Hans Pfitzner, Samuel Hasselhorn, Poznań
Philharmonic Orchestra, Łukasz Borowicz |
Lloyd: A Litany & A Symphonic
Mass |
George Lloyd, Bournemouth Symphony Orchestra,
Brighton Festival Chorus |
Brahms: Symphonies |
Johannes Brahms, Chamber Orchestra of Europe,
Yannick Nézet-Séguin |
Bliss: Works for Brass Band |
Arthur Bliss, Black Dyke Band, John Wilson |
Brahms: Piano Trio Op. 101, Trio for
Horn Op. 40, Wiegenlied & Op. 49 No. 1 |
Johannes Brahms, Trio Sora |
Fauré: Requiem - Gounod: Messe de
Clovis |
Gabriel Fauré, Le Concert Spirituel, Herve Niquet |
Samaras: Tigra, Epinikeia &
Chitarrata |
Spyridon Samaras, Maria Vlachopoulou, Lenia
Safiropoulou, Angelo Simos, Sofia Amadeus Orchestra, Byron Fidetzis |
Haydn: Late Symphonies, Vol. 3 |
Joseph Haydn, Danish Chamber Orchestra, Ádám
Fischer |
Thomas de Hartmann Rediscovered |
Thomas de Hartmann, Joshua Bell, INSO-Lviv
Symphony Orchestra, Dalia Stasevska |
Taneyev: Violin Sonata in A Minor
& Piano Quintet in G Minor, Op. 30 |
Sergei Taneyev, Spectrum Concerts Berlin |
Wolf-Ferrari: String Trios, Quartets
& Quintet |
Ermanno Wolf-Ferrari, Trio David, Gloria
Santarelli, Chiara Mazzocchi, Tommaso Castellano |
Wolf-Ferrari: String Trios, Quartets
& Quintet |
Ermanno Wolf-Ferrari, Trio David, Gloria
Santarelli, Chiara Mazzocchi, Tommaso Castellano |
Ronsard et la musique. Cueillez,
cueillez votre jeunesse ! |
Albert Groz, Marc Mauillon, Anne Le Bozec |
Rita Strohl: Volume 2, Musique de
chambre |
Rita Strohl, Raphaëlle Moreau, Edgar Moreau,
Tanguy de Williencourt |
Roberto Alagna: 60 |
Richard Wagner, Roberto Alagna, Morphing Chamber
Orchestra, Giorgio Croci |
Nessun dorma |
Saverio Mercadante, Pene Pati, Orchestre
National Bordeaux Aquitaine, Emmanuel Villaume, Amitai Pati |
Carlos Simon: Four Symphonic Works |
Carlos Simon, Gianandrea Noseda, National
Symphony Orchestra\, Kennedy Center |
Messager: Coups de Roulis (Live) |
André Messager, Christophe Gay, Chœur des
Frivolités Parisiennes, Orchestre des Frivolités Parisiennes, Alexandra
Cravero |
Impressions parisiennes |
Claude Debussy, Quatuor Van Kuijk |
Ries: Symphonies Nos. 4 & 5 |
Ferdinand Ries, Janne Nisonen, Tapiola
Sinfonietta |
Gluck: Iphigénie en Aulide |
Christoph Willibald Gluck, Le Concert de la
Loge, Julien Chauvin, Cyrille Dubois, Tassis Christoyannis |
My American Story: North |
George Gershwin, Daniil Trifonov, Philadelphia
Orchestra, Yannick Nézet-Séguin |
Mozart: Requiem |
Wolfgang Amadeus Mozart, Ensemble Pygmalion,
Raphael Pichon |
Rita Strohl: Volume 3, Musique
orchestrale |
Rita Strohl, Orchestre national d'Île-de-France,
Case Scaglione, Lucile Richardot |
Vivaldi - The Norwegian Seasons |
Antonio Vivaldi, Ragnhild Hemsing, Barokkanerne |
Aram Khachaturian: Symphony No. 1 ·
Dance Suite |
Aram Khachaturian, Robert Schumann Philharmonie,
Frank Beermann |
Camille Erlanger: La sorcière (Live) |
Camille
Erlanger, Andreea Soare, Joé Bertili, Chœur de la Haute école de
musique de Genève, Orchestre de la Haute école de musique de Genève,
Guillaume Tourniaire |
East German Flute Concertos |
Gisbert Nather, Claudia Stein, Brandenburgisches
Staatsorchester Frankfurt, David Robert Coleman |
Americascapes 2: American Opus |
George Crumb, Basque National Orchestra, Robert
Trevino |
Alexandre Kantorow plays Brahms and
Schubert |
Johannes Brahms, Alexandre Kantorow |
Fauré: Orchestral Works |
Gabriel Fauré, National Symphony Orchestra Of
Ireland, Jean-Luc Tingaud |
Imants Kalniņš. Klusās dziesmas
|
Līga Priede, Andrejs Grimms |
Dixit Dominus - Händel, Lotti |
George
Frideric Handel, Les Argonautes, Jonas Descotte, Julie Roset, Camille
Allérat, Anthea Pichanick, Maxence Billiemaz, Ilia Mazurov |
Fra l'ombre e gl'orrori |
George Frideric Handel, Nahuel di Pierro,
Ensemble Diderot, Johannes Pramsohler |
Robert de Visée: Suites à la
Mémoire d'un Poète |
Jacques Du Buisson, Perrine Devillers, Mathilde
Vialle, Myriam Rignol, Thibaut Roussel |
Hydropath |
Ulvi Cemal Erkin, Işıl Bengi |
Zelenka: Missa Gratias agimus tibi |
Jan Dismas Zelenka, Hannah Morrison, David
Allsopp, Kammerchor Stuttgart, Barockorchester Stuttgart, Frieder
Bernius |
Bellini: I Puritani |
Vincenzo Bellini, Dresdner Philharmonie,
Riccardo Frizza |
Autres écoutes
Je ne pourrai pas faire un bilan de tout ce que j'ai aimé cette année
hors nouveautés, mais vous pouvez vous en faire une idée par les
playlists
suivantes : liste de
toutes mes écoutes (discographiques) de 2024, soit
1500 albums – ne me demandez pas comment ça entre, je lis juste les
chiffres et pourtant j'ai écouté nettement moins de musique que les
années précédentes, du fait de mon temps dévolu à la pratique musicale,
à la marche…. Surtout, la liste des 124
coups de cœur hors nouveautés – que ce soient des
découvertes pour moi ou des retrouvailles avec des disques déjà aimés.
Et bien sûr, je continue d'alimenter la liste (très incomplète) de mes
disques indispensables (les «
doudous ») au fil des moments où ils reviennent
sur la platine.
Par ailleurs,
énormément de playlists
(dernièrement, concertos pour flûte et concertos pour cor) qui
permettent d'explorer des genres par ordre chronologique. Du quatuor à
cordes à la musique d'orgue en passant par l'opéra. Même si vous
n'écoutes pas sur Spotify, il y a sans doute beaucoup d'idées d'écoutes
à glaner, selon vos goûts – sachant qu'à peu près tous les disques sont
désormais disponibles intégralement sur YouTube.
Beaucoup de projets de notules pour 2025, tous ne pourront pas être
réalisés… à bientôt pour la suite, estimés lecteurs !