A la découverte du LIED, un mode d'emploi - VI - Johannes BRAHMS
Par DavidLeMarrec, samedi 6 janvier 2007 à :: Découverte du lied :: #477 :: rss
3.11. Johannes Brahms
Mais reprenons le cours des compositeurs officiels de lied.
Brahms, bien que pas si présent au concert, comparé à la Sainte Triade Schubert-Schumann-Wolf, et plus loin Berg, occupe une place de choix dans le panorama liederistique, et la discographie en témoigne avec prodigalité.
L'écriture de Brahms n'est sans doute pas la plus accessible, à cause d'une homogénéité de ton à travers le corpus et à travers les oeuvres. De façon très stable, on retrouve la même calme déploration, à peu près omniprésente.
3.11.1. Caractéristiques
Contrairement aux apparences, l'écriture vocale en est très exigeante, réclamant beaucoup de soutien (ce qui n'est pas aussi indispensable dans Schubert, Schumann, Zelter...), un ambitus peu ostentatoire mais bel et bien tendu vers l'aigu, et une belle qualité de timbre pour rendre ces pièces dans leur plénitude. Car c'est bien plénitude et homogénéité vocales qu'il s'agit d'assurer avant toute chose, et la discographie le révèle éloquemment. On pourrait dire qu'on trouve beaucoup, chez Brahms, une esthétique de la berceuse – berceuse tendue, berceuse sombre, mais berceuse.
Le piano, quant à lui, discret, indépendant, développe un langage de type musique de chambre. Musicalement, le traitement du lied brahmsien est assez riche, beaucoup de recherche dans les accompagnements tant au niveau du rythme que de l’harmonie. C'est là que réside une large part de l'intérêt de cette production, car on y rencontrera peu de véhémence, pas de contrastes dramatiques – lorsqu’ils existent, sont plus spécifiquement musicaux.
La mise en musique suit de près le texte, mais sans porter comme chez Schubert un supplément significatif du sens. Le texte se trouve en quelque sorte accompagné par la musique, une façon de musique de scène, qui aide, mais qui ne signifie pas.
3.11.2. Cycles et séries
Tout le corpus mélodique (très vaste) de Brahms est organisé en séries regroupées par opus, et de façon plus cohérente et moins fragmentaire que chez les deux Schumann. On peut citer quelques standards ou ensembles incontournables :
- Op.33 : Romanzen aus L. Tiecks Maguelone. Les quinze romances tirées de La Belle Maguelonne de Tieck constituent peut-être la porte d'entrée la plus évidente pour cet univers, avec ses accompagnements bondissants dont le tracé rappelle Schumann, avec son ton de rêverie amoureuse, sans doute plus théorisée que chez Müller, mais qui n'en rappelle pas moins des souvenirs schubertiens - il suffit de lire le titre français pour s'en persuader.
- Op.121 : les fameux Vier Ernste Gesänge, pour voix grave et piano. "Quatre chants sérieux", c'est-à-dire sacrés ; méditations sur la mort à la clef. La série la plus connue de toute l'oeuvre de Brahms, à l'aspect imposant, à la technique exigeante. Il s'agit du dernier numéro d'opus publié avant la mort de Brahms, l'opus 122 étant posthume.
On peut aussi relever quelques oeuvres célèbres, comme l'Op.96 n°1 (Der Tod, das ist die kühle Nacht, d'après Heine) ou des séries réussies, tels les neuf numéros de l'opus 32.
[Chacun pourra aisément se repaître du grain de voix qui a sa préférence, de l'épaisseur Christa Ludwig aux acidités de Wolfgang Holzmair, du fait même des caractéristiques du lied brahmsien énoncées précédemment. On peut néanmoins avancer que Fischer-Dieskau, y compris dans les années soixante-dix, constitue une référence assez sûre.]
Commentaires
1. Le dimanche 12 août 2012 à , par Abnegor
2. Le lundi 13 août 2012 à , par DavidLeMarrec
3. Le lundi 13 août 2012 à , par Abnegor
4. Le lundi 13 août 2012 à , par DavidLeMarrec
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