mardi 27 décembre 2005
La psychologie de l'homme face au groupe
14 revisité.
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Discourir a suscité :
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mardi 27 décembre 2005
14 revisité.
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jeudi 22 décembre 2005
Du plus grave au plus aigu, du plus sombre au plus clair.
L’étendue est constituée par
l’ensemble des notes que le chanteur peut atteindre. La tessiture
est la zone de l’étendue où il se déplace avec le
plus d’aisance.
L’ut 3 est le do central d’un clavier de piano (classification
française). Pour repère, les voix de basse sont comprises
entre l’ut1
et le fa3, de baryton entre le sol1 et le sol3, de soprane entre le si
bémol 2 et le mi bémol 5.
Les catégories qui suivent sont extrêmement
fluctuantes
selon les ouvrages. On a essayé d’en retenir le maximum, en en
présentant les traits communéments admis et en
précisant à l’intérieur
de chaque type ceux qui sont plutôt des sous-catégories.
Mais on aurait
pu dédoubler Heldentenor et ténor héroïque,
ce n’est pas exactement la
même chose, comme expliqué dans la rubrique.
Il y a aussi les catégories trop précises, tel "di forza"
(comme Mario
Del Monaco), qui ne correspondent pas réellement à un
réseau de rôles,
ou à un nombre trop réduit parfois.
Le "fort ténor", qui se veut l’analogie du ténor
"di forza", est
en fait un type historique de voix, (comme Georges Thill, Guy Chauvet
ou, hors de l’époque, Gösta Winbergh) qui a eu cours en
France, et qui
permettait de chanter des rôles lyriques lourds, des rôles
dramatiques,
des rôles héroïques. Un baryton dramatique aux grands
moyens (pouvant
chanter plus lourd) mais avec des possibilités d’expression
(pouvant
chanter plus léger) ; ce n’est donc pas une
catégorie vocale précise -
mais plutôt l’expression de moyens vocaux.
On a cherché, plutôt que de multiplier les
exemples, à
utiliser ceux qui semblaient les moins ambigus. On a aussi
évité de
citer des oeuvres trop rares - d’où l’absence notable de
vingtième
siècle dans les rôles.
BARYTON-MARTIN : Ténor doté d’un cerveau,
dit-on. Baryton à la voix claire, à l’aigu
développé. Tire son nom du chanteur
qui a "créé" la catégorie. On y trouve parfois des
"ténors paresseux",
comme Jacques Jansen. Rôles les plus
célèbres : Pelléas, Danilo de La veuve
joyeuse (Lehár).
Etendue : la 1-si bémol 3.
TAILLE : Voix de ténor
grave spécifique au baroque français. Employé dans
les choeurs ou comme
soliste dans les oeuvres liturgiques. Sonorité douce et
caressante.
Exemples de rôles :
=> "Laudate nomen ejus" dans Jubilate deo omnis terram,
Grand Motet de Michel-Richard De Lalande.
=> La partie de ténor du Messiah de Haendel s’en
rapproche fortement.
Exemples d’interprètes :
=> Ian Honeyman.
HELDENTENOR ou TENOR HEROÏQUE :
Voix de ténor destinée à chanter les rôles
les plus lourds chez Wagner
(Tristan et Siegfried principalement). Par extension, on l’applique
parfois un peu abusivement à l’ensemble des premiers rôles
ténor
wagnériens. La confusion est entretenue par les
interprètes qui ont
chanté à la fois les deux types de rôles, tel
Wolfgang Windgassen.
La couleur en est généralement sombre, assez barytonnante
(Ramón Vinay a fini en Iago d’Otello
de Verdi !), la puissance très grande, et le timbre pas
toujours beau.
C’est un répertoire assez exclusif - le chanteur détimbre
facilement
dans le répertoire plus léger. Le contre-ut est
nécessaire, mais
souvent crié...
On parle de ténor héroïque pour des rôles
très lourds, essentiellement français (Enée des Troyens
de Berlioz), souvent inspirés par l’esthétique
wagnérienne (Samson chez Saint-Saëns).
Etendue : ut2-ut4. Tessiture très longue, toute
l’étendue doit être maîtrisée.
Exemples de rôles :
=> cf. notice ci-dessus. Otello de Verdi.
Exemples d’interprètes :
=> Lauritz Melchior, Max Lorenz, Wolfgang Windgassen, Hans Hopf. On
se plaint souvent de la disparition de cette catégorie, aussi
les rôles
sont souvent tenus par des ténors dramatiques lourds (Siegfried
Jerusalem, Ben Heppner, Robert Dean Smith). Les quelques
représentants
actuels sont souvent très spécialisés dans ces
quelques rôles
(Christian Frantz). Le timbre est alors souvent ingrat.
TENOR DRAMATIQUE : Voix de ténor sombre.
Destiné à des rôles plutôt lourds, avec des
épanchements lyriques cependant.
Etendue : ut2-ut4. Tessiture centrale.
Exemples de rôle :
=> Don Carlos de Verdi (lorsque chanté à la
façon italienne, et non
comme le grand lyrico-dramatique à la française
originellement prévu).
=> Lohengrin ou Siegmund (Die Walküre) de Wagner.
Exemples d’interprètes :
=> James King
=> Jonas Kaufmann
=> Peter Seiffert
=> Mario Del Monaco
TENOR LYRIQUE : Voix plus
légère, moins sombre, plus "pure", plus souple que le
ténor dramatique.
On lui réserve généralement des lignes
mélodiques longues et
flatteuses. Le ténor lyrique est en quelque sorte, dans
l’imaginaire
collectif, l’archétype du ténor.
Variante : le lirico spinto est très utilisé
par Verdi. C’est
un ténor lyrique avec un très grand ambitus et des
possibilités
dramatiques. (comme Riccardo du Ballo in maschera).
Etendue : ut2-ut4. On lui requiert régulièrement le
contre-ut (ut4) de
poitrine. Tessiture un peu plus aiguë que le ténor
dramatique.
Exemples de rôles :
=> Le duc de Mantoue dans le Rigoletto de Verdi.
=> Roméo dans Roméo et Juliette de Gounod
=> Gennaro dans Lucrezia Borgia de Donizetti
Exemples d’interprètes :
=> Alfredo Kraus
=> Luciano Pavarotti
=> Roberto Alagna
=> Marcelo Alvarez
=> Ramón Vargas
TENOR DEMI-CARACTERE : On
y trouve bon nombre de rôles français moyennement lourds,
on y utilise
volontiers la voix mixte à partir du médium aigu - art du
chant qui se
pratique très peu désormais. Peut monter plus haut dans
l’aigu,
notamment en voix mixte.
Etendue : ut 2 - ut 4 .
Exemples de rôles :
=> Nadir dans les Pêcheurs de perles de Bizet.
=> George Brown dans La dame blanche de Boïeldieu.
=> Les premiers rôles dans les opéras-comiques d’Auber.
Exemples d’interprètes :
=> Alain Vanzo
=> John Aler
=> Rockwell Blake. La virtuosité n’entre pas, sans doute
à tort,
dans les classifications traditionnelles. On pourrait considérer
que le
ténor rossinien est un ténor demi-caractère
musclé et très agile, parce
que les rôles comiques sont plutôt des tenori di grazia
agiles, et les
rôles sérieux sont plutôt des ténors lyriques
agiles. R.Blake est, lui,
un ténor demi-caractère agile, et Chris Merritt, un
ténor
lyrico-dramatique agile !
TENORE DI GRAZIA : Format
léger qui vise, comme l’indique son nom, à la
séduction. Il se trouve
chez Mozart et aussi dans le belcanto romantique (Nemorino de L’Elisir
d’amore de Donizetti). La voix doit être assez souple.
Etendue : ut2-ut4. Tessiture assez réduite (sol2-la3).
Exemples de rôles :
=> Chez Mozart : Don Ottavio (Don Giovanni),
Exemples d’interprètes :
=> Tito Schipa
=> Léopold Simoneau
=> Stuart Borrows
TENOR LEGER :
Voix claire, plutôt réservée à
l’Opéra-Comique, particulièrement dans
la seconde moitié du XIXe siècle, puis à
l’opérette. Il peut user de
voix de tête pour réaliser les aigus les plus
périlleux.
Etendue : ut 2 à ut 4.
Exemples de rôles :
=> Zéphoris dans Si j’étais roi (Adam).
Exemples d’interprètes :
=> André Mallabrera
=> les ténors d’opérette
Attention ! On a parfois tendance à confondre
ces trois catégories, qui sont il est vrai perméables.
Luigi Alva est
un ténor léger spécialisé dans les emplois
di grazia (ce qui lui vaut
d’être aujourd’hui largement contesté après des
années de triomphe). Le
ténor demi-caractère est si l’on veut l’avatar
français du tenore di
grazia, mais il est plus exigeant vocalement, et se rapproche souvent
du ténor lyrique. Certains rôles sont des même des
lyrico-dramatiques
avec un brin d’esprit demi-caractère ; c’est le cas,
typiquement, des
rôles de Meyerbeer (Robert le diable, Raoul de Nangis, Jean de
Leyde,
Vasco de Gama), qui pouvaient être chantés en voix mixte
ou en voix de
poitrine - historiquement, Nourrit et Duprez les ont chantés
avec
succès.
Quant au ténor léger, il est parfois confondu avec les
autres selon la lourdeur des rôles : Gérald de Lakmé
(Delibes) est un léger plus lourd qu’un rôle
d’opérette, et peut se
rapprocher du demi-caractère. Il est souvent rattaché
à des rôles de
héros qui refusent radicalement l’héroïsme.
TENOR DE CARACTERE
Sa voix est souvent nasale ou peu vibrée, car il s’agit avant
tout de
dresser un portrait. Il s’agit de l’anti-ténor-héros, qui
s’exprime
parallèlement à l’action principale. La voix n’est pas
conçue pour être
belle, mais pour exprimer des affects, souvent comiques. On trouve
parfois la classification de "ténor aigu", peu usitée,
qui recoupe
largement cette catégorie et celle du haute-contre (donc peu
pertinente).
Etendue : ut 2 à ut 4
Exemples de rôles :
Courts mais très nombreux.
=> Monostatos dans Die Zauberflöte (Mozart)
=> Les trois valets dans Les Contes d’Hoffmann (Offenbach)
=> Le Tanzmeister (maître à danser) dans le Prologue d’Ariadne
auf Naxos (R.Strauss)
=> Le Capitaine de Wozzeck (Berg)
Exemples d’interprètes :
=> Heinz Zednik, version lourde (peut chanter Loge ou Mime dans le Ring
wagnérien) ; catégorie nasale
=> Michel Sénéchal, version
lyrico-légère (a chanté Vincent de Mireille
de Gounod, un rôle demi-caractère) ; catégorie
nasale et peu de vibrato
=> Jean-Paul Fouchécourt, lyrico-léger
également ; peu de vibrato
HAUTE-CONTRE
Ténor aigu qui était employé pour les héros
de la tragédie lyrique
(l’opéra baroque français). La voix en est claire,
progressivement
mixte en s’élevant, le ton doit en être à la fois
vaillant et charmant,
sans aucune violence. Il incarne le raffinement du genre et son
goût du
texte (par opposition aux infinies coloratures italiennes
contemporaines), qui grâce à ce type de voix est d’une
intellegibilité
parfaite - les harmoniques graves parasites sont gommées par
l’usage de
la voix mixte.
La tessiture se situe assez haut, toujours dans le médium aigu,
même si l’aigu n’est pas requis.
Exemples de rôles :
Tous les héros de la tragédie lyrique :
=> Lully : Cadmus, Atys, Phaëton, Roland, Persée,
Renaud (Armide), Thésée...
=> Charpentier : Jason (Médée)
=> Desmarest : Enée (Didon)
=> Destouches : Agénor (Callirhoé)
=> Leclair : Glaucus (Scylla & Glaucus)
=> Boismortier : Don Quichotte (Don Quichotte chez la
Duchesse)
=> Rameau : Dardanus, Zoroastre, Platée...
Exemples d’interprètes :
Ces chanteurs peuvent tous chanter des rôles de
demi-caractère, de taille (moins exigeant), voire dans certains
cas de lyrique.
=> Guy de Mey
=> Bruce Brewer
=> Howard Crook (l’exemple-type)
=> John Mark Ainsley (par ailleurs récitaliste de lieder,
plutôt demi-caractère)
=> Gilles Ragon (peut chanter jusqu’au lyrico-dramatique)
=> Mark Padmore
=> Stephan van Dyck (autre exemple parfait)
A ne pas confondre :
Le CONTRE-TENOR n’a pas de lien avec
le ténor. Ce terme signifie simplement que la voix se situe
au-dessus du ténor. Il s’agit en réalité de falsettistes
- certains préfèrent utiliser ce terme, plus
explicite -, c’est-à-dire
de chanteurs qui utilisent la voix de tête (le registre de
fausset).
Ils peuvent être ténors ou barytons, à
l’origine ! Le contre-ténor
n’est pas une catégorie en soi : il existe des
contre-ténors alto et
des contre-ténors soprano. On n’en rencontre pas en musique
baroque
française.
Exemples de rôles :
=> l’alto soliste du Messiah de Haendel (on en trouve en
règle génrale beaucoup dans les oratorios et cantates
baroques)
Exemples d’interprètes :
=> James Bowman (le premier à retravailler en tant que
falsettiste)
=> Paul Esswood (alto)
=> Charles Brett
=> Andreas Scholl (alto)
=> David Daniels (alto)
=> Bejun Mehta (alto)
=> Brian Asawa
=> Philippe Jaroussky (soprano, qui s’essaie désormais
à l’alto)
=> Un cas entretient la confusion : Gérard Lesne, un
falsettiste
autodidacte qui chante aussi bien des rôles de
contre-ténor dans
l’oratorio italien que des rôles de haute-contre dans les
cantates
françaises ! Il se dit haute-contre, sans doute pour des
raisons de
style, mais est vocalement à classer comme contre-ténor.
Autre piège :
Pour des raisons de publicité (faire comme les castrats) de
vraisemblance (les femmes guerrières ne font pas recette), et
aussi du
fait de l’envie des contre-ténors célèbres
d’élargir leur répertoire
(très réduit, et équivalant à presque rien
à l’opéra), on fait
aujourd’hui tenir des rôles de castrats aux contre-ténors
(comme les
rôles-titre des opéras de Händel : Rinaldo,
Giulio Cesare...), qui ont
par ailleurs du mal à se faire entendre en salle.
En effet, ces rôles étaient conçus pour castrats
alto ou voix de
contralto féminin, interchangeables, et les contre-ténors
de l’époque
étaient réservés à la musique sacrée
ou à de plus petits rôles. Ils ne sont donc pas des
rôles de contre-ténors,
même si ceux-ci peuvent être engagés pour les
chanter de nos jours. La
voix d’un contre-ténor n’a rien à voir avec celle d’un
castrat - plus
féminine, plus agile et plus puissante. Les contre-ténors
n’étaient pas
des falsettistes, d’où leur plus grande aisance.
A noter : on peut attribuer, on l’a vu, ces classifications
à un rôle ou à un interprète. On remarque
qu’il y a des mélanges. Ainsi, Don Basilio peut
être interprété par des tenori di grazia ou des
ténors de caractère (voire des ténors
légers).
De même, sans dévoyer l’esprit de ses rôles, Gilles
Ragon a chanté successivement Jason de la Médée
de Charpentier, Platée de Rameau (rôles de haute-contre),
Raoul des Huguenots de Meyerbeer (rôle lyrique lourd),
Ferrando dans le Così fan tutte de Mozart (rôle di
grazia), Thésée dans Les rois
de Fénelon (rôle dramatique, voire héroïque),
et va aborder Werther de
Massenet (rôle lyrico-dramatique). On remarque qu’il a
éprouvé des
difficultés dans Ferrando (son rôle le plus "léger"
hors répertoire
baroque) et dans Raoul (seulement vocales et très acceptables),
un
format lourd pour lui. Alors qu’il a chanté avec plus d’aisance
vocale
des rôles plus légers, plus lourds et plus centraux que
ceux-là.
Il y a aussi le cas de Nicolaï Gedda,
qui a chanté dans toutes les langues et tous les styles. Il a
ainsi
abordé avec succès TOUTES les catégories solistes,
heldentenor
excepté : du ténor dramatique très lourd
à la haute-contre, en passant
par les grands lyriques, les ténors demi-caractère, di
grazia, de
caractère ou légers ! Et avec une bonne
maîtrise des styles
spécifiques.
Plácido Domingo pose un autre problème, puisqu’il
a aussi abordé
un répertoire allant du ténor héroïque (en
studio) au tenore di grazia,
mais toujours avec le même style de lirico-drammatico spinto...
Autant dire qu’il s’agit seulement de repères,
bon
nombre de rôles et d’interprètes se trouvant à
cheval entre deux
classifications (qui varient sensiblement d’un ouvrage à
l’autre, d’une
tradition à l’autre), et souvent en recouvrant plusieurs. On
voit ainsi
des mezzo-sopranes chanter Fidelio (soprane dramatique, Fidelio
et Leonore de Beethoven) ou Isolde (soprane dramatique, Tristan
und Isolde de Wagner), ou des sopranes chanter Oktavian
(mezzo-soprane lyrique, Der Rosenkavalier de Richard Strauss).
Certains rôles, comme Dorabella ou Despina du Così
fan tutte de Mozart, très hybrides, sont impossibles
à classifier rigoureusement,
en l’absence de telles distinctions à l’époque de la
création. On les
distribue soit à des sopranes demi-caractère
(légères mais plus
sombres), soit à des mezzo-sopranes assez légères
(de Teresa Berganza à
Angelika Kirchschlager) - hélas parfois aussi à des
mezzo-sopranes aux
moyens plus écrasants.
Et beaucoup d’interprètes varient au cours de leur
carrière, tel Dietrich Fischer-Dieskau, qui de baryton aigu
à ses débuts (1941-1950 - il chantait le Winterreise
en tonalité originale !) est rapidement devenu baryton
lyrique (1950-1975) pour finir baryton de caractère (1975-1992).
En réalité, pour être totalement
pertinent, il faudrait
subdiviser cette classification en écoles selon les nations
chantantes
et les époques. Là, on pourrait approcher une certaine
pertinence.
Un autre sujet intéressant serait le rapport des
compositeurs avec les ténors, et la place qu’ils occupent dans
leur
schéma vocal et dans leur dramaturgie - ou la façon
qu’ils ont
d’influencer leur écriture. Mais ce n'était pas le lieu
sur Vocalises.net, plus focalisé sur la technique vocale et la
pratique amateur.
David LM - subversifdupauvre
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Pédagogique - Discourir - Glottologie a suscité :
18 roulades :: sans ricochet :: 49925 indiscrets
samedi 17 décembre 2005
Le ténor fascine bien sûr par son aigu,
charmant ou éclatant, suave ou puissant. Mais le ténor
n’est pas unique, loin s’en faut.
Manière de clarifier au maximum les choses, on va étudier
la question sous deux angles : par période, puis par type.
EVOLUTION CHRONOLOGIQUE
Avant de commencer, un mot sur l’origine de l’opéra.
L’origine de l’opéra
Dans les années 1570, se réunit à Florence un
cénacle autour du comte Giovanni Bardi, la Camerata.
Les réflexions de ce groupe de poètes et de compositeurs
conduisent à
l’idée que la musique vocale polyphonique alors en vigueur ne
permettait pas de saisir l’essence du texte dit, alors que la musique
pouvait jouer un rôle d’exaltation textuelle remarquable. Vers
1590, la
seconde Camerata, la plus célèbre, se tient chez
le mécène Jacopo Corsi. On y trouve des écrivains
comme Ottavio Rinuccini (futur librettiste des incontournables Dafne,
Euridice de Peri et Arianna
de Monteverdi) et des compositeurs comme Giulio Caccini, Jacopo Peri,
Emilio de Cavalieri. De leurs réflexions naît la
première commande et
la première création d’un opéra en Occident :
la Dafne de Peri,
à la demande de Ferdinand Ier de Médicis, et joué
au Palazzo Pitti pour
les noces de Marie de Médicis et d’Henri de Navarre. L’oeuvre
est
réputée indigeste, mais le genre, s’appuyant sur le
principe fameux du recitar cantando (déclamer en
chantant) va rapidement se développer au début du
XVIIe siècle (L’Euridice de Peri, La Rappresentazione
d’Anima e di Corpo de Cavalieri, L’Orfeo de Monteverdi, La
Callisto de Cavalli, Il Ruggiero de Francesca Caccini...).
1. La Genèse : le non-ténor
Pourquoi ce rappel ? Parce qu’à l’origine, les
typologies n’existaient
pas, en dehors de la répartition des parties dans la polyphonie
vocale,
selon la tessiture. Aussi les premiers opéras qui se
préoccupent avant
tout de texte
ne se soucient-ils guère de ces questions. Orfeo ou Ulisse
(Monteverdi)
peuvent aussi bien être chanté par des ténors au
médium intense que par
des barytons bénéficiant d’un aigu homogène. En
tout état de cause, on
n’attend pas d’ornements fleuris, et encore moins d’ajouts d’aigus
intempestif : le chant doit simplement renforcer la puissance
évocatrice de la déclamation.
2. L’apparition des rôles
Sautons allègrement au tournant du XVIIIe
siècle. A cette seconde étape, on trouve deux
modèles.
a) L’opéra en Europe
L’Europe entière, sauf exceptions localisées (certaines
villes allemandes, ou pour l’oratorio), n’emploie que l’italien,
comme langue internationale de l’opéra. Dans l’opera seria
(sérieux) de cette époque on trouve un amour infini de
l’ornementation. Fasciné par le pouvoir de la voix, le public
réclame toujours plus de virtuosité, de fantastique
dans le traitement vocal des personnages. Aussi on s’éloigne
radicalement du culte du verbe qui présida à la naissance
du genre opéra.
Deux traits caractérisent l’idéalisation du
personnage propre à cette époque :
=> le caractère irréel, aigu de la voix. Les
rôles masculins sont chantés par des femmes à la
tessiture basse (mezzo-sopranes et contralti) ou par des castrats. Les
ténors, moins aigus que les castrats (alto ou soprano), donc
moins "idéaux", ne tiennent que les rôles de
pères manquants ou de comprimari (rôles
utilitaires très brefs) - et les basses, plus fréquentes,
de méchants ou de serviteurs.
=> la virtuosité dans les da capo (reprise du
premier des deux thèmes, dans tous les airs de l’opera seria),
domaine où excellaient les voix de femmes, plus souples, et les
castrats, entraînés depuis leur plus jeune âge.
Ceux-ci étaient plus à
leur aise dans l’ajout des diminutions, ainsi nommées
car on réduisait les valeurs de durée, de façon
à obtenir des coloratures
(emploi d’une série de notes sur une même voyelle) plus
impressionnantes : réduire les valeurs de durée a
pour effet, en
l’occurrence, de laisser la place pour en ajouter d’autres,
ornementales. La ligne devient alors plus sinueuse, les notes plus
nombreuses et moins longues - chaque interprète écrivait
les siennes
pour le da capo. Les ténors avaient moins de
facilités physiques
pour soutenir ces valeurs rapides. A l’époque,
l’esthétique n’était pas
dans l’ajout d’aigus éclatant, mais de valeurs rapides et
virtuoses de
voix naturellement aiguës. Les ténors tenaient dont les
utilités, ou
alors des rôles ingrats, tels les pères dont on aime
à se débarrasser :
Farnace chez Vivaldi, Mitridate, Idomeneo chez Mozart...
Mais les Français étaient là.
b) La tragédie lyrique
Dans l’Europe conquise par l’idiome romaine, un petit peuple
d’irréductibles gaulois résistait. A Paris, la
scène était tenue par
des opéras en français, le genre de la tragédie en
musique ou tragédie
lyrique.
Les héros de la tragédie lyrique
(pêle-mêle Renaud, Phaëton,
Zoroastre, Roland, Atys, Cadmus, Dardanus, Persée,
Argénor, Jason...)
sont tenus par des ténors à la tessiture (part de la voix
où le
chanteur est le plus confortable) assez aiguë, qu’on nomme haute-contre.
Certains ouvrages généraux font la confusion avec le
contre-ténor, on y
reviendra. Les sujets sont toujours mythologiques, et le héros
en est à
la fois tendre et héroïque - comme son commanditaire et
premier fan,
Louis XIV. Cette voix à la fois claire et ferme permet en outre
une
grande intelligibilité du texte, qui avait encore la
préférence chez
les Français. C’est en somme toute ici que le ténor a
pour la première
fois la place de choix.
A la même époque, dans les choeurs, les solistes de
cantates
religieuses ou des rôles secondaires, on trouve l’existence d’une
voix
de ténor grave, la taille.
3. Les grands emplois
A partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, sans doute sous l’influence de l’opéra français (et sans que ce soient des haute-contre, car la tragédie lyrique a disparu), les ténors enfourchent régulièrement des rôles importants dans les opéras italiens, toujours dominants en Europe. Voir Don Ottavio (Don Giovanni) ou Ferrando (Così fan tutte) chez Mozart.
Jusqu’alors les chanteurs mixaient les aigus,
c’est-à-dire qu’ils mélangeaient voix de tête et
voix de poitrine. La révolution se fait au début du
dix-neuvième siècle, où Gilbert Duprez invente
l’ut de poitrine. On peut désormais pousser des aigus
éclatants et percutants, d’une voix sombre.
Les rôles de ténor deviennent ainsi plus lourds, d’abord
à Paris, dans
le Grand Opéra à la française (Spontini,
Meyerbeer, Halévy...), puis
partout en Europe, avec des spécificités pour les
répertoires les plus
fréquentés, comme :
=> le ténor verdien, dit lirico spinto,
à la tessiture et à la ligne de chant longues, mais
à la voix "sombrée"
=> le heldentenor
ou ténor héroïque, prévu pour les rôles
les plus lourds de Wagner
(Tristan et Siegfried principalement), puis chez Richard Strauss, de
façon beaucoup plus lyrique (Der Kaiser dans Die Frau ohne
Schatten, voire Bacchus dans Ariadne auf Naxos).
Le dix-neuvième consacre l’avènement du ténor
comme héros quasi-exclusif des opéras ;
en drame comme en comédie, il est le plus souvent brave et
amoureux.
Quelques rôles secondaires de ténor de caractère
subsistent, en
contrepoint au panache des premiers.
Le vingtième siècle voit le retour
à des formats plus légers,
mais dans l’ "ère du soupçon", le ténor ne
peut plus être crédible,
et il est souvent malfaisant ou ridicule. La catégorie la plus
utilisée
est celle du ténor de caractère, la plus expressive mais
pas la plus
"jolie", délibérément.
David LM - lirico-lungo
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Pédagogique - Discourir - Glottologie a suscité :
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