samedi 25 juin 2011
Gerhard SCHJELDERUP - Brand - drame symphonique en un mouvement
(Extraits suivent.)
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1. Adaptation
L'oeuvre s'inspire de la pièce d'Ibsen, l'une de ses plus troublantes sur les frontières entre morale et psychologie, et qui a avait été le sujet (détourné) d'un opéra de Vincent d'Indy, L'Etranger. Tout près de nous, Niels Rosing-Schow l'a aussi choisi pour sujet d'un de ses opéras.

2. Poème
L'oeuvre de Schjelderup se situe sur la frange plutôt moderne de son époque (composée entre 1908 et 1910), sans apporter rien de nouveau. Elle creuse plutôt la noirceur de la pièce, faisant de Brand une fresque assez violente, avec ses neuf stations, toutes dotées d'un sous-titre nommant tantôt un personnage, tantôt une situation, tantôt examinant un concept, tantôt reproduisant une citation.
- Marche à travers le brouillard et la tempête
- Agnès
- Les exhortations de Brand
- L'amour dans la souffrance et le désir
- « Tout ou rien ! »
- « Celui qui a vu Jéhovah doit périr ! »
- Seul
- « Mon Dieu, c'est la tempête ! »
- Mort d'un héros
Les recettes du postwagnérisme sont là (on entend même les descendes chromatiques des violons héritées de Tannhäuser), et le traitement de l'oeuvre est assez massif, avec peu de contrechant, peu de contrastes de couleur : un bloc certes mouvant, mais dans la même couleur sombre.
Cet éclairage de Brand n'est pas un chef-d'oeuvre, mais propose un témoignage sur la façon dont la pièce peut être perçue, en accentuant le désespoir et en magnifiant peut-être aussi son héros - pourtant également repousssoir, et sans doute bien davantage aujourd'hui. Ibsen lui-même désignait Brand comme une représentation de la meilleure part de lui-même.
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3. Disque
Il s'agit manifestement du seul disque du commerce consacré à ce compositeur.
Les extraits permettent de s'en faire une certaine idée, vu l'homogénéité du langage. La Deuxième Symphonie qui l'accompagne sur ce salutaire disque CPO est considérablement plus séduisante et construite, une découverte conseillée.
D'autant que c'est une trop rare occasion d'entendre l'Orchestre Symphonique de Trondheim (Elvin Aadland dirige), un des plus beaux d'Europe à mon sens, pour l'onirisme de ses bois (phraseurs émérites), la qualité de ses équilibres, le son acidulé et délicat de l'ensemble. [Voir par exemple Thora.]
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie D'Oehlenschläger à Ibsen - Carnet d'écoutes - Domaine symphonique - Musique romantique et postromantique a suscité :
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