[Pleyel] Haydn 82, Mozart 23 (concerto), Sibelius 6 & 7 – Orchestre de Paris, P. Järvi
Par DavidLeMarrec, samedi 1 février 2014 à :: Saison 2013-2014 - Musique de la période classique - Musique romantique et postromantique - Musiques du vingtième siècle :: #2405 :: rss
Bref commentaire, tiré du fil de la saison :
Soirée 29 : Haydn 82, Mozart 23 (concerto), Sibelius 6 & 7 (Orchestre de Paris, P. Järvi)
(Salle Pleyel, jeudi 30 janvier.)
Faisons simple : concert idéal. D'abord le choix des œuvres. L'une des meilleures symphonies de Haydn (ma chouchoute, même), l'un des meilleurs concertos de Mozart (il n'y a guère que le 9 que j'aime davantage), les deux dernières de Sibelius... le spectre est large, mais que le fin du fin.
Ensuite, Paavo Järvi tire le meilleur de l'Orchestre de Paris, engagé de bout en bout dans un long programme très exigeant : Haydn plutôt traditionnel, mais sans aucune épaisseur superflue, et brillant de bout en bout (mouvement lent intense et d'une rare intensité), Sibelius à la fois intensément lyrique comme chez les meilleurs, mais aussi d'une transparence de plans rare (même chez les meilleurs)... même l'accompagnement de Mozart, alors qu'il fallait raboter sévèrement les dynamiques pour ne pas couvrir Pressler, était passionnant en soi.
La seule réserve tient à Menahem Pressler, dont on fêtait le quatre-vingt-dixième anniversaire : clairement, alors que son jeu du temps du Trio Beaux-Arts était robuste, presque massif, la vigueur s'est un peu retirée des bras, et l'orchestre doit jouer très doucement pour ne pas le couvrir. Par ailleurs, les traits sont un peu rabotés, la pédale parfois utilisée comme un expédient (ce qui n'était certainement pas son habitude !) et surtout la main gauche mal coordonnée (elle arrive souvent à la fin de la mesure avant la droite et l'attend avec un léger allongement de la dernière note, un peu comme le font les pianistes débutants...). Même les choix d'accentuation m'ont parus artificiels (indépendamment de leur réalisation) et pas très en style. C'est cruel à dire, mais ce n'importe quel autre pianiste diplômé aurait fait l'affaire (pas forcément en goût, il y a quand même pire de ce côté-là).
En bis, le nocturne en ut dièse mineur (opus posthume) de Chopin affichait les mêmes limites ; en revanche la mazurka (pourtant très exigeante) révélait des couleurs diaphanes et fantomatiques que je ne lui avais jamais entendues (à la pièce comme à l'interprète), avec une mezza voce et des accords vifs vénéreux proprement saisissants.
Grande, grande soirée, encore une fois avec l'Orchestre de Paris – qui, dans Sibelius, avait de toute évidence l'atout de connaître la salle et d'en respecter les limites de transparence et de saturation. Un bon chef, et hop, grande soirée. Malgré sa réputation sulfureuse (et, vu le caractère de certains membres éminents, sans doute grandement justifiée), peu d'orchestres peuvent se vanter d'une recette aussi simple.
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