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mercredi 30 novembre 2016

Les Kapsber'girls, réinvestir la chanson Grand Siècle


kapsbergirls

Voilà quatre à peine vingtenaires qui renouvellent, vraiment, l'approche des premiers airs de cour baroques italiens. Dans un programme autour des villanelles les plus facétieuses de Kapsberger et des saynètes de Merula et Strozzi, elles réactivent le texte (qu'elles racontent et communiquent, vraiment, rien à voir avec les plaintes standardisées qu'on se représente comme l'usage) et redonnent toute sa place aux effets de la rhétorique musicale (parodie de stile concitato chez Strozzi, servi par des passages en voix de poitrine ; mélismes qui ne sont pas décoratifs mais prolongent l'émotion, comme ces [i] guillerets d'ingioisce – « se réjouit », etc.).



Côté chant, l'appariement est parfait : émission très tranchante du second soprano (annoncée mezzo, ce qui n'est pas si évident à l'écoute, et difficile à trancher dans ce répertoire) Axelle Verner, attaque et diction nettes, tout en avant, tandis qu'Alice Duport-Percier, qui tient la partie haute, a quelque chose d'à la fois plus vaporeux, moins placé et assez immédiatement accrocheur, ce qui rend les deux parties toujours audibles et différenciées. Leur abandon et leur naturel extraordinaire, quand elles s'expriment avec gourmandise, font le reste.

Chacune des musiciennes présente à son tour les pièces à venir, ce qui est très avisé ; la disposition est aussi originale et particulièrement vivante, les chanteuses se plaçant au cœur de l'ensemble, comme s'adressant l'une à l'autre. Le continuo (Barbara Hünniger, viole de gambe / basse de violon et Albane Imbs, guitare baroque / archiluth / direction artistique), cherche moins le renouvellement et l'inédit (encore que ces pizz profonds à la basse de violon soient saisissants !), mais les contraintes logistiques d'un ensemble réduit ne permettent pas non plus des fantaisies invraisemblables surtout si, comme ici, l'objectif ultime est le naturel et la communication directe – et le résultat est absolument jubilatoire. Un style incroyable pour d'aussi jeunes artistes.



On peut les entendre en ligne. La vidéo des journées du luth, au printemps dernier, les montre beaucoup plus prudentes, abordant les mêmes pièces avec les mêmes options, mais beaucoup moins d'abandon, dans une jolie interprétation élégante beaucoup plus traditionnelle. Sur leur flux SoundCloud, on entend beaucoup mieux leur naturel et leur espièglerie… il manque tout de même le visuel, avec un véritable jeu, une distanciation tendre qui finissent de faire fondre leur public. Je n'avais jamais vu le paisible auditoire de Soubise exalté comme ça.

David Le Marrec

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