On poursuit notre périple
téléchargeable commenté dans
les lieder de Clara. [Ainsi qu'un morceau de discographie indicative.]
Heine n'a pas inspiré que les musiciens, témoin le recueil de nouvelles Es fiel ein Reif in der Frühlingsnacht de l'écrivain thèque d'expression allemande Ossip Schubin (1854 - 1934).
Volkslied («
Chant populaire »)
Le titre se justifie en ce que le poème de Heine s'inspire
d'un poème populaire collecté par Arnim et
Brentano. Il s'agit d'un des tout plus beaux de Clara, sans doute
même le plus touchant avec Warum willst du and're fragen.
Clara Wieck-Schumann en inverse les deux derniers mots dans sa mise en
musique.
Anne-Louis GIRODET-TRIOSON, Les ombres des héros morts pour la Patrie conduites par la Victoire viennent habiter l'Elysée aérien où les ombres d'Ossian et de ses valeureux guerriers s'empressent de leur donner dans ce séjour d'immortalité et de gloire la fête de la Paix et de l'Amitié, huile sur toile, 192 x 182 cm, 1801, Musée National des Châteaux de Malmaison et de Bois-Préau.
Qu'on se rassure, Ossian a aussi inspiré des chefs-d'oeuvre, et c'est ce que nous allons voir tout à l'heure.
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1. L'apogée d'un type
On a très souvent évoqué cette fresque, l'un des lieder les plus émouvants de Schubert pour nous.
Il s'agit du plus réussi des grands lieder récitatifs qu'on trouve souvent chez le jeune Schubert. Dans ces pièces, Schubert se montre aussi près qu'il est possible du sens du texte, en juxtaposant totalement les atmosphères et les motifs, au gré des variations expressives du poème ; la musique n'est plus qu'un serviteur zélé, commentateur parfois à la frontière de l'hystérie, tant le flux musical est ici perpétuellement interrompu et contredit au profit d'un rythme de parole - dont la logique, on le sait, est beaucoup plus contrastée que celle d'une exposition musicale.
Mais, là où cette absence de cohérence peut sembler une maladresse (les deux versions de Der Taucher, Lodas Gespenst...), dans Die Nacht (de même que dans Die Bürgschaft), la puissance des atmosphères et l'urgence de la déclamation l'emportent sur toute réserve.
On connaît par ailleurs le génie de Schubert en matière de coloris dans ses modulations - et ici, le changement de tonalité (peut-on même parler de modulation, tant la juxtaposition est abrupte ?) est pour le moins abondant.
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2. Die Nacht D.534
Ce lied est de surcroît constitué de façon singulière. Il est composé en 1817 (mais publié seulement en 1830), donc à l'âge de vingt ans seulement, et utilise l'adaptation du baron Edmund von Harold sur un extrait de James Macpherson (le 'traducteur' d'Ossian). La partition est corrompue, puisque à la mesure 206, avec les derniers mots, apparaît une étrange indication (Feurig) en 6/8, qui appelle à une fin flamboyante, sans doute sur le thème de la chasse. D'où le complément à partir des appels déjà entendus dans les mesures précédentes - mais vu le caractère hautement volatile des motifs de cette pièce, on ne peut guère déterminer si Schubert souhaiter prolonger celui-ci ou en proposer quelque autre. L'éditeur (Diabelli) y a donc ajouté, en plus d'une coda chasseresse un brin pétaradante, une fin brillante assez improbable, à savoir le chant de chasse composé quelque temps auparavant par Schubert (Jagdlied D.521) dont le ton entraînant et badin, pas très subtil non plus, contraste avec tout ce qui a précédé. [On pourra le proposer à l'occasion en complément, mais il y a assez à présenter pour aujourd'hui.]
Die Nacht par le membre unique du Lutin Chamber Ensemble.
Fichier téléchargeable plus bas. On propose aussi la partition.
Après Deezer, Jiwa et surtout le pléthorique MusicMe, un nouveau site de flux (streaming) est accessible, de façon très complémentaire, en ligne. La Naxos Music Library est certes payante, mais propose un quart d'heure d'écoute gratuite sur des catalogues qui ne sont pas toujours accessibles sur les autres sites (Timpani, Simax Classics, Signum Classics, CPO, Berlin Classics, Ondine, Delos, Hungaroton, Capriccio, Nimbus, Naxos, Da Capo, Danacord...). L'usage est plus simple que sur le site commercial standard de Naxos (pas d'inscription et lecteur prompt). La qualité sonore, en accès libre, n'est pas très bonne, en revanche.
Attention toutefois, il semblerait que les quinze minutes ne soient pas prises sur le temps réel d'écoute, mais sur les pistes lancées, voire sur le temps de connexion au site, recherche comprise... On peut avoir ensuite un essai gratuit de sept jours. Utile si on veut se documenter sur un catalogue.
On parle beaucoup de Clara - on vient même d'inaugurer une
catégorie consacrée à elle
seule.
Seulement, il n'existe pas d'enregistrements libres de droits, du fait
de sa redécouverte assez récente comme
compositrice,
particulièrement en ce qui concerne sa musique la plus
chambriste - piano solo et lieder.
Aussi, profitant de quelques instants vacants, les lutins
mettent la main à la pâte quand la chose
est possible. En attendant la captation de ce qui sera
téléchargeable, on prépare gentiment
la traduction du corpus, et on propose ici une magnifique version d'Ihr Bildnis, sur le
texte fameux de Heinrich Heine (« Ich stand in dunkeln
Träumen »). Il fait partie des
poèmes du recueil Die
Heimkehr («
Le Retour », 1823-1824)
qui doivent notamment leur
célébrité à leur mise en
musique par Schubert dans le Schwanengesang,
dans l'ordre de Heine : « Du schönes
Fischermädchen », « Am fernen Horizonte » / « Die Stadt », « Still ist die
Nacht » / « Der Doppelgänger », « Ich
unglücksel'ger Atlas ! »...
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ou de voix...
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