Carnets sur sol

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dimanche 18 septembre 2011

Paris le 17 septembre : la vie en rose


Juste un mot pour dire ma stupéfaction enchantée devant l'accueil durant les journées du patrimoine - contrairement à leur réputation pas du tout bondées, même rue de Grenelle, très fluide samedi matin et début d'après-midi... Non pas que l'accueil dans les institutions parisiennes soit habituellement désagréable (sauf dans les cafés bien sûr, mais c'est quasiment devenu une forme de couleur locale...) ; néanmoins la chaleur de l'accueil aurait confiné à l'obséquiosité si elle n'avait pas paru aussi bon enfant.

Les huissiers ou responsables qui font la conversation spontanément à tous les visiteurs qui lèvent seulement un regard vers eux, et surtout, le plus étonnant, tous les agents de sécurité tout sourires, à telle enseigne qu'à chaque porte s'échangent des bonjours avec chaque nouvel arrivant. Une forme de réserve sociale, qui fait passer les français pour assez froids (non sans raison), semble s'être soulevée par magie pendant ces quelques heures.
Quelque chose d'une fraternisation délicieusement irréelle que je ne m'attendais vraiment pas à trouver ici - tous ces gens mobilisés, parfois exceptionnellement, un samedi à 8h pour rester debout, je les voyais plutôt bâiller ou maugréer. Et le public, de même, semble très attentif à ces efforts et ostensiblement reconnaissant, remerciant tout le personnel pour ce moment de partage.

Au demeurant, même dans les rues des ministères et ambassades du VIIe arrondissement, où l'on aurait attendu une foule assez bigarrée, le public reste globalement très typé "classes éduquées". N'ayant jamais auparavant visité lors de ces journées des lieux aussi célèbres, je m'attendais à une affluence plus disparate : on y croise beaucoup de retraités avec le dernier Géo sous le bras, ou des étudiants avides de culture... très peu de familles "moyennes".
Voilà qui donne encore à réfléchir sur la fracture culturelle : les offres conçues pour populariser les arts servent souvent aux plus informés des amateurs. Non pas que ce soit du gâchis, mais il y a de quoi repenser la destination de l'offre...

Une dernière remarque "à la marge", mon étonnement devant le calme qui règne dans les jardins des ministères : une forme d'îlot forestier immense enserré par les bâtiments officiels du septième arrondissement. Remarque certes tout à fait banale, mais percevoir par l'ouïe la substitution des vrombissements par le bruissement des arbres revêt quelque chose d'assez spectaculaire.

dimanche 11 septembre 2011

Steve Reich, WTC 9/11 : oeuvre, controverses, enjeux


1. Matériel d'écoute intégral - 2. Motivations des lutins - 3. Genèse - 4. Dispositif musical - 5. Structure et temporalité - 6. Textes employés - 7. Commentaire de l'oeuvre - 8. Controverses visuelles - 9. Miroir d'une époque.

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1. Matériel d'écoute intégral

L'oeuvre est librement disponible en intégralité grâce à la station classique de la radio publique du Minnesota, jusqu'à lundi, et doit se trouver ailleurs légalement en ligne.

Attention, on trouve un certain nombre d'informations incomplètes ou erronées en ligne, que je m'efforce ici de compléter ou rectifier.

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2. Où l'on découvre les motivations des lutins

Je n'aime guère les notules de circonstance, où l'on se met à parler de quelque chose ou de quelqu'un parce que "c'est le moment", pour des raisons externes au sujet - typiquement la nécrologie d'un chanteur, lorsqu'au jour de son décès il est retiré depuis années... [Je ne blâme bien sûr pas ceux qui éprouvent le besoin de le faire - toutefois ceux qui avaient l'habitude de lire sur CSS autre chose que le sujet du moment seront bredouilles pour cette fois.]

Il se trouve cependant que je viens d'écouter, aujourd'hui même (tout simplement parce que ça sort dans les jours prochains et que j'avais le temps de le faire ce matin...), WTC 9/11 de Steve Reich, que je découvre que l'oeuvre est légalement disponible en ligne jusqu'au 12.. et que circulent quelques anecdotes autour de sa parution, que je trouve plutôt intéressantes. Ce sera l'occasion de rapides observations, davantage sur la réception que sur les événements, la journée se destinant à être chargée en la matière - je suis moi-même un peu penaud de ne pas proposer de respiration aux lecteurs de Carnets sur sol...

Si j'en ai le temps, je tâcherai de proposer autre chose de plus déconnecté dans la journée...


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3. Une genèse subjective

L'oeuvre est à l'origine (2009) une commande du Kronos Quartet [oui, une telle institution que son nom semble figé en anglais], pour une troisième collaboration avec le compositeur, et ne portait pas spécifiquement sur le 11 septembre. Le souhait principal était d'y adjoindre des voix pré-enregistrées.

Steve Reich a écrit à ce sujet qu'il songeait dès 1973 à un dispositif d'allongement des voyelles ou consonnes finales, mais que cela n'a techniquement été possible qu'à partir de 2001. Et qu'il souhaitait profiter de cette commande pour le mettre enfin en oeuvre.

Ce n'est qu'en songeant au sujet possible qu'il dit avoir trouvé évident le 11 septembre, puisqu'il en conservait un souvenir très vif, ayant vécu pendant vingt-cinq ans à quatre blocs du World Trade Center, et étant resté pendant des heures en contact téléphonique avec fils, belle-fille et petite-fille qui se trouvaient alors dans l'appartement.

Interrogé au sujet de son projet par Kurt Andersen, Reich a explicitement écarté l'idée d'une pièce "sur" le 11 septembre, assurant qu'il parle ici d'une histoire personnelle, pas du sujet médiatique - même si pour l'auditeur, la chose me paraît sujette à caution, j'y reviendrai.

C'est en tout cas à partir de ce point de départ personnel que Reich décide de récupérer les enregistrements des communications (depuis longtemps rendus publics) de la sûreté aérienne (NORAD) et des pompiers de New York (FDNY), et de les mêler à des entretiens qu'il réalise ensuite avec ses proches. [Il est à noter que les notives mentionnent souvent les "aiguilleurs du ciel", mais il s'agit bien de la défense aérienne et pas de la "tour de contrôle" civile...]

Le titre, tout en abréviations, représente comme un cartouche symbolique, potentiellement polysémique, et Reich en a profité pour citer dans ses écrits le mot de son ami compositeur David Lang, donnant également WTC le sens de "World to Come" ("un monde à venir").

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4. Dispositif de l'oeuvre

Elle est écrite pour un effectif en tuilage qu'on peut décrire de la sorte :

  • un quatuor à cordes qui joue l'oeuvre sur scène
  • une bande pré-enregistrée qui comprend
    • deux quatuors
    • des voix :
      • parlées :
        • sûreté aérienne (NORAD : North American Aerospace Defense Command)
        • pompiers de New York (FDNY : New York City Fire Department).
        • entretiens réalisés en 2010 avec des amis de Steve Reich sur leurs souvenirs du 11 septembre 2001.
      • chantées (Exode 23,20 et Psaume 121,8) :
        • un chantre d'une grande synagogue de New York.
        • Shmira (voir ci-après)
          • par deux femmes juives de New York, plus tard en septembre.
          • par la violoncelliste Maya Beiser, quelque part ailleurs.


Le dispositif évoque furieusement Différent Trains (1988), à la nuance près qu'il ne me semble pas y avoir entendu de voix chantées : trois quatuors, dont deux enregistrés, des voix sur bande.

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5. Structure de l'oeuvre

Bien qu'à tempo égal pendant toute l'oeuvre, Reich a disposé sa musique sous forme de trois mouvements joués attacca (c'est-à-dire sans pause), chacun évoquant une facette différente du sujet.

Suite de la notule.

Technologie d'avant-garde : le BOOK


Parmi les nombreuses parodies du marketing lié aux nouvelles technologies d'information & communication (généralement ciblées sur le líder Apple), celle-ci se révèle un vrai petit bijou, remarquablement pertinent :


Tiré du site Leer está de moda - merci à Gr3e d'avoir signalé cette jolie friandise.

David Le Marrec

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