Vous l'attendiez, vous n'en pouviez plus. Le voilà.
Juillet a été riche, août fut mort ; il est temps de proposer un petit
bilan autour des
choses vues.
D'abord, un retour sur les saisons précédentes.
Cette saison, en plus des statistiques, une grande remise de
putti d'incarnat.
Comme c'est devenu la tradition, le
putto
d'incarnat récompense une réalisation exceptionnelle dans le domaine
des arts. Seule la rédaction de
Carnets
sur sol,
réunie en collège extraordinaire, est habilitée à le décerner, ce qui
garantit son attribution, complètement indépendante, aux meilleurs
artistes de notre
temps.
Hautement respecté, il se matérialise par un
putto de van Dyck (ou Lagrenée,
selon les années), remis directement au lauréat sous forme d'un carré
de pixels.
C'est aussi et surtout l'occasion de mettre en valeur certains
concerts ou certains interprètes qui sont restés un peu négligés par la
presse ou l'exposition publique – mais ce paramètre n'entre pas en
considération dans l'attribution des récompenses.
(Le jury tient à souligner que ne sont nommés qu'un petit nombre
parmi les plus marquants, les autres étant loin de faire figure
tocards pour autant…)
1. Liste des spectacles vus
Concerts, opéras, théâtre… En voici la liste, dans l'ordre de la
saison. Beaucoup ont été commentés, et quelques-uns ont servi de
présentation à une œuvre, un genre, une problématique transversale… les
liens sont indiqués entre crochets et s'ouvrent dans une nouvelle
fenêtre.
Hors décompte : août 2015. N'ayant jusqu'ici jamais fait de concert en
août,
je ne les décompte pas dans la saison pour ne pas fausser les
statistiques.
a) Parc Floral –
polyphonies et
chansons – Voces8 [
notule]
b) Parc Floral –
Brahms,
Premier Trio avec piano – Fouchenneret, Julien-Laferrière, H.
Cartier-Bresson [
notule]
c) Parc Floral –
Gossec,
Symphonie – Orchestre de Chambre Pelléas [
notule]
d) Parc Floral –
Beethoven,
Concertos pour piano 3 & 5 – Orchestre de Chambre de Paris, F.-F.
Guy
Puis, de septembre à début juillet :
1. Philharmonie (PP) –
Sibelius, Symphonie n°5 – Orchestre
de Paris, Paavo Järvi [
notule]
2. Théâtre des Champs-Élysées (TCE) –
Weber,
Der Freischütz – Gens,
Schukoff, Speer, NDR Hambourg, Hengelbrock
3. Maison de la Radio (MR) –
Dutilleux,
The Shadows of Time /
Poulenc,
Litanies – Maîtrise de RF,
Philharmonique de RF, Mikko Franck
4. Studio 105 –
Waed Bouhassoun
dans ses propres compositions
5. 38 Riv' –
Santiago de Murcia
pour harpe et guitare
6. Cité de la Musique (CiMu) –
Meisel,
Berlin, Die Sinfonie
der Großstadt en réduction – Philharmonique de Strasbourg,
Strobel [
notule]
7. TCE –
R. Strauss,
Ariadne auf Naxos – Amber Wagner,
Kaufmann, Opéra d'État de Bavière, K. Petrenko [
notule]
8. Gaveau –
Monteverdi,
L'Orfeo – van Elsacker,
Lefilliâtre, van Achten, La Fenice, Tubéry [
notule]
9. PP –
Stravinski et
Bartók,
L'Oiseau de feu et
Le Mandarin merveilleux complets –
London Symphony, Gergiev [
notule]
10. 38 Riv' –
Visée et
Dollé pour
théorbe et
gambe – Thibaut Roussel, Robin Pharo [
notule]
11. PP –
Mahler, Symphonie n°3
– Jennifer Johnson, Orchestre de Cleveland, Welser-Möst [
notule]
12. Ménilmontant –
Ibsen,
John Gabriel Borkman
– Compagnie du Tourtour, Claudine Gabay [
notule-bilan sur le patrimoine et les lignes de
force d'Ibsen]
13. Bastille –
Schönberg,
Moses und Aron – Castellucci,
Graham-Hall, Mayer, Castellucci, Ph. Jordan [
notule 1] [
notule 2]
14. PP –
Saint-Saëns,
Symphonie n°3 – Gabetta, Orchestre de Paris, P. Järvi [
notule] [
l'orgue]
15. Studio 104 –
Walton,
Symphonie n°1 – D. Pascal, Orchestre Colonne, Petitgirard [
notule]
16. TCE –
Britten, Sérénade
pour ténor, cor et cordes – Staples, Orchestre de Chambre de Paris
(OCP), Boyd [
notule]
17. Saint-Gervais – Motets de
Charpentier
– Ensemble Marguerite Louise, Gaétan Jarry
18. MR –
Tchaïkovski,
Symphonie n°1 – Ehnes, Orchestre National de France (ONF), Gardner [
notule]
19. PP –
Mahler, Symphonie n°5
– Argerich, Orchestre du Festival de Lucerne, Nelsons [
notule]
20. CiMu –
Bach, Motets et
Cantates – Ensemble Pygmalion, Pichon
21. Cortot –
Cœur :
Guédron,
Le Roy & friends – Lefilliâtre,
Le Levreur, Goubioud, Mauillon, Le Poème Harmonique, Dumestre [
notule]
22. CNSM, salle d'orgue –
Telemann,
Saint-Saëns,
G. Jacob… Hommage à Colette Lequien
23. PP –
Clyne, création ;
Tchaïkovski, Symphonie n°2 –
Bavouzet, Orchestre National d'Île-de-France (dit
ONDIF), Mazzola [
notule]
24. Invalides, Grand Salon –
LULLY,
airs d'
Atys,
Armide ; Charpentier,
Stances du Cid – Madelin, Croux,
Benos, Hyon… CNSM, Haïm
25. PP –
Dvořák, Symphonie n°7
– Orchestre de Paris, Dohnányi
26. PP –
Nono, Prometeo – SWR
Freiburg Baden-Baden, Matilda Hofman, Metzmacher [
notule, expérience]
27. Bastille –
Berlioz
[notule], La Damnation de Faust – Hermanis, Koch, Kaufmann, Terfel, Ph.
Jordan [
notule et huées]
28. PP –
LULLY, Armide – M.-A.
Henry, Wanroij, Chappuis, Auvity, Mauillon, Les Talens Lyriques,
Rousset [
notule]
29. Cité des Arts –
Hahn,
Koechlin,
Ravel,
Emmanuel pour violon et piano –
Moraly, R. David [
notule]
30. CNSM, salle d'orgue –
Fauré,
Vierne,
Hakim pour orgue – Kumi Choi [
notule]
31. PP – Magnificat de
Bach,
Psaume et Cantate de
Mendelssohn
– Orchestre de Paris, Hengelbrock [
notule]
32. Vieux-Colombier –
Goldoni,
I Rusteghi –
comédiens-français [
notule]
33. CNSM, salon Vinteuil –
Marx,
pièces pour quatuor avec piano – étudiants du CNSM [
notule]
34. MR – Scherzo de
Suk,
Concerto pour violoncelle n°1 révisé et Symphonie n°6 de
Martinů – J. Moser, Philharmonique
de Radio-France (OPRF), Hrůša [
notule]
35. MR –
Haydn 103,
Mozart concerto 23,
Schubert n°5 – OPRF, Norrington [
notule]
36. MR –
Tchaïkovski,
Symphonie n°5 – ONF, Gatti [
notule]
37. MR –
Dutilleux,
Symphonie n°2, Métaboles… – OPRF, Kwamé Ryan [
notule]
38. TCE –
Garayev,
Thilloy,
Debussy (Nocturnes),
Poulenc (Les Biches) – Orchestre
Lamoureux, Antoine Marguier [
notule]
39. PP – Hommage à
Boulez –
Damiens, Ensemble Intercontemporain, Orchestre de Paris, P. Järvi… [
notule]
40. PP –
Bruckner, Symphonie
n°5 – Orchestre de Paris, P. Järvi [
notule]
41. Billettes –
Airs de cour
baroques espagnols – Kusa, Egüez [
notule]
42. Opéra Royal –
Godard,
Dante –
Gens, Montvidas, Radio de Munich, Schirmer [
notule, présentation de l'œuvre]
43. PP –
Bartók,
Le Prince de bois – Orchestre de
Paris, Zinman
44. PP – audition d'orgue :
Bach,
transcriptions,
Widor 6… – Foccroulle, Lefebvre,
Latry, Marshall
45. CNSM, salle Fleuret –
Beethoven,
Ouverture pour
Coriolan –
étudiants membres du BDE (Bureau des Étudiants)
46. TCE –
Haendel,
Rinaldo – Lezhneva, Gauvin,
Fagioli, Wey, A. Wolf, Il Pomo d'Oro, Montanari [
notule plus générale sur les erreurs de
falsettistes et de diapasons]
47. PP –
Verdi, Requiem –
Grimaldi, Lemieux, Pirgu, Pertusi, Orchestre de Paris, Noseda
48. PP –
Mendelssohn,
symphonies 2 & 3 – RIAS Kammerchor, Chamber Orchestra of Europe,
Nézet-Séguin [
notule]
49. PP –
Mendelssohn,
symphonies 1, 4 & 5 – Chamber Orchestra of Europe (COE),
Nézet-Séguin [
notule]
50. Sainte-Élisabeth –
Charpentier,
motets pour le Port-Royal – Achille, Boudet, Le Vaisseau d'Or, Robidoux
[
notule]
51. PP –
Sibelius, Symphonie
n°3 – Orchestre de Paris, P. Järvi [
notule]
52. PP –
Bruckner, Symphonie
n°9 – OPRF, Inbal [
notule]
53. MR – Soir de Fête de
Chausson,
Printemps de
Debussy, Les
Animaux modèles de
Poulenc –
Latry, ONF, Gabel [
notule]
54. MR –
Lalo-Coquard, La
Jacquerie – OPRF, Davin [
notule]
55. Studio 104 – Musique de chambre de
Castillon,
Saint-Saëns et
Fauré – membres de l'ONF, Girod [
notule]
56. Théâtre de la Porte Saint-Martin –
Massenet,
Don César de Bazan – Revault d'Allonnes, Dumora, Sarragosse, Les
Frivolités Parisiennes
57. TCE – airs et duos de
LULLY,
Charpentier,
Rameau,
Leclair – von Otter, Naouri, Le
Concert d'Astrée, Haïm [
notule]
58. Châtelet –
Sondheim,
Passion – Ardant, E. Spyres,
Dessay, K. McLaren, R. Silverman, Thantrey, A. Einhorn [
notule]
59. CiMu –
Bource,
The Artist – Hazanavicius, Brussels
Philharmonic, Ernst Van Tiel [
notule]
60. CiMu – Symphonie en ut de
Bizet,
Concerto pour hautbois de
R. Strauss –
Leleux, COE, Pappano [
notule]
61. CNSM, salle Fleuret – Récital-spectacle
Kosma – Vittoz, H. Deschamps, Fanyo,
A. Bertrand, Woh, Worms… [
notule]
62. Musée d'Orsay –
Pillois,
et mélodies orientales de
Saint-
Saëns,
Caplet,
Delage,
Stravinski… – Brahim-Djelloul, Garde
Républicaine [
notule]
63. Hôtel de Soubise –
Schubert
13,
Ravel,
Boutry –
Quatuor Akilone [
notule du concert]
64. Bastille –
Wagner,
Die Meistersinger – Herheim,
Kleiter, Keitel, Spence, Jovanovich, Skovhus, Finley, Groissböck, Ph.
Jordan [
notule et les bizarres longueurs wagnériennes]
65. CNSM, salle Fleuret – « Notre Falstaff », d'après
Nicolai notamment – Cordoliani,
(jeunes) étudiants du CNSM, Molénat [
notule sur la méthodologie]
66. PP –
Sibelius, Symphonie
n°4 – Bell, Orchestre de Paris, Paavo Järvi [
notule sur la place du soliste]
67. CNSM, salle d'art lyrique –
Transcriptions
d'opéra
pour un ou deux pianos à deux ou quatre mains – Classe d'Erika Guiomar
(Lucie Seillet, Rémi Chaulet, Pierre Thibout, Nicolas Chevereau…) [
notule]
68. TCE –
Persée de
LULLY dans la
révision de
Dauvergne,
Bury et
Francœur en 1770 – Guilmette,
Santon, Kalinine, C. Dubois, Vidal, Christoyannis, Teitgen, Le Concert
Spirituel, Niquet [longue
notule]
69. CNSM, salle d'art lyrique –
Liederabend
Zemlinsky par la classe d'Anne
Le Bozec – Madelin, Garnier, Feix, Spohn, Bunel, Benos, Boché, Worms,
Spampanato… [
notule]
70. Lycée d'État Jean Zay, salon de réception –
La Création de
Haydn en français – Le Palais Royal,
Sarcos [
notule]
71. Théâtre Trévise –
Adam,
Le Farfadet – Les Frivolités
Parisiennes [
notule]
72. Ancien Conservatoire –
La
Création de
Haydn en
français – Bello, R. Mathieu, Tachdjian, Le Palais Royal, Sarcos [
notule]
73. PP –
Grieg, Concerto pour
piano ;
Dvořák, Symphonie n°8
– Tonhalle de Zürich, Bringuier [
notule autour de l'importance de la vue]
74. PP, salle de répétition –
Beethoven,
Symphonie n°7 pour nonette à vent – souffleurs de l'Orchestre de Paris [
notule : éditions et la discographie]
75. 38 Riv' – Quatuors de
Haensel,
Auber et
I. Pleyel – Quatuor Pleyel [
notule sur les œuvres]
76. Palais Garnier – Ballets de
Paulli,
Sauguet et
Damase – École de Danse de l'Opéra,
Orchestre des Lauréats du CNSM
77. MR –
Schumann, Symphonie
n°3 – OPRF, Norrington
78. Église de Joinville-le-Pont – Autour d'Ariane :
Haendel,
Vivaldi,
Marcello,
Marais,
Mouret,
Benda – Lohmuller, Ensemble Zaïs, B.
Babel [
notule sur les œuvres]
79. Bastille –
Rigoletto
de
Verdi – Guth, Peretyatko,
Kasarova, Fabiano, Kelsey,
Siwek, Luisotti [
notule]
80. MR –
Beethoven, Symphonie
n°2 – OPRF, Koopman
81. MR, studio 104 –
Franck,
chœurs ;
Aboulker,
Boule de Suif – Maîtrise de
Radio-France
82. CiMu – Airs de
Charpentier
& co – Petibon, Amarillis, Cochard, H. Gaillard
83. TCE –
Wagner,
Tristan und Isolde – Audi,
Nicholls, Breedt, Kerl, Polegato, Humes, ONF, Gatti [
notule]
84. Notre-Dame-de-Paris –
Credo
de
MacMillan,
Requiem de
Fauré – Maîtrise de NDP, OCP, J.
Nelson
85. CRR –
Campra,
L'Europe Galante – Étudiants en
musique ancienne du CRR
86. CRR – Mélodies orchestrales de
Marx,
Concerto pour violoncelle de
J.
Williams – Orchestre des étudiants du CRR
87. PP – Concerto pour violoncelle n°2 de
Dvořák, Symphonie Fantastique de
Berlioz – G. Capuçon, Capitole de
Toulouse, Sokhiev
88. Bastille –
R. Strauss,
Der Rosenkavalier – Wernicke, E.
Morley, Kaune, Houtzeel, Demuro, Gantner, P. Rose, Ph. Jordan
89. TCE –
Spontini,
Olympie (version originale) –
Gauvin, K. Aldrich, M. Vidal, Le Cercle de l'Harmonie, Rhorer
90. Cinéma Le Balzac –
Busatto,
The Black Pirate (sur le film
d'A. Parker écrit par Fairbanks) – Busatto
himself [
notules]
91. Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux –
Puccini,
La Bohème – Galvez-Vallejo,
Ut Cinquième
92. CNSM, salle d'art lyrique
–
Récital de fin d'études de Master 2 –
pas du tout aimé,
garde le nom secret pour ne pas nuire à la chanteuse [
notule]
93. Palais Garnier –
Reimann,
Lear –
Bieito, Dasch, Merbeth, Alisch, A. Conrad, Skovhus, Luisi [
notule]
94. PP –
Mahler, Symphonie n°3
– DeYoung, Orchestre de Paris, P. Järvi [
notule]
95. Palais Garnier –
Adam & tripatouilleurs,
Le Corsaire –
Petipa-Sergueyev-A.M.Holmes, Rojo, Hernández, Corrales, Saruhashi,
Orchestre Colonne [longue
notule]
96. CiMu – Cantates de
Liszt
et
Gounod (sainte Cécile et
saint François) – Deshayes, Barbeyrac, Sempey, OCP, Équilbey
97. Hôtel des Menus-Plaisirs – extraits d'
Alcide de
Marais &
Louis Lully – chantres du CMBV,
membres des CRR de Versailles et Cergy, van Rhijn
98. Cour de Guise (à Soubise) –
Spanisches
Liederspiel de
Schumann,
Neue Liebeslieder Waltzes de
Brahms – Perbost, Zaïcik, P. García,
Raschke, Ambroselli Brault, Williencourt
99. Cour de Guise – Quatuors avec piano, n°1 de
Fauré et n°3 de
Brahms – Trio Karénine, Sarah Chenaf
100. Cité Internationale des Arts – Programme
Georges Migot (violon-piano, poèmes)
– Couic Le Chevalier, Hosoya [
lien]
101. Cour de Guise – Quatuor n°8 de
Beethoven,
Quintette avec piano de
Brahms
–
Akilone SQ, Williencourt
C'est beaucoup, et pourtant quasiment que des très grandes soirées.
2. Commentaires manquants
Grande résurrection inattendue d'une œuvre crue détruite dans
l'incendie de l'Opéra-Comique, finalement partiellement retrouvée et
tout à fait reconstruite,
Don César de Bazan,
composé tôt dans sa carrière (juste après
Le Roi de Lahore, son premier)
figure parmi les toutes dernières partitions inédites de
Massenet pour l'opéra. La plupart de
ce qui reste se résume à des œuvres légères de prime jeunesse ou à des
œuvres inachevées et souvent perdues (
La
Coupe du Roi de Thulé sur le livret d'É. Blau et Gallet figure
parmi les plus intriguantes). Des œuvres écrites après sa trentième
année et non perdues, il n'y a plus guère que
Bacchus qui n'ait pas été remonté
(il me semble) et qu'
Ariane et
Panurge qui ne disposent pas
d'enregistrement officiel.
Le résultat s'est révélé
remarquable : œuvre d'essence plutôt légère, mais dont la musique n'est
nullement triviale,
Bazan
explore la vie supposée du personnage plaisant de
Ruy Blas de Hugo ; la pièce de
théâtre initiale (écrite près de 30 ans plus tôt par le
futur librettiste de Massenet, en collaboration avec l'ancien directeur
du Théâtre des Variétés) est commandée par le créateur du rôle chez
Hugo qui voulait conserver son personnage tout en ayant le premier
rôle. L'opéra de Massenet qui se fonde sur lui est une sorte de
vaudeville (mais au contenu musical très développé et sérieux, comme un
opéra comique) qui joue avec
la mort (et se laisse quelquefois rattraper), débutant en beuverie, se
constellant d'amitiés sincères, culminant avec une évasion, et
finissant par faire du frippon le mari le plus soucieux des convenances
(assez étonnant comment cet opéra au ton supposément canaille finit par
laisser au transgresseur les clefs des convenances les plus
bourgeoises), mettant à la porte le roi.
Plaisant, vif, plein de séductions, et
servi par une équipe musicale extraordinaire (en particulier
Dumora et Sarragosse, et par-dessus tout
l'orchestre des Frivolités Parisiennes, du grand premier choix !), une
résurrection méritée dans les murs mêmes où le
Don César en version parlée fut
créé – Théâtre de la Porte Saint-Martin.
Pas eu le loisir non plus de dire mon émerveillement devant le
programme des danseurs de l'École de l'Opéra,
et pas seulement à cause de l'enthousiasme et de la qualité des jeunes
interprètes, d'une qualité d'expression rarement vue, pour ma part,
chez leurs aînés. Trois ballets courts.
La musique de
Paulli est peut-être la pire chose
que j'aie entendu… certes, il s'agit d'imiter une école de danse et la
muzak qui y sévit, mais même un exercice d'harmonie de première année
sonne mieux, on dirait que le but est de produire la plus mauvaise
musique possible sans enfreindre aucune règle. À côté,
Anna Bolena, c'est déroutant et
tendu comme
Pierrot Lunaire.
Presque physiquement violent.
En revanche, belle réussite pour
Les Forains de Roland Petit, jolie
histoire mélancolique sur une musique de
Sauguet qui tire adroitement parti
de l'univers du cirque, avec beaucoup de couleurs et d'assemblages un
peu crus et très variés ; et surtout, surtout, l'éblouissement du
Piège de lumière de John Taras,
avec une musique lyrique du
Damase
des grands jours, nullement répétitif ou prévisible, osant des coloris
sombres qui lui sont moins familiers, même dans les tourments de
L'Héritière ou les trahisons de
Colombe.
L'argument du ballet est lui-même très inhabituel et assez prenant,
pour une fois : des détenus d'un pénitencier s'échappent , et bien sûr
de rayonnants épanchements.dans la forêt vierge. Pris par la soif, l'un
d'eux voit des papillons s'ébattre autour de lui comme dans un délire.
L'occasion de sacrés contrastes visuels et sonores, et une intrication
de deux sujets incompatibles très réussie.
Entendre
le
Rosenkavalier
en salle a été une expérience extraordinaire : contrairement au disque,
l'orchestre domine et la finesse de l'écriture, la récurrence des
motifs frappent en pleine figure ; c'est toute la science de Wagner au
service d'une expression guillerette, mais pas moins raffinée ni
profonde. Une des expériences
musicales
les plus impressionnantes que j'aie faites, alors même que je ne suis
(toujours) pas un gros client de l'œuvre au disque – chez le Strauss «
conversationnel », j'aime davantage Intermezzo et surtout Arabella.
Mais le
Rosenkavalier, malgré
son livret pas complètement bien proportionné, justifie sa haute
réputation par l'ambition de sa musique, très impressionnante. (Par
ailleurs, cette fois-ci, les qualités de détail de Philippe Jordan,
audibles à la radio mais pas toujours en salle, étaient complètement
perceptibles, ce qui ajoutait à l'impression d'extraordinaire.)
En fin de saison, quelques grands moments d'émotion toute nue, avec de
la
musique de chambre
interprétée avec chaleur (n°99 & 101) : entendre ces œuvres bien
structurées s'épanouir dans l'acoustique sobre d'une cour d'hôtel, dans
une atmosphère qui n'a pas du tout les pesanteurs de la saison
officielle (où, surtout à Paris, le public vient souvent à l'adulation
ou à la curée), et par de jeunes musiciens encore émerveillés de
toucher à ces chefs-d'œuvre (quoique parfaitement aguerris), c'est la
musique brute, au delà de toutes les questions accessoires. Dans
certains cas, partition (discrètement) en main, pour profiter de tous
les détails. L'impression de revenir à l'essentiel, d'une certaine
façon.
3. Statistiques
3a. Statistiques : lieux fréquentés
Septième saison francilienne, et cependant encore un assez respectable
taux de renouvellement des salles : 101 soirées, 43 lieux, dont 15
nouveaux. Soit un tiers de lieux inédits (notés en gras).
(Philharmonie 1 & 2 : 30)
Philharmonie : 22
(MR total : 14)
(Conservatoires total : 13)
MR auditorium : 10
TCE : 10
(CNSM total : 9)
(Opéra de Paris total : 8)
CiMu : 7
Opéra Bastille : 5
(Soubise total : 4)
Parc Floral : 4
--
CNSM (salle Fleuret) : 3
CNSM (Salle d'art lyrique) : 3
MR Studio 104 : 3
Palais Garnier : 3
Hôtel de Soubise (cour de Guise) : 3
38Riv' : 3
CNSM, salle d'orgue : 2
CRR Auditorium Landowski : 2
Cité Internationale des Arts : 2
Versailles (Opéra Royal) : 1
Musée d'Orsay : 1
Billettes : 1
Gaveau : 1
Salle Cortot : 1
Invalides (grand salon) : 1
Châtelet : 1
Hôtel de Soubise (salon) : 1
Hôtel des Menus-Plaisirs : 1
Salle des Concerts du Vieux
Conservatoire : 1
Salle de répétition 1 de la
Philharmonie : 1
CNSM, salon Vinteuil : 1
NDP, côté portail Ouest : 1
Saint-Gervais : 1
Notre-Dame des Bancs Manteaux :
1
Sainte-Élisabeth-du-Temple : 1
Église Saint-Charles de
Joinville-le-Pont : 1
MR Studio 105 : 1
Théâtre de la Porte Saint-Martin
: 1
Théâtre Trévise : 1
Vieux-Colombier : 1
Théâtre
de Ménilmontant : 1
Cinéma Le Balzac : 1
Grand Salon du Lycée d'État Jean Zay
: 1
Sans doute liée à la fermeture de théâtres lyrique comme
l'Opéra-Comique et l'Athénée (et aussi à la programmation sympa, à
l'effet de nouveauté, etc.), claire avance de la Philharmonie, et de
Radio-France (gonflé par les places impossibles à revendre,
précisons-le…). Présence significative des conversatoires, des
Champs-Élysées, contre-performance de Versailles (malgré le très beau
programme !), de l'Opéra de Paris, des Billettes (ce sera peut-être
pire la saison prochaine vu le programme très italien-XVIIIe), du Musée
d'Orsay (toute la bonne came est le midi en semaine, et c'est encore
pire pour la saison à venir !).
3b. Statistiques : genres écoutés
Pour la première fois, il me semble, l'opéra n'est pas en première
place, grosse orgie symphonique. Belle proportion de musique de chambre
aussi, ça manquait cruellement les années passées.
Symphonique
: 36 (dont baroque 2, classique 8, romantique 21, décadent 7,
moderne 14, néo- 1, cœur XXe 3, contemporain 9)
Opéra : 21
(dont 8 scéniques, 10 en concert – et les autres ? ; dont 10 en
français, 7 en allemand, 4 en italien ; dont premier baroque 1,
tragédie lyrique 5, seria 1, opéra comique 1, grand opéra 3, romantique
5, décadent 2, atonal 1, contemporain 1)
Chambre : 18 (dont baroque 3,
classique 2, romantique 7, décadent 2, moderne 6,contemporain 3 ;
violon-piano 1, violon orgue 1, quatuor piano-cordes 1, quatuor 5,
piano 5, nonette à vent 1)
Lied & mélodie : 11 (dont
airs espagnols 1, air de cour 2, mélodies françaises 2 ; avec ensemble
1, avec orchestre 4, en quatuor vocal 1)
Musique vocale sacrée : 11
(dont baroque allemand 2, baroque français 2, classique 2, XIXe
français 2, XIXe italien 1, XIXe allemand II, XXe 1, XXIe 1)
Orgue : 6 (dont baroque 3,
moderne 3, contemporain 1, improvisations 2)
Récital d'opéra : 6 (tragédie
lyrique 4, seria 1, diplôme 1)
Improvisations : 5
Ballet : 4 (scénique 2, triple-bill 2, concert 2)
Ciné-concert : 3
Théâtre : 4 (dont Ibsen 1)
Chœurs profanes : 2
Spectacle musical : 4
Traditionnel : 2
Chanson : 2
Piano : 2
Jazz : 1
Pop : 1
Comédie musicale : 1
Vous noterez que les récitals vocaux sont à peu près exclusivement
dévoués au lied, à la mélodie et à la tragédie en musique… Prendre en
tranches les parties les moins intéressantes des opéras les plus
rebattus, bof.
Très peu de théâtre cette année, faute de temps vu la place occupée par
les concerts… (et puis un seul Ibsen autre que
Dukkehjem) Quelques titres
supplémentaires cet été – Marivaux avec chants
a cappella à la Comédie Nation,
La Poupée sanglante d'après Gaston
Leroux à la Huchette, également jubilatoires – mais ils entreront dans
la statistique de la saison prochaine.
3c. Statistiques : époques musicales
traditionnel
: 2
XVIe1 : 1
XVIe2 : 3
XVIIe1 : 6
XVIIe2 : 14
XVIIIe1 : 16
XVIIIe2 : 14
XIXe1 : 23
XIXe2 : 47
XXe1 : 35
XXe2 : 18
XXIe : 17
En réalité plus représentatif de l'offre que de choix réels, mais il
est certain qu'à la jointure du XIXe et du XXe siècles, les grandes
machines orchestrales des symphonies et des opéras ont une réelle
plus-value avec l'impact physique de la salle. Ce sont aussi des
musiques complexes qui bénéficient d'une écoute attentive et d'un
support visuel. Mais clairement, il y aurait plus d'offre en XVIIe,
l'écart ne serait pas du tout le même.
3d. Statistiques : orchestres et
ensembles
28 orchestres, dont 13 découvertes en salle, soit près de la moitié
(notés en gras). Et beaucoup de grands noms ou de découvertes assez
épatantes.
Orchestre de Paris 11 (+ membres 1)
Orchestre Philharmonique de Radio-France 9
Orchestre de l'Opéra de Paris 6
Orchestre National de France 4 (+ membres 1)
Orchestre de chambre de Paris 4
Chamber Orchestra of Europe 3
Les Frivolités Parisiennes 2
Orchestre Colonne 2
Orchestre National d'Île-de-France
LSO
Radio de Munich
Capitole de Toulouse
Orchestre Philharmonique de Strasbourg
Ut Cinquième
Orchestre des Lauréats du CNSM
Orchestre des Étudiants du CNSM
Orchestre du Bureau des Étudiants du
CNSM
Orchestre des Jeunes du CRR
Orchestre Lamoureux
Brussels Philharmonic
Tonhalle Zürich
Elbphilharmonie de la NDR de Hambourg
Le Palais-Royal
Orchestre du Festival de Lucerne
Orchestre Symphonique de Cleveland
Opéra de Munich (Bayerisches
Staatsorchester)
SWR Freiburg Baden-Baden
Orchestre de chambre Pelléas
Arrêt des Putti
d'incarnat
Meilleur orchestre de la saison, sont nommés :
Brussels Philharmonic (
The Artist de Bource),
Tonhalle de Zürich (concerto pour
piano de Grieg),
Orchestre de Paris
(Sibelius 3,4,5),
Orchestre National d'Île-de-France (Tchaïkovski 2, Clyne),
Les Frivolités Parisiennes (
Le Farfadet,
Don César de Bazan),
Chamber Orchestra of Europe
(Symphonies de Mendelssohn et Bizet),
Opéra
de Paris (
Rosenkavalier).
♥♥ Attribué à : Orchestre
National d'Île-de-France.
Pas le plus virtuose malgré de superbes cordes graves (la petite
harmonie est clairement en deçà des standards des grands orchestres),
mais à chaque fois une intensité hors du commun et l'exaltation
palpable des musiciens. N'a pas de prix. [
notule]
♥ Dauphin : Les Frivolités Parisiennes.
Quelle divine surprise, avec de ce qui devrait théoriquement être un
orchestre de cacheton (ou de professionnels passionnés mais de seconde
zone), de rencontrer un orchestre d'une précision remarquable, et de
dotés de timbres personnels et chaleureux, un vrai son français au
meilleur sens du terme, franc, doté d'un grain très physique, et sans
les défauts d'approximation ou de laideur qu'on y associe souvent. [
notule]
De même, un assez grand nombre d'ensemble sur instruments anciens (et 8
sur 14 étaient des premières écoutes en salle) :
Les Talens Lyriques
Le Cercle de l'Harmonie
Le Concert Spirituel
Le Concert d'Astrée
Ensemble baroque du CNSM
Ensemble Pygmalion
Ensemble La Fenice
Il Pomo d'Oro
Ensemble Zaïs
Ensemble Pulcinella
Ensemble Marguerite Louise
Le Vaisseau d'or
Étudiants de Versailles et Cergy
autour de Marie van Rhijn
Orchestre issu du département de
musique ancienne du CRR de
Paris
Arrêt des Putti
d'incarnat
Meilleur ensemble sur instruments anciens de la saison, sont
nommés :
Les Talens Lyriques (
Armide
de LULLY),
Le Cercle de l'Harmonie (
Olympie de Spontini),
La Fenice (
Orfeo de Monteverdi),
Ensemble baroque du CNSM
(récital LULLY dirigé par Emmanuelle Haïm),
Ensemble Zaïs (autour d'Ariane),
Il Pomo d'Oro (
Rinaldo de Haendel),
Ensemble Pulcinella (récital
Magiciennes de Petibon),
Ensemble
Marguerite Louise (motets de Charpentier)
♥♥ Attribué à : La Fenice.
La variété des couleurs d'ensemble est formidable, mais c'est plus
encore la présence individuelle de chaque interprète qui impressionne
(à commencer par le cornetiste-chef, la violoniste-soprano, ou le
théorbiste-baryton Nicolas Achten). En plus, une vision assez
renouvelée et cohérente d'un bijou rabâché –
L'Orfeo. [
notule]
♥ Dauphin : Ensemble baroque du CNSM.
Quel sens du style ! Il Pomo d'Oro dans le
seria,
à la fois virevoltant et sans tropisme pour les effets extérieurs, ou
bien la finesse du continuo de l'Ensemble Zaïs méritaient les plus
beaux éloges.
Enfin, deux ensembles spécialistes en musique contemporaine :
Ensemble
Intercontemporain (hommage à Boulez)
Ensemble Recherche (participant
au Prometeo de Nono)
3e. Statistiques : chœurs
22 formations, dont 10 nouvelles.
Chœur ONP x5
Chœur OP x4
Maîtrise de Radio-France x2
Chœur RF x2
Maîtrise OP
Maîtrise NDP
Radio
Flamande
Radio Bavaroise
WDR Köln
NDR Chor
Chœur Lamoureux
Accentus
Frivolités
Parisiennes
Le Palais-Royal
Chœur ad hoc Châtelet Sondheim
Pygmalion
Concert Spirituel
Le Vaisseau d'or
RIAS Kammerchor
Schola Heidelberg
Chœur de chambre de Namur
Voces8
Voces8 est un peu à part, étant un ensemble à 8 (extraordinaire
collectivement, individuellement, stylistiquement…). Une référence
aussi bien pour les Motets de Bach que pour les transcriptions de
standards de jazz.
Arrêt des Putti
d'incarnat
Meilleur chœur de la saison,
sont nommés :
Chœur de l'Orchestre de Paris (
Requiem de Verdi),
Maîtrise de Radio-France (
Litanies de Poulenc, Chœurs de
Franck),
Chœur du Palais-Royal (
La Création de Haydn en français),
Chœur féminin du Vaisseau d'or (
Messe du Port-Royal de Charpentier)
Chœur de l'Orchestre de Paris
♥♥ Attribué à : Chœur de
l'Orchestre de Paris. [
notule]
♥ Dauphin : Maîtrise de Radio-France.
3f. Statistiques : chefs
64 chefs d'orchestre, dont 37 entendus pour la première fois en salle
(et un certain nombre tout simplement découverts dans l'absolu).
Chefs multi-fréquentés
Paavo Järvi x7 (OP)
Philippe Jordan x4 (Opéra de Paris)
Emmanuelle Haïm x2 (Ensemble baroque du CNSM, Concert d'Astrée)
Daniele Gatti x2 (ONF)
Roger Norrington x2 (OPRF)
Thomas Hengelbrock x2 (NDR
Hambourg, OP)
Jean-Philippe Sarcos x2
(fondateur Palais Royal)
Avec orchestres franciliens
Fabio Luisi (Opéra de Paris)
Nicola Luisotti (Opéra de Paris)
Christoph von Dohnányi (OP)
Gianandrea Noseda (OP)
David Zinman (OP)
Edward
Gardner (ONF)
Fabien Gabel (ONF ; ancien
assistant de Zinman)
Mikko Franck (OPRF)
Eliahu Inbal (OPRF)
Ton Koopman (OPRF)
Patrick Davin (OPRF)
Jakub Hrůša (OPRF)
Kwamé Ryan (OPRF)
Andy Einhorn (OPRF dans
Sondheim)
Douglas Boyd (OCP)
John Nelson (OCP)
Laurence Équilbey (OCP)
François-Frédéric
Guy (OCP)
Enrique Mazzola (ONDIF)
Guillermo
García Calvo (Lauréats du CNSM dans Sauguet et Damase)
Xavier Delette (Orchestres des
Jeunes du CRR)
Marion Ladrette (Orchestres des
Jeunes du CRR)
François Boulanger (Garde Républicaine)
Matthias Pintscher (EIC)
Laurent
Petitgirard (Colonne)
Gavin Sutherland (Colonne)
Antoine Marguier (Lamoureux)
Mathieu Romano (Frivolités
Parisiennes – Bazan)
Nicolas Simon (Frivolités
Parisiennes – Farfadet)
Benjamin Levy (fondateur
orchestre de chambre Pelléas ; ancien assistant de Zinman)
chefs du BDÉ du CNSM
Romain Dumas (Ut Cinquième)
Avec orchestres invités
Frank Strobel (Philharmonique
de Strasbourg)
Tugan Sokhiev (Toulouse)
Ernst Van Tiel (Brussels
Philharmonic)
Yannick Nézet-Séguin (COE)
Antonio Pappano (COE)
Valery Gergiev (LSO)
Ingo Metzmacher (SWR Baden-Baden Freiburg)
Matilda Hofman (SWR Baden-Baden
Freiburg)
Andris
Nelsons (Lucerne)
Lionel Bringuier (Tonhalle
Zürich)
Ulf Schirmer (Radio de Munich)
Kirill Petrenko (Opéra de
Munich)
Franz Welser-Möst (Cleveland)
Putti
d'incarnat
Meilleur chef d'orchestre, sont nommés :
Paavo Järvi (Sibelius 5, Bruckner 5),
Philippe Jordan (
Rosenkavalier),
Roger Norrington (Haydn),
Christoph von Dohnányi (Dvořák 7),
Gianandrea Noseda (
Requiem de Verdi),
David Zinman (
Le Prince de bois de Bartók),
Edward
Gardner (Tchaïkovski 1),
Eliahu
Inbal (Bruckner 9),
Ton Koopman
(Beethoven 2),
Jakub Hrůša
(Martinů 6 & Premier Concerto pour violoncelle),
Kwamé Ryan (Métaboles),
Enrique Mazzola (Tchaïkovski 2),
Frank Strobel (
Berlin de Meisel),
Yannick Nézet-Séguin (Intégrale
Mendelssohn),
Antonio Pappano
(Symphonie en ut de Bizet),
Valery
Gergiev (
L'Oiseau de feu
de Stravinski),
Mikko Franck (Poulenc,
Dutilleux).
♥♥ Attribué à :
Honnêtement, pas possible de choisir entre les structures de Järvi, le
détail poétique de Jordan, le tranchant de Dohnányi, l'élan de Noseda
et Zinman, l'intensité d'Inbal et Gardner, le goût parfait de Koopman…
Mais puisqu'il faut bien en distinguer quelques-uns, alors ce seront
Mazzola,
Koopman,
Järvi et
Inbal. Et Gardner, et
Dóhnanyi, et Jordan, et Strobel… Stop, stop, c'est reparti !
Avec ensembles sur instruments
anciens
Emmanuelle Haïm x2 (Ensemble baroque du CNSM, Concert d'Astrée)
Jean Tubéry
Hervé Niquet
Christophe Rousset
Vincent Dumestre
Jérémie Rhorer
Raphaël Pichon
Gaétan
Jarry (Ensemble Marguerite Louise)
Héloïse Gaillard (Pulcinella)
Marie
van Rhijn (Étudiants de Versailles et Cergy)
Sébastien Marq (Département
Musique Ancienne CRR Paris)
Stefano
Montanari (chef invité par Il Pomo d'Oro)
Martin Robidoux (fondateur
Vaisseau d'Or)
Meilleur chef d'ensemble spécialiste, sont nommés :
Vincent Dumestre (Guédron & Friends),
Jean Tubéry (
L'Orfeo),
Emmanuelle Haïm (
LULLY
avec le CNSM, surtout pas avec son ensemble !),
Héloïse Gaillard &
Violaine Cochard (Pulcinella),
Marie van Rhijn (
Alcide de Marais),
Sébastien Marq (
L'Europe galante),
Stefano Montanari (
Rinaldo).
♥♥ Attribué à : Vincent Dumestre toujours
à la pointe des meilleurs arrangements dans l'air de cour du début du
XVIIe siècle.
♥ Dauphine : Emmanuelle Haïm pour son
travail avec les étudiants du CNSM dans
LULLY (le récital
du même répertoireavec son ensemble sentait au contraire la routine et
le peu d'entrain…).
3g. Statistiques : metteurs en
scène & chorégraphes
Wernicke, Bieito, Guth, Herheim, Hermanis, Castellucci, les metteurs en
scène les plus en vogue se sont succédés dans ma saison scénique
(pourtant limitée en nombre).
Dominique Pasquet (Les Sincères de
Marivaux)
Jean-Louis Benoît (I Quattro Rusteghi
de Goldoni)
Alvis Hermanis (La Damnation de Faust
de Berlioz-Nerval-Gandonnière)
Claus Guth (Rigoletto de Verdi & Piave)
Pascal Neyron (Le Farfadet d'Adam & Planard)
Anna-Marie Holmes (chorégraphie
pour Le Corsaire d'Adam, d'après celle de Sergueïev –
d'après celle de Petipa)
August Bournonville (chorégraphie
pour Conservatoire de
Holger-Simon Paulli)
Stefan Herheim (Die Meistersiner von
Nürnberg de Wagner)
Claudine Gabay (John Gabriel Borkman
d'Ibsen)
Damien Bigourdan (Don César de Bazan
de Massenet & d'Ennery,
Dumanoir, Chantepie)
Herbert Wernicke (Der Rosenkavalier
de R. Strauss &
Hofmannsthal)
Romeo Castellucci (Moses und Aron
de Schönberg)
John Taras (chorégraphie
pour Piège de lumière de Damase)
Roland Petit (chorégraphie
pour Les Forains de Sauguet)
Calixto Bieito (Lear de Reimann & Henneberg-Zimmer)
Fanny Ardant (Passion de Sondheim & Lapine)
Éric Chantelauze (La Poupée sanglante
de Didier Bailly & Jérôme Chantelauze)
Je ne compte pas les mises en espace de circonstance (Kosma et
Notre Falstaff au CNSM,
L'Europe Galante au CRR,
Alcide aux Menus-Plaisirs, ni
La Favola d'Orfeo
par Tubéry à Gaveau, remarquablement suggestive d'ailleurs, avec ses
musiciens chantants qui se lèvent ou apparaissent dans les loges !).
Chacun assez conforme à ses habitudes :
Hermanis un peu perdu par ses
propres concepts (potentiellement stimulants, mais tellement
déconnectés de la scène),
Guth
dans un bon jour pas trop hardi (le double de Rigoletto ne dit pas
grand'chose, en revanche le carton mobile est très beau et renvoie
efficacement les voix),
Herheim
dans l'univers où il excelle (niveaux de lecture multiples, beauté
plastique, lisibilité et direction d'acteurs permanente, même chez ceux
qui se taisent),
Castellucci
plaisant visuellement sans chercher à construire un récit,
Wernicke
que je n'avais jamais vu aussi subtil (malgré les reprises en son
absence, gestuelle très précise et riche)… chacun a fait ce qu'on
attendait de lui. Seul
Bieito
m'a paru décevant eu égard à ses standards : peu d'usage de la
profondeur de scène, personnages peu caractérisés, ensemble plutôt
statique, et un peu comme la musique, grande uniformité des aspects
visuels gris. Dans le genre sombre, très loin de la réussite de son
Wozzeck magnétique, par exemple.
En revanche, beaucoup de choses très impressionnantes dans les petites
salles : la finesse des dialogues se prolonge dans de délicats
intermèdes musicaux
a cappella
chez
Dominique Pasquet
(nouveau collectif Les Sincères), la place laissée par
Jean-Louis Benoît à la verve des
meilleurs acteurs comiques du Français (Hecq, Raffaelli…), la vie
apportée à un petit opéra comique par
Pascal
Neyron, l'adroite scénographie avec des moyens limités chez
Damien Bigourdan, et l'inventivité
épatante de cette fresque racontée à trois acteurs dans la
Poupée de
Chantelauze… autant de régals.
S'il fallait faire ici aussi une remise de prix, ce serait par la force
des choses
Herheim
(virtuose au dernier degré) voire
Wernicke
(dans un ouvrage plus facile à servir, mais fin et plastique à la fois,
c'est toujours un enchantement. Mais, avec les moyens très limités (ne
serait-ce que l'espace de 10m², sans décor), sans doute encore plus
impressionné par la justesse de
Pasquet et
l'inventivité débridée de
Chantelauze.
Pour la chorégraphie, musique, sujet, chorégraphie (et même qualité des
danseurs), tout plaide pour
Piège de
lumière,
une des grandes musiques de Damase, pas du tout une pièce de
circonstance aux ressorts un peu répétitifs (comme ses concertos par
exemple), mais au contraire un univers riche et généreux, de plus
extrêmement avenant pour tout public (sorte de Poulenc lyricisé). Sur
un argument à la fois original et propice aux
épanchements féeriques.
3h. Statistiques :
instrumentistes
Autre nouvelle catégorie. Où l'on recense tous les solistes entendus et
distingue quelques chambristes particulièrement remarquables.
Pianistes :
►
François-Frédéric Guy
(Beethoven 3 & 5),
Lars Vogt
(Brahms 2, puis Mozart),
Denis Pascal
(dans le
Burleske de R.
Strauss),
Jean-Efflam Bavouzet
(Rachmaninov 2),
Romain David
(Koechlin),
Emmanuel Ax
(Beethoven 2),
Momo Kodama
(Mozart 23),
Maroussia Gentet
(Dutilleux),
Pierre Thibout (
Tannhäuser),
Nicolas Chevereau (
Thaïs),
Radu Lupu (Beethoven 3),
Jean-Yves Thibaudet (Grieg).
→ Hors solistes internationaux : Pierre Thibout et Nicolas Chevereau
(par accompagnateur régulier de L'Oiseleur des Longchamps) se
produisaient comme élèves de la classe de direction de chant d'Erika
Guiomar.
Violonistes :
►
Simon Ehnes
(Britten),
Stéphanie Moraly
(Koechlin),
Julian Rachlin
(Prokofiev 2),
Francesca Borrani (
tutti Mendelssohn),
Gil Shaham (Brahms),
Joshua Bell (Tchaïkovski),
Émeline Concé (Boutry, Ravel),
Fanny Robilliard (Brahms, Quatuor
avec piano n°3).
→ Hors solistes internationaux : Francesca Borrani est violon solo à
l'Orchestre de Chambre d'Europe (COE), Émeline Concé est le premier
violon du Quatuor Akilone (et aussi chef d'attaque des seconds violons
à l'Orchestre Lamoureux), Fanny Robilliard est membre du Trio Karénine
(avec piano), et occasionnellement de Musica Antiqua Köln et de
l'ensemble baroque du Philharmonique de Berlin.
Altistes :
► Beaucoup d'excellents entendus (chefs de pupitre au Philharmonique de
Radio-France pour Dutilleux, ou à la Tonhalle de Zürich pour Dvořák…),
mais réellement mis en valeur, et de toute façon la plus passionnante,
Sarah Chenaf (du Quatuor Zaïde)
emporte la palme.
Violoncellistes :
►
Johannes Moser (Martinů 1
révisé),
Sol Gabetta (Saint-Saëns
1),
Gautier Capuçon (Dvořák
2).
Flûtistes :
►
Philippe Bernold (Mozart
harpe),
Emmanuel Pahud
(Widmann),
Vincent Lucas
(Nielsen),
Clara Andrada de la Calle
(Bizet,
Symphonie).
→ Hors solistes internationaux : Vincent Lucas est solo à l'Orchestre
Paris (venu jouer le concerto de Nielsen),
Clara Andrada de la Calle est solo à l'Orchestre
de Chambre d'Europe.
Ondiste :
► Thomas Bloch (dans Thilloy
).
Pour beaucoup d'entre eux – sauf Capuçon (entendu dans la même
œuvre il y a un peu plus de quinze ans !), Lupu (il y a un peu plus de
dix ans), Shaham (idem) et Concé (trois fois rien que cette année !) –,
c'était la première fois que je les entendais en salle.
Et à présent, les distinctions :
Putti
d'incarnat
Meilleur pianiste de la saison, sont nommés :
Emmanuel Ax (Beethoven 2),
Romain David (Koechlin),
Pierre Thibout (
Tannhäuser),
Nicolas Chevereau (
Thaïs),
Radu Lupu (Beethoven 3),
Jean-Yves Thibaudet (Grieg).
♥♥ Attribué à : Pierre Thibout.
« Rien qu'en plaquant les accords simples de la marche des pèlerins de
Tannhäuser, on entendait la
causalité de chaque accord, chacun pourvu d'un relief extraordinaire…
on entendait Wagner composer ! » [
notule]
♥ Dauphin : Romain David. « il est facile
d'être un peu décontenancé et mécanique dans les contrepoints du
Koechlin, par exemple, mais ici on sentait au contraire (et plus encore
lorsqu'on a l'habitude de l'écouter, le lire ou le jouer) un soin
apporté à chaque section. Pas de camouflage à la pédale au piano, pas
de régularité négligente, au contraire chaque phrasé semble avoir été
patiemment pensé. » [
notule]
♥ … au demeurant très impressionné par la présence sonore d'Emmanuel
Ax, dans une œuvre que j'ai longtemps crue (à tort, je l'admets)
mineure.
Meilleur violoniste de la saison, sont nommés :
Simon Ehnes (Britten),
Stéphanie Moraly (Koechlin),
Francesca Borrani (violon solo du
COE,
tutti Mendelssohn),
Émeline Concé (Boutry, Ravel),
Fanny Robilliard (Brahms, Quatuor
avec piano n°3).
♥♥ Attribué à : Stéphanie Moraly.
« malgré l'acoustique très précise et impitoyable, une interprétation
d'une précision extraordinaire (même chez les très bons, une telle
justesse d'intonation chez un violoniste, sur un programme aussi long
et technique, est rarissime) et travaillée dans ses moindres recoins
[...] Stéphanie Moraly présentait très brièvement chaque pièce avec
chaleur, aisance, un sens de l'anecdote, [...] un ton très direct [...]
et une très jolie voix, souple et mélodieuse. » [
notule]
♥ Dauphine : Émeline Concé. « L
e Quatuor Akilone s'exprime par un beau
truchement : un son franc, bien étagé, physique, brillant mais
sans rondeurs inutiles. Dans Ravel, on a l'impression de revenir aux
sources d'un goût français du sans façons, loin des fondus
d'orchestre et des épaisseurs confortables. Et, surtout : elles
savent phraser ! La moindre articulation du discours est amenée
avec naturel, et dans une pièce aussi souvent jouée et enregistrée,
elles se frayent un chemin personnel sans le moindre effet appuyé. De
la musique en barre, émouvante avant d'être (très) impressionnante.
» [
notules]
♥ … et je n'ai jamais vu konzertmeisterin aussi ardente et
communicative que Borrani, ni soliste aussi aisé et musical (dans
l'assommante choucroute virtuosissime et amélodique de Britten)
qu'Ehnes, on aurait pu prolonger la distribution.
Meilleur altiste de la saison :
Louise Desjardins (Quatuor Akilone) dans le Huitième Quatuor de
Beethoven,
Sarah Chenaf
(Quatuor Zaïde) dans le Troisième Quatuor avec piano de Brahms,
Jean-Baptiste Brunier (alto solo de
l'OPRF)
dans la
Seconde Symphonie de Dutilleux.
♥♥ Attribué à : Sarah
Chenaf (membre
du Quatuor Zaïde, également primé à Bordeaux). Impressionné par sa
présence exceptionnelle dans des pièces de musique de chambre
(Troisième Quatuor avec piano de Brahms, en particulier) où elle
devrait être cachée milieu de l'harmonie, et où elle fait primer chaque
détail avec un charisme rare dans ces parties.
Meilleur violoncelliste de la saison, sont nommés, sont nommés :
Johannes Moser (Martinů
1 révisé),
Sol Gabetta (Saint-Saëns
1).
♥♥ Attribué à : Johannes Moser.
« … bien que complètement de dos, le son parvenait sans
effort, parfaitement timbré (pas du tout ce côté élimé et râpeux
fréquent dans le violoncelle concertant, sans être du gros son pour
autant)… le tout culminant dans une sarabande de Bach (
Première Suite),
murmurée mais timbrée comme à pleine puissance, osant même les
diminutions dans les reprises. Il pourrait paraître un excellent
violoncelliste parmi d'autres, mais dans la salle, on s'aperçoit
vraiment qu'il s'agit d'un interprète particulièrement exceptionnel. » [
notule]
♥ Dauphine : Sol Gabetta.
En salle, le son un peu poussé ou geignard qu'on entend en
retransmission disparaît complètement, et se projette glorieusement,
avec assez bon goût d'ailleurs – même si l'on demeure très loin, tout
de même, de la classe intersidérale et inaccessible de Moser.
Meilleur flûtiste de la saison, sont nommés :
♥♥ Attribué à : Clara Andrada de
la Calle. « meilleure flûte solo [du COE] de tous les temps :
comment est-il possible de
timbrer aussi rondement (et d'exprimer aussi bien) sur ce petit tube
dont les plus grands tirent souvent des sons lourdement empreints de
souffle ! » [
notule]
3i. Statistiques : chanteurs
Comme chaque année, beaucoup d'interprètes exceptionnels dont je ne
peux pas forcément parler à chaque fois… Voici leurs noms.
Légende :
¶ Formidable comme d'habitude
¶
Opinion améliorée par rapport à une précédente expérience
¶
Première audition en salle
Sopranos :
♪ Agathe Boudet (Port-Royal),
♪ Cécile Madelin (Sangaride,
Zemlinsky),
♪ Cécile Achille (Port-Royal),
♪ Marie Perbost (Spanisches Liederspiel),
♪ Julia Lezhneva (Almirena),
♪ Marie-Adeline Henry (Armide),
♪ Michaela Kaune (Werdenberg),
♪ Erika Grimaldi (Requiem de
Verdi),
♪ Amber Wagner (Ariadne).
Mezzo-sopranos :
♪ Eva Zaïcik (Rosina, Spanisches Liederspiel),
♪ Niina Keitel (Lene),
♪ Stephanie Houtzeel
(Octavian),
♪ Jennifer Johnson (Mahler 3).
Contre-ténors, falsettistes :
♪ Bruno Le Levreur (Guédron),
♪ Paul-Antoine Benos (Cid,
Zemlinsky)
Ténors :
♪
Paul Belmonte ? /
Alexandre Cerveux ? (Alcide –
divergence entre les programmes !)
♪
Pablo García (
Spanisches Liederspiel),
♪
Oliver Vincent (Voces8),
♪
Serge Goubioud
(Guédron),
♪
Kevin Connors (Tanzmeister
dans
Ariadne),
♪
Jean-Noël Teyssier (Bastien
dans
Le Farfadet)
♪ Mathias Vidal (Persée, Cassandre),
♪ Fabien Hyon (Atys),
♪
Andrew Staples (
Serenade de Britten),
♪
Francesco Demuro (le
chanteur italien),
♪
Michael Fabiano (Duca
di Mantova)
,
♪
Saimir Pirgu (Requiem
de Verdi),
♪ Jonas Kaufmann (Bacchus,
Damnation
de Faust),
♪
Brandon Jovanovich
(Stolzing),
♪ John Graham-Hall (Aron).
Barytons :
♪ Marc Mauillon (Guédron, La Haine),
♪
Nicolas Achten (berger de l'
Orfeo),
♪
Andreas Wolf (Argante),
♪
Christian Immler,
♪ Jean-Baptiste Dumora (César de Bazan),
♪
Steven Humes (Marke),
♪
Gerald Finley (Sachs),
♪ Thomas Johannes Mayer (Moses).
Basses :
♪
Dingle Yandell (Voces8),
♪
Jean-Claude Sarragosse
(Premier Ministre dans
Bazan),
♪
Yorck Felix Speer (Cuno),
♪
Günther Groissböck
(Pogner),
♪
Peter Rose (Ochs).
… les voilà réunis pour une petite remise de prix.
Putti
d'incarnat
Meilleur soprano (léger) de la saison, sont nommées :
Agathe Boudet
(Port-Royal),
Cécile Madelin
(Sangaride, Zemlinsky),
Marie Perbost
(
Spanisches Liederspiel),
Julia Lezhneva (Almirena).
♥♥ Attribué à : Cécile Madelin.
♥ Dauphine : Marie Perbost.
Meilleur soprano (grand format) de la saison, sont nommées :
Véronique Gens
(Béatrix, Marie),
Marie-Adeline
Henry (Armide),
Michaela
Kaune (Werdenberg),
Amber
Wagner (Ariadne).
♥♥ Attribué à : Véronique Gens.
♥ Dauphines : Amber Wagner,
Marie-Adeline Henry.
Meilleur mezzo-soprano de la
saison, sont nommées :
Eva Zaïcik (Rosina,
Spanisches Liederspiel),
Niina Keitel (Lene),
Stephanie Houtzeel (Octavian),
Jennifer
Johnson (Mahler 3).
♥♥ Attribué à : Eva Zaïcik.
♥ Dauphine : Jennifer Johnson.
Meilleur falsettiste de la
saison :
♥♥ Attribué à : Paul-Antoine Benos
(Cid, Zemlinsky).
♥ Dauphin : Bruno Le Levreur (Guédron).
Meilleur ténor (léger) de la saison, sont nommés :
Oliver Vincent (Voces8),
Serge Goubioud (Guédron),
Mathias Vidal (Persée, Cassandre),
Fabien Hyon (Atys),
Andrew Staples (
Serenade de Britten)
♥♥ Attribué à : Mathias Vidal
(pour Persée en particulier).
♥ Dauphin : Andrew Staples.
Meilleur ténor (grand
format) de la saison, sont nommés :
Saimir Pirgu (Requiem de
Verdi),
Michael Fabiano (Duca
di Mantova)
, Jonas Kaufmann (Bacchus,
Damnation de Faust),
Brandon Jovanovich (Stolzing),
John Graham-Hall (Aron).
♥♥ Attribué à : Saimir Pirgu.
♥ Dauphin : Brandon Jovanovich.
Meilleur
baryton (lyrique) de la saison, sont nommés :
Marc Mauillon (Guédron, La
Haine),
Nicolas Achten (berger
de l'
Orfeo),
Andreas
Wolf (Argante),
Jean-Baptiste
Dumora (César de Bazan).
♥♥ Attribué à : Marc Mauillon.
♥ Dauphins : Andreas Wolf.
Meilleur baryton-basse
de la saison, sont nommés :
Steven Humes (Marke),
Gerald Finley (Sachs),
Thomas Johannes Mayer (Moses).
♥♥ Attribué à : Steven Humes.
♥ Dauphin : Gerald Finley.
Meilleure basse chantante de
la saison :
♥♥ Attribué à : Dingle Yandell
(Voces8).
Meilleure basse noble de la
saison, sont nommés :
Jean-Claude Sarragosse (Premier
Ministre dans
Bazan),
Yorck Felix Speer (Cuno),
Günther Groissböck (Pogner),
Peter Rose (Ochs).
♥♥ Attribué à : Yorck Felix Speer.
♥ Dauphin : Günther Groissböck.
Je devrais faire la même chose pour les danseurs de ballet, mais j'en
ai finalement peu vu, et surtout aimé les petits jeunes de l'Opéra
(dans
Les Forains de Petit et
Piège de lumière de Taras),
et l'
English National Ballet (Rojo
forever)…
4.
Ressenti
Que souligner, hors l'extrême variété et surabondance de l'offre, très
loin d'être épuisée par ce tour d'horizon qui ne reflète que ma
pratique personnelle de l'année, le concert n'étant même pas mon
premier poste en dépense de temps…
Toujours
énormément de
concerts gratuits (notamment dans les conservatoires, les
églises…),
originaux, et de
haute volée… on peut se faire une saison complète à l'œil, sans
rien rogner sur la qualité. Certes, on ne verra pas les orchestres
internationaux ni les solistes à la mode, et le niveau individuel de
virtuosité sera peut-être (pas systématiquement, loin s'en faut !)
moindre. Mais ce sera grand tout de même – car Paris est généreuse.
Alors, peut-être souligner la présence de
quelques (beaucoup de) superbes
raretés, comme les airs de cour de Guédron, le
Berlin de
Meisel, la
Première Symphonie de
Walton (symphonie de l'année ?), la
Sonate avec violon de
Koechlin,
etc.
Remarqué une fois de plus que
le
répertoire symphonique français,
qui m'exalte tellement au disque, me touche moins fort au concert, à
cause de sa forme moins discursive (plus rhapsodique, ou du moins plus
contemplative) que les grands monuments germaniques équivalents.
Chausson (
Soir de fête) et
Debussy (
Printemps) en l'occurrence, face à
Bruckner – que je n'aurais pas dit
du même tonnel…
La grande surprise des
productions
lyriques ne provenait pas de
Bru
Zane cette saison (contrairement au
Cinq-Mars fulgurant de Gounod,
possiblement son meilleur opéra) : il me semble que la politique de la
maison se tourne de plus en plus vers la documentation de ce qui avait
du succès au XIXe (David, Joncières…) plus que de ce qui peut marquer
notre propre époque. Travail précieux de musicologie et
d'historiographie, mais moins stimulant pour le mélomane :
Dante de
Godard et
La Jacquerie Lalo & Coquard n'étaient pas
dépourvus de qualités ponctuelles, mais leur inégalité et la faiblesse
extrême de leurs livrets expliquent très bien qu'ils n'aient pas été
repris au delà de leur propre période.
Patrie ! de
Paladilhe,
La Dame de Monsoreau
de
Salvayre ou
Hernani de
Hirchmann, pour se limiter à des
titres souvent cités en ces pages (pour le reste, il y en a quelques
tombereaux
là).
Côté opéra, le grand coup fut
frappé, dans le secteur même d'activité de Bru Zane, par
Les Frivolités Parisiennes,
remarquable compagnie qui emploie les plus fins musiciens (ainsi que
d'excellents chefs, chanteurs et metteurs en scène) dans des
productions scéniques complètes ; bien que peu subventionnée, elle se
produit dans d'adorables théâtres (cette saison, Trévise et Porte
Saint-Martin…) avec une qualité de finition épatante et des tarifs très
abordables. Pour de l'opéra de veine comique, nul besoin de se forcer à
écouter pour la vingtième fois le
Barbier
de Séville à 50 mètres des chanteurs pour 150€, on a ce qu'il
vous faut.
Don
César de Bazan de Massenet,
qu'on avait cru perdu, se révèle, sinon le chef-d'œuvre de son auteur
(l'ensemble reste sur un ton en général aimable plus qu'audacieux), une
œuvre d'une cohérence et d'une séduction assez imparables.
L'année Louis XIV n'a pas permis au CMBV de proposer des explorations
majeures en
tragédie en
musique (plutôt centré cette année sur les célébrations
religieuses, programme au demeurant très intéressant.). Cette année, la
nouveauté majeure en tragédie lyrique fut le
Persée de
LULLY
dans sa révision massive à un siècle de distance (1682-1770) par
Dauvergne, Bury & Francœur,
à l'occasion du mariage de Marie-Antoinette ; une partition
très différente, très surprenante, mais pas sans
charme, grisante par endroit, qui a cependant mis en fureur ceux (je ne
dénonce
personne) qui espéraient entendre du
LULLY et
ont récolté de la déclamation post-gluckiste (malgré la date, ça tire
déjà pas mal vers Gossec et Méhul, étrangement) avec des ariettes et
des fusées orchestrales post-ramistes.
Seule
découverte réellement
désappointante,
Garayev
et
Thilloy dans un concert
coloré d'horizons (
Nocturnes de
Debussy,
Pulcinella de
Stravinski,
Les Biches de
Poulenc) de l'Orchestre Lamoureux (en très petite forme) ; le premier
d'un orientalisme insipide, quoique pas déplaisant ; le second, tiré
d'une musique de film, brille au concert par une vacuité qui ferait
passer les
Glassworks pour
L'Art de la Fugue après
duplications en miroir.
Je ne reviens pas sur ma souffrance
Migot,
récemment
partagée avec force jérémiades hyperboliques.
Trois soirées auront probablement marqué mon expérience de mélomane et
de spectateur : la
Deuxième
Symphonie de Tchaïkovski par Mazzola, le
Rosenkavalier par Wernicke &
Jordan, le
Berlin
de Meisel (dans un arrangement sans cordes) par Strobel et avec
projection du film – mais la musique est sublime sans, malgré son
caractère figuratif. Des sommets comme on n'en croise pas souvent, même
à l'échelle de la démentielle offre francilienne.
Et puis quantité de spectacles extraordinaires pour une raison ou une
autre (œuvres, interprètes, ambiance générale), et qui n'entraient pas
forcément dans l'une ou l'autre catégorie des récompenses : la Poupée
sanglante, Armide par Rousset, Walton 1 par Colionne, Sibelius 5 par
Järvi, Bruckner 5 par Järvi, Mahler 3 par Järvi, Bazan, Koechlin par
Moraly & R. David, Brahms et Fauré par le Trio Karénine + S.
Chenaf, Guédron & Friends, Liederpiel à Soubise, récital
LULLY
au CNSM, Sérénade de Britten par Staples, Shadows of Time couplées avec
les Litanies de Poulenc, Dvořák 7 par Dohnányi, Tchaïkovski 1 par
Gardner, Requiem de Verdi par Noseda, Meistersinger par Herheim &
Jordan, Akilone SQ dans Beethoven 8, Akilone SQ dans Ravel &
Boutry, Bruckner 9 par Inbal, Transcriptions des futurs chefs de chant
du CNSM, Les Sincères de Marivaux avec intermèdes
a cappella,
le Farfadet d'Adam à Trévise, le Persée de 1770, The Artist de Bource
en concert, I Rusteghi par les comédiens-français, les quatuors avec
piano de Marx, Voces8,
Piège de
lumière de Damase, hommage à Boulez, extraits des
Ariane de Marais et de Mouret,
Martinů par Hrůša, Beethoven 2 par Koopman…
À peu près tout le reste était peut-être un peu moins excessivement
génial, mais quand même tout à fait épatant (très bien choisi sans
doute, mais au
sein d'une offre qui permet de faire 100 concerts épatants tout en
ratant beaucoup d'autres grandes soirées…) : Olympie de Spontini,
intégrale Mendelssohn du COE, Franck par la Maîtrise de Radio-France,
Quatuors de Haensel-Auber-Pleyel, Sibelius 3 par Järvi, Sibelius 4 par
Järvi, Dollé-Visée, Trio avec piano 1 de Brahms avec Cartier-Bresson,
L'Orfeo par Tubéry, inauguration de l'orgue de la Philharmonie,
cantates de Liszt et Gounod, COE & Pappano, airs de cour espagnols,
la Création de Haydn en français, le Prince de Bois par Zinman, Rinaldo
par Il Pomo d'Oro, concert Dutilleux par Ryan, l'Oiseau de feu par
Gergiev, Credo de MacMillan, le Corsaire avec Tamara Rojo, Rigoletto
par Guth-Luisotti, Les Animaux Modèles (et Printemps !), le Concerto de
Grieg par la Tonhalle, le Freischütz par Hengelbrock…
Dans les semi-réussites, peut-être Schubert 5 par Norrington (joué de
façon aussi haydnienne, exalte surtout la simplicité et les
répétitions), Bach et Mendelssohn par l'Orchestre de Paris (problème de
style malgré Hengelbrock, ça ne se fait pas en une nuit), le Tristan
d'Audi (musicalement superbe, mais visuellement bâclé un à point qui
m'avait presque agacé), Mahler 3 par Cleveland (problème basique de
gestion de la tension des phrasés tuilés), Petibon donc la voix
s'est
beaucoup arrondie pour chanter
LULLY et ses semblables…
mais de très bonnes soirées tout de même !
Un peu plus réservé sur
Passion de
Sondheim (vraiment pas très grand, et la mise en scène très grise et
conventionnelle d'Ardant ne comblait pas les manques), Santiago de
Murcia pour guitare baroque et harpe (problème d'instruments surtout,
ils sonnaient mal… dans ce répertoire, si on n'a pas de bons
crincrins…). Assez perdu, même en étant familier du sujet et des œuvres
jouées (et en ayant lu le programme de salle), par
Notre Falstaff au CNSM. Comme si
j'assistais à un
happening
de regietheater avec des moyens amateurs ; sans être déplaisant,
déstabilisant. Trouvé le temps très long dans le Concerto pour
violoncelle de John
Williams au CRR (sans grand intérêt), et puis c'était l'orchestre des
étudiants, pas encore
aguerri). Mais dans ces deux cas, ce sont des concerts gratuits ouverts
au public pour permettre l'entraînement des étudiants… c'est en général
assez superlatif, mais il n'y a pas d'obligation de résultat, on est
invité à voir les travaux en cours et on aurait mauvaise grâce à le
leurreprocher !
Ce que je n'ai vraiment pas aimé ? L'examen de fin d'année d'une
étudiante de master au CNSM (j'avais dit que je me demandais à quoi
servait de bâtir une voix d'opéra épaisse, moche et inintelligible si
c'est pour ne pas se faire entendre au bout d'une salle de 100m²),
parce qu'il dit quelque chose des techniques (à mon avis dévoyées) à la
mode dans l'enseignement et la pratique du chant. Et
surtout, bien sûr, ma souffrance intense en compagnie de Georges Migot.
Deux
entreprises au demeurant sympathiques (examen ouvert au public, mise en
valeur d'un compositeur totalement négligé), on voit à quel point il y
avait peu matière à se plaindre de cette très vaste saison de concerts.
Le moment est-il venu de se quitter en distinguant les plus beaux
spectacles de l'année ? J'ai été le premier surpris du résultat.
Putti
d'incarnat
Meilleur opéra en version scénique, sont nommés :
Le Farfadet (Frivolités
Parisiennes),
Don César de Bazan
(Frivolités Parisiennes),
Die
Meistersinger von Nürnberg (Herheim-Ph.Jordan),
Der Rosenkavalier (Wernicke-Ph.Jordan)
♥♥ Attribué à : Der
Rosenkavalier.
[La saison passée :
Rusalka
par Carsen-Hrůša.]
Meilleur opéra en version de concert, sont nommés :
Armide (Talens
Lyriques),
Persée
1770 (Concert Spirituel),
Olympie (Cercle de l'Harmonie)
♥♥ Attribué à :
Armide.
[La saison passée :
Cinq-Mars
par Schirmer.]
Meilleur concert symphonique,
sont nommés :
Bruckner 5 (OP-Järvi), Bruckner 9 (OPRF-Inbal), Tchaïkovski 1
(ONF-Gardner), Clyne & Tchaïkovski 2 (ONDIF-Mazzola), Mahler 3
(OP-Järvi), Sibelius 5 (OP-Järvi), Walton 1 (Colonne-Petitgirard),
Suk-Martinů (OPRF-Hrůša), Poulenc-Dutilleux (OPRF-Franck)…
♥♥ Attribué à :
Clyne & Tchaïkovski 2.
[La saison passée : Tchaïkovski 5 par P. Järvi.]
Meilleur concert chambriste,
sont nommés :
Quatuor Pleyel (Haensel, Auber, Pleyel), Quatuor Akilone &
Williencourt (Beethoven 8, Quintette Brahms), Trio Karénine &
S.Chenaf (Brahms 3, Fauré 1), Transcriptions de la classe de direction
de chant du CNSM, Quatuors avec piano de Marx, Quatuor Akilone
(Schubert 13, Ravel, Boutry), S.Moraly-R.David (Hahn, Koechlin, Ravel,
Emmanuel).
♥♥ Attribué à : S.Moraly-R.David
(Hahn, Koechlin, Ravel, Emmanuel).
♥ Dauphin :
Trio Karénine + S. Chenaf
;
Transcriptions CNSM.
Au demeurant, les
Akilone
ont livré un deuxième Razoumovski de Beethoven et un Ravel qui n'ont
guère d'équivalents ! (en revanche bizarrement à la peine dans le
Quintette de Brahms)
[La saison passée : ECMA, avec notamment les quatuors Akilone, Hanson
et Arod.]
Meilleur concert de lied ou
mélodie, sont nommés :
Spanisches Liederspiel de
Schumann (Perbost, Zaïcik, García, Reschke…),
Serenade pour ténor, cor et cordes
de Britten (Staples, OCP, Boyd).
♥♥ Attribué à : Spanisches
Liederspiel. Au moins du niveau de l'assemblage
Röschmann-Kirchschlager-Bostridge-Quasthoff-Deutsch-Drake (
tournée européenne de 2009), c'est assez en dire.
La qualité stylistique et expressive de ces jeunes chanteurs non-natifs
est très impressionnante, en plus de la beauté des voix (les deux
demoiselles en particulier).
♥ Dauphin :
Serenade de Britten. Outre que c'est
magnifique en soi, le remplacement de l'excellent Toby Spence par
Andrew Staples a permis de prendre la mesure d'un véritable miracle –
la maîtrise absolue de l'instrument comme des intentions, et une
variété de coloris immense. Il chante énormément sur les plus grandes
scènes (il sera à nouveau là pour les
Scènes
de Faust à la Philharmonie, une partie qu'il a déjà beaucoup
éprouvée, à Berlin, à Munich…), mais il n'a étrangement pas atteint la
notoriété d'autres chanteurs de ce registre (rôles
de caractère et oratorio romantique
& XXe, disons, un lyrique assez léger – mais la voix est
extraordinairement projetée, il pourrait tout aussi bien chanter des
héros romantiques, Roméo au minimum).
[La saison passée : Elsa Dreisig – extraits du concert dans cette
notule.]
Meilleur concert baroque,
sont nommés :
Guédron & Friends (Dumestre), récital
LULLY (CNSM,
Haïm), Port-Royal (Vaisseau d'or, Robidoux), figures d'Ariane (Zaïs),
Dollé-Visée (R. Pharo, Th. Roussel), airs de cour espagnols (Kusa,
Egüez)
♥♥ Attribué à :
récital LULLY.
De jeunes chanteurs dont certains sont de très grandes promesses pour
le répertoire (Cécile Madelin, Paul-Antoine Benos), et d'autres des
chanteurs qui ne se spécialiseront peut-être pas (Fabien Hyon) mais qui
forcent l'admiration par leurs qualités propres. Concert fondé sur des
duos et ensembles qui ne sont pas tous des tubes (la dispute du IV d'
Atys !), et accompagné avec un feu
dansant incroyable par les élèves du CNSM. Le contraste avec le
(plaisant mais) poussif récital von Otter-Naouri dirigé par la même
Haïm avec son ensemble était d'autant plus saisissant. [Au passage, ce
sont les seuls récitals d'opéra de l'année avec celui de Zaïs, vraiment
le seul répertoire qui est représenté dans cette catégorie peu noble, à
chaque saison de CSS.]
♥ Dauphin :
Guédron & Friends.
Dans une certaine mesure plus proche de la chanson (enfin, à plusieurs
parties, donc madrigalisée…), avec des
ostinati irrésistibles et des
textes débordant d'une roborative verdeur. Et quels chanteurs (Le
Levreur, Goubioud, Mauillon, meilleurs qu'ils ne l'ont jamais étés),
attelés avec l'étrange (et fascinante) Lefilliâtre.
[La saison passée :
Vespri de
Rubino en collaboration CNSM-Palerme.]
Théâtre, sont nommés :
Les Sincères de Marivaux,
Les Rustres de Goldoni,
John Gabriel Borkman d'Ibsen,
La Poupée sanglante de Chantelauze
& Bailly (d'après Leroux).
♥♥ Attribué à :
La
Poupée sanglante. Inventif et jubilatoire. En plus mis en
musique.
♥ Dauphin :
Les Sincères.
[La saison passée :
La Mort de
Tintagiles de Maeterlinck mise en scène par Podalydès et en
musique avec une sélection et des improvisations de Coin. Complètement
terrifiant et tellement poétique.]
Œuvre en première mondiale
(re-création), sont présents :
La Création de Haydn dans la
version de la création française,
La
Jacquerie de Lalo & Coquard,
Dante de Godard,
Don César de Bazan de Massenet,
Quatuors avec piano de Joseph Marx, Musique de chambre de Migot.
♥♥ Attribué à :
Don
César de Bazan. Vraie bonne surprise.
♥ Dauphin : Quatuors
avec piano de Joseph Marx (étudiants du CNSM).
Les autres n'étaient pas grandioses (et Migot carrément pénible).
[La saison passée :
Cinq-Mars
de Gounod.]
Compositeur vivant, sont
présents :
Aboulker (Maîtrise de Radio-France), Widmann (Orchestre de Paris),
Burgan (Orchestre Colonne),
Clyne
(Orchestre National d'Île-de-France). [Boulez, Damase et Dutilleux y
échappent de peu, mais leurs œuvres présentées datent souvent d'un
demi-siècle de toute façon…]
♥♥ Attribué à :
Anna Clyne.
Très belle utilisation de l'orchestre pour une écriture très accessible
et avenante (ce n'est pas du néo- ni du tonal définissable pour autant).
Boule de suif d'Aboulker
est un peu long et recycle tout le temps les mêmes (bons) effets, par
ailleurs déjà entendus chez elle.
La Suite pour flûte et orchestre de Widmann est d'un
modernisme de moyen terme bon teint, parfait pour avoir l'air
d'aujourd'hui sans rien oser… d'ailleurs, je n'ai pas trouvé très
honnête de finir sur une pièce assez jubilatoire (et bissée !) qui
n'avait rien à voir avec le reste et citait la Badinerie de Bach (et
Tristan !), façon un peu vulgaire
d'attirer les applaudissements Cela dit, c'était le seul bon moment de
la pièce, j'étais ravi que ce soit bissé, mais triompher en pillant
Bach dans les cinq dernières minutes me laisse un peu interdit sur la
philosophie du compositeur – je tire à la ligne pendant un quart, et
puis j'emprunte un tube pour faire un joli final brillant. Il fait une
très belle carrière de clarinettiste, pourquoi s'imposer ça ?
Mais c'est toujours mieux que
Le Lac de Burgan qui met en musique
le poème de Lamartine – dans des atmosphères indistinctes et une
prosodie aberrante.
Par ailleurs, les moments Damase-Dutilleux-Boulez
ont été excellents, tout n'est pas perdu pour les gens du XXIe siècle.
[La saison passée :
Au monde
de Boesmans.]
5.
Et puis
En finissant, je m'aperçois que le parti de distinguer individuellement
entre en contradiction avec la recherche de lignes de force, mais après
tout, comme il s'agit d'une bilan purement personnel, limité à ce que
j'ai vu, autant conserver les propos généraux pour les annonces de
saison.
J'espère surtout que ce contribuera à mettre en
lumière des lieux et des artistes particulièrement intéressants.
Pour ceux qui sortent parfois avec le sentiment d'à-quoi-bon en
quittant un concert prestigieux où l'on n'a pas été très concerné
(voire agacé), un concert dans une petite salle avec des interprètes
enthousiaste est un remède assez irrésistible – l'émotion n'est pas du
tout de même nature qu'avec les solistes les plus professionnalisés au
milieu d'une grande salle.
Indépendamment de l'engagement
(qui peut s'émousser, ou du moins s'automatiser, chez ceux qui ont
passé quarante ans à recueillir des triomphes en enchaînant les plus
grandes salles) et de la dimension des lieux (sentir le grain des
timbres sur sa peau est quelque chose de très précieux, qui ne passe
pas la rampe dans les vastes ensembles architecturaux), il existe, me
semble-tèil, une plus-value psychologique immédiate. Dans un concert
prestigieux, on jauge toujours les artistes, on attend que ce soit
au niveau (
a fortiori si on a payé cher,
raison pour laquelle je m'y refuse), que leur travail nous séduise,
voire nous subjugue ; dans le concert intime, on regarde au contraire
d'un œil bienveillant des artistes en devenir ou restés discrets, et
qui malgré l'absence de regards officiels susceptibles de promouvoir
leur carrière, partagent avec nous un moment privilégié. Dans le
premier cas, on sent la pression de l'événement, et qu'on le veuille ou
non, on le regarde comme tel, on se doit d'une certaine façon de
déterminer avant l'entracte si c'était bon ; dans le second, on se sent
au contraire en connivence, récipiendaires d'un secret, partenaires
d'une passion commune.
Pardon de le dire ainsi, mais les
mélomanes sont comme les poules de batteries auxquelles, si l'on donne
trop d'espace (mais pas beaucoup pour autant, ni de plein air),
développent des instincts cannibales : le lieu et le statut du concert
ont, très involontairement, une influence mécanique sur la perception
des choses. J'étais émerveillé d'entendre la Première Symphonie de
Walton en concert, avec une exécution qui m'aurait sans doute mis en
fureur
(ou plus vraisemblablement fait lever un demi-sourcil)
s'il s'était agi d'un Beethoven à la Philharmonie, mais qui m'a ravi
dans ce contexte, parce qu'elle apportait tout l'élan et la lisibilité
nécessaires à cette musique (et vu sa difficulté et sa rare pratique,
on n'allait pas mégoter sur la beauté des timbres ou les détails de
mise en place)…
Cette saison (comme la précédente), les repérages de concerts insolites
ou rares (plutôt en Île-de-France, puisque c'est issu de recherches
initialement pour ma pomme) seront plutôt proposés mensuellement
qu'annuellement, la formule a paraît-il semblé plus efficace.
Nous songeons à louer une salle pour la cérémonie de l'an prochain,
avec retransmission en mondiovision et partenariat avec Medici.tv. Kim
Jong
-eun a déjà proposé de
prêter le Salon Kim Il-sung de l'aile Ouest du Mémorial du Juche, mais
nous voudrions accueillir un public nombreux et cherchons une adresse
un peu moins enclavée en transports (on travaille le lendemain). Toute
proposition sérieuse acceptée.