► Extatiques d'avoir eu la
permission de recommencer (un peu) à vivre en 2021 ?
►► Préparez-vous à exploser de
bonheur : voici le programme des festivités en 2022 !
Bien plus complet que Cadences (et mieux calibré pour vos
goûts que l'Offi), voici le
glorieux agenda de Carnets sur sol
!
Il sera enrichi au fil des semaines, mais les
grandes salles et quelques chouchoutes (Athénée, conservatoires…) ont
été remplies jusqu'à la mi-mars.
Comme je suis seul à le constituer, le relevé est
bien sûr partiel et subjectif (je relève en priorité ce qui peut
m'intéresser…), mais tout de même assez vaste. De quoi vous donner, je
n'en doute pas, grands fous que vous êtes, des idées à travers tout
Paris – et quelquefois l'Île-de-France ! (Conseils randos /
patrimoine afférents sur demande.)
B. Enfant, on a tout notre temps
Les temps restant hautement incertains (on attend
dès à présent le mutant combiné avec la variole et la fièvre
hémorragique de Marburg pour relancer un peu la Saison 3), le relevé
s'arrête un peu avant le printemps (mais j'ai d'ores et déjà mentionné
quelques dates au delà).
Comme promis, je reviens sur le format simplifié :
je le trouve beaucoup plus commode, infiniment plus rapide (d'un
facteur 3 à vue de nez…), on voit plus facilement jour par jour, et à
charge ensuite à chacun de reporter dans son agenda personnel le
concert pour telle date donnée. Il me permet aussi de le remplir tandis
que je fais mes 3 à 6 heures de transports quotidiens, contrairement au
format tableau, très fastidieux à manipuler sur téléphone.
Mais je suis bien sûr preneur de retours, s'il y a
des choses à ajuster ou des besoins à satisfaire. (Ou simplement des
lauriers à jeter !)
Le contenu sera progressivement complété au fil des
prochaines semaines.
La salle Jehan Alain du CRR de
Paris, très bien représenté dans cette livraison.
C. Gratuit comme le
soleil, l'amour, l'amitié
Cette fois-ci, j'ai donc court-circuité la
hiérarchie des salles pour relever en priorité le plus intéressant :
les programmes des conservatoires, qui disposent d'avantages multiples
comme la gratuité, l'engagement des interprètes et surtout
l'originalité des répertoires. Le CRR de Paris, en particulier, fait
vraiment l'effort, sous l'impulsion de ses professeurs, de documenter
des pans entiers du répertoire français – de violon avec Stéphanie
Moraly, de tragédie en musique et opéra comique avec Stéphane Fuget /
Lisandro Nesis / Isabelle Poulenard / Howard Crook, de mélodie avec
Philippe Biros, de musique de chambre avec Philippe Ferro, Marie-France
Giret, Pascal Le Corre et Pascal Proust… et quelquefois même de la
symphonie, avec cette saison Gaubert, Ibert, Murail…
Quant au CNSM, c'est la garantie d'un niveau
équivalent à celui que l'on entend dans les grandes salles parisiennes.
Gratuitement. Depuis le premier rang. Dans des répertoires qu'on
n'entend pas d'habitude.
Les conservatoires d'arrondissement ou des communes
franciliennes (Versailles, Cergy, Pantin, Saint-Maur, Choisy,
Palaiseau…) méritent aussi la surveillance, de belles choses inédites
s'y passent régulièrement. Le plus difficile est d'être suffisamment
vigilant pour tout surveiller.
(Et, souvent, des soirées plus marquantes que ce
qu'on peut vivre au fond d'une grande salle avec des interprètes pour
qui ce type de concert représente une forme d'habitude, et dans un
répertoire que nous connaissons déjà tous par cœur.)
Si les caractères accentués sont déformés, n'hésitez pas à le
télécharger et à l'ouvrir dans un bloc-note ou éditeur de texte. (Et à
le signaler si le problème persiste.)
Je mets aussi le contenu en fin de notule, pour ceux qui
rencontreraient des difficultés de ce genre, mais il ne sera pas mis à
jour.
E. Chanter les
mêmes chansons
La signalétique reste la même que d'ordinaire :
*** capital, immanquable
** œuvre rare (et passionnante) et/ou interprétation qui fera date
* très intéressant
¤ intéressant, mais je n'ai pas prévu d'y aller (pas assez rare / trop
cher / j'aime pas les interprètes, etc.)
(( début de série
)) fin de série
AV place à vendre
? programme inconnu yy et ww sont des symboles personnels que
je n'ai pas enlevés (j'ai une place / je dois acheter une place)
Les lignes débutent soit par l'horaire, soit par un tiret, afin que
vous les repériez mieux. Le format texte rend l'ensemble moins immédiat
qu'un tableau, mais si vous regardez simplement les jours dont vous
avez besoin, c'est à mon sens encore plus pratique.
F. Le trajet
Vénus-Junon-la Terre
Comme je relève, dans l'immensité de l'offre,
essentiellement ce qui me plaît pour moi-même, je vous fournis aussi la
liste de salles dont je fais en général le tour (je ne puis le faire
pour toutes à chaque fois !) avant de publier l'agenda.
Institutions lyriques :
Opéra de Paris, Opéra-Comique, Châtelet, Athénée, Opéra Royal de
Versailles, Massy
Institutions symphoniques :
Philharmonie, Maison de la Radio, Théâtre des Champs-Élysées, Seine
Musicale, Gaveau, Invalides, Colonne, Wagram
Institutions chambristes :
Cortot, Fondation Singher-Polignac, Auditorium du Louvre, Musée
d'Orsay, La Scala Paris, Espace Bernanos, Espace Ararat (fermé pour 4
ans), Bal Blomet, Guimet (Les Pianissimes)
Conservatoires :
CNSM, CRR de Paris, PSPBB, CRR de Versailles, CRR de
Cergy, Conservatoires du XVIIIe, de Choisy-le-Roi, Pantin, Saint-Maur…
Salles qui programment quelques
opéras :
Bouffes du Nord, Marigny, BNF, Déjazet, Herblay,
Saint-Quentin-en-Yvelines
Théâtres qui programment un peu de
musique :
Théâtre Grévin, La Ferme du Buisson (Noisiel), Le Figuier Blanc
(Argenteuil)
Festivals (hors été) :
Philippe Maillard, Festival Marin Marais, Jeunes Talents (Archives
Nationales principalement), Concerts de la rue Bayard (fini), Forum
Voix Étouffées, Les Concerts de Poche, Inventio,
Les
Pianissimes (Guimet principalement), Baroque de Pontoise, Royaumont,
ProQuartet (Paris & 77)
Églises :
Église Américaine de Paris (chambre & vocal, souvent rare), The
Scots Kirk (chambre rare, fini), Saint-Merry (symphonique, chambre,
musiques du monde…), La Madeleine (concerts sacrés), Billettes,
Val-de-Grâce (concerts thématiques « patriotiques »)
Orgues :
Oratoire du Louvre (avec écran !), Saint-Eustache, La Trinité,
Saint-Louis de la Pitié-Salpêtrière, Temple de l'Étoile,
Saint-Pierre-de-Montmartre, Saint-Gervais-Saint-Protais, La Madeleine,
Saint-Sulpice, Saint-Roch, Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts, Chapelle
Royale de Versailles, Houdan, Brunoy, Mantes-la-Jolie,
Orgue-en-France.org
Compagnies :
La Compagnie de L'Oiseleur, Les Frivolités Parisiennes, Orchestre de
Chambre de Paris, Il Festino, Ensemble Poséidon, Faenza, Les Épopées,
l'Orchestre d'Éric van Lauwe, Les Talens Lyriques, La Chanson
Perpétuelle, Les Monts du Reuil, Ensemble Athénaïs…
Artistes :
Dagmar Šašková, Jean-Sébastien Bou, Marc Mauillon, Gérard Théruel,
Claire-Élie Tenet, Sahy Ratianarinaivo, Kaëlig Boché, Trio Zeliha, Trio
Zadig, Trio Sora, Cuarteto Quiroga, Quatuor Tchalik, Quatuor Akilone,
Quatuor Hanson, Quatuor Arod, Le Consort, Patrick Cohën-Akenine, Sophie
de Bardonnèche, Héloïse Luzzati, Gary Hoffman, Célia Oneto-Bensaid…
Autres styles :
La Huchette (comédie musicale), Sunside (jazz), Duc des Lombards
(jazz), Quai Branly (musiques du monde)
Théâtre :
Comédie-Française, Odéon, Colline, Montansier, Gérard Philippe
(Saint-Denis), Les Amandiers, L'Usine, L'Apostrophe
(Rien qu'écrire la liste prend une heure… d'où la
nécessité pour moi d'alléger le processus et de n'effectuer qu'un
relevé sur un format rapide, du moins si vous voulez en profiter un peu
en amont.)
G. Tu dors, je rêve
éveillé
Pour ceux qui se demandent d'où proviennent ces titres – d'une de mes chansons
préférées. Suivez le lien.
Voici pour l'une des dernières notules industrieuses
de l'année, à l'heure où vous vous gobergez déjà – ne niez pas, on m'a
tout dit.
Profitez bien, protégez-vous, survivez, et revenez
au concert pour la seconde partie de saison. Nous serons là – si nous
avons survécu, ou si nous ne renonçons pas à revenir de notre province.
Cette huitième livraison sera aussi, selon toute vraisemblance la
dernière de l'année.
J'ai trop tardé, occupé à documenter les anniversaires (gros travail à
venir, pour l'immense génération 1872 !), à publier les nouveautés et
les écoutes. Conclusion : non seulement je les documente en décalé,
mais chaque semaine, je dois repousser la publication impossible de
l'ensemble des écoutes… La mise en forme prend trop de temps, il faudra
que j'agisse sur ce point.
Aussi, pour l'instant, à part les quelques non-nouveautés que j'ai
relevées en début de notule, je me contente dans cette livraison de
mentionner les parutions récentes.
Tout cela se trouve aisément en flux (type Deezer, gratuit sur PC ; ou
sur YouTube) et en général en disque. Il faut simplement pousser la
porte.
(Pardon, mes présentations de titres ne sont pas toutes normalisées, il
faut déjà pas mal d'heures pour mettre au propre, classer et mettre un
minimum en forme toutes ces notes d'écoutes. Il s'agit vraiment de
données brutes, qui prennent déjà quelques heures à vérifier,
réorganiser et remettre en forme.)
Cycles
J'ai moins écouté de nouveautés, à force de revoir toujours passer les
mêmes œuvres, les mêmes genres musicaux… Non pas qu'il n'y ait pas
(beaucoup !) de nouveautés dignes d'intérêt, comme vous verrez, mais
considérant l'ampleur de ma consommation, aller fouiller dans le fonds
préexistant ménage davantage de satisfactions.
Plusieurs découvertes marquantes hors des publications toutes fraîches,
donc : les œuvres sacrées de (Jean) Mouton,
le luth de Robert Ballard, le
Stabat Mater de DomenicoScarlatti (l'une des rares
survivances de son œuvre hors clavier), l'orgue de Lasceux, les œuvres vocales de Cartellieri et Schürmann, le Quatuor Scientifique
de Rejcha (j'étais passé à
côté au disque, le concert m'a dessillé), les symphonies de Goła̧bek, les motets du wallon
Jean-Noël Hamal (écoute en
boucle de Miles fortis, une
bonne quizaine de fois en deux semaines…),
les quatuors de Kienzl (quel
sens simultané de la mélodie et de la structure !)…
J'ai aussi mené des cycles méthodiques de découverte : les concertos et
opéras de Dupuy le Suédois,
les poèmes symphoniques et les quatuors de Novák, Karg-Elert (ce n'est pas le plus
célèbre de son catalogue qui est le plus enthousiasmant !), tout ce
qu'on trouve de Biarent, Lipatti (ses compositions), l'orgue
intégral de Leighton, Eben (Job, bon sang !)…
Je me dis que je devrais plutôt faire tout de bon une notule par cycle,
ou reprendre le principe du disque de la semaine, pour ne pas ensevelir
mes lecteurs… et avoir du temps à consacrer à d'autres sujets.
La légende
Les vignettes sont au maximum tirées des nouveautés. Beaucoup de
merveilles réécoutées ou déjà parues n'ont ainsi pas été immédiatement
mises en avant dans la notule : référez-vous aux disques avec deux ou
trois cœurs pour remonter la trace.
(Un effort a été fait pour classer par genre et époque, en principe
vous devriez pouvoir trouver votre compte dans vos genres de
prédilection.)
J'indique par (nouveauté) ou (réédition)
les enregistrements parus ces dernières semaines (voire, si j'ai un peu
de retard, ces derniers mois).
♥ : réussi !
♥♥ : jalon considérable.
♥♥♥ : écoute capitale.
¤ : pas convaincu du tout.
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons
disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la
profusion de l'offre.)
Le tout est classé par genre, puis par ordre chronologique très
approximatif (tantôt la génération des compositeurs, tantôt la
composition des œuvres, quelquefois les groupes nationaux…) au sein de
chaque catégorie, pour ménager une sorte de progression tout de même.
A. Opéra
Beaucoup de titres, et quelques révolutions dans l'interprétation de
l'opéra italien.
nouveautés
Rossi
– Ézéchias (YT)
→ Cantate, rare évocation directe du règne d'Ézéchias, auquel on vient
de consacrer une notule. Et une cantate plutôt bien écrite. (Pas sûr de
recommander la version, qui sonne un peu comme la Foire au chapon.)
♥ Rameau
– Platée – Beekman, Auvity, Mauillon ; Les Arts
Florissants, Christie (HM 2021)
→ Belle version qui privilégié souvent le ton élégiaque sur la couleur
– pas nécessairement mon Rameau, et pas très bien capté (on entend
vraiment la sècheresse du théâtre, le changement d'emplacement des
comédies), ce n'est pas une révélation par rapport à l'histoire récente
de l'interprétation de l'œuvre.
→ En revanche la distribution époustoufle : Auvity, Beekman et
Mauillon, stupéfiants de projection naturelle en salle, et monstres
d'abattage !
→ Parution en somme bienvenue, considérant que la plupart des versions
marquantes ont été vidéodiffusées (et pas toujours en DVD).
♥♥ Rameau – Acanthe & Céphise –
Devieilhe, Wanroij, Dubois, Witczak ; Les Ambassadeurs & La
Grande Écurie, Kossenko
→ Incroyable ouverture, d'une profusion assez folle, réellement un
inédit et un inouï. L'intrigue est par ailleurs plus sympathique que la
plupart des galanteries du genre, avec quelques moments un peu plus
typés tragédie en musique, et le chœur final est magnifique. Le reste
demeure dans les étiages habituel des joliesses ramistes. (Orchestre
magnifique.)
Beck– L'Île déserte – (CPO 2021)
→ Diction difficile à suivre, style instrumental peu français (dans la
conception et surtout l'exécution) ; musique de Beck comme souvent
assez peu marquante : essai méritoire de redonner vie à cette figure de
la vie musicale bordelaise (que je n'ai jamais beaucoup admiré
jusqu'ici), mais pas un disque bouleversant.
♥♥♥ Mozart – Mitridate –
Spyres, Fuchs, Dreisig, Bénos, Devieilhe, Dubois ; Les Musiciens
du Louvre, Minkowski (Erato
2021)
→ Cet enregistrement ébouriffe complètement ! Distribution
exceptionnelle – en particulier Bénos, mais les autres ne sont pas en
reste ! – et surtout orchestre totalement haletant, le résultat
ressemble plus aux Danaïdes qu'à un seria de jeunesse de Mozart !
→ Bissé.
Mayr – L'amor conjugale – Santon,
Pérez, Agudelo, Rimondi, Gourdy, Fournaison – Opera Fuoco, David Stern
(Aparté 2021)
→ La portée du projet m'a échappé : un opéra bouffe du
rang, sans grandes saillances, interprété par d'excellents chanteurs un
peu hors de leur zone de confort (Santon, très grande musicienne, mais
pour du joli dans ce genre, la voix est vraiment trop large, grise et
vibrée ; Gourdy et Fournaison, chanteurs que j'adore en salle,
mais peu flattés par les micros), et présentés sur une pochette
Mondrian (mais pourquoi donc ?).
→ Au demeurant, Opera Fuoco est toujours épatant, vivant, coloré… (Mais
pourquoi jouer ceci plutôt qu'autre chose ?)
→ Il y a eu des représentations de lancement, auxquelles je n'ai pu me
rendre, peut-être des reprises à venir, à essayer pour tester sur
pièce, dans une véritable configuration dramatique ?
♥♥♥ Bellini – Il Pirata – Rebeka,
Camarena, Vassallo ; Opéra de Catane, Carminati (Prima Classics)
→ Disque électrisant, capté avec les équilibres parfaits d'un studio
(ça existe, une prise de studio pour Prima Classics ?), dirigé avec
beaucoup de vivacité et de franchise (Carminati est manifestement
marqué par les expérimentations des chefs
« musicologiques »), et magnifiquement chanté par une
distribution constituée des meilleurs titulaires actuels de rôles
belcantistes, grandes voix singulières et bien faites, artistes rompus
au style et particulièrement expressifs.
→ Dans ces conditions, on peut réévaluer l'œuvre, qui n'est pas
seulement un réservoir à airs languides sur arpèges d'accords parfaits
aux cordes, mais contient aussi de superbes ensembles et de véritables
élans dramatiques dont la vigueur évoque le final du II de Norma (par
exemple « Parti alfine, il tempo vola »).
Moniuszko – Le Manoir hanté
– Poznan (Operavision 2021)
→ L'œuvre, pourtant emblématique, ne m'a jamais convaincu, ni
dramatiquement (que c'est lourdaud, ce passage obligé par tous les
invariants des opéras comiques d'Auber…), ni musicalement (vraiment
plat à mon sens). Halka
mérite plus de considération, malgré le livret pesantissime (très
triste et difficile à endurer aujourd'hui), et surtout ses très belles
cantates, chroniquées cette année dans le cadre des nouveautés.
Franck – Hulda –
Philharmonique de Fribourg, Bollon (Naxos 2021)
→ Enfin une intégrale de l'œuvre ! Je l'attendais depuis
longtemps, bien que la lecture (rapide) de la partition ne m'ait pas
révélé de merveilles cachées (que c'est consonant pour du Franck !).
→ Intégrale hélas servie par des chanteuses aux voix opaques et
trémulantes – et à l'accent impossible. Le ténor et le baryton sont
tout à fait bons.
→ Toujours l'énergie, le relief et la transparence exemplaires de
Fabrice Bollon avec Fribourg, qu'on avait tant admiré pour ses Magnard.
→ L'œuvre n'est pas du grand Franck : orchestre opaque, mélodies
peu marquantes, bien moindre audace harmonique qu'à son ordinaire,
comme s'il se coulait de façon malaisée à la fois dans la simplicité de
l'opéra et le modèle monumental de l'opéra postwagnérien.
→ Son sens dramatique est par ailleurs remarquablement
inhibé (alors que le livret est plutôt exubérant, à la façon de La
Tour de Nesle de Dumas !) : lors de l'assassinat terrible qui
marque le point culminant de l'œuvre, la musique ne signale rien, même
pas un silence. Au disque, on ne s'aperçoit de l'événement que parce
que les personnages le disent. La musique ne s'est pas agitée d'un
pouce.
→ Bientôt donné dans de bien meilleures conditions par Bru Zane. Mais
l'œuvre est longue et pas nécessairement convaincante : je suis curieux
du résultat.
♥♥ Smareglia – Il Vassallo di Szigeth –
Cerutti (Bongiovanni 2021)
→ Très proche de l'esprit de Verdi, et très bien écrit. (Avec un
décalage temporel très conséquent : né en 1854 !). L'interprétation
n'est pas parfaite, comme toujours chez Bongiovanni, mais on les
remercie de documenter ces pans si mal servis de la musique vocale
italienne (leur grand cycle Perosi !).
♥ Guiraud, Saint-Saëns & Dukas –
Frédégonde – Kim, Sohn, Romanovsky, Opéra de Dortmund (vidéo
officielle 2021)
→ Ouvrage collectif achevé par Saint-Saëns à la mort de Guiraud,
conformément aux dernières volontés de celui-ci, et en partie orchestré
par le jeune Dukas, une histoire terrible de reine mérovingienne.
→ En lisant / jouant la partition il y a quelques années, j'avais été
saisi par l'intérêt de la chose… mais l'orchestration en semble assez
opaque, et chanté dans un français aussi incompréhensible et des voix
aussi opaques, on passe vraiment à côté. J'attends impatiemment la
venue à Tours dans une distribution francophone !
♥ Puccini-Matuz – acte II de Turandot,
pour 2 flûtes, violon, violoncelle, piano – Gergely Matuz & Friends
(YT 2021)
→ Ce n'est pas un disque, mais une nouvelle parution tout de même, très
attendue, le nouvel enregistrement d'un acte intégral d'opéra par
Gergely Matuz (qui a déjà publié le I de Tristan, les II & III du Crépuscule !).
→ Moins de transcriptions des lignes vocales que pour Tristan ou le
Crépuscule. Le piano aussi, produit un effet moins chambriste que la
version 2 flûtes + quatuor + contrebasse. Pour finir la matière
musicale, riche mais très tournée vers le pittoresque simili--oriental,
est moins intéressant en tant que telle.
→ Donc une belle transcription jouée de façon enthousiaste, mais pas
prioritaire par rapport à ses autres réalisations !
♥♥♥ Hersant – Les Éclairs – Lanièce, E.
Benoit, Bouchard-Lesieur, Rougier, Heyboer ; Aedes, Philharmonique de
Radio-France, Matiakh (Operavision 2021)
→ Une création mondiale et diable de chef-d'œuvre. J'en dis plus par là.
♥ Monteverdi – Il Ritorno d'Ulisse in
patria – Zanasi, Richardot ; Gardiner (SDG 2018)
♥♥ LULLY
– Alceste, actes I & II – Malgoire (Auvidis, réédition Naïve) → La focalisation de la voix de Sophie Marin-Degor est
miraculeuse ! ♥♥♥ LULLY – Alceste, actes I
& II – Rousset (Aparté) → Un des meilleurs disques de tragédie en musique, œuvre comme
exécution. ♥♥♥ LULLY – Isis, acte
IV – Rousset (Aparté)
♥ Campra – Tancrède –
Schneebeli (Alpha) → Déçu par l'interprétation à la réécoute, vraiment sage et même
un peu terne. (Malgoire c'était bien mieux, malgré le vieillissement du
style !) ♥ Marais – Alcione (Prologue,
acte I) – Minkowski (Erato) Les voix, c'est un peu le musée des horreurs… Ce Minko-là,
contrairement par exemple à son Phaëton,
a pas mal vieilli – tandis que l'Alcione
de Savall est au contrairement un accomplissement stupéfiant.
Georg Caspar Schürmann – Die getreue Alceste – Zumsande,
Karnīte, Müller, Harari, Ludwig, Drosdziok, Grobe, Heinemeyer,
Barockwerk Hamburg, Hochman (CPO)
→ Du seria écrit comme de la cantate sacrée à l'Allemande, avec
quelques chœurs à la française. Agréable.
♥ Grétry - Richard Coeur de Lion,
acte I - Doneux
→
Il faut écouter le disque de Versailles pour bien se rendre compte de
la qualité (épatante) de l'œuvre, ici c'est un peu malaisé.
Mozart – Il re pastore –
Harnoncourt
→ Pas passionnant ça.
Mozart – Lucio Silla –
Harnoncourt
→ Comme à chaque fois : belles intuitions mélodiques, mais que c'est
ennuyeux tout de même, sur la longueur. Et Harnoncourt, aux phrasés
courts, manque un peu de couleurs et de « reprise »
dramatique. On attend toujours une version émérite comme le Mitridate
de Minkowski (ou même de Rousset).
→ Même vocalement, je trouve que ces voix assez opaques, un peu
geignardes, ne font qu'accentuer l'impatience de l'auditeur que je
suis.
→ (Ce reste néanmoins probablement, vu l'état sinistré de la
discographie, le meilleur disque qu'on puisse trouver pour cet opéra…)
♥♥ Mozart – Der Schauspieldirektor
– Harnoncourt
♥♥
Mozart – Thamos – Harnoncourt
¤ Beethoven – Fidelio, « Mir ist
so wunderbar », « Das Gold » – Klemperer
→ Réécouté pour donner tort à un ami qui en disait le plus grand bien.
Effectivement, le soleil s'est couché avant qu'on atteigne le second
accord. (Et ce n'est même pas de la lenteur intense ou détaillée…)
♥♥♥ Beethoven – Fidelio –
Altmeyer, Jerusalem, Nimsgern, Adam ; GdHsLeipzig, Masur (Sony) → Quel orchestre rond et savoureux à la fois ! Quelle
distribution de feu ! (Jerusalem plane sur le rôle, Adam rayonne
comme
toujours dans les rôles de basse, et les seconds rôles sont fabuleux.)
♥♥♥ Beethoven – Fidelio, « Mir
ist so wunderbar » – Marzelline (Lucia Popp),
Leonore (Gundula Janowitz), Rocco (Manfred Jungwirth) & Jaquino
(Adolf Dallapozza). Leonard Bernstein
conducting the Chor und Orchester der Wiener Staatsoper, 1978
(DVD DGG 1978)
♥ Beethoven – Fidelio, final du I –
Marie McLaughlin, Gabriela Benačková, Neill Archer, Josef Protschka,
Monte Pederson, Robert Lloyd ; ROH, von Dohnányi (DVD Arthaus 1991)
→ Il existe deux Fidelio de Dohnányi dans le commerce ! Le CD avec
Ziesak-Schnaut-Protschka-Welker-Rydl (qui fait vraiment envie), et le
DVD de la même année, avec
McLaughlin-Benačková-Protschka-Pederson-Lloyd.
→ Le CD est depuis longtemps difficile à trouver, hélas (du moins en
flux) : je n'ai pas pu essayer – alors que Ziesak, comment rêver mieux
ici ?
→ Le DVD est très bien, même si Dohnányi n'y est pas dans ses soirs les
plus colorés / mordants. Lloyd est un peu impavide, mais Benačková
tient très bien sa partie, et Pederson est absolument terrifiant –
l'insolence vocale mais aussi la posture en scène, jeune, arrogant,
cruel.
E.T.A. Hoffmann – Dirna –
German ChbAc Neuss, Goritzki (CPO)
→ Mélodrame orchestral à plusieurs personnages, bien fait, sans se
distinguer particulièrement.
♥ E.T.A HOFFMANN – Liebe und Eifersucht – Seller,
Simson, Specht, Martin, Wincent, Ludwigsburg Castle Festival Orchestra,
Hofstetter
→ Singspiel joué avec beaucoup de vie par Hofstetter. Bonne œuvre.
♥♥ DUPUY – Ungdom Og Galskab /
Flute Concerto n°1 – Collegium Musicum de Copenhague, Schønwandt
(Dacapo 1997)
→ Sorte de singspiel suédois du romantisme encore classicisant, dans
une veine volontiers emportée et avec de très beaux ensembles, sorte
d'équivalent nordique aux opéras avec dialogues de Méhul.
→ Trissé.
♥♥ Foroni – Elisabetta, regina di
Svezia – Göteborg (Sterling)
→ Pour la notule.
→ Bissé.
OFFENBACH, J.: Grande-Duchesse de
Gerolstein – Ligot (Valentini-Terrani, Censo, Allemanno,
Orchestra Internazionale d'Italia, Villaume) – Trio de la conspiration
(Dynamic)
♥ HUMPERDINCK, E.: Hänsel und Gretel (Sung
in Italian) (Jurinac, Schwarzkopf, Streich, Panerai, Palombini,
Ronchini, Karajan)
→ Chouette version qui sonne bien en italien. Panerai y est tellement
charismatique ! (Évidemment, Scharzkopf sonne toujours aussi
bouchée et Jurinac très homogène et fondue.
♥ Stockhausen – Michaels Reise
– MusikFabrik, Rundel (Arte à Cologne)
→ (Je préfère l'acte I de ce Donnerstag
de Licht, mais c'est quand
même bien beau.)
B. Récital d'opéra
Des récitaux originals, mais aucun qui ne m'ait pleinement convaincu
par son propos ou sa réalisation.
nouveautés
Monteverdi,
landi, Belli, Telemann, Haendel – « Orpheus Uncut » – Vox
Nidrosiensis, Orkester Nord, Wåhlberg (Aparté 2021) → Objet étrange, fait de bouts d'œuvres sans être un
récital individuel. La qualité du son de l'ensemble se retrouve,
l'inventivité de Wåhlberg également, mais j'avoue ne pas avoir bien
compris le projet (je n'ai pas accès à la notice).
→ Je crois à la vérité que j'ai surtout été gêné par l'accent en
italien (l'accent bokmål de Stensvold lui procure une couleur très
singulière et touchante en allemand, mais en italien, la distance est
vraiment trop grande).
Lulier, Bononcini, Caldara… –
« Maria & Maddalena » – Francesca Aspromonte, I Barocchisti, Diego
Fasolis (PentaTone 2021)
→ Répertoire un peu tardif pour la voix d'Aspromonte, qui peut être si
expressive dans le XVIIe, mais paraît tout de suite poussée et
blanchie, aux voyelles beaucoup moins différenciées, lorsqu'il faut
donner dans un répertoire plus « vocal ». Dommage, elle
ferait fureur dans un récital Cavalli-Rossi-Legrenzi à base de grands
récits (quelle Euridice de Rossi ce fut !)…
Anna Netrebko
dans Wagner (Tannhäuser, Lohengrin, Tristan), Verdi (Don Carlo, Aida),
Tchaïkovski (Pikovaya Dama), Puccini (Butterfly), Cilea (Lecouvreur),
R. Strauss (Ariadne)… – « Amata dalle tenebre » – Scala,
Chailly (DGG 2021)
→ Récital sans aucune cohérence thématique, juste des airs que Netrebko
a peu chantés et qu'elle avait manifestement envie d'essayer. Ce n'est
pas un problèpme en soi et le résultat est fort probant, mais
l'interprétation n'est peut-être pas assez marquante pour donner envie
de réécouter.
→ La voix reste toujours aussi grande (et peu articulée),
intéressant surtimbrage grave en russe, plus étrange viscosité en
allemand…
→ Se distingue tout de même l'Isolde d'un moelleux, d'une ductilité,
d'une facilité assez extraordinaires. (Comme on a l'habitude de ne pas
y avoir des mots très détaillés, on ressent surtout les avantages ici !)
♥♥ Arne Tyrén
(basse) : Dupuy (opéra suédois), Bartolo Nozze en suédois, Rocco
Fidelio, Magnifico Cenerentola en suédois, Fille du Régiment duo
patriotique en suédois (Bluebell)
→ Voix magnifique et versions traduites éloquentes.
C. Ballet &
musiques de scène
nouveautés
AUBER,
D.-F.: Overtures, Vol. 1 - Le maçon / Leicester / Le séjour
militaire / La neige (Czech Chamber Philharmonic Orchestra, Pardubice,
D. Salvi) AUBER, D.-F.: Overtures,
Vol. 2 - Le concert à la cour / Fiorella
/
Julie / Violin Concerto (Čepická, Czech Chamber Philharmonic,
Pardubice, Salvi)
♥ AUBER, D.-F.: Overtures,
Vol. 3 - La Barcarolle / Les Chaperons Blancs
/ Lestocq / La Muette de Portici / Rêve d'Amour (Moravian Philharmonic,
Salvi)
♥♥
AUBER, D.-F.: Overtures,
Vol. 4 - Le duc d'Olonne / Fra Diavolo / Le
Philtre / Actéon / Divertissement de
Versailles (Moravian Philharmonic,
Salvi)
♥♥
AUBER, D.-F.: Overtures,
Vol. 5 - Zanetta / Zerline
(Janáček Philharmonic, Salvi)
→ Je ne suis d'ordinaire pas très enthousiaste devant les regroupements
d'ouvertures : isolées de leur contexte dramatique, assez semblables
quand on constitue des disques autour d'un même compositeur, et surtout
en général pas le meilleur de l'œuvre intégrale. Pour Auber, il en va
un peu autrement : ses ouvertures sont très bonnes, et si la forme en
est assez régulière, la typicité mélodique peut véritablement varier
assez fortement de l'une à l'autre.
→ Elles sont ici interprétées avec une bonne rigueur stylistique, sans
empâtement, et cela permet aussi de découvrir quelques pépites, comme
ce Divertissement de Versailles où l'on entend la Passacaille d'Armide
de LULLY, l'orage liminaire d'Iphigénie en Tauride ou encore « La
Victoire est à nous » de La Caravane
du Caire de Grétry ! De beaux ballets (tirés d'opéras)
dans le volume 5 : de belles pièces (légères, certes), et de belles
découvertes !
♥♥ Lord Berners – A Wedding Bouquet,
Luna Park – RTÉ, Kenneth Alwyn (Marco Polo 1996 réédité Naxos
2021)
→ Réjouissante fantaisie vocale, où s'expriment les consonances
loufoques de Berners. Réédition très bienvenue.
♥
Benda – Medea – Bosch
♥♥ Benda – Medea –
Prague ChbO, Christian Benda (Naxos)
→ Cf. notule.
D. Cantates profanes
E. Sacré
nouveautés
Tůma
– Requiem & Mirerere – Czesh Ensemble Baroque O (Supraphon
2021)
→ Pas du tout dans le goût du Brixi (adoré dans la précédente
livraison) : on est bien plus tard, au milieu du XVIIIe siècle, dans un
univers qui évoque bien pus Pergolèse. Et l'interprétation n'a pas non
plus l'acuité des meilleurs ensembles tchèques.
→ Bon disque, mais clairement pas mon univers, trop proche du seria.
♥♥♥ Jean-Noël HAMAL –
« Motets » – Scherzi Musicali, Achten (Musiques en Wallonie
2021)
→ Pour moi clairement plutôt du genre cantate.
→ Musique wallonne du milieu du XVIIIe siècle (1709-1778), très marquée
par les univers italien et allemand, pas tout à fait oratorio façon
seria ,pas tout à fait cantate luthérienne, avec de jolies tournures.
→ Côté dramatique post-gluckiste quelquefois, très réussi dans
l'ensemble sous ses diverses influences.
→ Le sommet du disque : l'air héroïque de ténor « Miles
fortis » qui clôt la cantate Astra Cœli, d'une agilité et d'une
vaillance parfaitement mozartiennes (augmentées d'une grâce mélodique
et harmonique très grétryste), et qui pénètre dans l'oreille comme un
véritable tube, ponctué par ses éclats de cor et ses violons autour de
notes-pivots…
→
Splendide interprétation des Scherzi Musicali, qui ravive de la plus
belle façon ces pages oubliées. Mañalich remarquable dans les parties
très exposées de ténor, à la fois doux, vaillant et solide.
→ Écouté 7 fois en quatre jours (pas très séduit en première écoute,
puis de plus en plus enthousiaste). Et largement une douzaine de fois
dans ces deux semaines depuis parution. Comme quoi, il faut vraiment
donner
leur chance aux compositeurs moins connus, et ne pas se contenter d'une
écoute distraite pour décréter leur inutilité.
♥ Henri HARDOUIN : Four-Part A
Cappella Masses, Vol. 2 (St. Martin's Chamber Choir, Krueger)
(Toccata Classics 2021)
→ Nettement moins bien chanté que le premier volet, je ne sais pourquoi
(ça sonne presque amateur cette fois-ci, alors que c'était très bien
dans le volume 1 de 2013, que j'ai écouté conjointement).
→ Messes a cappella rares de
la seconde moitié du XVIIIe siècles, très
dépouillées et marquant déjà le désir du retour au plain-chant qui
explose dans les années 1820-1830.
→ Belle musique dépouillée, vraiment conçues pour la prière.
♥ Verdi – Requiem – Norman, Baltsa, Carreras,
Nesterenko ; BayRSO, Muti (BR Klassik)
→ Voix évidemment impressionnantes (le grain de Baltsa, le fondu de
Norman…), mais interprétation orchestrale un peu blanche (le son de la
Radio Bavaroise…) accentuée par la mollesse d'articulation de Muti,
typique de sa période d'avant les années 90 bien avancées…
→ Il demeure cependant une raison puissante d'écouter cet
enregistrement le Libera me de Norman, dans sa meilleure voix
enveloppante, d'une intensité saisissante, d'une urgence à peine
soutenable.
→ Bissé le Libera me.
♥ Stanford – « Stanford
& Howells Remebered », Magnificat
à double chœur en si bémol, Op. 164 – The Cambridge Singers,
John Rutter (Collegium 2020)
→ Voix un peu grêles d'enfants et jeunes gens, pour une œuvre dont les
volutes enthousiastes, en contraste avec des sections recueillies,
évoquent furieusement Singet dem Herrn ein neues Lied, le motet le plus
allant et pyrotechnique de Bach.
→ Curieux d'entendre cela dans de meilleures conditions sonores !
♥♥♥ MOUTON, J.: Missa Dictes moy
toutes voz pensées (Tallis Scholars, Phillips)
→ Fabuleux disque, très organique, des Tallis Scholars (Gimell 2012),
très loin de leurs approches autrefois plus désincarnées – basses
rugissantes, contre-ténors caressants, entrées nettes, texte bien mis
en valeur.
→ Cf. notule.
♥♥ Claude Goudimel – Psaumes, Messe
– Ensemble vocal de Lausanne, Corboz (Erato)
→ Grand compositeur de Psaumes dans leur traduction française, à
l'intention des Réformés. Dans une langue musicale simple, plutôt
homorythmique, très dépouillée et poétique.
→ Au disque, une version un peu fruste chez Naxos. La lecture de Corboz
en revanche, pour chœur de chambre assez fourni, a très bien résisté au
temps et permet de saisir les beautés de verbe et d'harmonie de la
chose. (Couplé avec sa messe, très intéressante également.)
→ Cf. notule.
♥ Monteverdi – Il Ritorno d'Ulisse in
patria – Zanasi, Richardot ; Gardiner (SDG 2018)
BENEVOLI, O.: In angusita pestilentiae
(Cappella Musicale di Santa Maria in Campitelli di Roma, Betta)
→ Disque consacré à la Messe « In angusita pestilentiæ » (messe des
tourments de la peste !), intéressant dans son propos, mais un peu
laborieusement exécutée (voix pas toujours belles, captation pas très
claire, rythmes très rectilignes comme si l'on jouait de la musique du
XVe…).
♥
Johann Ernst BACH II : Passionsoratorium – Schlik,
Prégardien, Varcoe ; Das Kleine Concert, Hermann Max (Capriccio)
♥♥♥ Jean GILLES – Requiem –
Mellon, Crook, Lamy, Kooij, La Chapelle Royale Choir, Herreweghe (HM)
♥♥ Campa – Requiem – Malgoire
♥
Georg Caspar Schürmann – Cantates
– Bremen Weser-Renaissance, Cordes (CPO)
→ Dans le goût de Bach, assez réussi.
♥
Bach – Cantate BWV 68, dont le
« choral » air Ach, bleib bei uns, Herr Jesu Christ –
Schlick, Limoges, Coin
→ Dans l'esprit de l'Erfühllet de la BWV, cette fois avec violoncelle
piccolo. Très belle volutes.
→ Le reste de la cantate me passionne moins
♥♥ (Domenico) Scarlatti –
Stabat Mater – Immortal Bach Ensemble; Baunkilde, Lars; Ducker,
Michael; Meyer, Leif; Schuldt-Jensen, Morten (Naxos 2007)
→ Écrite à 10 voix réelles, une merveille aussi éloignée que possible
de l'épure de ses œuvres pour clavier. Une des rares survivances de son
legs sacré (largement détruit lors du tremblement de terre de
Lisbonne).
→ À un par partie !
♥
Haendel – Theodora HWV 68 –
Gabrieli Consort, Gabrieli Players, Paul McCreesh (Archiv)
→ Très bien côté exécution, mais l'oeuvre toujours aussi molle et peu
prenante.
♥ HARDOUIN, H.: Four-Part A Cappella
Masses, Vol. 1 (St. Martin's Chamber Choir, Krueger) (Toccata
Classics 2021)
→ Nettement mieux chanté que le second volet paru tout récemment, je ne
sais pourquoi.
→ Messes a cappella rares de
la seconde moitié du XVIIIe siècles, très dépouillées et marquant déjà
le désir du retour au plain-chant qui explose dans les années
1820-1830.
→ Belle musique dépouillée, vraiment conçues pour la prière.
♥ CARTELLIERI, A.C.: La Celebre
Natività del Redentore (Spering) (Capriccio)
♥♥ Cartellieri – Gioas, re di Giuda
– Detmolder ChbO, Gernot Schmalfuss (MDG 1997)
→ Cf. notule.
♥ Perne – Messe des solennels mineurs
(Kyrie), extrait de « Polyphonies Oubliées : Faux-bourdons
XVIe-XIXe » – Ensemble Gilles Binchois, Maîtrise de Toulouse,
Vellard (Aparté 2014)
♥♥ Perne – trois pistes
réparties sur deux disques, le Kyrie de la Messe des solennels mineurs
chez Aparté (programme passionnant de l'ensemble Gilles Binchois
consacré à ce renouveau XIXe du plain-chant, à faux-bourdon), et
Sanctus & Agnus Dei (messe non précisée) en complément du disque
Boëly de Ménissier dans la collection « Tempéraments » de Radio-France.
On y entend pour l'un la simplicité archaïsante, pour l'autre la
maîtrise contrapuntique de cette écriture. Rien de particulièrement
saillant en soi, mais la démarche me paraît tout à fait fascinante, un
écho à l'épopée de Félix Danjou – le disque de Ménissier est d'ailleurs
le seul à ma connaissance où l'on puisse aussi entendre sa musique !
♥♥ Liszt – Requiem –
Ferencsik (Hungaroton)
→ Cf. notule.
Liszt - Requiem R488 – Gruppo
Polifonico "Claudio Monteverdi"
→ Voix qui flageolent…
♥♥ Stanford – Requiem & extraits de
The Veiled Prophet of Khorassan – RTÉ, Leaper & Colman Pearce
(Marco Polo 1997)
→ Terne jusqu'à l'Offertoire, qui éclate en fugues très parentes du
Deutsches Requiem de Brahms. Sanctus diaphane qui prend son expansion
de façon très réussi !
♥♥♥ Howells, Pizzetti, Puccini – les
Requiem – Camerata Vocale Freiburg, Toll (Ars Musici 2010)
→ A cappella, aux inspirations grégoriennes, à la prévalence prosodique
et aux nombreux enrichissements harmoniques imprévus, le Requiem de
Pizzetti est un petit bijou (absolument pas italianisant) ; encore
surpassé dans ce genre par celui de Howells, d'une sobre profusion
absolument délectable.
→ Celui de Puccini ne contient que les cinq minutes d'Introitus, moins
marquant.
→ Timbres et incarnation splendides.
♥ EBEN, P.: Choral Music (In
Heaven) (Jitro Czech Girls Choir, Skopal) (Navona Records 2019)
→ Jolies psalmodies.
F. Autres chœurs
nouveautés
♥♥ Franck – Chœurs « De l'autel au
salon » – Chœur de Chambre de Namur, Lenaerts (Musiques en
Wallonie 2021)
→ De réelles pépites dans cette anthologie, avec des chœurs qui vont du
décoratif charmant à l'ambitieux chromatique. Le tout accompagné sur
piano et harmonium – d'époque !
→ Hélas, ce chœur émérite est capté étrangement, donnant presque
l'impression d'entendre les timbres un peu dépareillés et écrasés d'un
ensemble amateur – alors que je sais de source sûre, les ayant entendus
très souvent, que c'est un des excellents chœurs de l'aire francophone.
Ce n'est toutefois pas au point de gâcher l'écoute et la découverte,
loin s'en faut !
♥ Pizzetti – 3 composizioni corali +
2 composizioni corali – Chœur de la Radio Nationale Danoise,
Stefan Parkman (Chandos 1991)
→ Chœur un peu baveux, prise de son aussi. Œuvres atypiques
intéressantes, mais pas du tout la même intensité que le Requiem (a
cappella, aux inspirations grégoriennes, à la prévalence prosodique et
aux nombreux enrichissements harmoniques imprévus).
G. Symphonies
nouveautés
♥♥ Pavel Vranický / Paul Wranitzky
– Orchestral Works, Vol. 3 :
Ouvertures, Symphonies Op.25 en ré « La Chasse » et Op.33 en
ut – Cz Chb PO Pardubice, Marek Stilec (Naxos 2021)
→ Volume beaucoup plus accompli que les précédents, des œuvres plus
marquantes (l'énergie de la Symphonie en ré !) et une
interprétation beaucoup plus concernée et frémissante que les assez
placides parutions précédentes. Rend bien mieux compte de la qualité
d'écriture de P. Vranický, même si le plus singulier de son œuvre reste
à remettre au théâtre avec son Oberon.
♥♥♥ Mendelssohn – Symphonies 1 & 3
– SwChbO, Dausgaard (BIS)
→ Pas nécessairement de surprise, après être passé récemment entre les
mains de beaucoup de propositions extrêmes (comme Heras-Casado ou Fey),
mais on retrouve le fouetté et le moelleux simultanés qui faisaient
tout le sel de l'intégrale (assez idéale) de Dausgaard chez Beethoven,
avec le même orchestre. Grand sens du discours, des couleurs, véritable
mordant, mais aussi plénitude permise par l'orchestre traditionnel (qui
joue comme un ensemble spécialiste). Le meilleur de tous les mondes à
la fois.
♥ Bruckner – Symphonie n°2 –
Philharmonique de Berlin, Paavo Järvi (Berliner Philharmoniker 2021)
→ Comme on pouvait s'y attendre : très fluide, superbes
transitions remarquablement amenées dans un univers où ce peut paraître
assez contre-intuitif, mais un certain manque de contrastes à mon goût
pour soutenir pleinement l'attention (et rendre justice à l'écriture de
Bruckner).
♥♥ Tchaïkovski – Symphonie n°1,
Capriccio italien, Valse d'Onéguine – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ Très pudique, retenu et dépouillé, beaucoup de charme (et absolument
pas russe), paradoxalement. (Le solo de hautbois du II, au lieu de
décoller par son lyrisme, semble rester à sa place comme on murmurerait
un poème.
→ L'agogique est vraiment carrée pour de la musique russe (alors que
Järvi est d'ordinaire l'empereur des transitions extensibles), les
timbres restent très tenus aussi, mais la conception tient très bien ce
parti pris inattendu.
→ Le final renoue avec les qualités motoriques entendues dans la n°2 et
dans Roméo. Idem pour celui du Capriccio italien.
→ La Valse d'Onéguine est jouée avec une insolence inusitée, comme un
véritable morceau de concert. (Ce sens dramatique fait rêver à ce que
pourrait produire Järvi en dirigeant un opéra de Tchaïkovski ou Rimski…)
→ Bissé.
♥ Tchaïkovski – Symphonie n°3,
Polonaise d'Onéguine, Marche du Couronnement – Tonhalle Zürich,
Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ Là aussi, un peu carré mais bel éclat (avec un orchestre droit et peu
coloré), très réussi dans son genre même si moins grisant que les
meilleurs volumes.
→ Bissé.
♥♥♥ Saint-Saëns – Intégrale des
Symphonies – O National de France, Macelaru (Warner 2021)
→ Après avoir trouvé que Măcelaru rendait ces œuvres complètement
fascinantes, je me demandais si le coffret paru ce jour tiendrait la
rampe en face des souvenirs de concert.
→ OUI. Totalement. Limpidité, poésie, tension, on a vraiment le
meilleur de tous les mondes à la fois, beaux timbres et clarté,
charpente et élan…
→ Voilà qui remet ces symphonies à leur niveau réel, pas toujours
avisément orchestrées pour mettre en valeur un matériau qui est en
réalité de haute volée – et Măcelaru rééquilibre précisément les
aspects par lesquels les autres, même les meilleurs comme Martinon,
restaient modérément enthousiasmants.
♥♥ Walton, Vaughan Williams – Symphonie n°1 pour piano à quatre mains
(arr. H. Murrill) + Crown Imperial (arr. H. Murrill)
// Suite pour piano à 4 mains – Lynn Arnold (2021)
→ Fabuleuse expérience de vivre la radiographie des rythmes et
harmonies riches et complexes de l'une des plus belles symphonies du
XXe siècle !
♥ Florence PRICE :
Symphony No. 3 / The Mississippi River / Ethiopia's Shadow in
America (ORF Vienna Radio Symphony, Jeter)
Beaucoup de thèmes folkloriques, mais j'ai davantage été frappé par
l'aspect rhapsodique de la pensée que par la structure, cette fois.
Moins luxueux et moins architecturé, j'ai l'impression, que la version
Nézet-Séguin.
Walter Werzowa-Beethoven –
Beethoven X : The AI Project – Cameron Carpenter, Bonn
Beethoven O, Kaftan (Modern Recordings 2021)
→ Construction par une intelligence artificielle d'un scherzo et d'un
rondeau final pour une symphonie imaginaire de Beethoven.
→ Amusant sur le principe, peu convaincant dans les faits : on
retrouve des caractéristiques (le pom-pom-pom-pom de la Cinquième,
comme il y en a beaucoup, rejaillit nécessairement dans l'algorithme),
l'orchestration est plutôt bien imitée… mais il manque toutes les
idées, les ruptures, le sens de la mélodie ou de l'événement, qui
émanent ordinairement du compositeur. Ici, une jolie pièce décorative
et finalement prévisible… qui ne cadre pas vraiment avec ce que l'on
attend de Beethoven.
→ Je n'ai pas compris l'inclusion d'un orgue concertant dans le rondeau
final, ni le pourquoi de la seconde (« edited ») version, le
livret n'étant pas disponible sur les sites de flux que j'ai consultés.
Mais on s'éloigne d'autant plus de Beethoven, clairement.
→ Bissé.
H. Poèmes
symphoniques & Ouvertures
nouveautés
♥ MacMillan – Larghetto pour orchestre
– Pittsburgh SO, Honeck (Reference Recordings 2021)
→ Très doux, jolies tensions harmoniques simples. Manque un peu de
reprise rythmique.
→ Couplé avec une Quatrième de Brahms que je n'ai pas eu le temps
d'écouter. (Mais Pittsburgh-Honeck, ce doit être vraiment excellent.)
I. Lied orchestral
nouveautés
Messiaen
– La Transfiguration, Poèmes pour mi, Chronochromie – Daviet,
BayRSO, Nagano (BR Klassik)
→ Pas très enthousiaste sur la grisaille (proverbiale à mon sens) de
l'orchestre. Et la Transfiguration, c'est assez peu passionnant. Pas
les meilleurs Poèmes ni Chronochromie non plus, même si très léché dans
la direction.
I. Concertos
nouveautés
Aubert,
Leclair, Quentin, Exaudet, Corrette - Concertos pour violon -
Ensemble Diderot, Pramsohler (Audax 2021)
→ Le son de l'Ensemble Diderot reste toujours aussi étroit et pincé,
vraiment du violon soliste sur boyau accompagné par un tout petit
ensemble aux timbres un peu stridents, mais c'est là un beau tour
d'horizon du concerto français – où j'ai hélas avant tout remarqué
Leclair (et le coucou Corrette, qui fait comme toujours son nid dans
les mélodies des autres…).
Hoffmeister, Stamitz &
Mozart - Concertos pour alto - Mate Szucs, Anima Musicæ ChbO
→ Inclut une transcription du concerto pour clarinette. Interprétation
tradi pas très exaltante. Le concerto de Hoffmeister se tient, celui de
Stamitz ne m'a pas paru très dense.
♥ PRATTÉ – Œuvres pour harpe
concertante
: Grand Concert / Theme and Variations on a Swedish Folk Tune /
Souvenir de Norvège – Constantin-Reznik, Norrköping Symphony, D. Musca
(BIS 2021)
→ Très intéressant legs (avec de la véritable musique incluse) à la
harpe.
→ Trissé.
J. Musique de chambre
nouveautés
♥♥ Caix d'Hervelois – « Dans les pas de
Marin Marais » – La Rêveuse
→ Superbe parcours qui révèle un compositeur de premier intérêt, varié
et expressif – la viole de gambe sans l'aspect méditatif et sombre qui
caractérise Marais et surtout Sainte-Colombe. Une expression plus
ouverte et avenante, que j'ai été surpris de voir développée avec un
matériau d'aussi bonne qualité !
GYROWETZ, A.: String Quartets, Op. 42, Nos. 1-3 (Quartetto
Oceano) (OMF 2021) → Ceux, composés à peine plus tôt, parus chez CPO
m'avaient bien davantage convaincu, dans une veine à-peine-postérieur-à-Mozart.
♥ Pleyel – Quatuors
10,11,12 – Pleyel Quartett Köln (CPO 2021)
→ Quatuors d'un classicisme tardif, toujours de très bonne facture et
très bien servis ! L'intégrale se poursuit au même niveau
d'excellence.
Draeseke – Quatuor n°3, Scène pour violon & piano, Suite
pour 2 violons - Constanze SQ (CPO 2021)
→ Belles œuvres, sans saillances majeures, mais bien écrites. Petite
déception par rapport au volume précédent, qui m'avait hautement
réjoui.
→ Bissé.
♥ Henri Bertini – Nonette, Grand Trio
– Linos Ensemble (CPO 2021)
→ Belle musique romantique pour ensemble, toujours impeccablement
réalisée par le Linos Ensemble.
♥♥♥ LYATOSHINSKY, SILVESTROV, POLEVA
– « Ukrainian Piano Quintets » – Pivnenko, Yaropud,
Suprun, Pogoretskyi, Starodub (Naxos 2021)
→ Trois petites merveilles – en particulier Poleva, à la fois d'une
fièvre postromantique et tout à fait tendu harmoniquement comme il se
doit se son temps. Liatochinsky se révèle contre toute attente le plus
sage des trois.
♥ KLEBANOV, D.L.: String Quartets Nos.
4 and 5 / Piano Trio No. 2 (ARC Ensemble)
→ Début du Quatuor n°4 fondé
sur le le Carol of the Bells,
dans un traitement très minimaliste et tintinnabulant (forcément), qui
débouche sur un esprit beaucoup plus swingué, très intéressant,
persuasif et séduisant. Le reste m'a moins impressionné.
→ Bissé.
K. Bois solos
L. Cordes à main
nouveautés
♥♥ Salzedo, Tchaïkovski, Hasselmans –
« La Harpe de Noël » – Xavier de Maistre
→ En réalité de belles paraphrases et variations, virtuoses et assez
denses musicalement, autour de thèmes célèbres. Pas un disque de
bluettes sirupeuses, de véritables qualités musicales indubitablement.
Beaucoup de compositions et d'arrangements de Salzedo.
M. Violon
(solo ou accompagné)
nouveautés
♥ PADEREWSKI, I.J. / STOJOWSKI, S.: Violin
Sonatas (Pławner, Sałajczyk) (CPO 2021)
→ Beau romantisme passionné et très, très bien joué et capté.
→ Bissé.
♥ Maija EINFELDE –Sonate pour violon solo , Sonates
violon-piano 1,2,3 – Magdalēna Geka, Iveta Cālīte (Skani 2021)
→ Monographie consacrée à la compositrice lettonne du XXe siècle. J'y
entends d'abord de la musique « de violoniste », virtuose et
pas exagérément personnelle, trouvé-je. Mais le final de la Sonate pour
violon solo impressionne par sa calme virtuosité et par le creusé de
son ton.
→ Geka formidable évidemment,
mais ce n'est pas le répertoire qui met le plus en valeur sa
sensibilité.
N. Violoncelle
(Pas nécessairement intuitif de prime abord : le disque
Lasceux-Jullien chez le fameux label P4Y-JQZ.
On a bien le droit de mettre les pochettes qu'on veut et de nommer son
label chacun à son goût…)
O. Orgue &
clavecin
nouveautés
Orgues
de Sicile (collection « Orgues du monde », vol. 1) –
Arnaud De Pasquale (HM 2021)
→ Orgues dont le tempérament est très typé, mais dont il faut vraiment
voir le clavier unique, étroit et branlant, pour apprécier toute la
saveur. Aussi, par rapport au disque, qui ne met pas beaucoup en avant
cet aspect (je ne sais quelle en est la raison technique), la vidéo
promotionnelle qui montre le cliquetis de la traction mécanique du
Speradeo de 1666 de l'église San Pantaleone à Alcara Li Fusi est assez incroyable.
♥♥♥ Guillaume Lasceux – Simphonie
concertante pour orgue solo – St. Lambertuskerk Helmond,
Jan van de Laar (P4Y JQZ 2020) + Jullien : suite n°5 du
livre I, Couperin fantaisie en ré, Böhm Vater unser, Jongen
Improvisation-Caprice, Franck pièce héroïque
→ Le disque contenant le plus de Gilles Jullien, et une version
extraordinairement saillante de la Pièce Héroïque de Franck.
→ Quel orgue fantastiquement savoureux !
♥♥ Bruckner – Psaume + Symphonie n°2
(Arr. E. Horn for Organ) – Hansjörg Albrecht (Oehms 2021)
→ Le Psaume se prête très bien à la transcription, magnifique, et la
Deuxième symphonie est le premier Bruckner joué par H. Albrecht où je
ne trouve pas les possibilités d'un clavier sans attaques dynamiques
différenciées, sans plans finement réglables, frustrantes. Magnifiques
couleurs et atmosphères, cela fonctionne à merveille dans cette
symphonie, celle au ton le plus insolent et l'une des structure les
plus simples du corpus, j'ai l'impression (je l'aime beaucoup).
Saint-Saëns – Complete Music for
Organ – Michele Savino (Brilliant Classics 2021)
→ À écouter d'un bloc, un peu difficile vu la pudeur du corpus. (On
connaît mieux les grandes Fantaisies, plus ambitieuses…)
♥♥ Oscar Jockel, Bruckner – Bruckner-Fenster II, Symphonie n°1
(Arr. pour orgue, Erwin Horn), 3 Pièces pour orchestre, Marche en ré
mineur – Hansjörg Albrecht (Oehms 2021)
→ Moins intéressant que la symphonie n°2, le résultat paraît plus
statique, mais le planant et dense Bruckner-Fenster m'a tout à fait
réjoui !
♥♥ Petr Eben – Anthologie
d'orgue :
4 Danses bibliques, Variations sur Le bon roi Venceslas, des extraits
de Musique dominicale, Faust et Job – Janette Fishell (Pro Organo
2020)
→ Œuvres formidables, mais pour Job,
allez impérativement voir du côté de David Titterington avec Howard Lee
en récitant (chez Multisonic).
♥♥ Petr EBEN – Momenti d'organo,
Festium omnium sacrorum, De nomine Ceciliæ, In conceptione immacaculatæ
BMV, Arie Ruth, 4 Danses bibliques –Michiko Takanashi, Ludger Lohmann
(Pan Classics 2021)
→ Les pièces vocales sacrées sont un peu figées dans leur prosodie
minutieuse, en revanche les Momenti
d'organo
sont des merveilles de tonalité stable mais très enrichie, qui n'est
pas sans parentés avec l'univers de Messiaen (en moins radicalement
autre, bien sûr).
Fanny
Mendelssohn-Hensel – Piano Sonatas – Gaia Sokoli (Piano
Classics 2021)
→ Jolies sonates équilibrées, qui ne cherchent pas les grands
contrastes dramatiques, et très bien exécutées.
Dora Pejačević – 6
Phantasiestücke, Blumenleben, Walzer-Capricen, 2 Esquisses pour
piano, 2 Nocturnes, Sonate – Ekaterina Litvintseva (Piano Classics 2021)
→ Piano postromantique assez standard, pas du tout du niveau de son
incroyable musique de chambre, même si la Sonate finit par culminer en
un beau lyrisme.
→ Interprétation et captation tout à fait valeureuses.
♥♥ Walton, Vaughan Williams – Symphonie n°1 pour piano à quatre mains
(arr. H. Murrill) + Crown Imperial (arr. H. Murrill)
// Suite pour piano à 4 mains – Lynn Arnold, Charles Matthews (Albion
Records 2021)
→ Fabuleuse expérience de vivre la radiographie des rythmes et
harmonies riches et complexes de l'une des plus belles symphonies du
XXe siècle !
Mariotte Sonate en fa#m,
(Didier) Rotella Étude en
blanc n°2, Ravel Prélude 1913, Jacquet de La Guerre Suite en ré
mineur – Andrew Zhou (Solstice 2021)
→ Première occasion d'entendre le Mariotte, crois-je, au
disque ! Pas du tout aussi singulier que les Impressions
urbaines ou même les Kakémonos, loin aussi du richardstraussisme de sa
Salomé…mais tout de même un beau postromantisme enrichi.
→ La pièce de Rotella en hommage à Ravel est très réussie. En revanche,
l'exécution de la suite pour clavecin d'ÉCJdLG souffre vraiment de
toutes les difficultés liées au piano (agréments très lourds, staccato
peu gracieux, tempérament égal particulièrement plat), sans que
l'interprète parvienne à résoudre tous ces problèmes.
→ Prise de son difficile, dans un petit espace et acide, surtout pour
le Jacquet de La Guerre et le final du Mariotte.
Q. Airs de cour,
lieder & mélodies…
nouveautés
♥♥ Bousset, Leclair, Fedeli, Naudé
l'Aîné, Pinel, Lambert, anonymes… – « Vous
avez dit Brunettes ? » – Les Kapsber'girls (Alpha
2021)
→ Programme fascinant consacré à ces pièces tendres et pastorales
appelées Brunettes, et dont plusieurs recueils ont paru au début du
XVIIIe sièce chez Christophe Ballard.
→ Refusant la prononciation restituée et favorisant au maximum le
naturel des textes, l'ensemble propose une lecture extrêmement
persuasive de ces pièces. La voix de la soprane (Alice Duport-Percier),
douce, se marie merveilleusement à l'émission beaucoup plus tranchante
de la mezzo (Axelle Verner), alliance inhabituelle (d'ordinaire
inversée) qui permet une intelligibilité maximale de la musique et du
texte – de surcroît, les solos révèlent des voix intrinsèquement
sublimes.
→ Seule frustration, la prise de son très sèche d'Alpha, trop proche
des chanteuses, qui relègue et écrase l'accompagnement, toutc en
atténuant le fondu de leurs voix qui fait merveille en concert (j'étais
à celui de lancement Salle Colonne, l'équilibre était bien meilleur
même sans être au premier rang).
♥ Beethoven – Irish Songs –
Maria Keohane, Ricercar Consort, Philippe Pierlot (Mirare 2021)
→ Accompagnées à la harpe plutôt qu’au piano, avec violon sur boyaux,
interprétation atypique de ces beaux chants traditionnels arrangés par
Beethoven.
♥♥ Schubert – Die schöne Müllerin
– Andrè Schuen, Daniel Heide (DGG 2021)
→ Très belle version. Des efforts pour être expressifs à tous les
moments-clefs ; qualité d'articulation de la part des deux
artistes. J'aime beaucoup la façon dont ils caractérisent précisément
chaque moment de chaque lied.
→ Mais tout de même deux réserves pour ma part.
a) la transposition pour baryton
rend la partie de piano un peu épaisse et poisseuse, on perd un peu en
charme, malgré le grand soin des nuances ;
b) la substance de la voix du baryton. Dès que c'est fort, la
l'instrument est poussé, et la couverture est exagérée (de francs [eu]
pour des [è]...). En revanche toutes les nuances douces sont absolument
merveilleuses, pour ainsi dire inégalée.
→ Ce n'est pas la lecture que je trouve la plus personnelle ou qui me
touche le plus, il y a potentiellement de petites réserves techniques
sur la voix, mais sur le plan artistique, l'interêt de
l'interprétation, une grande version !
♥♥ Thorsteinson, Schumann – Lieder
(en islandais + Op.39) – Andri Björn Róbertsson, Ástríður Alda
Sigurðardóttir (Fuga Libera 2021)
→ Remarquable interprétation de Schumann, une voix aux belles moirures
graves. Les lieder islandais souffrent de la comparaison avec Schumann
(plus jolis que dramatiques, un peu lisses), possiblement aussi de ma
maîtrise linguistique bien moindre.
♥ Edouard Lassen – Lieder, mélodies
– Reinoud van Mechelen, Anthony Romaniuk (Musiques en Wallonie 2021)
→ Un grand succès de son temps. Très doux, très simple, très réussi. Et
le fondu de la voix de Mechelen se déploie idéalement dans ce contexte
romantique.
♥♥♥ Biarent, Salvador-Daniel,
Fourdrain, Berlioz, Gounod, Bizet, Saint-Saëns, Chausson –
mélodies orientales « La chanson du vent » – Clotilde van
Dieren, Katsura Mizumoto (Cyprès 2021)
→ Plusieurs véritables raretés dont les 8 Mélodies de Biarent, Alger le soir de Félix Fourdrain
ou l'entêtante Chanson mauresque de
Tunis de Francisco Salvador-Daniel ! Belle sélection de
pièces très persuasives.
→ Interprétation par un mezzo capiteux mais à la diction précise, la
voix sonne très « opéra » mais se coule remarquablement dans les
exigences de l'exercice.
♥♥ Debussy, Rihm, Strauss, Schönberg –
Ariettes oubliées (+ mélodies de jeunesse), 3 Hölderlin, Mädchenblumen,
Op.2 – Sheva Tehoval, Daniel
Heide (Cavi 2021)
→ Superbe voix, légèrement pincée, à l'aigu facile, aux graces clairs
et naturels, le tout dans un français impeccable.
♥♥ Schumann, Barber – Schöne Wiege
meiner Leiden, I Hear an Army – John Chest, Hans Adolfsen
(VocalCompetition YT, 2016)
♥♥ FARWELL, A.: Songs, Choral and
Piano Works (« America's Neglected Composer) (W. Sharp, Arciuli,
Dakota String Quartet)
→ Compositeur nord-américain qui a mis à l'honneur la musique
traditionnelle amérindienne en en insérant des thèmes arrangés dans sa
musique. D'après la notice, il souffre aujourd'hui des
thématiques débattues autour de l'appropriation
culturelle pour être remis à l'honneur.
Il est vrai que sa musique est de grand intérêt, conçues avec un très
beau métier et une belle inspiration personnelle ; vu son peu de
notoriété initial, la plus grande difficulté réside sans doute d'abord
là.
Je crois que vous avez là encore de quoi vous laisser surprendre… en
attendant d'éventuelles présentation de cycles hors nouveautés, avec
des exploration encore plus enthousiasmantes ! (En ce moment
même, Alfvén 2 par Svetlanov et la Radio Suédoise, quelle Épiphanie !)
À très bientôt pour de nouvelles aventures autour des anniversaires,
d'éditoriaux, de suggestions de découvertes ou de petites découvertes «
pédagogiques »… ce n'est pas sûr encore !
Destruction par Ézéchias des idoles assyriennes adoptées par son
père.
(Gravure servant à illustrer une traduction & paraphrase biblique, L'histoire du Vieux et du Nouveau Testament,
représentée avec des figures et des explications, la
fameuse « Bible de Sacy », « Bible de Port-Royal », « Bible de
Royaumont ». Ici, édition de 1770, soit 99 ans après la première
publication. Gravure probablement de Matthäus Merian.)
Retrouvez les précédents épisodes (pour l'instant, deux notules sur la
figure de Caïn jusqu'au XIXe siècle) dans le chapitre de la série.
Je rappelle tout d'abord le principe de cette série, débutée avec cette
année 2021.
L'idée de départ : proposer une découverte de la Bible à travers ses
mises en musique. Le but ultime (possiblement inaccessible) serait de
couvrir l'ensemble des épisodes ou poèmes bibliques jamais mis en
musique. Il ne serait évidemment pas envisageable d'inclure l'ensemble
des œuvres écrites pour un épisode donné, mais plutôt de proposer un
parcours varié stylistiquement qui permette d'approcher ce corpus par
le biais musical – et éventuellement de s'interroger sur ce que cela
altère du rapport à l'original.
Quelques avantages :
♦ incarner certains textes ou poèmes
un peu arides en les ancrant dans la musique (ce qui devrait satisfaire
le lobby chrétien) ;
♦ observer différentes approches possibles de cette matière-première
(pour les musiqueux).
Sur ce second point, beaucoup peut être appris :
D'une part le nécessaire
équilibreentre
♦ le langage
musical du temps,
♦
les formes liturgiques décidées
par les autorités religieuses,
♦
la nature même de l'épisode narré.
Sur certains épisodes qui ont traversé les périodes (« Tristis est
anima mea » !), il y aurait tant à dire sur l'évolution des usages
formels…
D'autre part le positionnement plus
ou moins distant du culte religieux :
niveau 1 → utilisé pour toutes les célébrations (l'Ordinaire des catholiques),
niveau 2 → pour certaines fêtes
ou moments spécifiques de l'année liturgique (le Propre),
niveau 3 → en complément de la messe proprement
dite (comme les cantates),
niveau 4 → en forme de concert sacré mais
distinct du culte (les oratorios),
niveau 5 → sous forme œuvres destinées à édifier le public mais représentées dans
les théâtres (oratorios hors églises ou opéras un peu
révérencieux),
niveau 6 → de libres adaptations
(typiquement à l'opéra, lorsque Adam, Joseph ou Moïse deviennent des
héros un peu plus complexes)
niveau 7 → ou même de relectures
critiques (détournements d'Abraham ou de Caïn au XXe siècle…).
À cette fin, j'ai commencé un tableau
qui devrait, à terme, viser l'exhaustivité – non pas, encore une fois,
des mises en musique, mais des épisodes bibliques. Il s'avère déjà que,
même pour les tubes de la
Genèse, certains épisodes sont très peu représentés – l'Ivresse de Noé,
pourtant abondamment iconographiée, est particulièrement peu répandue
dans les adaptations musicales.
Mais en plus du tableau, de petits épisodes détachés avec un peu de
glose ne peuvent pas faire de mal. (Comme ils seront dans le désordre,
ils pourront ensuite être recensés dans le tableau ou une notule
adéquate.) Nous verrons combien je réussis à produire, et si cela revêt
quelque pertinence.
Ézéchias sur son lit de
douleurs.
Gravure de Christoffel van Sichem II, première moitié du XVIIe s.
La guérison
miraculeuse d'Ézéchias
La
source
1. En ces jours-là, Ezéchias fut
atteint d'une maladie mortelle.
Esaïe, fils d'Amots, le prophète, vint lui dire : Ainsi parle le
SEIGNEUR : Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir ; tu ne
vivras plus.
2. Ezéchias tourna son visage vers le mur et pria le
SEIGNEUR.
3. Il disait : S'il te plaît, SEIGNEUR, souviens-toi, je t'en
prie, que j'ai marché devant toi avec loyauté et d'un cœur entier, et
que j'ai fait ce qui te plaît ! Et Ezéchias se mit à pleurer
abondamment.
4. Alors la parole du SEIGNEUR parvint à Esaïe :
5. Va dire à Ezéchias :
Ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu de David, ton père : J'ai entendu ta
prière, j'ai vu tes larmes. J'ajoute quinze années à ta vie.
6. Je te
délivrerai, ainsi que cette ville, de la main du roi d'Assyrie ; je
protégerai cette ville.
7. Voici quel sera pour toi, de la part du
SEIGNEUR, le signe que le SEIGNEUR fera ce qu'il a dit :
8. Je fais
revenir de dix degrés en arrière, avec le soleil, l'ombre des degrés
qui est descendue sur les degrés d'Achaz. Et le soleil revint de dix
degrés sur les degrés où il était descendu.
(Prière d'Ézéchias après sa guérison : )
9. Ecrit d'Ezéchias, roi de Juda, lorsqu'il fut malade et survécut à sa
maladie.
10. Je me disais : quand mes jours sont en repos, je dois m'en aller
aux
portes du séjour des morts. Je suis privé du reste de mes années !
11. Je disais : Je ne verrai plus le SEIGNEUR (Yah), le SEIGNEUR (Yah),
sur la terre des vivants ; je ne contemplerai plus aucun être humain
parmi les habitants du monde !
12. Ma demeure est enlevée et exilée loin de moi, comme une tente de
berger ; comme un tisserand j'enroule ma vie. Il m'arrache du métier.
Du jour à la nuit tu m'auras achevé !
13. Je me suis contenu jusqu'au matin ; comme un lion, il brisait tous
mes os, du jour à la nuit tu m'auras achevé ! 14. Je poussais des petits cris
comme une hirondelle en voltigeant, je
gémissais comme la colombe ; misérable, je levais les yeux en haut :
Seigneur, je suis oppressé, sois mon garant ! 15. Que dirai-je ? Il m'a répondu,
et c'est lui-même qui a agi. Je
marcherai humblement pendant toutes mes années, à cause de mon amertume. 16. Seigneur, c'est par tes bontés
que l'on vit, c'est par elles que je respire encore ; tu me rétablis,
tu me rends à la vie. 17. Mon amertume s'est changée en
paix. Toi, tu t'es épris de moi au
point de me retirer de la fosse du néant, car tu as rejeté derrière ton
dos tous mes péchés.
18. Car ce n'est pas le séjour des morts qui te célébrera, ce n'est pas
la mort qui te louera ; ceux qui descendent dans le gouffre n'espèrent
plus rien de ta loyauté.
19. Le vivant, le vivant, c'est celui-là qui te célèbre, comme moi
aujourd'hui ; le père fait connaître aux fils ta loyauté.
20. Le SEIGNEUR m'a sauvé ! Nous ferons résonner mes instruments, tous
les jours de notre vie, à la maison du SEIGNEUR.
21. Esaïe avait dit : Qu'on apporte un gâteau de figues sèches et qu'on
l'applique sur l'ulcère ; et Ezéchias vivra.
22. Ezéchias avait dit :
Quel est le signe que je monterai à la maison du SEIGNEUR ?
Ésaïe 38:14-17, traduction de la Nouvelle Bible Segond.
« Ézéchias montre ses trésors aux ambassadeurs du roi de
Babylone. »
Gravure pour La Bible Populaire
(Hachette 1864).
Ézéchias mis en musique
Bien qu'étant rapportée en trois endroits (la fin de Rois 2, troisième partie de
Proto-Ésaïe, deuxième livre des Chroniques), la geste d'Ézéchias est
très peu représentée dans le monde musical – et, me semble-t-il du
point de vue de ma culture tout à fait lacunaire, très marginale
également dans les autres arts et dans la culture partagée de l'honnête
homme.
Il existe cependant une astuce : selon l'exégèse d'Ernest Renan (qui
vaut ce qu'elle vaut, à savoir une exégèse de 1890 publiée dans la Revue des Deux Mondes, que je suis
allé lire au bénéfice de cette notule– « Études d'histoire israélite :
Le règne d'Ézéchias, deuxième partie », Troisième Période, Vol.100, n°1
du 1er juillet 1890, pp. 32-57), le
Psaume II – pourtant traditionnellement attribué à David –
assez pourrait constituer une description politique du temps
d'Ézéchias.
Imaginez alors la quantité de musiques que l'on pourrait lui associer
! De Tallis (dans
les 9 Psalm Tunes for Archbishop
Parker's Psalter)et « Why Do the Nations » du Messiah de Händel jusqu'aux Chichester Psalms de Bernstein, en passant par les
nombreuses versions latines (« Quare
fremuerunt gentes ») du Psaume, très en vogue en France à
l'époque baroque avec les grands motets de LULLY, (Pierre) Robert et Charpentier,
puis chez les romantiques avec
Franck et Saint-Saëns (dans l'Oratorio
de Noël)… Un texte animé, qui produit de très belles mises en
musique (en particulier chez les baroques), aux contrastes saisissants.
C'est l'essentiel, à part quelques versions XX-XXIe de compositeurs peu
célèbres (inclus dans Odi et amo
d'UģisPrauliņš,
par exemple), de ce que j'ai rencontré au disque. Il doit en exister
des tombereaux d'autres en réalité, puisque ce psaume figure au
programme de l'office de Prime du
lundi, dans la règle de saint Benoît ! Il peut aussi bien
être dit que chanté dans ce contexte, si bien que beaucoup de versions
musicales, pas forcément toutes de grande ambition, doivent en exister !
Cependant, pour un épisode qui soit directement reliable à Ézéchias,
sans interprétation exégétique marginale, je n'en connais qu'un seul, je crois, dans la portion (très limitée) de la musique que j'ai pu fréquenter
au fil des années. Quelle coïncidence incroyable, il s'agit d'un
chef-d'œuvre absolu dont je voulais vous entretenir depuis longtemps.
Histoire
d'Ézéchias
Ézéchias, roi de Juda (il existe alors aussi un royaume distinct
d'Isräel, au Nord, avec pour capitale Samarie), à la fin du VIIIe
siècle avant nous, fait partie des rois exemplaires bibliques. Ami de
l'agriculture, améliorant l'approvisionnement en eau potable de
Jérusalem… l'économie est florissante et le temple de Salomon reçoit de
nouveaux ornements, devenant le lieu central du culte (destruction de Haut-lieux décentralisés sur le
reste du territoire).
Ce portrait laudatif est à concevoir en opposition avec son père Achaz,
qui refuse l'alliance des royaumes voisins contre la menaçante Assyrie,
pour finalement devoir, en désespoir de cause, donner tout l'or du
Temple aux Assyriens pour ne pas être lui-même pris d'assaut par ses
voisins. Le royaume voisin d'Israël tombe, une partie de sa population
est remplacée et déportée, les réfugiés affluent dans le royaume de
Juda.
Pour couronner le tout, Achaz embrasse les idoles assyriennes – dans 2
Rois 16:3, il est même raconté qu'il immole l'un de ses fils à Moloch.
Et dans 2 Chroniques 28:3, fils est au pluriel.
Ézéchias fait tout l'inverse : il revient à la religion de ses pères et
brave l'Assyrie. Le siège de Jérusalem n'est pas véritablement un
succès (Ézéchias s'en tire en livrant un tribut à nouveau tiré du
Temple), mais les Assyriens lèvent le camp sans prendre la ville. Les
textes parlent du carnage de 185000 hommes commis en une nuit par «
l'ange de Yahvé » – les exégètes supposent l'apparition d'une épidémie.
Alors qu'il est frappé, nous dit le livre d'Ésaïe, d'une maladie mortelle, Dieu intercède à
sa prière et le sauve. Le texte qui va nous occuper est tiré de la
louange d'Ézéchias après sa guérison.
Fin de la Deuxième Méditation
pour le Carême de Charpentier, tirée de l'édition de Vincent Carpentier.
Méditations
pour le Carême, n°2 (H.381)
Le mystère
Un mot en guise d'introduction à ce massif, l'un des sommets de toute
l'œuvre
de Charpentier – et, partant,
de la musique européenne du XVIIe siècle.
Il a la particularité d'être assez mal documenté : on dispose de
disques, mais de très peu d'éléments sur son origine. On sait que la
partition nous est seulement parvenue par la bibliothèque de Sébastien
de Brossard, autre représentant majeur du style ultramontain de la même
génération.
Il est probable qu'ainsi que la majorité de sa production sacrée, cet
ensemble cohérent de 10 pièces provienne de sa période chez les
Jésuites, au collège
Louis-Le-Grand ou à Saint-Louis-des-Jésuites
(actuelle Saint-Paul-Saint-Louis) – mais aucun document ne permet de
l'affirmer.
L'œuvre est tellement peu identifiée, et si atypique, qu'elle occupe,
dans le catalogue thématique Hitchcock (organisé par genre), la toute
fin de la liste des motets – faute de date ou de repère générique.
Elle n'est cependant pas énigmatique : son format correspond en tout
point à l'esprit rhétorique des motets de la liturgie Contre-Réforme,
où Carême et Semaine Sainte étaient l'occasion de fournir des sujets
musicaux assez riches, jusqu'à la célèbre mondanisation de l'office des Ténèbres.
Le détail de sa forme, assez original – dans le répertoire courant, on
n'en a guère d'exemple – se situe à
la jointure du court petit-motet (1
à 3 voix solos) contemplatif tiré des Psaumes
et du petit oratorio (ou «
histoire sacrée ») représentant en un quart
d'heure une action biblique beaucoup plus dramatique (tel qu'il en fit
autour de Judith, Esther ou du Reniement de Pierre).
Selon qu'on
considère ses parties isolées – dix
motets détachables, cohérents en
eux-mêmes, avec leurs récitatifs, leurs tirades solos, leurs « chœurs »
homorythmiques ou contrapuntiques – ou son ensemble – une histoire de
la Passion, remise dans son contexte large de l'état du monde
(!) et de
la filiation abrahamique –, ces Méditations
peuvent ressortir plutôt à l'un ou l'autre genre.
Ce ne sont d'ailleurs, autre bizarrerie, pas tant des méditations, pour
la plupart, que des narrations,
dans un format très resserré,
d'épisodes-clefs de la Passion
(la Cène, le Mont des Oliviers,
l'Arrestation, le Reniement, le Procès…) – mais elles contiennent des
réflexions qui n'appartiennent pas aux originaux, et invitent, par le
seul exemple montré ou par des versets écrits dans ce but, le fidèle à
s'interroger sur sa place dans ce monde où Jésus a vécu sa
Passion. En
filigrane, les modèles de votre vie sont-ils Abraham, Jésus, Pierre,
Judas ?
Architecture générale
D'où proviennent les textes ?
Ce sont 10 fragments tirés et arrangés de la Bible pour nourrir le
cheminement sur le Carême.
Étrangement, les livres savants que j'ai consultés parlent fort peu de
cette œuvre, dont on ne sait, il est vrai, à peu près rien. Mais aussi
bien dans les monographies charpentiéristiques que dans les notices des
disques concernés, et jusque dans les catalogues de référence du type
BNF, CMBV, VIAF, la provenance des textes n'est pas incluse – pis, il
est parfois suggéré qu'il s'agit de textes ad hoc,
préparés pour les besoins des gloses, des offices, des motets (alors
que tout, à l'exception de quelques détails ajustés, procède en réalité
d'un copié-collé des Écritures !).
J'ai donc dû
vérifier manuellement chaque segment de ces motets pour vérifier
exactement :
a) la provenance (qui conditionne l'implicite de ces textes) ;
b) leur degré de réécriture (l'écart par rapport au texte canonique
n'est pas, là non plus, anodin).
Je ne suis pas grand clerc et ne promets pas de ne pas avoir laissé
passé de détails, mais vous disposerez au moins d'un grossier canevas –
que je n'ai pas pu trouver, ni dans les sites spécialisés, ni dans les
catalogues officiels, ni en bibliothèque (je me doute bien que ça
existe, mais ça veut dire que ce n'est pas à disposition de n'importe
quel mélomane qui veut juste écouter son disque avec un minimum de
contexte).
On néglige peut-être aussi que les traductions modernes se réfèrent au
grec des Évangiles et à l'hébreu des textes vétéro-testamentaires… on
s'aperçoit, en lisant la vulgate utilisée par Charpentier, que les
nuances en sont assez différentes par endroit – je suis notamment
frappé du caractère plus consolateur des choix de traduction, peut-être
autant l'effet de l'esprit de notre temps que le retour aux textes
originaux. En somme, le texte mis en musique par Charpentier n'a pas
toujours la même couleur que les traductions qu'on peut en lire
habituellement.
Structure musicale interne
Le résultat, comme dit précédemment, tient aussi bien – chaque pièce
prise à part – du petit motet, que – considérant l'ensemble du parcours
– d'une sorte d'oratorio de la Passion.
Ici, ce sont trois voix, alternant homorythmie (pour les commentaires
méditatifs), canons, polyphonies diverses, dialogues
récitatifs ou quasi-ariosos, d'une façon qui n'est pas rigide mais
soumise à l'évolution du texte… De petits bijoux d'interaction
texte-musique.
L'œuvre
[[]]
par Les Surprises (chez
Musiques à Ambronay)
Stéphen Collardelle, haute-contre
Martin Candela, taille
Étienne Bazola, basse-taille
Juliette Guignard, viole de gambe
Etienne Galletier, théorbe
Louis-Noël Bestion de Camboulas, orgue, clavecin et direction
Vulgate retouchée pour le motet
Traduction DLM
Sicut pullus hirundinis sic
clamabo.
Meditabor ut columba.
Attenuati sunt oculi mei
suscipientes in excelsum.
Recogitabo tibi omnes annos meos
in amaritudine animae meae.
Domine si sic vivitur et in talibus vita spiritus mei,
corripies me et vivificabis me.
Ecce in pace amaritudo mea amarissima.
Comme le petit de l'hirondelle,
ainsi je proclamerai.
Je serai calme comme la colombe.
Mes yeux ont été affaiblis
à force de se lever vers le Ciel.
Je te rappellerai toutes ces miennes années
que j'ai passées dans l'amertume.
Seigneur, si c'est ainsi que tu m'insuffles la vie,
tu t'empareras de moi et me rendras à la vie.
Et voici ma plus amère amertume changée en paix.
Sicut pullus
hirundinis
: Ésaïe 38:14-17
Il s'agit donc de l'action de grâce d'Ézéchias après sa guérison
miraculeuse… mais au sein d'un cycle consacré à la Passion, quoi de
plus naturel pour parler du destin
de Jésus que de convoquer Ésaïe
?
Avec des coupures dans le texte
d'origine, mais dans les mots exacts de la vulgate, c'est une promesse
de consolation après l'affliction ;
prochaine ou lointaine, par
l'Éternel. Ésaïe annonçant le Messie tel que décrit dans les Évangiles
(ou plus exactement, les Évangiles tissant minutieusement des
parallèles avec les prophéties et métaphores d'Ésaïe), ces versets sont
aussi un choix naturel pour méditer sur le sens de la souffrance et
leurs résolution, en préparation de la Semaine Sainte.
Petit fait amusant qui m'a occupé quelques heures à comparer les
traductions, lire les articles spécialisés et interroger les quelques
clercs de ma connaissance : les traductions depuis la
vulgate traduisent l'épisode en mettant en avant que l'amertume trouble
la paix, tandis que les traductions plus récentes d'après l'hébreu
disent au contraire qu'à la souffrance succèdera un jour la paix. Je ne
parviens pas à déterminer s'il s'agit d'une divergence entre saint
Jérôme et l'hébreu, ou d'un changement de tradition. En tout cas il est
notable que pour les traductions de l'époque de Charpentier, le sens de
ces versets étaient plus
sombres que dans les traductions couramment disponibles aujourd'hui de
type Jérusalem ou Segond, et cela s'entend dans la mise en musique.
Pourtant, en lisant le latin du texte pour le motet de Charpentier, la
transposition au futur des deux premiers verbes (c'est aussi le cas
pour la fin) suppose plutôt que les cris et la prostration évoqués au
début de l'épisode seront la preuve de la joie profonde et de la
rédemption – alors que dans le texte d'origine dont j'ai placé une
bonne traduction plus haut, le consensus des traducteurs suggère
qu'Ézéchias était souffrant et fragile comme un petit oiseau.
Je serai bien sûr heureux de toute lumière sur ce sujet qui m'a occupé
quelque temps, sans qu'aucun des spécialistes que j'ai pu approcher
n'aient osé émettre une hypothèse.
Sicut pullus
hirundinis
: Charpentier H.381
(Œuvre de niveau 3.)
Quelques petits repères musicaux pour vous.
a) Début en fugato (les entrées
ont des divergences, contrairement à un
canon-type) autour de la simple exposition « ainsi que le petit
de
l'hirondelle, je crierai ».
b) Chaque voix a son verset solo
(la taille et la basse-taille sur le
même patron), avant que la haute-contre et la taille ne chantent
ensemble à la tierce (c'est-à-dire
la même mélodie à deux notes d'écart) : la période aboutit
enfin sur la clef de voûte de
l'ensemble, le mot « amertume », où le temps s'alentit, où les
figuralismes évoquent la plainte.
c) L'appel au Seigneur se fait à nouveau sur un très court moment en
fugato de 3 mesures, avant de
déboucher, pour évoquer la « vivification
» de l'âme, sur un soudain mouvement
à trois temps très élancé, avec
aigus exaltants de la haute-contre.
d) Retour au mouvement regulier à quatre temps, à nouveau en entrées
tuilées fuguées, pour évoquer ce fameux dernier verset sujet à
interprétation : ici, Charpentier le perçoit clairement comme un moment
où le sentiment d'affliction domine, et les frottements harmoniques
sont nombreux ; l'avancée
très progressive par glissements
chromatiques (on passe d'une tonalité à une autre, on
emprunte, ça frotte, c'est instable) finit sur un unisson sans
choisir entre la permanence du mineur sombre ou l'espérance finale du
mode
majeur.
Composition très sophistiquée, techniquement très avancée, dont
l'italianisme éhonté (ce grand chromatisme final
!) a dû fortement
impressionner – il est le seul, me semble-t-il, à pousser aussi loin
l'exercice d'un contrepoint aussi libre et d'une harmonie aussi
subversive, en cette fin du XVIIe français.
Discographie
Il existe quatre versions de cette pièce – je vous ai naturellement
proposé la plus belle.
ita
→ Les Arts Florissants
(Christie), quelquefois à un par partie, quelquefois à plusieurs (deux
?). Les voix sont un peu pionnières (Honeyman,
Laplénie, Cantor… pas le fondu qui prévaut aujourd'hui, moi j'aime),
l'exécution aussi, mais le caractère dramatique des tableaux est tout à
fait réussi !
→ Le Concert Spirituel
(Niquet), seulement la moitié des Méditations, à deux par partie
(Lenaerts & Auvity, Évreux & Honeyman, Buet & Nédélec),
très allant comme il se doit, mais le fait de chanter à deux bride
l'expressivité individuelle et rend plus saillantes les
micro-divergences d'intonation. Nettement moins probant qu'à un par
partie, à mon sens.
→ Ensemble Pierre Robert
(Desenclos). À un par partie (Beekman, Getchell, Muuse), très doux et
vivant, grande réussite.
→ Les Surprises (Bestion
de Camboulas). Celui que j'ai sélectionné, à un par partie (P. García,
Candela, Bazola), particulièrement vivant et animé, chanté avec
insolence, un régal de bout en bout.
Isaïe annonce à Ézékias le signe donné par Dieu des quinze
années de vie accordées : l'ombre doit-elle avancer ou reculer de dix
marches ? Ézékias choisit le prodige le plus incontestable :
l'ombre reculera. (Et Yahvé s'exécute.)
[Oui, je varie les graphies pour que vous puissiez, dans un
futur lointain, retrouver la notule !]
La mémoire
d'Ézéchias
En fin de compte, je n'ai rencontré aucune
œuvre qui raconte l'histoire d'Ézéchias : le Psaume II n'est pas
traditionnellement relié à son règne (et en tout cas rien d'explicite
ne permet de l'assurer avec certitude), et la seule mise en musique qui
lui soit ouvertement reliée, cet extrait d'Ésaïe mis en musique par
Charpentier… est en réalité anonymisée et remaniée, pour en faire une
méditation autour du pécheur qui espère en la miséricorde et la vie
éternelle, à l'occasion de la Semaine Sainte.
Je me figure qu'il existe forcément, dans la quantité vertigineuse d'oratorios à
sujets vétéro-testamentaires produits aux XVIIe et XVIIIe siècle en
italien, en allemand ou même en latin, un petit recueil d'airs à da capo qui prenne ce règne-là en
exemple. Mais je ne l'ai pas trouvé – vu l'ampleur des bases de données
consultées, il est vraisemblable que cela n'ait jamais été
officiellement enregistré sur disque.
Pourquoi l'avoir choisi ?
Le cas est intéressant à plusieurs titres :
a) il pose la question de la raison pour laquelle certains épisodes
nous parviennent plutôt que d'autres – alors qu'il y a ici tous
les
éléments utiles pour exalter la piété avec le profil de ce roi
préoccupé de questions religieuses, construire l'épopée avec la guerre
contre les Assyriens, assurer le spectaculaire avec le siège de
Jérusalem fatal aux assaillants, pourquoi a-t-on à ce point davantage
de versions musicales de Booz ou Saül ?
b) se posera aussi, en d'autres instances (l'Ivresse de Noé !) la
question pour laquelle des épisodes très commentés et iconographiés ne
sont jamais mis en musique
(c'est moins le cas ici, Ézéchias n'est pas
une figure emblématique) ;
c) il est possible d'utiliser un épisode pour autre chose que pour
lui-même ; ici, cet extrait d'un livre sacré est employé à
d'autres
fins, pour expliquer un autre moment (on passe du Tanakh au Évangiles, du récit « historique »
au conseil donné aux fidèles). (La chose avait atteint, vous vous en souvenez, des dimensions
particulièrement impressionnantes chez Pfleger, des patchworks où des
citations changent de personnages, une grande foire aux collages plus
ou moins en accord avec le sens premier des textes.)
J'avais reçu beaucoup de demandes pour poursuivre cette série. Les deux
derniers épisodes de Caïn sont longs à construire, je poursuis donc
ailleurs.
À bientôt, que ce soit pour une notule-édito, un bilan des nouveautés
discographiques ou la suite des anniversaires attendus en 2022 !
Apostille
La rédaction de cette notule s'étant étendue sur deux semaines, voici
j'ai fini par trouver, au moment où je la prépare pour pixellisation,
trace d'autres mises en musique du règne d'Ézéchias ! Exactement
ce que j'avais pu supposer : oratorio italien (probablement en latin,
chez Carissimi) & références exotiques chez des compositeurs
vivants.
→ Le n°22 des Hymnes [sic] and Songs for the Church d'Orlando
Gibbons (l'une des figures
majeures de la polyphonie anglaise du début du XVIIe siècle). « The
Prayer of Hezekiah : O Lord of Hosts, and God of Israel » (Tonus
Peregrinus, Naxos 2006).
→ Une cantate de Carissimi
évidemment ! (Corboz, Erato 1973 ; Erik van Nevel, Accent 1990).
→ Une cantate de Rossi en
italien (Pfammatter, Divox 2000, capté depuis le fond d'une cathédrale).
→ Le troisième mouvement de la Symphonie n°19 « Hallelujahs » d'Andreas Willschner, « Hallelujah of
Hezekiah » – chacun des cinq mouvements évocant un chant de louange
(Carson Cooman, Divine Art 2017).
Il faut que je me trouve le Corboz, qui m'avait
échappé car jamais réédité, ni en CD ni en dématérialisé, mais pour les
deux autres, on constate qu'il s'agit du même épisode de maladie
miraculeusement résolue – c'est elle aussi qui domine dans
l'iconographie, pour ce que j'ai pu en juger en parcourant les gravures
pour en décorer cette notule.
[… et voilà que je trouve la version d'Erik van
Nevel ! C'est en effet en latin.]
Voilà qui méritera peut-être une autre notule pour
compléter, une fois que j'aurai pu étudier un peu les textes…
À présent que je me suis simultanément contredit et donné raison (ce
qui n'a que l'apparence d'un paradoxe, si vous m'avez bien lu, estimés
lecteurs), et que j'ai tâché d'affiner publiquement le tableau
jusqu'ici dressé, je puis vous laisser vaquer à votre lecture.
Puisse-t-elle vous édifier ou vous divertir un tant soit peu.
on donne le même soir Curlew Riverde Benjamin BRITTEN et Amogkra de Sibusiso NJEZA.
L'un n'est chanté que par des hommes, l'autre que par des femmes.
La parabole de Britten, où une
femme folle cherche son enfant, est inspirée d'un Nō japonais du XVe
siècle, mais son livret est dû à un auteur né en Afrique du Sud,
William Plomer. Britten ascétique et étrange, l'une de ses œuvres les
plus personnelles.
Amogkra est
écrit dans une langue tonale de la région, le xhosa (son "xh" initial
transcrit un clic alvéolaire latéral aspiré !) – une des langues
bantoues utilisées essentiellement dans la région du Cap.
Le livret est dû à l'écrivaine Asanda Chuma Sopotela, et retrace le
parcours d'Uyinene Mrwetyana & Fezekile Ntsukela Kuzwayo, deux
Sud-Africaines victimes de violences – viol et assassinat en 2019 pour
la première, une étudiante, tandis que la seconde, après avoir accusé
le président Zuma de viol, avait dû fuir aux Pays-Bas avec sa mère,
après que leur maison fut brûlée par des partisans du pouvoir.
Le Cape Town Opera a été fondé
en tant que tel en 1999, issu d'une évolution qui remonte à l'Opera
School at the South African College of Music (à l'Université du Cap),
au début des années 20, sous l'égide du ténor italien Giuseppe
Paganelli.
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