Le disque du jour - L - Gustav Adolf MERKEL, Sonates pour orgue
Par DavidLeMarrec, dimanche 24 juin 2012 à :: Le disque du jour - Musique romantique et postromantique - Bons tuyaux et grandes orgues :: #1995 :: rss
Pour ce cinquantième disque du jour, un petit corpus d'orgue paru chez l'excellent label norvégien Simax.
Sonate pour orgue n°4 en fa mineur Op.115.
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Gustav Merkel naît en 1827 près de Zittau, au point le plus oriental de l'Allemagne actuelle. Il passe sa carrière à l'orgue, et l'essentiel de sa vie à Dresde, comme chef de choeur ou organiste : Waisenhauskirche, Kreuzkirche, Hofkirche...
Les notices insistent généralement sur les quelques leçons prises avec Schumann qui ne semblent pas, ni biographiquement, ni stylistiquement, avoir été décisives. (Sans doute parce qu'il faut bien situer ces obscurs tâcherons dans une histoire de la geste musicale telle qu'on la pratique souvent.)
Sa musique, très ancrée dans la tradition, n'apporte pas de nouveautés, ni à la forme, ni au langage. Et pourtant on va en parler quand même.
On retrouve les structures à variations, déjà courantes au XVIIe (Buxtehude), les couples de type Fantaisie (/ Toccata / Prélude) & Fugue déjà pratiquées au XVIIIe (Bach), les Sonates pour orgue avec forme-sonate initiale, mouvement lent planant et final fugué, sur le modèle de Mendelssohn.
Harmoniquement, pas d'audaces notables, mais des modulations fréquentes et un bel usage des possibilités de coloris, sans la moindre raideur. Et c'est précisément là que se situe le charme de Merkel, il y a chez lui une forme de naturel, d'aisance dans les codes traditionnels, qui lui permettent, sans innover le moins du monde, de produire très exactement, avec une belle économie de moyens, des émotions sonores de son choix.
On est, avec plus de formalisme encore (dû à l'instrument et à la formation germanique), dans un profil à la Dubois.
Cet autre extrait en témoigne bien :
Fantaisie et Fugue en ut majeur Op.5, le versant - de jeunesse - primesautier et monumental de Merkel, pas sans rapport avec l'esthétique Dubois, en plus charpentée et germanique, bien sûr, avec son goût des grandes structures plutôt que des petits climats. Mais le couleurs harmoniques assez optimistes et roboratives ne sont pas sans parenté, tous les deux semblant puiser une partie de leur identité à la source Mendelssohn.
L'ensemble des quatre volumes mérite le détour, mais j'attire tout particulièrement l'attention sur les n°1 (Fantaisie & Fugue en ut majeur, Sonates 2 et 3) et n°3. Ce dernier comporte surtout la Quatrième Sonate en fa mineur, plus sombre mais combattive - avec un langage beaucoup plus contrapuntique, plus en développement qu'en contrastes, le climat peut évoquer la Sixième Symphonie de Widor.
Il n'y a donc pas d'exception à vanter, ce qui limite les superlatifs, mais pour les amateurs de musique "positive", Merkel prépare de très belles émotions.
[En ce qui me concerne, j'écoute très souvent ces disques avec un très vif plaisir.]
Halgeir Schiager assume seul l'entreprise de cette anthologie, rejoint pour les pièces à quatre mains par Bjørn Boysen. La prise de son Simax, pas toujours parfaite à l'orgue (des Widor flous, par exemple), est d'un réalisme et d'un impact physique assez hors du commun. On retrouve le grand frisson de Thora.
Commentaires
1. Le samedi 14 juillet 2012 à , par Ouf1er
2. Le dimanche 15 juillet 2012 à , par DavidLeMarrec
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