Gioacchino ROSSINI – Il Turco in Italia – Alden, Minkowski, Aix 2014
Par DavidLeMarrec, mardi 15 juillet 2014 à :: Saison 2013-2014 :: #2493 :: rss
Petites remarques à l'emporte-pièce, tout en regardant.
(Je n'y étais pas, mais ça se trouve sur Arte Concert.)
Le puissant Turc est devenu un réfugié, le dramaturge un journaliste (voire un fonctionnaire de l'Immigration). Tous les rapports entre personnages sont donc bouleversés, sans être vraiment nourris de nouvelles choses en retour. Évidemment la légèreté charmante de la pièce s'est un peu envolée lors du passage à cette démonstration pataude.
Ce besoin (étrangement plus fort à l'Opéra qu'au théâtre [1]) de réduire absolument la fiction au réel me laisse très dubitatif. Ça ne pose pourtant pas de problème dans des genres plus « mimétiques » que l'opéra, vu le nombre d'œuvres oniriques / fantastiques / en costumes passés ou à venir, qu'on programme au théâtre et au cinéma.
Sinon, musicalement, ce n'est pas mal, mais je ne trouve pas que ça fonctionne si extraordinairement qu'on pourrait l'espérer, vu les gens sur scène (Peretyatko, Brownlee, Spagnoli, Corbelli) et dans la fosse — les Musiciens du Louvre sonnent un peu sèchement, sans surplus de couleurs ou de vivacité, je ne vois vraiment pas la plus-value par rapport à ce qu'on entend d'ordinaire.
Il faut dire que que Christopher Alden a manifestement décidé de déclarer sa sympathie pour la grève des intermittents en refusant de dirigier ses acteurs. Ils sont assez désemparés les pauvres, même Corbelli !
Sans vouloir médire, ça ressemble assez à un concept griffonné sur un coin de table en quelques minutes, tandis qu'Alden s'affairait à des engagements plus intéressants ; en tout état de cause, la réalisation scénique, indépendamment du concept, ressemble davantage à l'Aix des années 60 qu'à du bon théâtre.
(Et cela sans mentionner le propos de la mise en scène : les maris trompés sont de vilains bourgeois, les métèques sont des libidineux hypocrites, les européennes de petites traînées. Toutes choses un peu grotesques par rapport au livret, pourtant fondé sur des clichés.)
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En survolant l'acte II, ça semble mieux, mais ma patience est passée, je vais plutôt réécouter Chailly II (Decca) ou Conti (Naxos).
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