Parlons lied II
Par DavidLeMarrec, dimanche 29 janvier 2006 à :: Poésie, lied & lieder - Oeuvres :: #143 :: rss
On peut considérer que par un chemin de traverse, j'avais déjà commencé ici.
Aujourd'hui, présentation de deux lieder.
Parmi les contemplatifs
- Das Wirtshaus (Schubert, Müller, Winterreise). "L'auberge", s'agissant d'un cimetière. Dans le ton original appaisant de fa majeur, une timide entrée dans l' "auberge" pleine, tout dans le médium, qui s'achève sur un envoi d'une amertume avortée - la ligne descendante s'éteignant jusqu'au repos si bien qu'on peut douter du départ annoncé (‘‘Nun weiter denn, nur weiter, mein treuer Wanderstab.’‘) dont la décision se perd avec la disparition du son.
Un lied parmi les douze moins célèbres du Winterreise (donc célèbre quand même) sur un poème qui figure parmi les réussites de Müller.
Texte allemand et traduction française : http://www.recmusic.org/lieder/get_text.html?TextId=11921 .
Une version maison enregistrée en août 2009.
Parmi les narratifs
- Der Zwerg (Schubert, Matthäus Kasimir von Collin). "Le nain".
Diffusion :
Ce lied n'est pas très souvent exécuté, même s'il est plutôt célèbre. C'est étonnant, parce qu'il se prête très bien à tous les types de voix - j'aimerais beaucoup l'entendre par un soprano - et qu'il a un effet certain sur le public.
Type :
Il s'agit, comme Erlkönig, d'un lied narratif à plusieurs personnages (le narrateur, la princesse, le nain). Et ici, c'est véritablement à un opéra miniature qu'on assiste, bien plus dense que les expériences de Schubert dans le genre. La tessiture aussi est inhabituelle, vraiment large, surtout pour le genre : du la1 au fa#3 pour la version originale, soit la même étendue que... Posa !
Argument :
On assiste au meurtre quasi mystique de la princesse par son nain qui l'aime, jaloux du roi, et qui, lui reprochant sa trahison, la tue, consentante, malgré lui. Evidemment, les interprétations sont diverses, variées et contradictoires (allô? docteur Siegmund? mon Ca est agité ces temps-ci).
Quelques traits musicaux :
Toute la trame de l'oeuvre est hantée par des trémolos en la mineur qui forment un petit motif : do ré mi réé, ré mi ré mii, la si do si la sol# la ; puis la do si ré do la mi ré do sol# la. Tout cela est extrêmement conjoint, et l'agitation des trémolos apposée sur ce motif simple participe de l'atmosphère tetra (allô? docteur Sergio S*** ? ma cuistrerie est agitée ces temps-ci). Et la basse parachève de tout, avec une rythme en... pom pom pom poom (sur une seule hauteur), de façon obstinée. Bref, pour parler djeun's en une élégante allitération, c'est glauque grave.
Quelques moments remarquables nous éloignent de cette structure. L'entrée sinistrement sautillante du nain, soutenue par la basse (‘‘du selbst bist schuld an diesem Leide, weil um den König du mich hast verlassen’‘), et qui se clôt sur une annonce du meurtre dans une terrifiante reprise majeure du thème initial. Ou encore le chromatisme exsangue qui suit la strangulation, et l'élan terrible de la narration (à la manière d'Erlkönig), une fois que le drame est consommé.
Au total, ce lied est une véritable expérience.
Texte allemand et traduction anglaise : http://www.recmusic.org/lieder/get_text.html?TextId=3952 .
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