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Par citations

Billet-hapax, a priori.


Je n'aime pas m'exprimer par citations ; c'est toujours réduire sa pensée, et en déformer la réception auprès de ses interlocuteurs - qui ont généralement une autre perception de la citation en question.

C'est aussi une forme de paresse dans la formulation, une façon de ne pas se réapproprier ce qui nous est important. Aussi, je m'abstiens généralement d'en saupoudrer mes textes - ou alors à titre d'illustration précise d'un commentaire, et non d'argument d'autorité ou de substitut. Surtout que l'on a tendance à contorsionner les citations en les détournant de leur contexte pour les adapter à son cas particulier.

Comme on se sent valorisé de partager ses états d'âme avec un grand nom, ou mieux, qu'il ait éprouvé le besoin de parler de soi ; quelle ivresse, quelle consolation...

Pourtant, c'est avoir une vision fragmentée de soi, une vision masquée. Je préfère la parole maladroite qui se cherche à celle qui se drape dans ce qui n'est pas elle. C'est plus exigeant, plus risqué aussi, mais d'une justesse tellement supérieure.



Il n'empêche, après m'être mis les deux tiers de la blogosphère littéraire à dos par cette remarque, je vais suspendre cette habitude le temps de la fin de cette note. En intermède à mon silence forcé, je propose quelques citations de circonstance.

Celle-ci est peut-être la plus parlante, la plus proche de la situation, tirée d' Acajou et Zirphile :

« Et l’on fait plus pour ceux que l’on craint, que pour ceux que l’on estime. »
Duclos.


Etant pénétré de textes de lieder, comment ne pas penser à celle-ci ? Certes, elle dévie de la réalité, mais elle porte à la réflexion, justement en ce qu'elle est légèrement décalée :

« Soltzes Herz ! Und jetzt du bist so elend. » [1]
Heine.


Mais celle qui décrit le mieux mon état d'esprit est sans doute empruntée à An Emma, elle est même redoutablement exacte :

« Ihrer Flamme Himmelsglut
Stirbt sie wie ein irdisch Gut ? » [2]
Schiller.


Mes excuses pour cette note personnelle, et absconse, j'imagine, pour pas mal de lecteurs. Je tâcherai de ne pas recommencer.

Notes

[1] "Coeur trop fier, à présent tu es malheureux !", dans _Der Atlas_.

[2] "L'ardeur céleste de votre flamme / Peut-elle s'évanouir comme un bien terrestre ?"


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Commentaires

1. Le lundi 6 mars 2006 à , par kfigaro :: site

si ça peut te rassurer, je déteste ça aussi... je n'en utilise quasiment jamais, sauf peut être lorsqu'elles sont humoristiques, sinon je trouve ça d'un pédant achevé (surtout quand on ne les connaît pas par coeur et quand on s'amuse à les piquer dans un dico spécialisé à tout bout de champ !) ;)

A +

2. Le mercredi 8 mars 2006 à , par DavidLeMarrec

En plus d'être éventuellement pédant (ça ne me gêne pas trop), c'est peu éloquent sur la pensée, je trouve ; une forme de docte paresse commode.

Il n'empêche que si le discours qui accompagne est prenant, je ne boycotte pas.


Afin de préserver ma réputation auprès de mes lecteurs de tes odieuses insinuations, je précise que si j'ai découvert la première citation tout récemment avant d'écrire les billets, je n'ai pas ouvert un dictionnaire pour citer les deux autres.

Non mais. ;-)


David - cuistique

3. Le mercredi 15 mars 2006 à , par Philippe[s]

Il ne s'agit pas de "s'exprimer par citations" (c'est ridicule), mais, pour moi et pour d'autres sectateurs de la citation, de porter à la connaissance et à la réflexion des lecteurs des passages de mes lectures (et jamais des extraits de dictionnaires ou de sites ad'hoc) qui m'ont semblé signifiants ou d'opérer des rapprochements intéressants (une des caractéristiques de l'esprit de l'escalier). Je ne vois pas l'intérêt de reformuler une idée déjà exprimée au prétexte qu'ainsi elle serait plus personnelle (c'est tout autant de la cuistrerie).
D'autre part, si j'évoque un passage de Brand, ou un épisode de la Bible, j'aime autant le citer plutôt que parler dans le vide et d'obliger le lecteur à faire des recherches pour le retrouver.

A part ça, le coeur va mieux ?

4. Le mercredi 15 mars 2006 à , par DavidLeMarrec

"mais, pour moi et pour d'autres sectateurs de la citation, de porter à la connaissance et à la réflexion des lecteurs des passages de mes lectures (et jamais des extraits de dictionnaires ou de sites ad'hoc) qui m'ont semblé signifiants ou d'opérer des rapprochements intéressants (une des caractéristiques de l'esprit de l'escalier)."

C'est pour cela que cette perplexité m'est personnelle, et pour cela sans doute aussi que je vous lis avec plaisir. ( l-esprit-de-l-escalier.ha... )


"Je ne vois pas l'intérêt de reformuler une idée déjà exprimée au prétexte qu'ainsi elle serait plus personnelle (c'est tout autant de la cuistrerie)."

Je ne suis pas d'accord. La question n'est pas de reprendre à son compte une lecture, de la dérober à son concepteur, mais de formuler précisément l'aspect, dans une citation, qui nous touche.
Les citations sans commentaires, vraiment, non.


"D'autre part, si j'évoque un passage de Brand, ou un épisode de la Bible, j'aime autant le citer plutôt que parler dans le vide et d'obliger le lecteur à faire des recherches pour le retrouver."

Cela, c'est évidemment tout à votre honneur, d'autant plus que ça demande parfois un certain temps... Je donne autant que possible les liens vers les textes concernés, ou mets la citation, lorsqu'elle est nécessaire, mais cela reste toujours illustratif chez moi.

Je tiens là un magnifique troll, je crois. Reste plus qu'à trackbacker sauvagement... <];oD


"A part ça, le coeur va mieux ?"

Perfide ! :-) J'espère que c'est de la troisième et pas de la deuxième citation qu'il est question !

5. Le mercredi 15 mars 2006 à , par Philippe[s]

Oh, mais pas d'ironie dans ma dernière remarque, juste de l'empathie.

6. Le mercredi 15 mars 2006 à , par DavidLeMarrec

Merci Philippe[s], j'en suis très touché.

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