L'Opéra Comique - Le Calife de Bagdad (Boïeldieu)
Par DavidLeMarrec, mardi 25 avril 2006 à :: Opéra-comique (et opérette) - Oeuvres :: #207 :: rss
Après une immersion dans l'histoire du Théâtre de la Foire et de l'Opéra Comique, je vise ou révise mes classiques.
Très impressionné par l'allure de Richard Coeur de Lion de Grétry[1], par la pudeur touchante du Joseph de Méhul[2]... Jusqu'au Calife de Bagdad de Boïeldieu, une de ces oeuvres que je destinais a priori à une écoute unique, trouve grâce à mes oreilles. Tout y est pittoresque, délicat, charmant. L'intrigue est pourtant des plus communes (le prétendant travesti), et la musique fort peu inventive, restant dans les canons du consonant le plus classique. Tout au plus quelques percussions pour orientaliser le propos.
Opéra comique standard du début du dix-neuvième siècle, d'une durée d'une heure, dont une moitié de dialogues parlés. Un immense succès de l'époque, François-Adrien Boïeldieu est longtemps resté après la fin de ses activités une valeur sûre pour plaire du public de la salle Favart. Un profil-type d'oeuvres sans prétention qui ne nous parle plus guère aujourd'hui, dans une époque où les divertissements sont plus nombreux et plus acccessibles qu'une place à l'Opéra, fût-il Comique. Les standards sociaux (mariage, richesse) et moraux (adages simples et familiaux) ne sont plus à leur place pour en faire le même usage qu'autrefois. Reste la découverte curieuse de ces titres abandonnés.
Car ici, on ne trouve même pas les intrigues très adroites de Scribe ni l'aspiration au grand genre d'Auber.
On demeure dans la simplicité toute classique pour l'écriture musicale, strophique, symétrique, sans modulations brusques ; pas la moindre audace harmonique, pas le moindre début de contrepoint. Pas de génie non plus. J'imagine combien ce genre d'oeuvre doit désespérer ceux qui se passionnent pour la musique à partir seulement des langages "évolués" (Mozart plus ou moins mis de côté, ou fréquenté sous prétexte qu'il serait très original[3], les Italiens du XIXe en horreur, les baroques infréquentables hors Bach...). Et pourtant, une élégance naïve se dégage de ces oeuvres, quelque chose du plaisir simplement d'entendre dire une langue, d'entendre jouer quelques instruments plus ou moins justes, et peut-être surtout du plaisir du théâtre. Une action théâtrale, même sans imagination, même sans ampleur.
Aussi étrange que cela puisse paraître, on peut prendre plaisir à ce genre de choses.
Version écoutée :
Antonio de Almeida (1992)
Isauun Laurence Dale
Zétulbé Lydia Mayo
Lémaïde Claudine Cheriez
Késie Joëlle Michelini
Un juge Huw Rhys-Evans
Choeurs et Orchestre Camerata de Provence
Editeur : Sonpact (épuisé)
Laurence Dale incarne parfaitement dans un français à la hauteur des exigences du genre. Claudine Cheriez domine l'ensemble du plateau, avec une présence magnétique, ce qui sert avantageusement la pièce : tout le noeud dramatique tient à l'aveuglement de la mère et à son entêtement à repousser son gendre méconnu.
Les cordes ne sont pas très justes, la direction d'Almeida pas follement contrastée, mais l'esprit du genre est là , avec sa simplicité de facture, de bon aloi pour la réussite du tout.
Commentaires
1. Le mercredi 26 avril 2006 à , par Laurent :: site
2. Le mercredi 26 avril 2006 à , par DavidLeMarrec
3. Le dimanche 1 février 2009 à , par joachim
4. Le mercredi 4 février 2009 à , par DavidLeMarrec
Ajouter un commentaire