Carnet d'écoutes - Dietrich Fischer-Dieskau dirige la Troisième Symphonie de Mendelssohn
Par DavidLeMarrec, lundi 16 avril 2007 à :: Carnet d'écoutes - Domaine symphonique - Musique romantique et postromantique :: #588 :: rss
Dietrich Fischer-Dieskau avait publiquement regretté qu'on ne fasse guère appel à lui, une fois mis un terme à sa carrière lyrique, comme chef d'orchestre, activité dont il espérait occuper sa retraite.
On pouvait entendre quelques secondes d'une Rhénane de Schumann pas spécialement originale ou convaincante dans un documentaire qui lui était consacré.
On se souvient aussi des propos peu amènes d'Otto Klemperer, qui l'avait jadis dirigé chez Bach.
Aussi, lorsque l'occasion de l'entendre intégralement s'est présentée, nous avons accouru.
Extrait, avec notre exégèse en regard.
Nous voici donc en 2000, le 17 mars à Paderborn. Le WDR Sinfonie-Orchester (l'orchestre de la Radio de Cologne) est dirigé par notre héros. Concert de composition classique : ouverture, pièce concertante, symphonie.
En première partie, l'Ouverture Egmont de Beethoven et les Vier letzte Lieder de Richard Strauss par Julia Varady (bien sûr). En seconde partie, la Troisième Symphonie, dite "Ecossaise", de Mendelssohn - composée en Italie, à son retour d'Ecosse.
D'emblée, on note un certain manque d'aisance technique chez un orchestre qui a pourtant brillamment interprété ce répertoire, et jusqu'à Chostakovitch... Les crescendi, en particulier, débutent un peu rapidement ; faute d'expérience, nous n'avons pas là un grand technicien de l'orchestre. Un autre chef sur le tard, Plácido Domingo, mais avec plus d'engagements obtenus, il est vrai, ne rencontre pas du tout ces limites techniques. On note aussi des décalages parfois significatifs : sans doute peu de répétitions pour un programme aussi standard, et le manque d'habitude aura fait le reste.
Le son semble avoir peu d'assise, et pas seulement pour des questions de prise de son, ce qui est un peu frustrant.
C'est là sans doute la conséquence de ce que DFD semble chercher (avec succès) à faire entendre les différentes strates de la partition, bois compris - naturellement comprimés et étouffés par le son de l'orchestre, et si beaux chez Mendelssohn. Cela implique cet allègement étrange de la pâte orchestrale. Chaque occurrence 'motivique' semble scandée de la façon la plus pédagogique possible. On note par ailleurs, dans ce contexte, une alternance un peu systématique, mais agréable, entre expositions legato (liées) et staccato (détachées).
Tout cela produit un certain manque de souffle et surtout de continuité, avec des ponctuations plutôt que des enchaînements, dans un esprit de ressassement plutôt que de développement construit, de façon très schubertienne. Au demeurant, ce choix surprenant a quelque chose de personnel et de véritablement intéressant pour mieux découvrir le détail des contrechants, de l'orchestration, le caractère précis d'une succession d' instants.
En somme, le ton a quelque chose – mais c’est là sans doute un effet du nom sur la pochette – du lied schubertien, avec des séquences motiviques courtes très fortement individualisées et dansantes. On pense par exemple aux rebondissements de Gefror'ne Tränen dans le Winterreise.
En somme ? Surpris mais séduit. Par cette mosaïque très soucieuse de détails internes à l'orchestre. Il faudrait entendre d'autres prestations pour juger si la technicité et le morcellement sont de véritables freins.
J'avoue m'être attendu à une lecture plus architecturée, mais en fin de compte, DFD a toujours apprécié, dans son travail vocal, de s'attacher à l'éloquence des plus petites unités de sens possibles.
Commentaires
1. Le mercredi 18 avril 2007 à , par Vartan
2. Le mercredi 18 avril 2007 à , par DavidLeMarrec
3. Le mercredi 18 avril 2007 à , par DavidLeMarrec
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