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Enregistrements, domaine public - XXXII - Germaine Lubin dans Weber, Wagner et Reyer (tout en français)


Germaine Lubin est réputée comme la gloire du chant wagnérien entre les deux guerres, l'Isolde inégalée, qu'elle chanta à Bayreuth avec Lorenz sous la direction de Sabata.

Aussi, CSS s'est fait un devoir de permettre à ses lecteurs de l'entendre dans quelques-uns des témoignages qui ont subsisté.

(Surtout, avouerons-nous, les commentaires à faire sont minces, ce qui nous épargne un temps précieux pour la préparation d'autres notes un peu plus profondes que des jeux puérils de reconnaissance à l'aveugle, n'est-ce pas...).

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Que dire ?

1. Répertoire intégral de Germaine Lubin

Ces airs d'opéras sont enregistrés par Germaine Lubin entre 1929 et 1930. Parmi eux, également un Gounod dont nous ne disposons pas, et deux extraits de Tosca de Puccini (non libres de droits, bien que composés en 1899 et créés en 1900...).

Existent également des mélodies de Chopin [1], Fauré, Debussy, Durante, Leguerney, Blangini, des lieder de Schubert, Schumann, Wolf, et pour finir du Bach.

Les plages sont précisément indiquées, mais détaillons tout de même ce que contient le paquet :

  1. Weber, Freischütz, Leise, leise, fromme Weise
  2. Wagner, Tannhäuser, Dich, teure Halle.mp3
  3. Wagner, Lohengrin, Einsam in trüben Tagen.mp3
  4. Wagner, Tristan und Isolde, Mild und leise.mp3
  5. Wagner, Die Walküre, Der Männer Sippe.mp3
  6. Wagner, Siegfried, Ewig war ich.mp3
  7. Wagner, Götterdämmerung, Starke Scheite.mp3
  8. Reyer, Sigurd, Salut, splendeur du jour

Walküre est chantée avec René Verdière en Siegmund, mais vous ne l'entendrez pas ici.

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2. Chargement

Wagner-Weber - AIRS - Lubin.

Nous avions oublié Sigurd dans ce paquet, aussi vous le trouverez ici.

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3. Commentaire

CSS avoue sa grande frustration à l'écoute de ces pages, l'un des rares vestiges discographiques du grand répertoire allemand chanté en français. Bien sûr, on trouve toujours les partitions, qui révèlent parfois de véritables talents de traducteur, mais très peu de choses sous forme de résultat sonore. Aucune intégrale, déjà - si l'on excepte, assez récemment, le Franc-Tireur de Penin, avec récitatifs de Berlioz (encore plus savoureux que l'original, en réalité).

Car nous sommes ici en face d'une légende qui nous reste étrangère - chacun parle pour soi, bien entendu.

La voix est d'un blanc pâteux, plus épaisse que large, la diction - sans même parler du sens, la simple articulation - absolument absente. La voix robuste peut rappeler Helen Traubel, mais avec des aigus émis « à l’ancienne », tirés, escamotés : sans que ce soit la faute de la technique d'enregistrement, il semble entendre la voix « pleurer ». Le tout pour servir une incarnation qui en plus de sentir fortement le studio - peut-être en allait-il autrement en salle -, reste d'une expressivité plutôt bovine.

En tout état de cause, n'était la gloire des moyens (discutables, de surcroît, dans l'aigu), le plaisir que l'on peut prendre à entendre ces pièces dans sa langue maternelle se trouve totalement suspendu par l'absence d'articulation et d'effort expressif. Sinon scolaire, fade.

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Ce format écrasant ne s'impose pas du tout dans la Brunehild de Sigurd (qui relève plus du grand lyrique que de l'hyprahéroïque), et la ligne délicate de Salut, splendeur du jour se trouve irrémédiablement écrasée, presque méconnaissable. Lorsqu'on songe que Régine Crespin connaissait déjà des problèmes de souplesse pour exécuter la pièce, on saisit bien le problème qu'il y a à le confier à une robuste Isolde.

Etrange, d'ailleurs, que cet air ait connu plus de fortune que le second dans les récitals (toujours coupé pour moitié à la scène !), qui est pourtant si fascinant. Etrange aussi qu'il ne reste qu'une exécution de l'air de Salammbô (seul extrait de Salammbô disponible tout court), aux balbutiements du phonogramme par Germaine Martinelli. Second air de Salammbô, peut-être moins intéressant que le premier, ici aussi.

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Il n'est pas dans la coutume de CSS de présenter des enregistrements pour récriminer, mais l'interprète est tellement légendaire, et libre de droits : il nous fallait le mettre à disposition.
Ensuite, on s'est contenté de donner notre avis, qui n'a pas valeur de dogme, mais qui permet, au besoin, de remettre en perspective, si on n'aime pas Wagner comme cela.

Plutôt recommandé aux amateurs de Traubel que de Ligendza, donc.

Quoi qu'il en soit pour vous, bonne écoute !

Notes

[1] On jouait assez fréquemment les inimitables mélodies de Chopin à l'époque, dans des traductions françaises assez éloignées et affadies des originaux. On s'en aperçoit fort bien en compulsant les fonds laissés par les accompagnateurs et répétiteurs d'alors.


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Commentaires

1. Le mercredi 6 février 2008 à , par Morloch

Sigurd est maudit :)

Le rendu de l'enregistrement est très étrange, mais cela ne vient-il pas de la perception que les chanteurs avaient des studios à cette époque, volonté de "graver dans le marbre" des interprétations irréprochables ?

C'est figé, inexpressif et affecté à la fois, ça a beaucoup vieilli, mais elle a chanté en même temps que d'autres, comme Melchior, Flagstad, qui sont toujours écoitavles aujourd'hui, et il semble qu'elle ne déparait pas face à eux, alors malchance des enregistrements ?

2. Le mercredi 6 février 2008 à , par DavidLeMarrec :: site

C'est pareil pour ses Wagner...

Sigurd est en effet maudit, on l'a interprété comme du mauvais Wagner alors que nous sommes stylistiquement plus proche d'un Meyerbeer assoupli. Une version exemplaire avait été donnée à Montpellier par Neuhold (avec Valérie Millot, Michèle Lagrange, Chris Merritt, Monte Pederson - le Tamare de Zagrosek - et Alain Vernhes), à la fois les mystères germaniques et le naturel français. Evidemment pas publié, et toujours très coupé, il manque bien un tiers de la partition, dont de véritables bijoux...

Même pas sûr que le matériel d'orchestre coupé ne soit pas purement et simplement perdu...

Côté style, oui, ça tient à une école ancienne, pour partie. Sauf que d'autres chantent ça très bien. Marjorie Lawrence chante Brunehild de Sigurd totalement hors style, mais avec une véritable présence. Et il existe beaucoup de chanteurs tout à fait capables de chanter ça à cette époque, de façon intelligible et avec goût ! C'était d'ailleurs un standard à ce moment, il suffit de voir le nombre de partitions disponibles chez les brocanteurs : c'est l'une des toutes plus fréquentes.

3. Le mercredi 6 février 2008 à , par Morloch

Arg zut, encore une fois je me suis mal exprimé, c'est que le lien de Sigurd ne fonctionne pas :)

Mais c'est une grande chance que je me sois mal exprimé, cela vaut un supplément d'informations sur ce Reyer qui donne envie d'y plonger l'oreille à l'occasion - argh ce site est une bien trop grande mine d'informations, et voilà t'y pas que le Tango débarque, comme s'il n'y avait pas suffisemment à faire...

kfigaro ne passe plus du tout ? :S

4. Le mercredi 6 février 2008 à , par DavidLeMarrec :: site

Ah oui, le lien est réparé. J'avais mis l'adresse d'un fichier au lieu d'un dossier ; l'habitude...


Mais c'est une grande chance que je me sois mal exprimé, cela vaut un supplément d'informations sur ce Reyer qui donne envie d'y plonger l'oreille à l'occasion - argh ce site est une bien trop grande mine d'informations, et voilà t'y pas que le Tango débarque, comme s'il n'y avait pas suffisemment à faire...

Pour ce qui est de Sigurd, il y a un lien dans l'article qui y renvoie, et dans un commentaire en bas de l'article, tu as des renvois vers d'autres articles sur Sigurd. ;)


kfigaro ne passe plus du tout ? :S

Ce sera un bon test. :-) Je lui ai écrit tout récemment, j'aurai sans doute des nouvelles plus précises, mais tu peux bien sûr le lire dans son petit royaume.

Lui est plutôt inconditionnel d'Amelita Baltar.

5. Le vendredi 28 mars 2008 à , par kfig

Bonjour Morloch et David,

Désolé de ne plus intervenir : manque de temps, problèmes familiaux et surtout intimidation face à l'avalanche d'oeuvres (parfois connues en plus) que je ne connais pas (ou pas assez), mais je vous lis tous les mois, voire tous les 15 jours, et CSS fait partie de mes liens depuis très longtemps...

6. Le vendredi 28 mars 2008 à , par DavidLeMarrec :: site

Il n'y a surtout pas d'obligation, Christian !

Pour ma part, j'ai essayé, il y a une semaine, de poster sur Henze chez toi, mais il faut manifestement m'inscrire d'abord sur MySpace. Je réessaierai prochainement. Courage pour les épreuves - et la gestion du temps.

Ca me fait toujours plaisir de te lire, ici ou chez toi, de toute façon ! ;)

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