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Carnet d'écoutes - R. Strauss - Le Retour du Concerto pour hautbois - Ozawa

Nous réécoutons cette oeuvre pour la première fois depuis plus de deux ans, la honte soit sur nous (la dernière note à ce sujet, issue d'une écoute radio, date de juillet 2006).

Le couplage mozartien (qui évite par ailleurs la redondance des concertos pour hautbois) est judicieux (et classique). Il présente un premier concerto pour flûte plein d'enthousiasme, revigorant, et surtout un concerto pour basson très poétique, dominé par un bassoniste assez génial (Dag Jensen [1]). Virtuose à l'extrême, combinant lié / détaché avec une facilité déconcertante ; toujours au service du texte, merveilleusement dansant et joueur ; et un timbre d'une épaisseur et d'une force peu communes, jusque dans l'aigu.

A la suite de ce Mozart sans âge (ni baroque, ni romantique, ni vraiment classique non plus - juste impeccablement interprété, sans qu'on puisse lui déterminer un style), la parenté voulue par Richard Strauss éclate triomphalement. Bien plus qu'un pastiche, il s'agit d'un flux continu, un robinet Mozart, mais sans pôles, sans suspension, conçu comme la mer immense et jouissive du premier acte d'Arabella.
Il faut bien les cadences pour se rappeler qu'il s'agit là d'un concerto pour hautbois et non d'un concerto pour orchestre, dont chaque pupitre est magnifiquement mis en valeur. Le dernier mouvement laisse se développer des harmonies plus straussiennes, qui rappellent largement Ariadne [2] et Arabella.

Du vrai-faux Mozart, dont la parenté est reconnaissable, les affects semblables, mais servis par toute la palette harmonique et orchestrale du Strauss lyrique. Un délice dont la volupté assez débridée ferait sûrement grande impression au concert, si on daignait sortir de temps à autre du Concerto pour violon de Brahms.

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Ce disque, comme large part des catalogues EMI, Decca, DGG, Sony, Teldec ou Apex, est librement écoutable sur Musicme. Pour s'en faire une idée, voir ici.

Lire la suite.

Notes

[1] Un artiste pour le moins généreux, qui a beaucoup enregistré pour d'excellents labels comme Gold MDG ou Capriccio (en plus d'EMI) des répertoires terriblement variés comprenant du baroque, du classique (Mozart, Weber, Schubert et Hummel bien sûr, mais aussi des trios de Rasetti, inédits), du romantique (Moussorgsky arrangé, Saint-Saëns, Dubois), du décadent (R. Strauss, Berg, Weill, Hindemith, Schoeck), du néo (Poulenc, Prokofiev), du contemporain plus ou moins souple (de Françaix à Yun... en passant par le moyen terme : Jolivet, Tansman, Dutilleux, Markevitch, Hosokawa, Carter)... le tout manifestant un goût très sûr - pas de tâcherons (alors que le répertoire limité d'un instrument rarement soliste oblige souvent à pratiquer des oeuvres secondaires).

[2] Même si l'enrichissement porté par le Prologue est patent, on a changé d'avis sur l'intérêt de l'Opéra seul, sans doute jusque là un brin déçu par le programme manqué annoncé... par le Prologue, précisément.

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N.B. : Attention tout de même, toutes les versions ne sont pas égales, et le son dur de Neil Black, la lourdeur opaque de Barenboim avec l'English Chamber Orchestra, couplé avec du Mozart un peu pesant d'Ormandy, ne rend pas justice à l'oeuvre, et ce genre de version pourrait faire passer ce concerto pour une choucroute trop bavarde - ce qu'il n'est pas, on l'a compris.


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Commentaires

1. Le dimanche 4 janvier 2009 à , par SuperGarfield

Curieux de connaître cette version du Concerto pour basson de Mozart, j'ai écouté, et quelle ne fut pas ma grande surprise de voir que Dag Jensen savait se rendre intéressant ! J'ai toujours trouvé ce musicien fade, un peu inexpressif, avec un son tout à fait discutable, et des options stylistiques qui rendent ses interprétations un peu trop uniformes à mon goût... S'ajoute à cela le fait qu'il joue sur basson allemand : lorsqu'on est habitué à la couleur si formidable du basson français, il est difficile d'être convaincu par l'homogénéité et la facilité trop évidentes du fagott.

Mais revenons à Mozart : effectivement, une belle interprétaion de cette page, très équilibrée, plutôt classique à mon avis, même si j'aurais souhaité un peu plus viril le premier mouvement. Et je déplore quelques chichis dans l'Andante (le début de la deuxième section, par exemple).Le troisième mouvement est rendu tout à fait correctement, mais il faut bien avouer que ce Rondo est loin d'être une grande réussite.

2. Le dimanche 4 janvier 2009 à , par DavidLeMarrec

Merci pour ces réactions, SuperGarfield. De toute façon, le fagott est aujourd'hui très fortement dominant, y compris dans les orchestres français à ma connaissance, donc, satisfait ou pas, il faut bien s'en accommoder.

Je ne déteste pas sa sonorité large et assurée, un peu plus 'tenue' que sa version française.

3. Le lundi 5 janvier 2009 à , par SuperGarfield

Oui, oui, le fagott est dominant partout dans le monde. Il n'y a guère qu'en France, ou au Luxembourg que le basson français prime sur son homologue allemand.
En ce qui concerne les disques de basson, je ne m'étonne pas de ne trouver quasiment que du basson allemand, car rares sont les bassonistes français qui s'aventurent dans des récitals solos.

4. Le lundi 5 janvier 2009 à , par DavidLeMarrec

J'imagine que ça s'explique, en plus du petit nombre (qui rend statistiquement le nombre de solistes de basson français très mince), par la 'nationalité' des oeuvres (quoique, même Jolivet...) et par la difficulté de jeu propre à l'instrument.

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