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Alexis de CASTILLON (1838-1873) - notice générale


Une petite notice sur ce compositeur assez peu pratiqué, mais dont la discographie commence à s'étoffer, en comblant le déficit de notoriété de la musique de chambre française du milieu du XIXe siècle.

Avec un lien pour écouter légalement une de ses oeuvres.


Alexis de Castillon a essentiellement composé de la musique de chambre.
On trouve par ailleurs une paraphrase sur le Psaume 84 avec solistes et choeur, quelques pièces symphoniques brèves dont une Ouverture Torquato Tasso ; en mélodie avec piano six poèmes d'Armand Silvestre ; et c'est à peu près tout.

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Bien qu'il y ait fort peu de choses de disponible, à l'écoute de sa musique on relève très vite une double influence, qui entre en résonance avec les profils de ses deux principaux professeurs. [Au passage, incroyable comme en musique l'identité musicale des professeurs forge celle des élèves, ce qui est beaucoup moins vrai dans les autres arts, peut-être à cause des spécificités théoriques abstraites de la musique ?]

Tout d'abord, une véritable identité galante française, et il a été l'élève de Victor Massé, l'auteur en particulier d'une superbe Galathée (et bien sûr des immortelles Noces de Jeannette), une oeuvre vocale délicieuse mais très légère. (Il en existe des extraits chez le label historique Malibran, et à défaut je pourrai toujours en enregistrer un morceau à l'occasion.)

Ensuite, un héritage assez schumannien dans la macrostructure, les figures employées, et même l'harmonie. Vraiment frappant dans plusieurs de ses oeuvres. C'est qu'il a, après Victor Massé, étudié avec César Franck, qui ne lui a manifestement pas transmis la wagnérite, mais au moins une culture de rigueur allemande dans les constructions.

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Au total, on peut trouver énormément de charme à ce langage sans façons, à la fois rigoureusement bâti et sans aucune prétention, doucement séduisant.
On peut opérer un parallèle avec Saint-Saëns, mais il y a plus de fraîcheur chez Castillon.

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Discographie :

Un lien pour écouter librement le Quatuor avec piano Op.7 (première oeuvre du disque).

- Quatuors pour piano français (Quatuor Kandinsky), chez Virgin Classics
Comprend le Quatuor Op.7. Couplé avec Saint-Saëns (Op.41), Chausson (Op.30), Lekeu (mouvement en si mineur).
Superbe interprétation, limpide et vraie. Philippe Aïche vaut ce qu'il vaut [1] en vrai, mais son violon joue très bien.
Disque recommandé, pas cher et très beaux couplages en plus si vous n'avez pas.

- Quatuor Satie, Laurent Martin, chez Ligia Digital.
Comprend le Quintette Op.1 et le Quatuor Op.7, tous deux dans la même veine "schumannienne galante". Le langage est très proche de Schumann, mais avec quelque chose de paisible et de lumineux.
Très bien interprété.
Disque recommandé chaleureusement.

- Laurent Martin, chez Ligia Digital.
Comprend un certain nombre d'oeuvres tirées de cycles pour le piano : Pensées fugitives, deux Suites, Cinq pièces dans le style ancien, Six Valses humoristiques.
On y retrouve tout à la fois l'héritage européen (mazurka chopinienne, couleurs schumanniennes et même une Colombine !) et les fluidités, l'humour, le goût de l'évocation avant la forme typiquement français.
Disque recommandé lui aussi, en plus c'est très bien joué.

Et puis un certain nombre d'autres disques :
- Concerto par Aldo Ciccolini et Georges Prêtre. (Ciccolini a aussi gravé des pièces isolées.) Epuisé.
- Le Quatuor avec piano par le Quatuor Elyséen chez Arion (couplé avec Chausson).
- Les Six Mélodies par Suzanne Danco et Roger Boutry chez INA Mémoire Vive (épuisé).

Bonnes écoutes !

Notes

[1] Pas cher.


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Commentaires

1. Le jeudi 24 septembre 2015 à , par Tortuemystique45

Merci pour ces recommandations !

Les pièces pour piano jouées par Laurent Martin ont une légèreté, une grâce tout à fait inattendues! Rien de pompier ici.

Le quintette a quelque chose d'à la fois majestueux et bouillonnant qui m'a beaucoup plu. Les influences allemandes et françaises se marient très bien dans cette œuvre qui n'est ni pesante, ni légère (pour reprendre les stéréotypes). Super !

2. Le dimanche 27 septembre 2015 à , par David Le Marrec

Bonsoir !

En effet, le piano est charmant – pas forcément plus, mais ça s'écoute très bien.

Effectivement, on est à la frontière du formalisme allemand et de la couleur française dans le Quintette, mais sa majesté n'a rien d'intimidant, il paraît au contraire très bonhomme, facile d'accès – pas du tout une atmosphère brahmsienne où l'on sent que la musique cherche absolument le sublime.

Je suis très honoré de vous avoir bien guidée.

3. Le mercredi 14 février 2018 à , par CR

"Au passage, incroyable comme en musique l'identité musicale des professeurs forge celle des élèves, ce qui est beaucoup moins vrai dans les autres arts"
=> je pense que c'est surtout que vous connaissez mieux la musique que les beaux-arts. Pour prendre la peinture, par exemple, on attribue souvent des œuvres à l'atelier d'un maître (exemple : "attribué à l'atelier de Raphaël"). Il est parfois difficile de distinguer Titien de son maître Giorgione (certaines œuvres ont été attribuées à l'un ou à l'autre selon les époques). On utilise le terme "Leonardeschi" pour parler des apprentis de Léonard de Vinci. Tout ça pour vous dire que cette règle s'applique aussi à la peinture et la sculpture.
Ce détail n'enlève rien à la qualité de votre article et je vous félicite de faire connaître ce compositeur méconnu mais passionnant.

4. Le samedi 17 février 2018 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Ch. !

Je ne chercherai pas à m'en défendre, il est évident que je ne consacre pas autant de temps aux autres arts, même si je cherche à rester informé.

Néanmoins, je disconviens un petit peu de votre parallèle : il se fonde sur des époques où la musique était, parallèlement, très homogène, et singulièrement par lieu de production, de façon un peu comparable aux ateliers (témoin Collasse qui écrivait les parties intermédiaires du LULLY de maturité).

Si on considère le XIXe et le XXe (je n'ai pas été explicite, mais je ne visais pas les époques antérieures où l'individualité stylistique n'était pas aussi forte), je suis frappé par le fait que les compositeurs tombent d'un côté ou l'autre d'un courant systématiquement selon leurs professeurs : les élèves de Franck font des postwagnériens, ceux des sériels des sériels, ceux des spectraux des spectraux, ceux des tradis des néos, etc.

En littérature, la notion de maître n'est pas la même, et pour les arts visuels, l'étude des prédécesseurs n'a pas le même impact, me semble-t-il, sur l'individualité et la voie stylistique du futur artiste – au contraire, on se bâtit beaucoup plus contre dans tous ces domaines.

Et ça s'explique assez bien par des raisons structurelles : on peut totalement remodeler l'ordre, le style, la démonstration du roman, on peut déformer à loisir la vue, mais pour la musique, pour que le public puisse suivre, il faut adopter une grammaire assez précise et restrictive, dont il est plus difficile de se départir.
(Raison pour laquelle, un siècle plus tard, le Schönberg atonal paraît toujours insupportablement cacophonique à une majorité du public des concerts classiques…)

Merci pour toutes ces remarques !

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