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Le disque du jour - XLIII - musique de chambre d'Arnold Bax (Naxos)


Bax n'a commis que le péché d'être londonien, qui nourrit sans doute un préjugé négatif contre son oeuvre, pour être aussi mal diffusé (car il existe beaucoup de disques, en revanche).


Dans sa musique, on ne peut entendre des britanniqueries ronflantes guère que dans les poèmes symphoniques, avec effectivement quelques traits mélodiques un peu "faciles" ou quelques tutti un peu lourds.

[Extraits audibles ici.]

Si ses Symphonies se situent quelque part entre Debussy et Sibelius, la musique de chambre, elle, navigue quelque part dans un hypothétique lieu équidistant de Debussy, Ravel, Reger et Scriabine. L'influence française est patente dans les couleurs harmoniques, mais de façon encore plus touffue, tirant effectivement vers certains aspects de l'avant-garde russe, et avec une densité qui peut évoquer certains postromantiques allemands.

C'est sans doute parce que Bax ne fait pas entendre d'identité propre, en affirmant son Debussy "complexifié", en ayant une veine mélodique qui échappe à l'évidence, qu'il n'est pas davantage fêté. Il n'est évidemment pas aussi personnel que ses contemporains Schönberg et Bartók, et la place étant par définition limitée au concert, on la réserve à ceux que l'esprit du temps désigne comme essentiels, les compositeurs singuliers, ceux qui innovent ou ont une couleur totalement spécifique. Ce que Bax n'est pas ; il est simplement un compositeur abouti à l'extrême, davantage un creuset exceptionnel qu'un phare vers des rivages nouveaux.

Dans sa musique de chambre, dispose de pouvoirs d'évocation particulièrement étendus, malgré son abstraction - comparable à ses symphonies, et sans doute ce qui déroute le plus, considérant sa nationalité.

Le disque du jour est donc un ensemble de disques, celui de la série consacrée par Naxos à ce pan de la musique d'Arnold Bax, car tous les volumes (piano, sonates à deux, trios et plus) méritent réellement l'écoute. S'il faut en privilégier deux, je propose les deux en image ci-dessus :

  • le disque mêlant sonates pour clarinette (là où l'on entend beaucoup la parenté avec la mélancolie romantique allemande) et trio avec piano (où des thèms folkloriques apparaissent, avec une superbe alternance expressive du violon et du violoncelle), deux aspects parmi les plus convaincants de son corpus ;
  • l'étonnant quintette pour harpe et cordes, où l'acidité sévère du quatuor s'oppose à la rondeur lumineuse de la harpe, une relecture complètement atypique de l'habituelle formation pour piano et cordes, grâce au pouvoir des timbres (avec ici, une évocation évidente de l'univers classique, sans sonner le moins du monde néo-classique [1] ) ;
  • et l'on pourrait ajouter la Deuxième Sonate pour piano, qui illustre à la perfection cette affaire de compromis entre Debussy et Scriabine ou Medtner.


L'ensemble des volumes est admirablement exécuté et capté (en l'occurrence : Ashley Wass, Ensemble Mobius et Gould Piano Trio), on a peine à souhaiter mieux : superbes timbres, très adéquats à ce genre (avenants, d'une belle finition, mais pas trop ronds), grand engagement, belle évidence, et prise de son à la fois proche, nette et avantageuse. Quels progrès chez Naxos depuis leurs premiers disques de musique de chambre (prises de son métalliques, pianistes souvent un peu courts au delà de l'exécution sèche de la partition...) ! C'est même devenu une valeur assez sûre, me concernant, lorsque j'hésite entre plusieurs interprétations, même pour des oeuvres très courues.

Notes

[1] Car le néo-classique ménage en principe une distorsion par rapport au modèle, avec des harmonies nouvelles par exemple. Ici, Bax, n'adopte pas l'aspect de Dittersdorf, et conserve un langage romantique tout en tirant sur des couleurs assez "pures".


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