Pauline VIARDOT - Cendrillon & mélodies - Académie de l'Opéra-Comique
Par DavidLeMarrec, lundi 6 mai 2013 à :: Saison 2012-2013 :: #2247 :: rss
Un mot publié dans le fil de la saison, l'ocasion de dire quelques mots des jeunes artistes de la Première Académie (menée cette année par Mireille Delunsch) :
Soirée 47 : Cendrillon de Pauline Viardot
(Vendredi 19 avril 2013, Opéra-Comique.)
Réjouissante soirée, à plus d'un titre. D'abord parce que l'oeuvre de Viardot fait toujours mouche, délicatement ironique, mais pas insensible - dans un style musical quelque part entre le Chopin le plus salonnard et le Rossini le plus léger, qui n'est pas dépourvu de finesse cependant.
L'organisation autour d'un récital de mélodie (qui fait peu à peu s'assembler les chanteurs qui vont interpréter l'opéra) est très réussie à mon gré. Et les lectures, de la belle voix de Marie Bunel (même si le choix des lettres frôlait quelquefois le nunuche), élargissaient de façon très bienvenue le cadre musical du spectacle.
Ensuite par la rencontre avec de jeunes artistes très intéressants. J'attendais bien sûr Cécille Achille qui, il y a moins de deux ans, [achevait ses études au CNSM|http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2011/06/20/1757-classe-de-jeff-cohen-au-cnsmp-initiation-au-recital-de-lied-et-melodie-cecile-achille-raquel-camarinha-croner-de-vasconcellos-luis-de-camoes-mao-morita], le tout culminant dans un très beau récital de lied & mélodie. La voix n'est pas encore complètement assurée, et le son ne passe pas toujours exactement au bon endroit, ce qui pourrait amener une fatigue précoce si elle se lance trop tôt dans une carrière trop exigeante, mais le timbre et la diction restent très attachants.
Mais tous ces jeunes chanteurs suscitent l'intérêt (Alix Le Saux, en seconde fille du baron, est la seule à ne pas être réellement mise en valeur, faute de beau rôle de mezzo et malgré des qualités perceptibles) :
- Magali Arnault Stanczak (La Fée) dispose avant tout de grands talents scéniques, portant sur ses épaules avec un rare bonheur une large part de la distanciation et de l'humour de la soirée (avec une personnage de marraine euphorisée et quasiment hystérique) ; la voix en elle-même est plus banale (soprano aigu, en méforme, donc difficile de juger du haut de la tessiture, qui était très valable, quoique un peu acide et dur) ;
- Safir Behloul, ténor qui s'exprime essentiellement en voix mixte, ce qui permet d'obtenir de très belles couleurs, mais étrangement bloqué dans l'aigu, et au timbre instable (parfois superbe, parfois ne sonnant pas "pro"). Il y a encore beaucoup à mûrir sur la fiabilité technique, mais la direction est engageante et originale ;
- François Rougier, au contraire, semblait un baryton tassé dans les mélodies, mais s'épanouit avec un aplomb remarquable dans les parties de véritable ténor du Prince, l'aigu étant lancé avec une sûreté admirable et une couleur parfaitement maîtrisée ;
- Ronan Debois (baryton) était clairement le timbre le plus séduisant de tout le plateau, ménageant un beau halo et une diction superbe. Attention, la voix se fane dès qu'il tente de pousser l'intensité sonore - c'est d'autant plus inutile qu'il ne gagne pas vraiment en volume, dans ces cas. Gare à la tentation du dramatique, mais d'ores et déjà très accompli, il fait honneur au chant français.
La palme technique revenait sans conteste à Sandrine Buendia (soprano, Cendrillon) : grave nourri, et aigu d'une autorité impressionnante. La voix est assez sombre (on pourrait songer à une version réduite et sans débraillement de Sylvie Valayre), mais d'une belle étoffe, très maîtrisée. Voilà qui augure, et très vite, de très belles choses.
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