Boucle systémique
Par DavidLeMarrec, samedi 18 mai 2013 à :: Vaste monde et gentils - En passant - brèves et jeux - Discourir - Citations passantes :: #2255 :: rss
Je n'ai pas souvent l'occasion d'être exposé à la publicité - du moins en comparaison avec ce que je devrais être, vivant dans la société dans laquelle je vis ; mais cette fois, j'ai pris peur.
Vu par hasard un spot télévisé vantant un jeu Facebook gratuit. Le vertige m'a saisi.
Si je suis bien le modèle économique probable de la chose :
- des vendeurs de clous inoxydables dépensent des sommes considérables auprès de firmes publicitaires pour accroître leurs parts de marché en implantant leurs produits dans l'âme des citoyens, via divers sites ;
- ces sites libres d'accès sont payés par ces annonceurs publicitaires, et se garantissent du trafic par l'achat d'un bandeau sur Facebook ;
- Facebook maintient un site gratuit financé par la vente d'espace à ces sites également gratuits (plus souvent qu'à des produits réels) ;
- les professionnels du jeu vidéo offrent à Facebook des jeux comme produit d'appel gratuit censé augmenter le trafic (et, je suppose, leur visibilité) ;
- pour asseoir leur renommée, ils font une campagne télévisuelle vantant leur jeu gratuit Facebook.
Il n'est plus étonnant que le prix du clou soit si éhontément élevé. Si je ne fais pas erreur, l'ensemble des coûts du système se paie, au boût de la chaîne, sur le seul produit vendu, qui a financé en cascade une série de paliers commerciaux intégralement fondés sur la publicité.
Luftslotte ! Un vrai château de cartes, où chaque étage s'appuie sur la gratuité du précédent, et où le seul point de financement réel est la base.
Il suffit que le client initial soit une boîte de relations publiques, et on a affaire à une boucle, où une entreprise payée pour influencer le public investit dans des dispositifs de communication publicitaire destinés à améliorer sa propre image.
Je n'ai rien, vraiment rien contre le principe de la publicité, qui finance la gratuité de certains services sans contrepartie autre qu'une petite geine visuelle ou sonore. A ceci près que ledit principe se rapproche grandement des jeux de hasard, une sorte d'impôt sur la bêtise qui repose sur la taxation de la crédulité ou le caractère influençable d'une partie du public - notamment la moins éduquée, et donc la moins fortunée, ce qui rend ces prélèvements cachés assez injustes.
Et, tout de même, il y a de quoi prendre peur, lorsqu'on constate que le modèle existant repose sur un système quasiment pyramidal où chaque service proposé se finance sur la vente d'espace publicitaire à un autre service lui-même payé par la publicité...
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire