Into the Woods de Sondheim & Lapine (Blakeley, Abell, Châtelet)
Par DavidLeMarrec, dimanche 27 avril 2014 à :: Comédie musicale :: #2457 :: rss
Un mot, tiré du fil de la saison en cours d'actualisation :
Soirée 41 : Into the Woods de Sondheim & Lapine
(Théâtre du Châtelet, samedi 12 avril.)
Les amateurs d'opéra râlent beaucoup après le virage Choplin de la maison, à présent largement dédié au musical. Mais quel plaisir de disposer d'une nouvelle offre musicale qui n'existait que par rares touches à Paris, d'autant qu'on y joue essentiellement des classiques éprouvés du répertoire. Personnellement, j'aimerais, plutôt que les pâles Rodgers & Hammerstein, qu'on nous montre un peu ce qui se joue dans le monde en ce moment, même ceux qui s'adressent à d'autres publics – pourquoi pas Wicked de Schwartz (plutôt conçu pour des adolescentes, mais fascinant) ou, plus grand public encore (et assez inégal), Rebecca Levay & Kunze. Ou bien, plus dans la veine « intellectuelle » ou « de bon goût » du Châtelet (qui conserve pour partie son public issu du classique), Next to Normal de Yorkey & Kitt.
L'œuvre, bien que peu prodigue en tubes, est particulièrement jubilatoire dans sa relecture de contes populaires entrelacés, avec une réelle richesse, d'autant qu'il ne s'agit pas tant de les tourner en ridicule que d'en mettre à jour les tensions et contradictions – notamment tous ces petits choix individuels qui se justifient dans la logique narrative, mais qui se demeurent hautement discutables moralement. Exactement comme pour Sunday in the Park with George, la pièce de James Lapine exploite à son maximum la structure en deux actes – la norme actuelle du musical –, en ménageant une fin stable à la fin du premier acte, puis en explorant ce qui se passe après la fin heureuse.
Les contraintes de ramener tout le monde indemne à la situation de départ étant désormais inutiles, il s'en donne à cœur joie dans la profanation et l'élimination arbitraires des personnages.
Parmi les grands moments, la présentation du loup très typé Bettelheim (même s'il semble que ce n'en soit la source exacte), sur un élégant jazz lascif, le grand « air » introspectif du Chaperon, les deux finals. Il faut signaler en particulier les décors d'Alex Eales, d'une beauté, d'une variété (et d'une fonctionnalité) exemplaires. Côté chanteurs, on retrouve les mêmes artistes d'opéra (Kimy Mc Laren, encore une fois !), soucieux d'un style spécifique, en privilégiant la franchise et en évitant la boursouflure – Damian Thantrey (le loup solo, aux appuis irrésistibles), déjà grandement avancé dans la double carrière, et surtout Francesca Jackson (l'une des rares voix au matériau non issu du lyrique sur ce plateau), tranchante et spirituelle, se distinguent particulièrement.
Roboratif (et assez fin).
--
On peut voir aussi ces quelques commentaires plus développés que je partage assez largement : chez L'Audience du Temps, chez Paris-Broadway – excellentes fréquentations par ailleurs.
Commentaires
1. Le mercredi 30 avril 2014 à , par malko
2. Le jeudi 1 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
3. Le samedi 3 mai 2014 à , par Gilles
4. Le dimanche 4 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
5. Le dimanche 4 mai 2014 à , par Gilles
6. Le dimanche 4 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
7. Le lundi 5 mai 2014 à , par Gilles
8. Le mercredi 7 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
9. Le mardi 17 juin 2014 à , par M. le Loup 1 :: site
10. Le mardi 17 juin 2014 à , par DavidLeMarrec
Ajouter un commentaire