Nos Noces
Par DavidLeMarrec, vendredi 1 juillet 2005 à :: Livrets - Tirso, Molière, Beaumarchais, Da Ponte et Mozart :: #44 :: rss
Voici une question métaphysique : comment aimez-vous vos Noces ?
(toutes mes excuses pour le titre...)
Voici une question métaphysique : comment aimez-vous vos Noces ?
A quel ordre êtes-vous le plus favorable ?
Comme je pose la question, je prends le risque de donner une réponse personnelle :
Hai già vinto la causa - E decisa - E Susanna non vien
L'air de la Comtesse semble précéder chronologiquement le sextuor de la reconnaissance. Pourtant :
=> L'acte III contient les deux plus grands airs de la partition. Les superposer serait maladroit, ternissant leur caractère, et affaiblirait la dynamique de l'action.
=> Il est matériellement possible que Susanna n'ait pas encore annoncé à la Comtesse le résultat de leurs entreprises.
=> La méconnaissance de l'issue du drame qui vient de se donner présente la Comtesse sous un jour plus tragique, puisque présidant à des initiatives, elle médite encore à leurs fondements, à leur avenir, à leurs impasses, sans avoir aucune prise sur le résultat que, bien que joué, elle ignore. Son impuissance et son statut d'aveugle, ajoutés au contraste d'avec la scène précédente, offrent à l'ancienne Rosine un statut stylisé, élevé au rang de modèle tragique.
Le placement temporel décalé contribue aussi, en la plaçant dans un contexte hors-temps, à favoriser la mélancolie pénétrante dont est pétrie la scène.
La postposition de la méditation de la Comtesse sur le mariage (après l'annonce de la double union de deux couples antithétiques en tout) rend plus présente encore l'amertume qui teinte ses propros et finit par habiter légèrement l'auditeur, comme souvent chez Mozart - un ressenti qui imprègne subtilement l'auditeur sans s'emparer de lui.
=> La présence empathique de Suzanne à la scène précédente crée une rupture assez intéressante, puisque la Comtesse, pourtant très attachée à sa camériste, ne se sent pas moins blessée d'entretenir un commerce si étroit avec elle, gage de son abandon. Le décalage d'avec la scène précédente rend très significative la réplique en question (fa(r)mi cercar da una serva aita), et pointe les faiblesses de Rosine, les failles de cette âme somme toute peu sondée pendant l'opéra.
Ce détail a une importance à mes yeux très significative dans les rapports psychologiques de l'opéra.
Sinon, malgré les excellentes argumentations de plusieurs musicologues plus ou moins récents, je n'aime pas le charcutage - logique, mais qui affaiblit la scène - du récitatif de Figaro au IV.
J'espère recueillir quelques avis de votre part.
David - roturier
Commentaires
1. Le vendredi 1 juillet 2005 à , par Bladsurb :: site
2. Le vendredi 1 juillet 2005 à , par DavidLeMarrec
3. Le mercredi 6 juillet 2005 à , par Philippe[s] :: site
4. Le mercredi 6 juillet 2005 à , par DavidLeMarrec
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