Carnets sur sol

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Airs baroques italiens à Lausanne - Biondi/Stutzmann

Un compte-rendu de Sylvie Eusèbe.


Lausanne, Salle Métropole, lundi 5 février 2007, 20h30.
Concert, A. Corelli : concerto grosso op. 6 n° 11, G. B. Della Porta : sinfonia de l’opéra « Numitore », A. Vivaldi : cantate « Cessate omai Cessate » RV 684, F. Barsanti : ouverture op. 4 n° 2, F. S. Geminiani : concerto grosso op. 3 n° 5, G. F. Haendel : suite de Rodrigo, J. A. Hasse : aria « Pallido il sole » de Artaxerxès, G. F. Haendel : aria « Cara sposa » de Rinaldo et aria « Se in fiorito » de Jules César.

Orchestre de Chambre de Lausanne ; Fabio Biondi, direction et violon ; Nathalie Stutzmann, contralto.

La Tour « Métropole » de Lausanne, qui abrite la salle de concert du même nom, a été construite au début des années 30. Ce bâtiment de deux ou trois dizaines d’étages fut considéré à sa création comme un véritable « gratte-ciel » et a été sévèrement accueilli. Il émerge encore aujourd’hui de Lausanne et est à l’image du relief accidenté de cette ville : on y entre par deux côtés opposés qui ne sont pas au même « niveau ». Côté bas, on est de plain-pied avec la salle de concert, côté haut, il faut descendre trois étages pour accéder au parterre. La construction grise, sans aucune décoration extérieure comme intérieure, est un témoignage architectural intéressant puisqu’elle a gardé son aspect d’origine et son homogénéité. Cependant, je ne peux m’empêcher de comparer ses lignes peut-être un peu trop dépouillées aux riches décorations du Théâtre des Champs-Elysées parisien qui lui est presque contemporain…

On entre dans la vaste salle Métropole par des portes en bois qui, comme le sol en parquet blond et les sièges neufs en bois et velours rouge, indiquent qu’elle a probablement été restaurée il y a quelques années seulement.
La salle donne l’impression d’avoir été conçue pour le cinéma naissant ou le théâtre plutôt que pour les concerts classiques. Peints en gris vert comme les murs, de très sobres bandeaux encadrent la scène large et profonde. Un écran est tendu au fond et les silhouettes sombres de quelques musiciens qui accordent déjà leurs instruments se détachent sur cette toile éclairée d’une lumière jaune beige. Le parterre comprend environ une vingtaine de rangs auxquels on accède par les extrémités. Un imposant balcon court sur les bords de la salle et s’étend largement au-dessus du parterre, des loges s’ouvrent sur les côtés et le fond du parterre ainsi qu’à l’arrière du balcon. Toujours pas la moindre décoration pour distraire l’œil, mais l’ambiance feutrée et la lumière douce sont très reposantes.
Le public s’installe peu à peu, on sent que la plupart des personnes ont fait attention à leur tenue vestimentaire et la moyenne d’âge est dans les plus élevées que j’ai rencontrées ces derniers temps, je dirais aux environs de 65 ans.

Les musiciens se divisent en dix violons, quatre altos, quatre violoncelles et deux contrebasses, ils entourent le clavecin et sa claveciniste qui nous tourne le dos. A part cette musicienne, tous les autres s’apprêtent à jouer debout, en nœud papillon et queue de pie pour les hommes, en longues vestes aux couleurs chaudes pour les femmes. De nombreuses perches tiennent des micros et strient les instrumentistes. Si le concert de ce soir est peut-être enregistré, c’est sans doute par précaution car il est redonné demain et sera alors diffusé en direct sur la radio de la Suisse Romande « Espace 2 ».

Il est 20h34 à ma montre suisse, et voici Fabio Biondi qui entre sur scène. Grand sourire, la mine gourmande, les gestes vifs et décidés, il monte avec rapidité sur son podium placé à gauche puisqu’il est en même temps chef d’orchestre et premier violon. Il cale son instrument et donne le départ du concerto d’Arcangelo Corelli.

A part les deux arias de Haendel, je ne connais aucune des autres œuvres du programme de ce soir, et je regrette de ne pouvoir en parler avec autant de détails que je le souhaiterais. Je connais également assez mal les concertos italiens des XVII et XVIIIe siècles, c’est pourtant une musique que j’aime depuis longtemps. Je ne suis pas capable de cerner les différences entre Corelli, Della Porta ou Barsanti, cependant je remarque que la composition des morceaux présente généralement deux procédés : soit le violon ou un instrument solo lance le thème qui est ensuite joué et modifié par l’ensemble des musiciens, puis l’instrument soliste le reprend et insuffle ainsi régulièrement de l’énergie, soit tout le monde joue la même chose dans sa tessiture puis se décale peu à peu, se répond et finit par se rassembler avec une précision qui donne un effet sonore saisissant.

C’est tout à fait l’impression qui se dégage de l’Allemande du concerto de Corelli : le violoncelle solo se charge du thème, il relance à chaque reprise le mouvement puis rassemble les musiciens dans une énergie commune.
La courte sinfonia de Giovanni Battista Della Porta quant à elle offre l’autre exemple de composition, c’est-à-dire que dans un rythme rapide elle présente de nombreux silences qui permettent à l’orchestre de montrer sa belle précision.

L’interprétation de Fabio Biondi me semble être entre celles de Rinaldo Alessandrini et de Jean-Christophe Spinosi (pour citer un chef et impressionnant claveciniste que j’ai entendu très récemment dans des œuvres de Haendel, et un autre chef que je ne connais que grâce aux disques, mais qui me fait toujours forte impression). Fabio Biondi fait jouer ses musiciens avec vivacité, il les entraîne sur des rythmes rapides très dansant, mais sans les grands accents « baroques » bien appuyés et les traits « bruts » de Spinosi, sans la douceur et les délicates modulations d’Alessandrini.

L’œuvre la plus exceptionnelle de la première partie de ce concert est sans aucun doute la Cantate RV 684 de Vivaldi, pour contralto, deux violons, un alto et une contrebasse. Cette pièce magnifique alterne deux récitatifs et trois arias qui proposent toutes les nuances, de l’andante à l’allegro, du pianissimo au fortissimo.
Nathalie Stutzmann souriante entre sur scène, elle est accompagnée par Fabio Biondi l’air un peu espiègle, un peu comme s’il allait faire une bonne blague.
Les premières mesures de la cantate se font entendre, derrière le porte-partitions placé bas et l’épaisse tige du micro, la chanteuse se concentre, le trac à peine visible. Dès les premiers mots « Cessate, omei cessate » du récitatif au rythme rapide, la voix impressionne par sa puissance, son énergie et son agilité stupéfiante. Je le sais, et pourtant je me laisse surprendre à chaque fois !
Comme à son habitude, Nathalie Stutzmann joue librement ce qu’elle chante, et bien que je ne saisisse pas en détail les causes des lamentations de ce premier mouvement, ce que je comprends en écoutant et en regardant la contralto m’indique que c’est triste et dramatique ! Le largo se termine par un grave sur le « a » final d’ « annida », extrêmement grave, extrêmement puissant.
L’aria larghetto qui suit met parfaitement en valeur la souplesse de la voix et l’inventivité musicale de la chanteuse. Elle passe instantanément du grave à l’aigu, elle étonne par son imagination dans les nombreuses variations lors des reprises, elle vocalise magnifiquement sur « M’astringe a lagrimar », elle appuie sur les « a » en fin de vers pour obtenir des accents inouïs, sa voix imite même les pizzicati du violon et s’envole sur l’ultime reprise de « lagrimar » !
Le troisième mouvement, Andante molto, renforce l’impression de virtuosité que m’évoque ce chant. De la même façon que l’on parle de virtuosité pour un instrumentiste, la voix de Nathalie Stutzmann se fond si bien avec les cordes qu’elle devient un instrument parmi les autres et non plus une chanteuse accompagnée par des instrumentistes.
Le second récitatif, Andante e pianissimo, est ponctué par les accords implacables des violons, on sent que le drame se joue et que le dénouement approche. La chanteuse lance un stupéfiant fortissimo montant sur le « mio » dans le dernier vers, mais voici déjà que débute l’Allegro final de la Cantate.
Le rythme joyeux des premières mesures entraîne Nathalie Stutzmann dans leur danse, et très à l’aise, elle appuie avec décontraction sur les « i » dans « Morire, morire, morire potro ». Plus nous nous rapprochons de la fin de l’œuvre, plus elle déploie naturellement de l’énergie, de la force, plus elle va de l’avant. C’est avec une facilité apparente incroyable qu’elle invente et réalise les variations, elle nous submerge par l’abondance et la richesse de son chant, elle déchaîne une sorte de « tornade sonore » qui nous entraîne et nous dynamise avec bonheur ! Pour nous clouer définitivement au fond de nos fauteuils, voici qu’elle termine par une « Vendetta faro » si grave et si magistrale que nous sommes heureux de subir cette vengeance-là !
Fabio Biondi s’efface avec modestie derrière la chanteuse, elle salue un public déjà très enthousiaste qui éclate dans les bravos et les applaudissements, puis la rappelle même une fois alors que le concert est loin d’être terminé.

Après l’entracte d’une vingtaine de minutes, le concert reprend à 21h30 (toujours à ma montre d’une célèbre marque suisse) avec un concerto de Geminiani dont je n’ai pas de souvenir parce que devant moi un monsieur a été pris d’une toux qui a persisté jusqu’au milieu de la suite de Rodrigo de Haendel. Une sorte de « variation » au procédé de composition avec instrument soliste est donnée par cette suite, puisqu’il y a ici un quatuor de solistes, formé par le violon, l’alto, le violoncelle et le clavecin, qui donne le thème avant sa reprise et son évolution confiée à l’ensemble de l’orchestre. S’ouvrant et se terminant par un mouvement ample et solennel, rapide et bien rythmé pour le premier, plus lent pour le dernier, Haendel décline une grande partie des danses ou des formes musicales des morceaux baroques : ouverture, gigue, sarabande, matelot, menuet, bourrée, deuxième menuet et passacaille. J’admire ici la grande précision de l’orchestre et le bon équilibre des différentes voix qui mettent bien en valeur les beaux solos de violon de Fabio Biondi (notamment dans la passacaille si je me souviens bien).

Et revoici Nathalie Stutzmann dans l’aria « Pallido il sole » extrait de « Artaxerxès » de Hasse. L’orchestre chemine inexorablement dans cette plainte andante et sombre. La contralto donne une impression de noblesse et étend lentement ses graves qui renforcent le dramatisme de la musique et du texte, comme sur la fin de « orror » dans le vers « tutto mi spira rimorso e orror », ornementé par des vocalises lors des nombreuses répétitions et reprises. Partie de très bas sa voix monte aussi spectaculairement dans les aigus, et fait ainsi mieux ressortir les deux derniers vers de l’aria, « contro il mio cor », chantés solo sans l’orchestre et terriblement profonds.

Les musiciens partagent l’émotion du public et applaudissent Nathalie Stutzmann en frappant de leurs archets sur leurs pupitres.

Les deux arias de Haendel au programme de ce concert ont été enregistrés par la contralto en 1991. Je crois pouvoir dire que je les connais « par cœur », et je prends grand plaisir à « comparer » l’enregistrement avec ce que j’écoute ce soir. La musique baroque ne se joue bien sûre plus de la même façon, l’instrumentation est plus dépouillée et les accentuations sont plus fortes. Quant à la voix de Nathalie Stutzmann, si je sens bien que tout ce que j’entends aujourd’hui était déjà là il y quinze ans, la voix me fait l’impression d’être plus sombre, plus pleine, avec davantage de reliefs et des traits plus marqués. Des accents « baroques », traînants mais pas trop, ponctuent le largo, sur les nombreux « dove sei ? » par exemple, soit bien appuyé, soit à l’intonation montante puisque c’est une question. Après l’allegro chanté beaucoup plus rapidement qu’au disque et conclut par un « o spirti ri ! » encore gravissime, j’attends la reprise du largo avec ses variations sur le « pianti » dans « ritorna a pianti miei ! ». Dans son enregistrement, la contralto faisait véritablement entendre les sanglots de l’amant qui cherche sa tendre épouse. Elle transposait l’effet sonore des pleurs dans la voix en une ornementation musicale évocatrice mais absolument pas caricaturale, c’était du grand art ! Ce soir, elle réalise également cette admirable variation, mais elle vocalise plus lentement sur le « an », et la plénitude de ses graves renforce la douceur et la tristesse de cette complainte.
Les mains paumes vers le haut et les doigts légèrement croisés, la contralto chante vers le public, les yeux souvent fermés, immergée dans l’univers sonore. Au salut, lorsque ce long et magnifique aria est terminé, elle paraît d’ailleurs gagnée par l’émotion qui s’est dégagée de son propre chant. Elle revient pourtant rapidement sur scène, un large sourire sur le visage, prête à nous donner encore un autre aspect de son art avec, toujours de Haendel, l’aria extrait de Jules César « Se in fiorito ».

Je suis heureuse de pouvoir me souvenir des paroles d’un des nombreux arias que chante Jules César. Celui-ci, tout à son amour pour Cléopâtre, nous propose une analogie entre l’oiseau qui rend son chant plus délicieux puisqu’il se cache parmi les fleurs et les feuilles et la voix de Cléopâtre qui, sans qu’il le sache, se cache sous les traits de sa fausse servante Lydia. La musique traduit le chant de l’oiseau par de gracieuses ornementations, le violon rivalise de prouesses avec la voix et inversement.
Le jeu qui commence alors entre Fabio Biondi et Nathalie Stutzmann mime parfaitement cette « compétition » musicale à laquelle les deux « instrumentistes » se livrent, pour leur plus grand amusement qu’ils communiquent bientôt au public, le faisant rire de bon coeur. Ils font cela avec naturel, et sans se forcer, ils se répondent, se copient, s’attendent, ils se jalousent, feignent de s’impatienter et même de s’ennuyer si l’autre est un peu long dans sa vocalise ou son trait. Le violoniste comme la chanteuse deviennent oiseau et réalisent toutes sortes d’effets, nuances, ralentis, vertigineuses montées dans les aigus, notes appuyées, variations et vocalises, que l’autre s’empresse de reproduire et de surpasser grâce à sa virtuosité… Grand art et grands talents !

Le public conquis par tant d’enthousiasme et de savoir-faire ne retient plus ses applaudissements et ses bravos, les musiciens heureux de leur « farce musicale » saluent joyeusement et ne se font guère prier pour nous donner un bis.
Fabio Biondi nous annonce que c’est un aria souvent joué pour les mariages… il s’agit du célèbre « Ombra mai fu » extrait du Xerxès de Haendel.

Nathalie Stutzmann retrouve son sérieux et débute l’aria par le « om…. » de « Ombra », très piano, très pur, sans vibrato, puis elle l’étire lentement dans un crescendo d’une absolue maîtrise… Ah, ces trois ou quatre secondes sont gravées dans ma mémoire ! Sur le « più » de « soave più », elle tient la note haute, bien vibrée, la tête tournée sur le côté et les yeux clos. Dans le court silence qui suit, nous sommes tous suspendus à son chant, mais hélas l’aria se termine déjà !

Fabio Biondi tapote le haut de son violon avec son archet, le public et les musiciens applaudissent la contralto qui reçoit un bouquet de gerberas et de roses roses. Malgré toutes ces manifestations d’admiration, Nathalie Stutzmann quitte la scène après plusieurs rappels.
La mélomane assise à ma droite, cheveux gris et courts, semble bien connaître les musiciens puisqu’elle me dit que Fabio Biondi donne autant de bis que le public en demande, ce qui se vérifie immédiatement : devant les applaudissements qui ne faiblissent pas, voici un bis uniquement instrumental. Il n’est pas présenté par le chef d’orchestre et je ne le connais pas, donc on ne saura pas ici de quoi il s’agit !


J’ai déjà l’impression que la Cantate de Vivaldi chanté par Nathalie Stutzmann va rester un de mes plus grands souvenirs tant cette musique lui permet de déployer complètement son talent. Sa maîtrise vocale est ici au service de sa musicalité et de son imagination créatrice dont je ne vois pas d’équivalent aujourd’hui chez d’autres chanteurs. Et je ressens une adéquation tellement parfaite entre l’œuvre de Vivaldi et le tempérament musical de la contralto ! Même avec le lied, qu’elle chante pourtant d’une façon exceptionnelle et bouleversante, il me semble parfois que la symbiose n’est pas si complète !

Je ne me lasse pas d’exprimer ma chance d’être ainsi touchée par la voix de Nathalie Stutzmann. Elle possède la tessiture à laquelle je suis la plus sensible, elle a un timbre que j’aime, et elle chante le répertoire dont je suis proche. Elle est en musique ce qui m’arrive de meilleur !


Sylvie Eusèbe, 10-11 février 2007.

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Commentaires

1. Le mercredi 14 février 2007 à , par DavidLeMarrec

Il est 20h34 à ma montre suisse

Ce sont les montres qui sont ponctuelles, pas les Suisses, alors ?
A moins que ce ne soit une contrefaçon...


L’interprétation de Fabio Biondi me semble être entre celles de Rinaldo Alessandrini et de Jean-Christophe Spinosi (pour citer un chef et impressionnant claveciniste que j’ai entendu très récemment dans des œuvres de Haendel, et un autre chef que je ne connais que grâce aux disques, mais qui me fait toujours forte impression). Fabio Biondi fait jouer ses musiciens avec vivacité, il les entraîne sur des rythmes rapides très dansant, mais sans les grands accents « baroques » bien appuyés et les traits « bruts » de Spinosi, sans la douceur et les délicates modulations d’Alessandrini.

C'est en tout cas de la même école italienne, son très audacieux et incisif, légèrement cassant.

Il a commis une Norma de Bellini assez surprenante (pas tout à fait convaincante à mon sens, mais pour une fois qu'on peut prêter un peu d'attention à l'orchestre !).

Corelli, chose assez rare pour être signalée, a assez peu composé, et que de la musique instrumentale, il excellait véritablement dans le concerto grosso.
Son concerto per la Notte di Natale est un tel tube qu'il a été enregistré par Karajan, dans un disque que j'ai l'heur de posséder. Un véritable talent des atmosphères qui résiste très bien à ce traitement.


Les premières mesures de la cantate se font entendre, derrière le porte-partitions placé bas et l’épaisse tige du micro, la chanteuse se concentre, le trac à peine visible. Dès les premiers mots « Cessate, omei cessate » du récitatif au rythme rapide, la voix impressionne par sa puissance, son énergie et son agilité stupéfiante. Je le sais, et pourtant je me laisse surprendre à chaque fois !

Sa puissance ! C'est vraiment parce que je n'y étais pas que je vous crois. La cantate en question est aussi un standard, bien connu depuis qu'elle a été enregistrée par Andreas Scholl.


Comme à son habitude, Nathalie Stutzmann joue librement ce qu’elle chante, et bien que je ne saisisse pas en détail les causes des lamentations de ce premier mouvement, ce que je comprends en écoutant et en regardant la contralto m’indique que c’est triste et dramatique !

Il s'agit surtout d'une description de la douleur, avec des figurations assez métastasiennes. La cause ? Un amour mal payé en retour par une alma infida.

Assez classique. Comme dirait Katherine Fuge : BaaAAAAAARRbaaaaAAAARHAaaaa !


Le largo se termine par un grave sur le « a » final d’ « annida », extrêmement grave, extrêmement puissant.

On se calme. :-)
Il s'agit juste d'un ut3, même les Reine de la Nuit et les Poupée ont ça. :-))


L’aria larghetto qui suit met parfaitement en valeur la souplesse de la voix et l’inventivité musicale de la chanteuse.

Oui, c'est idéalement dans sa tessiture et le type d'agilité qu'elle maîtrise. Bien dans sa couleur aussi.


Elle passe instantanément du grave à l’aigu, elle étonne par son imagination dans les nombreuses variations lors des reprises, elle vocalise magnifiquement sur « M’astringe a lagrimar », elle appuie sur les « a » en fin de vers pour obtenir des accents inouïs, sa voix imite même les pizzicati du violon et s’envole sur l’ultime reprise de « lagrimar » !

Et le "a" du premier lagrimar (un la2), comment était-il donc ? :-)


Le troisième mouvement, Andante molto, renforce l’impression de virtuosité que m’évoque ce chant. De la même façon que l’on parle de virtuosité pour un instrumentiste, la voix de Nathalie Stutzmann se fond si bien avec les cordes qu’elle devient un instrument parmi les autres et non plus une chanteuse accompagnée par des instrumentistes.

Il reste quand même le texte, non ? :-)


la suite de Rodrigo de Haendel. Une sorte de « variation » au procédé de composition avec instrument soliste

Tout à fait, une guitare. [Pardon, elle est très mauvaise.]


Et revoici Nathalie Stutzmann dans l’aria « Pallido il sole » extrait de « Artaxerxès » de Hasse.

C'est bien de donner du Hasse !


Les deux arias de Haendel au programme de ce concert ont été enregistrés par la contralto en 1991. Je crois pouvoir dire que je les connais « par cœur », et je prends grand plaisir à « comparer » l’enregistrement avec ce que j’écoute ce soir. La musique baroque ne se joue bien sûre plus de la même façon, l’instrumentation est plus dépouillée et les accentuations sont plus fortes.

Surtout, elle a maintenant droit aux meilleurs ensembles, ce qui n'était pas toujours le cas dans ses disques précédents. Fabio Biondi était déjà à la pointe en 91. :)


Des accents « baroques », traînants mais pas trop,

Vous me faites peur.


ponctuent le largo, sur les nombreux « dove sei ? » par exemple, soit bien appuyé, soit à l’intonation montante puisque c’est une question. Après l’allegro chanté beaucoup plus rapidement qu’au disque et conclut par un « o spirti ri ! » encore gravissime

"Rei", plus exactement. En plus, elle prononce mal. <]:-))
Rii, ce serait plutôt "cruels", mais rei, c'est "coupables", ce sont eux qui l'ont aveuglé et fait perdre Almirena.

Dans le disque, j'y trouvais ces appuis forcés que je déplore souvent, mais il est vrai qu'il est difficile pour une femme de rendre la limpidité de la plainte. Elle insistait beaucoup sur la déploration en effet, et la partie centrale véhémente lui réussisait bien. La reprise, plus intériorisée, était convaincante, malgré une petite tendance à l'affectation dans la plainte, d'une façon semblable à Bartoli. L’interruption du flux dans la dernière tenue est intéressante. Elle me rappelle le chœur de déploration qui ouvre le premier acte de Castor & Pollux tel que dirigé par Christie.

Le grave en question est un sib (écrit si mais joué en 415), tout à fait dans les possibilités d'une mezzo (et même d'une soprane), mais c'est la tessiture de l'air (et sa couleur) qui font la différence.
Comme bien des rôles de cette époque, plusieurs tessitures peuvent le chanter. Lorsqu'on pense que Jaroussky (falsettiste soprano, donc) a donné le plus beau Rinaldo, intégral, sur scène, que j'aie entendu... Il n'empêche qu'on tire plutôt vers le contralto, c'est un fait.


que l’autre s’empresse de reproduire et de surpasser grâce à sa virtuosité…

Oui, c'est vraiment un air où la musique se regarde et où le drame s'évapore un peu. Mise en abyme et compagnie pour le plus grand affairement des commentateurs.


Dans le court silence qui suit, nous sommes tous suspendus à son chant, mais hélas l’aria se termine déjà !

C'est même un arioso, pas de couplet central ni de da capo.
Si peu qu'on le joue vraiment larghetto comme c'est écrit, et pas largo à la romantique (magnifique souvenir de Gigli et Schipa), c'est vraiment bref.


Il n’est pas présenté par le chef d’orchestre et je ne le connais pas, donc on ne saura pas ici de quoi il s’agit !

Même pas une petite description ?


J’ai déjà l’impression que la Cantate de Vivaldi chanté par Nathalie Stutzmann va rester un de mes plus grands souvenirs tant cette musique lui permet de déployer complètement son talent.

Je le crois assez, oui... après Mahler ! (et Fauré/Chausson, mais cela, je le réserve pour un autre usage :-)


Sa maîtrise vocale est ici au service de sa musicalité et de son imagination créatrice dont je ne vois pas d’équivalent aujourd’hui chez d’autres chanteurs.

:-)) [David n'a plus de mots...]


Et je ressens une adéquation tellement parfaite entre l’œuvre de Vivaldi et le tempérament musical de la contralto ! Même avec le lied, qu’elle chante pourtant d’une façon exceptionnelle et bouleversante, il me semble parfois que la symbiose n’est pas si complète !

Mon Dieu ! Vous êtes en grande forme, prête à tous les plus invraisemblables blasphèmes !


Je ne me lasse pas d’exprimer ma chance d’être ainsi touchée par la voix de Nathalie Stutzmann. Elle possède la tessiture à laquelle je suis la plus sensible, elle a un timbre que j’aime, et elle chante le répertoire dont je suis proche. Elle est en musique ce qui m’arrive de meilleur !

Et vous êtes sans doute pour sa réputation ce qui lui arrive de meilleur.


Merci pour le compte-rendu. :-)

2. Le jeudi 15 février 2007 à , par Sylvie Eusèbe

Hello David !

Merci pour vos appréciations et vos corrections :-) ! Oui, j'étais en effet "en grande forme"... l'air du lac Léman sans doute... Je vous prépare probablement ce week-end un commentaire de commentaire ;-) !
Bonne fin de semaine.
S

3. Le lundi 19 février 2007 à , par Sylvie Eusèbe

Ah je vous assure, « puissance » est le bon mot ! Pour preuve de ma « bonne foi », je vous rappelle que j’ai déjà « concédé » qu’il faille parfois tendre l’oreille lorsqu’elle est accompagnée par un orchestre symphonique.

Je ne peux bien sûr pas dire s’il s’agissait d’un ut3 à la fin d’ « annida », déjà que je n’ai pas beaucoup d’oreille, alors l’oreille absolue est pour moi une virtualité virtuelle ;-) ! Mais n’est-il pas possible qu’elle chante cette note une octave plus bas surtout si c’est la dernière de l’aria ? Cela me semble possible pour N. Stutzmann, puisque cela ne fait « que » 3 notes de plus dans le grave par rapport à la tessiture théorique de la contralto (du fa2 au la4, cf. S. Comet, in Inventaire de l’Opéra, Encyclopaedia Universalis, 2005, p. 364). Où alors, c’est son timbre (sa couleur) qui donne cette impression de grave extrême, mais cela me parait tout de même difficile à croire malgré mes oreilles peu subtiles... Avez-vous quelques lumières sonores là-dessus ?

Pourquoi avez-vous mis « bien » en italique dans « c’est bien de donner du Hasse » ? Persiflez-vous ou regrettez-vous qu’on ne joue pas assez ce compositeur ? Pour ma part, je ne le connaissais que de nom et cet aria m’a beaucoup plu. Pouvez-vous me conseiller quelques œuvres de lui ?

Je concède également la « petite tendance à l’affectation dans la plainte » du « Cara sposa » mais seulement dans l’enregistrement de 1991 : je ne l’ai pas entendue au concert. Je suis heureuse de constater que pour vous « l’interruption du flux dans la dernière tenue est intéressante », je suppose que vous parlez là de cette vocalise très originale sur le « an » de « pianti » que j’aime tellement ;-) !

En principe, mon prochain compte-rendu parlera de la Messe en Si de Bach, dirigé par M. Minkowski (Metz, fin mars). A cette occasion j’ai très envie de rapprocher le chant de Ph. Jaroussky (que j’aime vraiment beaucoup) avec celui de N. Stutzmann, je trouve qu’ils ont des points communs.

Je pourrais certes faire une « petite description » du bis instrumental, mais pas assez précise pour vous permettre, malgré votre impressionnante érudition :-), de trouver de quoi il s’agissait… Et puis je trouve que je détaille déjà tellement trop…

Je note que Fauré et Chausson semblent vous avoir fait « bonne impression »… J’en suis ravie :-) !

Attention aux « plus invraisemblables blasphèmes » : ils peuvent cacher des vérités, pas toujours bonnes à dire, d’accord, mais j’ai pris le risque…

Je vous remercie pour votre commentaire de ma dernière phrase, il est d’une grande gentillesse :-). Pourtant, j’espère bien que sa réputation n’a pas attendu ma prose et qu’elle est uniquement due à son art !!!

4. Le lundi 19 février 2007 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Sylvie !


Ah je vous assure, « puissance » est le bon mot ! Pour preuve de ma « bonne foi », je vous rappelle que j’ai déjà « concédé » qu’il faille parfois tendre l’oreille lorsqu’elle est accompagnée par un orchestre symphonique.

Alors, elle devait bien vibrer ses sons, auquel cas le son se répand beaucoup mieux.


Je ne peux bien sûr pas dire s’il s’agissait d’un ut3 à la fin d’ « annida », déjà que je n’ai pas beaucoup d’oreille, alors l’oreille absolue est pour moi une virtualité virtuelle ;-) ! Mais n’est-il pas possible qu’elle chante cette note une octave plus bas surtout si c’est la dernière de l’aria ?

Je ne pense pas, non ; en tout cas, ce serait la première fois que j'entendrais cela !


Cela me semble possible pour N. Stutzmann, puisque cela ne fait « que » 3 notes de plus dans le grave par rapport à la tessiture théorique de la contralto (du fa2 au la4, cf. S. Comet, in Inventaire de l’Opéra, Encyclopaedia Universalis, 2005, p. 364).

Justement, ces notes ne sont que rarement écrites, et le la4 est bien généreux ! Le contralto descend généralement plus bas, c'est bien la limite de la tessiture (un peu généreuse sans doute), mais le la4 constitue l'extrême limite, Podles exceptée (donc la limite de l'étendue).
En revanche, il est possible de faire sonner la note une quarte ou une quinte plus bas.


Où alors, c’est son timbre (sa couleur) qui donne cette impression de grave extrême, mais cela me parait tout de même difficile à croire malgré mes oreilles peu subtiles... Avez-vous quelques lumières sonores là-dessus ?

S'il s'agit de la même note que sur le disque, c'est bien un ut3. Mais Nathalie Stutzmann, je me répète, ne chante pas si grave, elle timbre de façon très "tassée", qui donne toujours l'impression qu'elle chante dans le bas de la tessiture. Même si elle dispose apparemment d'une étendue qui plonge bas.


Pourquoi avez-vous mis « bien » en italique dans « c’est bien de donner du Hasse » ? Persiflez-vous ou regrettez-vous qu’on ne joue pas assez ce compositeur ? Pour ma part, je ne le connaissais que de nom et cet aria m’a beaucoup plu. Pouvez-vous me conseiller quelques œuvres de lui ?

Je l'utilise lorsque j'émets un jugement moral, et que je me ris de celui qui le produit (moi, en l'occurrence :-). Je voulais dire que c'était une très bonne chose de donner des oeuvres rares d'un compositeur de cette qualité, mais c'est après tout une position de principe qui n'engage que moi, d'autres préfèreront entendre au concert des oeuvres familières. [Même si c'est très mal. ;o) ]

Je reconnais que c'est plus évident dans le cas négatif, où le sens de l'ironie est plus facilement orientable pour le lecteur.

Je concède également la « petite tendance à l’affectation dans la plainte » du « Cara sposa » mais seulement dans l’enregistrement de 1991 : je ne l’ai pas entendue au concert. Je suis heureuse de constater que pour vous « l’interruption du flux dans la dernière tenue est intéressante », je suppose que vous parlez là de cette vocalise très originale sur le « an » de « pianti » que j’aime tellement ;-) !

Tout à fait. C'est un effet qui m'a séduit, je dois dire.


En principe, mon prochain compte-rendu parlera de la Messe en Si de Bach, dirigé par M. Minkowski (Metz, fin mars). A cette occasion j’ai très envie de rapprocher le chant de Ph. Jaroussky (que j’aime vraiment beaucoup) avec celui de N. Stutzmann, je trouve qu’ils ont des points communs.

Nous serons tout ouïe. [Parce que moi, je ne vois pas bien. Aussi je suis impartient !]


Je pourrais certes faire une « petite description » du bis instrumental, mais pas assez précise pour vous permettre, malgré votre impressionnante érudition :-), de trouver de quoi il s’agissait… Et puis je trouve que je détaille déjà tellement trop…

Vous savez, des fois, en connaissant les habitudes d'un ensemble, la nature d'un public, on trouve par déduction. Tout récemment, j'ai fait trouver à quelqu'un un air de Haendel "rapide et rythmé qui ressemble à [i]Rejoice greatly dans les coloratures". Par astuce, parce que c'était bien vague...


Je note que Fauré et Chausson semblent vous avoir fait « bonne impression »… J’en suis ravie :-) !

Mieux que bonne impression, d'ailleurs, une très belle diction, une assise impressionnante.


Attention aux « plus invraisemblables blasphèmes » : ils peuvent cacher des vérités, pas toujours bonnes à dire, d’accord, mais j’ai pris le risque…

Personnellement, je suis assez d'accord, ce n'est pas un secret. A condition bien sûr d'écarter du "lied" les lieder avec orchestre et les mélodies françaises, attention !


Je vous remercie pour votre commentaire de ma dernière phrase, il est d’une grande gentillesse :-). Pourtant, j’espère bien que sa réputation n’a pas attendu ma prose et qu’elle est uniquement due à son art !!!

J'ai cru comprendre que la dame avait un commencement début de carrière peu avant la naissance de Carnets sur sol, mais je ne sache pas qu'elle ait eu exégète plus inspiré auparavant.

[Moi, à sa place, je me traînerais aux pieds de David pour le supplier de pouvoir mettre un double de ces textes au frontispice de son site et de son CV. Ce que je refuserais, bien entendu : on ne partage pas les meilleures choses. Et donc, à sa place, j'en profiterais pour faire un usage sauvage du droit de citation en réutilisant la moitié des articles, et en pariant sur ma bonhommie pour éviter tout procès.]

5. Le lundi 26 février 2007 à , par Sylvie Eusèbe

Hello David !

J’ai été un peu silencieuse parce que j’ai été studieuse ! En suivant votre conseil et en m’achetant le CD de la Cantate de Vivaldi « Cessate… » avec A. Scholl, je me suis fait un beau cadeau :-) ! Merci à vous d’avoir mentionné ce disque. Alors bien sûr, si A. Scholl a une voix magnifique de légèreté et de délicatesse, il est aussi d’un « classicisme » exemplaire... rien à voir et à entendre avec N. Stutzmann !!! Mais surtout, je ne sais pas quelle muse a visité Vivaldi quand il a composé le « Larghetto e Andante molto », en tout cas je trouve que ce mouvement est un des plus inspirés que je connaisse de lui !
« Annida » sonne aussi « grave » avec Scholl, vous avez donc raison de penser que N. Stutzmann ne change pas la partition pour mettre en valeur ses graves ;-) !

Un petit de mot de Hasse. Je me suis aussi acheté un CD regroupant deux Salve Regina et quelques « sinfonia ». Dommage que cela soit avec Bernarda Fink, je n’ai rien contre elle, mais enfin… (gros soupir). J’ai découvert avec surprise où Mozart avait « pris » les premières notes de son célèbre air avec l’épingle dans les Noces ! Sinon, j’ai trouvé que c’était une musique très soignée, qui annonce ou rappelle parfois Gluck (surtout dans le traitement des vents me semble-t-il). Le temps que j’intègre bien ce CD et je pense que je poursuivrai la découverte de ce compositeur apparemment hyper célèbre en son temps, mais bien peu « à la mode » aujourd’hui.

Si vous tenez vraiment à savoir comment « sonnait » le bis instrumental du concert de Lausanne, voici : toutes les cordes jouaient la même chose (m’a-t-il semblé) dans leur tessiture respective et en même temps… C’était rapide et un peu tempétueux (dans mon souvenir qui hélas s’éloigne déjà). Si ces indications ne vous inspirent guère, vous pouvez déplorer avec moi leur insuffisance, même pour le mélomane aguerri que vous êtes ;-) !

Et que pensez-vous de la mezzo/contralto canadienne Marie-Nicole Lemieux ? Je trouve que les quelques mélodies françaises que j’ai entendues par elle sont bien rendues mais sans l’éblouissante évidence de N. Stutzmann.

Avez-vous pu voir la retransmission sur Arte ce week-end d’Eugène Onéguine en direct de New-York et dirigé par V. Gergiev ? J’ose avouer que je n’avais jamais écouté cet opéra et que j’étais très curieuse de le découvrir.
Je ne raffole pas de la musique de Tchaïkovski en général, mais j’ai beaucoup apprécié le magnifique quatuor (au premier acte je crois) qui préfigure Strauss, la longue scène de Tatiana pendant la nuit lorsqu’elle se demande si elle va écrire sa lettre à Onéguine, et quelques autres arias. Par contre, je n’accroche pas vraiment aux chœurs, mais c’est un peu mon problème avec les opéras russes que je connais.
Le livret m’a déçu, et bien que je n’aie pas lu le livre de Pouchkine, je suis certaine qu’il n’y est pour rien ;-) ! J’ai donc trouvé l’histoire pas assez étoffée et un peu inconséquente, mais c’est sans doute qu’elle donne une bonne idée de « l’esprit russe » avec ses errances, son insatisfaction chronique et son manque de prise sur la réalité (ou ce qui est présumé comme tel).
Décors et costumes ne pouvaient guère choquer les yeux européens, sinon par leur absence totale d’imagination, quant aux chanteurs, j’ai trouvé que les seconds rôles et les chœurs étaient bien âgés !
Sinon côté chant, j’ai particulièrement remarqué le ténor qui chantait Vladimir et la basse dans le rôle du mari de Tatiana, ils ont été très émouvants dans leurs airs principaux. Je ne sais trop quoi penser du jeu du chanteur qui faisait Onéguine, aussi « lointain » que son personnage, quant à son chant, je n’ai rien de particulier à en dire. Renée Fleming en Tatiana est certes agréable, mais elle ne m’a pas semblé originale, ni par son jeu un peu répétitif, ni par son chant. Je ne saurais toujours pas reconnaitre sa voix même si je l’écoutais en boucle pendant un mois !
Enfin, je suis allée jusqu’au bout de cette retransmission, ce qui est toujours bon signe ;-) !

Humm, après ce long bavardage sans aucun rapport avec ce qu’il est censé commenter, voici un dernier mot sur votre paragraphe final. A propos de cette exégèse dont vous avez l’exclusivité, eh bien, sachez que j’ai trouvé un article sur N. Stutzmann sur le net (dans un site de musique classique très connu des amateurs, donc de moi et certainement de vous aussi) qui manifestement s’inspirait d’un de mes comptes rendus de récital (Winterreise, Paris en octobre 2006 pour être très précise). Je dis bien qu’« il s’inspirait », il ne s’agissait pas de copie ou de plagiat, et j’avoue que cela m’a fait très plaisir, d’autant plus qu’il allait dans le même sens que moi :-) ! Alors donc, cher David, il est possible que votre « bonhommie » finisse par être mise… « in cimento » ;-) !

A+++ S

6. Le lundi 26 février 2007 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Sylvie !

J’ai été un peu silencieuse parce que j’ai été studieuse ! En suivant votre conseil et en m’achetant le CD de la Cantate de Vivaldi « Cessate… » avec A. Scholl, je me suis fait un beau cadeau :-) !

Je le citais simplement en conseil d'un disque célèbre ! Il est vrai que c'est très beau. Un peu hédoniste peut-être, mais très beau.


Mais surtout, je ne sais pas quelle muse a visité Vivaldi quand il a composé le « Larghetto e Andante molto », en tout cas je trouve que ce mouvement est un des plus inspirés que je connaisse de lui !

Récitatifs de Motezuma exceptés, bien sûr. 8-)


« Annida » sonne aussi « grave » avec Scholl, vous avez donc raison de penser que N. Stutzmann ne change pas la partition pour mettre en valeur ses graves ;-) !

Quels graves ?
Pardon, j'avais promis de ne plus recommencer, après vous allez encore insinuer que je suis méchant.


Un petit de mot de Hasse. Je me suis aussi acheté un CD regroupant deux Salve Regina et quelques « sinfonia ». Dommage que cela soit avec Bernarda Fink, je n’ai rien contre elle, mais enfin… (gros soupir).

En effet, elle est mezzo, mais ce n'est pas un défaut ! :-)

Grande chanteuse, tout de même... y compris de lied ! (Son Frauenliebe est chaudement recommandé par mes soins, vraiment le dessus du panier avec Ferrier. Dans une veine moins frémissante, plus stylisée et épique. Pleinement réussi !)


J’ai découvert avec surprise où Mozart avait « pris » les premières notes de son célèbre air avec l’épingle dans les Noces !

Mozart a piqué aussi des airs de concert à Cimarosa ; l'air de la Comtesse Dove sono est structurellement calqué sur un air de la Scuola de' Gelosi de Salieri ; et ledit Salieri a réutilisé Come scoglio de façon assez similaire dans Falstaff.


Sinon, j’ai trouvé que c’était une musique très soignée, qui annonce ou rappelle parfois Gluck (surtout dans le traitement des vents me semble-t-il).

Ce n'est pas faux, le développement des vents est une caractéristique, et elle est plus encore sensible chez Jommelli. Mais pour moi Hasse évoque plutôt Haendel.


Le temps que j’intègre bien ce CD et je pense que je poursuivrai la découverte de ce compositeur apparemment hyper célèbre en son temps, mais bien peu « à la mode » aujourd’hui.

Disons qu'il est le plus célèbre des inconnus du seria. [Oui, ça lui fait une belle jambe.]
Vivica Genaux lui a récemment consacré un très beau récital, à ce qu'on m'en a dit [et je le pressentais :-) ].


Si vous tenez vraiment à savoir comment « sonnait » le bis instrumental du concert de Lausanne, voici : toutes les cordes jouaient la même chose (m’a-t-il semblé) dans leur tessiture respective et en même temps… C’était rapide et un peu tempétueux (dans mon souvenir qui hélas s’éloigne déjà). Si ces indications ne vous inspirent guère, vous pouvez déplorer avec moi leur insuffisance, même pour le mélomane aguerri que vous êtes ;-) !

C'est un peu mince, mais en cherchant dans les programmes donnés un peu partout, je suis sûr qu'on peut trouver.


Et que pensez-vous de la mezzo/contralto canadienne Marie-Nicole Lemieux ? Je trouve que les quelques mélodies françaises que j’ai entendues par elle sont bien rendues mais sans l’éblouissante évidence de N. Stutzmann.

J'aime beaucoup dans le seria : de la matière vocale et du tempérament, c'est déjà énorme.

En revanche, dans le lied et la mélodie, c'est un peu gros, un peu cotonneux, presque anesthésié. C'est bien fait, mais pas n'a pas soulevé mon enthousiasme.

Rien de l'éloquence de Nat' dans Fauré et Chausson, je confirme. :-)


Avez-vous pu voir la retransmission sur Arte ce week-end d’Eugène Onéguine en direct de New-York et dirigé par V. Gergiev ?

Non, à ce moment précis, je devais écouter un concert d'Entartete-Lieder donné à Salzbourg en 2005 (Diener/Breedt/Hampson/Rieger), avec notamment du Schreker, du Korngold, du Krenek, du Weill et du Krása. Du coup, je n'étais pas disponible. :-) De toute façon, n'ayant pas de télévision, il aurait fallu me contenter de France Musique\[s\] - ce qui est toujours plus raisonnable lorsqu'il s'agit du Met.

Et très honnêtement, Fleming-Hvorostovsky-Vargas, je trouvais ça un peu dépareillé à mon goût, alors qu'il y a d'excellents jeunes chanteurs russophones qui font ça très bien. Je sais bien que le Met fonctionne aux grands noms, mais je n'ose imaginer Fleming en Toussia ! Souvenir émerveillé d'une jeune chanteuse irlandaise, Orla Boylan, qui n'a rien laissé au disque et dont je n'ai plus jamais entendu parler depuis. Même Guryakova à Aix, il y a peu d'années, n'avait pu en approcher le souvenir.
Elle chante désormais des rôles assez larges dans des maisons de moyenne importance (la plus prestigieuse étant Cologne) : cette saison : Lisa, Jenůfa et Ariadne - aux côtés, tout de même, d'une Blanche Dubois chez Previn.


Je ne raffole pas de la musique de Tchaïkovski en général, mais j’ai beaucoup apprécié le magnifique quatuor (au premier acte je crois) qui préfigure Strauss,

Le premier acte est sans doute le plus difficile, le plus contemplatif, le plus distendu, avec ce beau quatuor en effet.


la longue scène de Tatiana pendant la nuit lorsqu’elle se demande si elle va écrire sa lettre à Onéguine, et quelques autres arias.

Cet air est une merveille de naturel. Un air, purement un air, mais combien d'affects différents, de configurations dramatiques distinctes ! Je me demande pourquoi je n'ai pas remis le nez depuis si longtemps dedans cette oeuvre, à part sans doute par agacement de ne pas trouver de livrets en cyrillique (mais désormais Internet devrait arranger ça !), sans parler des partitions en anglais...


Le livret m’a déçu, et bien que je n’aie pas lu le livre de Pouchkine, je suis certaine qu’il n’y est pour rien ;-) !

C'est très différent. Pouchkine est moins resséré, plus descriptif. On est clairement passé au drame, et je trouve la transfiguration réussie, même si la qualité littéraire n'est pas la même, ce n'est pas le propos.

Au contraire, je trouve l'intrigue admirablement bâtie, par tableaux, avec de vrais événements, et surtout de vraies progressions de personnages. Le retour du duo inversé comme scène finale est une petite merveille !


J’ai donc trouvé l’histoire pas assez étoffée et un peu inconséquente, mais c’est sans doute qu’elle donne une bonne idée de « l’esprit russe » avec ses errances, son insatisfaction chronique et son manque de prise sur la réalité (ou ce qui est présumé comme tel).

"La fatalité", comme dit un personnage grec célèbre - et pourtant plutôt gaulois.

Je ne sais pas si c'est question d'esprit russe. En tout cas, la part des choeurs ne me paraît pas débordante - mais très gratifiante.


Décors et costumes ne pouvaient guère choquer les yeux européens, sinon par leur absence totale d’imagination,

Vous en avez même oublié la direction d'acteurs ! :-)


quant aux chanteurs, j’ai trouvé que les seconds rôles et les chœurs étaient bien âgés !

Qu'importe si ça ne s'entend pas ! :-)


Sinon côté chant, j’ai particulièrement remarqué le ténor qui chantait Vladimir

Ramón Vargas est un excellent chanteur, de très grand standing vocal et de goût très sûr. Un des très rares à avoir jamais pu faire tenir un récital entièrement constitué de mélodies italiennes. C'était son russe, ainsi que son côté (potentiellement) fondamentalement incompatible avec les deux autres esthétiques qui m'inquiétaient.


et la basse dans le rôle du mari de Tatiana,

Sergei Alexashkin. Quant à Elena Zaremba, elle n'est pas la première venue. Vous l'avez peut-être vue lors des retransmissions télévisées de Guerre et Paix, elle y tenait le rôle de la Princesse Hélène.


ils ont été très émouvants dans leurs airs principaux. Je ne sais trop quoi penser du jeu du chanteur qui faisait Onéguine, aussi « lointain » que son personnage, quant à son chant, je n’ai rien de particulier à en dire.

Dmitri Hvorostovsky connaît un grand succès (pas complètement dissocié de son propre physique), et je dois m'avouer dubitatif parfois. Très bon technicien, mais souvent incarnations palotes, voix un peu engorgée, monochrome, assez grise, et tendance à mélanger toute voyelle italienne avec une proportion de 30% de "eu" (c'est ce qu'on appelle trop "couvrir" les sons). J'aime bien, mais je m'étonne de son rayonnement au détriment d'autres.

En revanche, dans le répertoire russe, ce timbre léger et lumineux, onctueux, cette belle diction, loin des belles usines à son que ce pays a toujours produit, me séduisent vraiment.


Renée Fleming en Tatiana est certes agréable, mais elle ne m’a pas semblé originale, ni par son jeu un peu répétitif, ni par son chant. Je ne saurais toujours pas reconnaitre sa voix même si je l’écoutais en boucle pendant un mois !

Son timbre peut-être pas, mais ses attaques par en-dessous et ses ports de voix visqueux, peut-être. :-)
Nous en avions déjà discuté, je lui trouve un timbre assez anonyme aussi, mais d'autres soutiennent l'inverse.
Disons que ce n'est ni son bon goût, ni la clarté de sa prononciation, ni son discernement stylistique qui font sa gloire. Mais grande technicienne, et elle a laissé quelques très beaux rôles comme Rusalka ou Thaïs (même s'il reste de la marge pour des incarnations plus abouties).


Enfin, je suis allée jusqu’au bout de cette retransmission, ce qui est toujours bon signe ;-) !

Oui !


Humm, après ce long bavardage sans aucun rapport avec ce qu’il est censé commenter,

Mais c'est avec plaisir, je n'ai rien contre le hors sujet, bien au contraire.


voici un dernier mot sur votre paragraphe final. A propos de cette exégèse dont vous avez l’exclusivité, eh bien, sachez que j’ai trouvé un article sur N. Stutzmann sur le net (dans un site de musique classique très connu des amateurs, donc de moi et certainement de vous aussi) qui manifestement s’inspirait d’un de mes comptes rendus de récital (Winterreise, Paris en octobre 2006 pour être très précise). Je dis bien qu’« il s’inspirait », il ne s’agissait pas de copie ou de plagiat, et j’avoue que cela m’a fait très plaisir, d’autant plus qu’il allait dans le même sens que moi :-) ! Alors donc, cher David, il est possible que votre « bonhommie » finisse par être mise… « in cimento » ;-) !

Je me doute bien que vous ne dites pas ça à la légère. De qui s'agit-il donc ?

Il nome ! Stanote, nessun dorma negli taccuini sul suolo !

7. Le mardi 27 février 2007 à , par Sylvie Eusèbe

Ah, je suis vraiment impatiente de découvrir ce fameux Motezuma, quant à Pelléas… je reste sans voix devant tant d’attentions :-) !

Je vous remercie pour vos précisions sur l’inspiration mozartienne et Hasse, ainsi que pour vos commentaires mezzo-contraltisants.

Votre éclairage sur Eugène Onéguine me fait un peu réviser mon jugement hâtif sur le livret, et non, je n’avais pas oublié de parler de la direction d’acteurs : quand je ne dis vraiment rien de quelque chose, ce n’est pas du tout bon signe ;-) !
Je suppose qu’Elena Zaremba chantait Olga (c’est le nom de la sœur de Tatiana, si je me souviens bien), si c’est bien elle, je l’ai en effet remarquée grâce à ses beaux… graves ;-).

Comment, comment ? Je n’ose croire que personne n’ait pu dormir cette nuit dans vos carnets (en dehors de L. Pavarotti, peut-être…) à cause de la « révélation » que j’ai faite ;-) !
Allez donc jeter un œil bienveillant ici :
www.forumopera.com/concerts/winterreise_stutzmann_cdm06.html

Bonne journée tout de même après cette nuit d’angoisse ;-) !
S

8. Le jeudi 1 mars 2007 à , par DavidLeMarrec

Votre éclairage sur Eugène Onéguine me fait un peu réviser mon jugement hâtif sur le livret, et non, je n’avais pas oublié de parler de la direction d’acteurs : quand je ne dis vraiment rien de quelque chose, ce n’est pas du tout bon signe ;-) !

Ce n'était pas tant une question qu'une affirmation voilée de ma part : il n'y a jamais grand chose à dire de la direction d'acteurs au Met. [A un point qui a tendance à me consterner.]
Cela dit, il y en encore pire : certains metteurs en scène prétendument eurotrash font en réalité du Schenk cheap. Oui, ça fait peur.
Olivier Tambosi et Frank Philipp Schlößmann pour l'Irrelohe de Schreker à Vienne en 2004, par exemple (pour ne pas les nommer).


Je suppose qu’Elena Zaremba chantait Olga (c’est le nom de la sœur de Tatiana, si je me souviens bien), si c’est bien elle, je l’ai en effet remarquée grâce à ses beaux… graves ;-).

C'est cela même. Pour les beaux graves, je me souviens surtout d'un très beau médium, mais nous ne sommes pas nécessairement sensible aux mêmes choses. :-) Et surtout, Olga sollicite énormément le bas du registre.


Comment, comment ? Je n’ose croire que personne n’ait pu dormir cette nuit dans vos carnets (en dehors de L. Pavarotti, peut-être…) à cause de la « révélation » que j’ai faite ;-) !
Allez donc jeter un œil bienveillant ici :
www.forumopera.com/concerts/winterreise_stutzmann_cdm06.html

La parenté ne m'a pas sauté aux yeux, c'est plutôt, à vue de nez, de l'ordre de l'inspiration commune. Et Dieu sait qu'après l'abondant tombereau d'ordures mensongères sous lesquelles me couvre régulièrement ce site, je n'ai pas grande illusion sur ce que leurs scrupules leur empêcheraient de réaliser.

Peut-être que si vous détailliez ? Même après comparaison paragraphe à paragraphe, je ne vois pas de lien particulièrement suspect. Certes, des remarques communes sur l'accent, mais dans le détail, les choses ne sont pas semblables à mon sens.
La critique de Christophe Rizoud reste plus convenue, en détaillant surtout le premier mot et "l'ouverture sur la lumière" finale, tandis que vous étiez allée très profond dans le cycle.

Tous les rédacteurs de Forum Opéra, même s'ils s'accommodent évidemment des agissements douteux de la maison, ne sont pas nécessairement des malhonnêtes au même titre que les deux patrons. Cela dit, tous ceux que je connaissais sont partis lassés ou le plus souvent écoeurés, et je ne connais pas les nouveaux arrivants.

Croyez bien que je me serais indigné avec plaisir :) , mais je ne vois pas. Peut-être que vous m'y aiderez demain. :-)

9. Le jeudi 1 mars 2007 à , par Sylvie Eusèbe

Les mélomanes qui ont écouté la retransmission sur France Musique de cet Eugène Onéguine sans la regarder à la télévision n’ont en effet pas perdu grand-chose : imaginez Tatiana en chemise de nuit et échevelée à la fin de sa longue angoisse nocturne tournant deux fois en courant très vite autour de son lit placé au milieu d’une scène presque vide… Je me demandais dans quel état serait Renée Fleming après cet exploit « sportif », et j’ai été contente pour elle de constater qu’elle était en très bonne forme physique puisqu’elle a fini son air même pas essoufflée ! Ah, j’ai beau savoir que les chanteurs sont de grands sportifs, ils m’impressionneront toujours ;-) !!!

Juste un mot sur l’article de « forum opéra » : j’avais bien précisé qu’il ne s’agissait pas de copie ou de plagiat, et c’est en effet l’inspiration ou l’ambiance qui m’avaient semblé assez proches de mon esprit. Comme le compte-rendu que j’avais déposé chez vous était, je crois, antérieur à l’article de Ch. Rizoud, j’avais trouvé la filiation évidente, bien qu’aujourd’hui elle me paraisse moins nette. Cependant, certains détails, comme en effet sur le début du premier Lied ou d’autres moins musicaux comme l’habillement ou l’attitude de la chanteuse m’avaient donné cette impression. Ils sont en général rarement signalés par la « critique officielle », plus « convenue » que mes textes, en effet ;-), mais c’est normal, je suis beaucoup plus « libre » puisque « seulement » tenue de respecter les personnes dont je parle et l’hôte qui m’héberge, ce qui ne me demande par ailleurs aucun effort particulier :-) !

Et je suis bien désolée de ne pas vous avoir fourni un sujet d’indignation… une autre fois peut-être !
=)8-$

10. Le jeudi 1 mars 2007 à , par DavidLeMarrec

Les mélomanes qui ont écouté la retransmission sur France Musique de cet Eugène Onéguine sans la regarder à la télévision n’ont en effet pas perdu grand-chose : imaginez Tatiana en chemise de nuit et échevelée à la fin de sa longue angoisse nocturne tournant deux fois en courant très vite autour de son lit placé au milieu d’une scène presque vide… Je me demandais dans quel état serait Renée Fleming après cet exploit « sportif », et j’ai été contente pour elle de constater qu’elle était en très bonne forme physique puisqu’elle a fini son air même pas essoufflée ! Ah, j’ai beau savoir que les chanteurs sont de grands sportifs, ils m’impressionneront toujours ;-) !!!

De grands sportifs, de grands sportifs... ce n'est pas ce que semble indiquer le ventre de Placido Domingo dès les années quatre-vingts. :-)


Juste un mot sur l’article de « forum opéra » : j’avais bien précisé qu’il ne s’agissait pas de copie ou de plagiat, et c’est en effet l’inspiration ou l’ambiance qui m’avaient semblé assez proches de mon esprit. Comme le compte-rendu que j’avais déposé chez vous était, je crois, antérieur à l’article de Ch. Rizoud, j’avais trouvé la filiation évidente, bien qu’aujourd’hui elle me paraisse moins nette. Cependant, certains détails, comme en effet sur le début du premier Lied ou d’autres moins musicaux comme l’habillement ou l’attitude de la chanteuse m’avaient donné cette impression. Ils sont en général rarement signalés par la « critique officielle »,

Oui, les sujets abordés sont les mêmes, c'est exact, habillement, accents, etc. Mais pour avoir comparé les deux textes précisément, M. Rizoud s'arrête à "Fremd", tandis que vous n'avez pas cédé à cette facilité, par exemple. :-)
Tout au plus a-t-il admiré votre prose et a-t-il communiqué ses impressions selon le même plan. Ou alors, vous avez une hauteur de vue qui frise l'universalité. 8-)


plus « convenue » que mes textes, en effet ;-), mais c’est normal, je suis beaucoup plus « libre » puisque « seulement » tenue de respecter les personnes dont je parle et l’hôte qui m’héberge, ce qui ne me demande par ailleurs aucun effort particulier :-) !

Vous faites même dans ces textes un peu mieux que ce « seulement », si, si, je vous assure.


Et je suis bien désolée de ne pas vous avoir fourni un sujet d’indignation… une autre fois peut-être !

N'ayez crainte, après m'avoir assimilé au FN, représenté habillé en nazi, affublé du prénom d'Adolf et déclaré ami de la Société Robert Brazillach, j'ai de quoi gagner une demi-douzaine de procès contre Forum Opéra le jour où il me prendra la fantaisie de les poursuivre en justice. Comme ils en remettent régulièrement une couche, je constitue patiemment dossier d'huissier après dossier d'huissier, tant qu'à faire, que ça me rapporte quelques sous le jour où je serai impatienté.

La cerise sur le gâteau étant que j'héberge toujours une communauté de mélomanes qui me remercient de mon hospitalité en chantant les louanges du courrier des lecteurs de Forum Opéra (où l'on trouve les charmantes choses susdites). Oui, je me dis que je suis cornu ascendant bonne poire, des fois, mais que voulez-vous, on est comme on est...

Donc pas de panique, j'ai tout un réservoir d'indignation en réserve si je souhaite m'amuser. :)

11. Le jeudi 1 mars 2007 à , par Philippe[s]

Ah mais j'abonde grandement dans la louange de Bernarda Fink (son récital, devant une salle au 3/4 vide, fut un des meilleurs concerts de mon séjour bordelais), et en particulier son Schumann (mais tout aussi bien le lamento della ninfa de Monteverdi).
(je ne dirai rien de N. S. de peur de m'attirer les foudres de S. E. !)

12. Le jeudi 1 mars 2007 à , par DavidLeMarrec

Je n'y étais pas, mais pour avoir entendu le disque et le même concert à la radio capté en d'autres lieux, je confirme que c'était très réussi.

C'est même sans doute là où elle m'a le plus impressionné, nettement plus que dans son répertoire d'élection, où sa belle voix aux teintes orangées, très ronde et un peu massive, seule, fait moins valoir son inspiration d'interprète.

13. Le mardi 3 avril 2007 à , par Sylvie Eusèbe

Bonjour David ! Suivant "l'habitude", voici à la suite du dernier compte-rendu, le nouveau compte-rendu, mais pas nouveau pour longtemps... ouf, quel rythme ;-) !!!

Metz, Arsenal, vendredi 30 mars 2007, 20h30.
Jean-Sébastien Bach, Messe en si mineur, BWV 232.

Marc Minkowski : direction ; Les Musiciens du Louvre-Grenoble.

Sopranos : Joanne Lunn, Blandine Staskiewicz, Judith Gauthier, Claire Delgado Boge
Altos : Philippe Jaroussky, Nathalie Stutzmann
Ténor : Emiliano Gonzalez Toro, Markus Brutscher
Basses : Joao Fernandes, Alan Ewing

L’excellente réputation de l’architecture et de l’acoustique de la salle de l’Arsenal à Metz est si célèbre que même sans connaître ce lieu j’en avais déjà souvent entendu parler. Récemment, dans une interview, à la question « à votre avis quelle est la salle idéale pour l’acoustique ? », Nathalie Stutzmann répondait sans hésiter « le Carnegie Hall de New York et l’Arsenal de Metz ». Cette réputation n’est pas usurpée et cette salle est en effet magnifique.

L’Arsenal de Metz est un long bâtiment sans étage construit sous Napoléon Ier. Comme son nom l’indique, il abritait armes et munitions, et pour bien le rappeler sur sa façade à la rigueur militaire, des cannons surmontant de petites pyramides de boulets sont sculptés en bas reliefs. Restauré à la fin des années 1980 par l’architecte Ricardo Boffil, il contient aujourd’hui une salle de concert de 1354 places.
Cette salle marque l’esprit par l’utilisation du bois et ses lignes simples. De plain-pied avec le hall d’entrée, une galerie court autour de son plan rectangulaire et guide les spectateurs jusqu’à l’arrière des sièges qui plongent vers la scène, trois « étages » plus bas. On embrasse alors cet espace d’un seul coup d’oeil en ayant l’impression d’être à l’intérieur d’un studiolo d’Urbino contemporain, ou dans le décor raffiné d’un opéra, celui d’un Don Giovanni par exemple. Les murs latéraux dans lesquels s’ouvrent deux niveaux de loges sont animés par des panneaux de bois lisse qui jouent sur les nuances de couleurs et les variations des veines du matériau. L’ensemble trace des formes décoratives stylisées : colonnes, moulures et frontons antiques au-dessus des loges et des portes d’accès à la scène sont apparentés au vocabulaire architectural du XVIIIe siècle. Cette gigantesque marqueterie est parcourue par de minces fils de laiton soulignant discrètement l’assemblage des panneaux ; le long des escaliers et des loges courent des rambardes en laiton doré donnant une touche brillante à ce lieu chaleureux.
De chaque côté de la scène et derrière elle, des gradins très raides montent vers la galerie qui fait le tour de la salle et, dans la lumière douce et dorée, les spectateurs qui s’y installent donnent l’impression de participer à une mise en scène savamment préparée. Devant la scène, de larges et confortables fauteurs noirs au design « année 70 » sont disposés en rangs espacés sur de forts gradins qui permettent une vue parfaite quelque soit sa place. Le sol est bien sûr recouvert d’un parquet en bois clair, et le plafond est composé de grands caissons.

Je suis très curieuse d’entendre la Messe en si de Bach par Marc Minkowski avec ses Musiciens du Louvre : pour leur première interprétation de cette œuvre, il est annoncé qu’ils la donneront sans les chœurs habituels très présents dans cette œuvre.
Les musicologues semblent s’accorder sur le fait que Bach n’ayant pas précisé clairement les effectifs requis pour l’exécution de cette Messe, il est tout à fait légitime d’en proposer des interprétations qui diffèrent sur ce point. Aussi Marc Minkowski choisit d’en présenter une version dans laquelle les voix des chœurs sont confiées à des solistes, soit une dizaine de chanteurs : quatre sopranos, deux altos, deux ténors et deux basses.
Je dois dire tout de suite que mes oreilles ne connaissaient que des versions « symphoniques » de la Messe en si, et seulement au disque. Pourtant dès les premières secondes du « Kyrie », ces versions s’éloignent, et celle qui est entrain de naître s’impose.

Disposés en arc de cercle derrière l’orchestre baroque, et sur des estrades qui les surélèvent légèrement, de gauche à droite voici les chanteurs : les altos Nathalie Stutzmann et Philippe Jaroussky puis les quatre sopranos ; au centre, les timbales, les cuivres, puis sur la droite les deux basses Alan Ewing et Joao Fernandes, et pour finir, les deux ténors, Markus Brutscher et Emiliano Gonzalez Toro. A propos des sopranos, je n’en connais aucune et le programme ne me permet pas de les « identifier ». Je regrette qu’il ne contienne pas les photos des chanteurs ou leurs noms avec les duos et arias qu’ils chantent. C’est pourtant facile à proposer puisque le texte de la Messe (en Latin et en Français, ce qui est une bonne chose) est dans le programme.

Cette Messe s’ouvre donc sur la première partie du « Kyrie » dont la large construction est parfaitement mise en valeur par Marc Minkowski : le chœur s’épanouit en lentes vagues successives, progressant dans un crescendo si maîtrisé qu’il ne devient évident que lorsque les forte résonnent déjà, les appuis sur les notes sont bien marqués et légèrement rebondissants, cette longue et magistrale « ouverture » se résout dans un point d’orgue à sa mesure, longtemps tenu et vibrant dans sa perfection harmonique.

Dans la plupart des passages forte où tous les chanteurs et les instrumentistes jouent, je me permets de souligner que les deux altos, pour lesquels je ne cache pas mon penchant, sont un peu noyés dans la masse : seuls quelques graves très reconnaissables de Nathalie Stutzmann ou quelques aigus tout aussi singuliers de Philippe Jaroussky percent ici ou là, alors que les sopranos dominent par leurs éclats et que les ténors et les basses soutiennent l’ensemble de leur puissance. De la même façon, dans ces moments, il m’est bien difficile d’entendre les bois qui ne passent pas la « barrière » des cordes.

Ces réserves étant faites, je peux aborder le « Gloria » dans lequel l’alternance des passages chantés par le chœur et ceux chantés par les solistes fait vite comprendre que Marc Minkowski a au moins attribué à chacun des dix solistes un aria ou un duo, parfois un peu plus. C’est équitable pour les chanteurs et cela permet de renouveler l’attention des auditeurs.

Le premier duo marquant pour moi est le « Domine Deus » qui réunit une soprano à la voix agréable proche du mezzo (désolée de ne pouvoir la nommer…) et le ténor Markus Brutscher qui me fait très forte impression tout au long de cette soirée. Son entrain et sa joie de chanter sont extraordinairement visibles, et sa voix est si puissante, si pleine d’énergie et de ferveur qu’elle entraîne les autres tout en s’en détachant. Je n’oublie pas cependant le magnifique solo de flûte qui ouvre ce duo, dont la douceur et le moelleux sont secondés par les délicats pizzicati des violoncelles et de la contrebasse. Magnifique.

Lancé par Nathalie Stutzmann dont les voyelles tenues sont toujours aussi spectaculaires, le « Qui tollis » rassemble peu à peu le chœur et contraste par son ambiance qui s’assombrit pour cette prière, la sonorité attristée des bois se détache sur les accords dramatiques du continuo.

Le premier aria pour alto « Qui sedes » est confié à Philippe Jaroussky. Je retrouve sa voix qui tombe des cieux, et malgré un hautbois plus rapide que dans mon souvenir, il chante posément et avec légèreté de délicats fortissimos.

L’aria suivant « Quoniam tu solus sanctus » est chanté par la basse Alan Ewing accompagnée par des cuivres irréprochables. Sa voix très profonde et sans doute riche en harmonies produit sur certaines notes une impression saisissante : on dirait que quelqu’un d’autre chante en même temps que lui ! (Et ce n’était pas une hallucination auditive de ma part, ou alors elle était collective, parce que plusieurs personnes autour de moi ont eu aussi cette impression).
Le « Gloria » s’achève sur le chœur « Cum Sancto Spiritu », final impressionnant de clarté et de force. Chaque voix relance successivement le thème par de délicates entrées, et cette première partie de la Messe se termine avec un « Amen » coupé net, dont l’acoustique de la salle absorbe immédiatement la formidable puissance.

Il est 21h45, et le public déjà très enthousiaste applaudit chaleureusement les musiciens.
Après une courte pause, voici la seconde partie, le « Symbolum Nicenum » qui débute par un long « Credo ».

Les musicologues soulignent que cette Messe n’en est pas vraiment une : elle ne peut pas être donnée dans une église lors de l’office. Et cela non seulement à cause de sa longueur, près de deux heures, et en raison des musiciens de haut niveau qu’elle demande, mais surtout parce qu’elle n’entre ni dans le cadre de la musique protestante, ni dans celui de la liturgie catholique, à cause du choix des textes et de leur disposition. Cette remarque et les choix interprétatifs de Marc Minkowski me font penser que cette « Messe » se rapproche de la « Passion». En voici un exemple très net à mon avis : l’articulation entre les trois chœurs successifs « Et incarnatus est », « Crucifixus » et « Et resurrexit », pendant lesquels l’épisode le plus dramatique de la vie du Christ nous est raconté comme dans une Passion (et le souvenir du « Es ist vollbracht ! » de la Saint-Jean à Leipzig est encore très présent dans ma mémoire).
Le premier de ces trois chœurs « Et incarnatus est » décrit avec gravité l’incarnation humaine du Christ sur la Terre. La musique est lente et profonde, l’attitude recueillie et la concentration des chanteurs, presque tous mains croisées devant eux, accentuent la dignité de leurs chants et nous préparent au chœur suivant, le « Crucifixus » encore plus lent, rendu inéluctable (« passus et sepultus est », « Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau ») par les coups d’archets dramatiques, puis terminé par un triple pianissimo extraordinaire et bouleversant sur le « sepultus est » qui nous immerge dans le mystère entrain d’être vécu. Et immédiatement enchaîné à ce fantastique pianissimo, le « Et resurrexit » éclate dans la délivrance et le soulagement de son énergie libérée, ses fortissimos sont tellement forts que le sol en tremble sous les pieds !

Après ce moment intense, l’aria solo de la basse Joao Fernandes « Et in Spiritum Sanctum » n’atteint pas la même concentration. Malgré de beaux graves et un délicat accompagnement par deux hautbois, le chanteur semble rester un peu en retrait, cependant le texte de cet aria est sans doute plus difficile à animer que les autres.

Le chœur « Et exspecto » termine le « Credo » et fait lui aussi penser qu’il appartient plus à une Passion qu’à une Messe : le chef d’orchestre fait ralentir ses musiciens, au point que ce « j’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir » littéralement mourrant se termine presque a capela… avant de renaître avec le trait joyeux et montant de la trompette dans un « Amen » fortissimo au final impeccable de précision.

Le public, plongé dans le profond silence qui suit les moments que l’on aimerait prolonger indéfiniment, attend probablement comme moi le magnifique chœur du « Sanctus ». Vif, très prenant, je remarque pourtant difficilement certaines phrases des cordes que j’aime beaucoup entendre planer au-dessus de l’orchestre.

Vient maintenant l’ « Osanna » qui encadre le « Benedictus ». Les chanteurs changent de place pour former une symétrie vocale, à gauche, basse, ténor, alto, deux sopranos, puis à droite, basse, ténor, alto, deux sopranos. L’aria du « Benedictus » est confié au ténor Emiliano Gonzalez Toro, qui déploie souplesse et douceur dans d’émouvants pianos ; il est soutenu par une flûte très expressive aux belles nuances et aux appuis nets. La reprise de l’ « Osanna » est dominée par les sopranos, enfin par une en particulier qui fait claquer des « a » que je trouve un peu agressifs…

Les solistes reprennent leurs places initiales, et voici le second aria pour alto qui est aussi le dernier aria de la Messe. L’« Agnus Dei » est confié à Nathalie Stutzmann, et j’en suis heureuse parce que c’était ce que j’espérais ! Le tempo choisi par les musiciens est très lent, dans l’introduction orchestrale, les archets frottent les cordes dans une « rugosité toute baroque ». Il me semble clair qu’en ralentissant ainsi son orchestre, Marc Minkowski donne le plus possible d’espace à la contralto, lui offrant la possibilité de déployer son accentuation et son imagination. Fidèle à son inventivité, et tout en restant dans la sobriété qui convient à l’œuvre, elle déploie de merveilleux effets, étirant les nombreuses reprises de « Dei », abordant certaines notes d’entrée par en dessous, attaquant le « a » de « Agnus » avec une rare netteté pour cette consonne difficile dans cette situation, coupant un « peccata » en deux : « pecca-ta » en nous laissant suspendus avant la dernière syllabe. Puis, comme à son habitude, face au dernier mot à chanter, la voici faisant un accent indescriptible sur le « o » de l’ultime « nobis » et bien sûr, n’oubliant pas de refermer son aria avec le « s » délicatement prononcé de ce même « nobis »… Tranquillité, ampleur et introspection pour cet « Agnus Dei » où l’accord entre la chanteuse et le chef m’a paru plus évident qu’avec les autres solistes. Mais il est vrai que de tous les chanteurs de ce soir, seule Nathalie Stutzmann chante régulièrement avec Marc Minkowski depuis une vingtaine d’années…
Cette « grande » Messe se termine non pas sur un « Amen », mais sur un « Dona nobis pacem » qui rassemble une dernière fois l’ensemble des solistes dans un large final au crescendo superbement conduit.

Le public applaudit vigoureusement musiciens et solistes, avec une ovation spéciale pour le jeune flûtiste Florian Cousin. Les nombreux rappels voient les chanteurs reparaître sur scène pour un salut en commun et recevoir, pour les femmes, un bouquet de fleur.

Le choix des solistes de Marc Minkowski est remarquable : je n’ai pas souvent entendu un tel ensemble, tous les chanteurs soutiennent parfaitement leur chant, leurs forte sont justes et leurs pianissimos admirables ! J’ai bien sûr aimé certaines voix plus que d’autres, et en dehors de Nathalie Stutzmann et de Philippe Jaroussky qui pour moi ont vraiment des voix et une musicalité « à part », je tiens à citer encore une fois Markus Brutscher qui m’a impressionnée par la force de son chant.

Cette Messe en si, baroque et sans « chœur », est une si belle réussite que cela serait une très bonne idée de la fixer au disque !

S. Eusèbe, 1er-3 avril 2007

14. Le mercredi 4 avril 2007 à , par DavidLeMarrec

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