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FRANCOEUR & REBEL - Pyrame et Thisbé, creuset de la tragédie lyrique - I - Contexte, livret, sources

Fin mai, on assistait à la recréation, sauf erreur, pour la première fois depuis plus de deux siècles, d'un opéra intégral de François Francoeur et François Rebel[1]. Contrairement à Destouches, par exemple, on ne publiait même plus de réductions piano des Francoeur & Rebel au début du vingtième siècle.

Or CSS, vous l'aurez noté, entretient une relation très enthousiaste avec la tragédie lyrique. Nous avions annoncé, en juillet de l'an dernier, les festivités de cette année. Le Destouches inconnu était Le Carnaval et la Folie, un divertissement joué l'an prochain à Toulouse et à l'Opéra-Comique.
Cette relation privilégiée s'explique sans doute par le rapport étroit au texte, le soin qui est apporté à son écriture, par ce sens de la danse aussi. Et ce goût de la convention, qui fait pleinement sien le caractère intrinsèquement artificiel du genre opéra - sans sacrifier, contrairement au seria italien, l'urgence dramatique.

fin de l'acte II, épisode sur lequel nous reviendrons

Au programme :

1. Contexte.
2. Livret.
3. Sources.
4. L'oeuvre : style et musique.
5. L'interprétation de Daniel Cuiller à Nantes et Angers 2007.
6. Lire

Notes

[1] Fils de Jean-Féry Rebel, dont on a recréé l' Ulysse en juin.


1. Contexte

Francoeur et Rebel s'inscrivent entre la deuxième et la troisième "école" de tragédie lyrique. C'est-à-dire entre la génération qui succède à Lully (Campra/Desmarest/Destouches) et le génération ramiste. Toute leur carrière lyrique se déroule en étroite collaboration, y compris pour la direction de l'Académie royale de musique. Pyrame et Thisbé est leur premier drame lyrique commun[1], et Daniel Cuiller en a retenu la première version, séduit par la violence extrême de la scène finale - une hécatombe façon Trouvère, où seul le villain, comme disent joliment nos amis anglo-saxons, demeure debout sur scène, vivant et terrifié. Chez notre librettiste, Jean-Louis-Ignace de la Serre, il est de plus rendu muet par l'horreur du tableau.

Bien que nous ne disposions d'aucune information probante à ce sujet, d'après la connaissance de leurs pièces individuelles, on attribe à Francoeur les moments tendres, et à Rebel les emportements, et ce, dès les contemporains.

La première version de l'oeuvre, en 1726, est ensuite retouchée par les compositeurs en 1740. Les ballets avaient à l'époque produit une forte impression - par la nature des danseuses présentes, il est vrai aussi. On a peine à imaginer aujourd'hui l'importance de cette partie du drame à la française. Il en était allé de même pour Callirhoé, au demeurant. L'opéra a connu un beau succès et de nombreuses reprises au cours du XVIIIe siècle, y compris en province (Lyon, Bordeaux, Montpellier) et jusque dans les années 1770. Signe également de sa présence régulière à l'affiche, trois parodies, détournant le texte en citant les airs, au Théâtre-Italien (l'année de la création ; autre version en 1759) ou à l'Opéra-Comique (1740). On voit à quel point les dates couvrent une large période.




Outre la réussite entière de l'oeuvre, CSS est assez fasciné, il faut bien le reconnaître, par la synthèse impressionnante qui se réalise dans cet opéra de toutes les écoles de l'art lyrique français sur deux siècles.




2. Livret

La trame. On la connaît, elle est simple et à la mode à cette époque, comme en témoignent les cantates de Montéclair et Clérambault, sensiblement contemporaines de l'opéra en question. Pyrame et Thisbé s'aiment, en sont empêchés, se donnent rendez-vous sur un tombeau. Thisbé arrive la première, et effrayée par une bête feroce, laisse tomber son voile, déchiré par la bête furilleuse :

Son voile tombé sur la rive
Du monstre assouvit la fureur.

Pyrame, retrouvant le voile, se tue de désespoir, et il ne reste plus à Thisbé qu'à faire de même.




Fort bien. La Serre introduit plusieurs modulations intéressantes sur cette trame.

  1. Le récit mythologique d'origine est conservé dans le seul acte V. C'est-à-dire que le librettiste va s'employer à créer une nécessité dramatique qui conduise à cet épisode connu.
  2. Le tombeau du roi Ninus sur lequel se retrouvent les amants n'est plus celui de Ninus. Ce nom connu devient celui non pas du roi défunt de l'Assyrie, mais du roi vivant. La Serre en fait à la fois l'ami et le rival de Pyrame, mais pour un résultat opposé au Castor et Pollux de Rameau (postérieur : première version en 1737) : pas de lieto fine, et surtout l'amitié bascule (de façon plus traditionnelle[2]) dans l'opposition frontale. A ce titre, le duo d'amitié de l'acte I est une excellente trouvaille qui permet de percevoir tout le détricotage relationnel que produit progressivement l'avancée de la logique tragique.
  3. Etrangement, le point le plus conflictuel du drame se situe à la fin de l'acte II (et non au III), lors du duo d'affrontement Zoraïde/Ninus, les deux personnages absents de la tradition...
  4. On sent un voile jeté sur la divinité, qui semble susciter la suspicion. Alors que dans l'opéra lullyste l'invocation du dieu fait apparaître son incarnation visible (ou ses mandataires), ici, le culte de Cérès ne peut convoquer qu'un mage - Zoroastre, et encore, parce que père de Zoraïde. De surcroît, cet ersatz de deus ex machina est impuissant à renverser le cours des choses.
    • Il ne peut que favoriser la fuite des amants pour punir Ninus, et non le contraindre à respecter sa parole d'épouser Zoraïde. Son monstrelet n'est manifestement pas en mesure d'effrayer suffisamment le roi, contrairement à ce que produisent les interventions divines dans Cadmus & Hermione, Phaëton ou Persée (Quinault/Lully).
    • Son propre plan est bien maladroit, puisque la rencontre du monstre (et non plus de la lionne de la légende) est l'occasion du quiproquo mortel bien connu. Le démiurge apparaît loin de l'omniscience et de l'omnipotence.
    • En cela, ce livret est à rebours de l'évolution vers des intrigues plus superficielles, prétextes à effets et ballets, scandées par les descentes divines depuis les cintres. Ces résolutions artificielles, absentes chez Lully, se développent à partir de la génération Destouches (la première version de Callirhoé était dénouée par l'intervention Dionysos), en parallèle, étrangement, d'une mise à distance intégrale de l'intercession divine dans d'autres pièces.
      • Le merveilleux dans Pyrame & Thisbé, qui emprunte sa disposition dramaturgique à Quinault (l'invocation à l'acte III interrompue par le refus), n'est de surcroît plus divin, seulement magique. Pour couronner le tout, cette magie ne peut agir qu'à la marge, concrètement (un monstre, une fuite), en rien contraindre. Le tout s'achève par son échec cuisant. Une étrange façon de redonner tout son imprévu au déroulement dramatique, sans renoncer à l'esthétique du merveilleux qui est celle du genre de la tragédie lyrique.



3. Sources

On est volontairement resté évasif ; cependant certains éléments traditionnels ne sont pas retenus par La Serre.

Tout d'abord la durée de cet amour et la grande jeunesse de Pyrame et Thisbé. Ce qui est parfaitement résumé chez Clérambault :

Pyrame pour Thisbé dès la plus tendre enfance
Du Dieu qui fait aimer éprouva le pouvoir ;
L'hymen allait enfin couronner leur constance,
Quand les auteurs de leur naissance
Leur défendirent tout espoir.


John William WATERHOUSE[3] , Thisbé'' (1909).
On voit ici Thisbé, chez ses parents, écoutant Pyrame au travers d'une fente de leur mur mitoyen.''

Dans notre opéra, c'est la jalousie du roi qui les sépare, et Pyrame est en âge de remporter des succès militaires.




Le point de rendez-vous, aussi : Le mûrier aux fruits blanc - teinté du sang des amants, jusqu'à nos jours.




Dans les sources de l'oeuvre, il existe en réalité deux légendes indépendantes. L'une où Thisbé, enceinte avant le mariage, se suicide. Et celle qui est la nôtre ; qui est par ailleurs l'inspiratrice du Romeo and Juliet shakespearien. Sans compter la scène de représentation de la légende dans A midsummer night's dream.

Notes

[1] Les compositeurs étaient alors tous deux vingtenaires.

[2] Et pour longtemps !

[3] Un peintre assez littéral, voire pompier, qui a le mérite d'illustrer utilement bien des scènes mythologiques, ce qui lui vaut d'être assez abondamment utilisé - cette Thisbé n'est pas son oeuvre la moins connue. Nous avions par ailleurs déjà employé ses services précédemment.


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Commentaires

1. Le jeudi 5 juillet 2007 à , par Bajazet

Attention ! sauf erreur de ma part, Cuiller n'a pas joué la version originale de l'opéra mais celle de la reprise des années 1770. La fin abrupte sur le suicide de Thisbé, qui rappelle le dénouement d'Idoménée de Campra ou Callirhoé bien sûr, est absente de la première mouture de l'œuvre : dans le livret de 1726, Ninus veut se tuer à sa suite, le chœur tente de l'en dissuader et Zoroastre réapparaît pour sermonner Ninus et tirer la leçon de la fable.

2. Le jeudi 5 juillet 2007 à , par DavidLeMarrec

J'étais persuadé avoir entendu Cuiller dire à G. Naulleau qu'il avait adopté la version de 1726.

J'ai conservé les commentaires dans ma bande radio, j'irai vérifier pour vérifier l'état de ma mémoire, mais il n'y a aucune raison que tu fasses erreur !

Espoir d'un sort plus doux, sortez de ma mémoire.

3. Le vendredi 6 juillet 2007 à , par Bajazet

A priori, le chef est mieux placé que moi ! Mais sur le programme de salle d'Angers, c'était bien la version tardive qui était indiquée (je n'ai pas pu vérifier, je ne le retrouve pas). Le dénouement joué en tout cas n'est pas celui de la version originale, ça c'est sûr.

4. Le vendredi 6 juillet 2007 à , par DavidLeMarrec

Il ne s'agit pas du chef, mais de ma mémoire !

Je suis en train de réécouter l'émission pour vérifier, mais il n'y a pas de raison, j'ai dû faire erreur.

5. Le vendredi 6 juillet 2007 à , par DavidLeMarrec

Je l'ai !

Oui, c'est bien 1771, je ne sais pas d'où je sors ce 1726, une confusion à coup sûr. Je m'étais dit qu'il était original de préférer la première version... J'ai dû confondre avec le commentaire sur la date de création, que fait Daniel Cuiller, je crois, au moment où il explique sa démarche et son coup de coeur pour cette fin abrupte (qui, elle, est d'une version révisée).

En revanche, il doit y avoir peu de différence dans la musique, mis à part les ballets (et la symphonie d'ouverture), parce qu'on est véritablement en pleine croisée des écoles.


Merci beaucoup pour cette rectification, ce n'était pas une paille !

6. Le samedi 7 juillet 2007 à , par Bajazet

C'est un scandale. Appelez-moi le directeur.

7. Le samedi 7 juillet 2007 à , par Guichet des Lutins

Le directeur est absent, mais je le remplace.

Il est un peu fébrile en ce moment, les lutins sont en grève, et en pleine saison.

8. Le dimanche 8 juillet 2007 à , par Bajazet

Turlututu chapeau pointu

9. Le dimanche 8 juillet 2007 à , par David Le Marrec

Cet antre du légitimisme culturel perd de plus en plus son standing.

Je vais bientôt mal finir, si ça continue (comprenne qui pourra).

10. Le dimanche 8 juillet 2007 à , par jdm

comprenne qui pourra

David skin head !
- comprenne qui pourra, c'est de l'Eluard, comme disait Pompidou après avoir fait condamner Gabrielle Russier - stop - hors sujet - politique.
[[et tu as un nouveau message, David]]

11. Le lundi 9 juillet 2007 à , par David Le Marrec

C'est bien possible, hier soir, nous étions un peu rompu, avec cette infâme grève des lutins. Et qui dort lit son courrier, comme on dit (même si ce n'est pas tout à fait efficace).

12. Le lundi 18 janvier 2016 à , par Georg-Friedrich

Bonsoir David,

Je viens de découvrir ta notule en même temps que ce "Pirame et Thisbé" qui a fait ce soir mes délices (après m'être repu ces dernières semaines de femmes fortes alla Lucrèce, Sémiramis et autres Iphigénie, j'étais, par goût du contrepoint, à la recherche d'hommes faibles, d'hommes mous dans le théâtre et l'opéra baroques et ce "Pirame et Thisbé" (j'insiste sur le i de Pirame car il n'y a pas de "y" dans le livret de 1771) me fournit, avec le roi Ninus, tout ce que je recherche : « Non, ce n’est point un Roi maître de l’Univers / C’est un amant soumis et tendre / Qui vient vous demander des fers. » (acte II, sc.3) En lisant après tes précieuses réflexions sur le livret, j'ai été frappé moi aussi par ce soupçon jeté sur la divinité. Jamais les dieux n'ont semblé, dans un tragédie lyrique, plus impuissants, plus impotents! J'en veux surtout pour preuve la fin de l'acte IV où Zoroastre et Zoraïde, dans un duo, implorent les dieux de punir le méchant Ninus (« Tonnez, Dieux immortels, lancez sur lui la foudre, Et réduisez son trône en poudre...») sans que ceux-ci, étrangement, daignent les écouter. S'il est vrai pourtant, comme le répètent Zoroastre et Zoraïde, que les rois sont à l'image des dieux, l'infidélité caractérisée de Ninus constitue une grave insulte à la divinité, surtout tant qu'elle n'est pas sanctionnée par les dieux et théâtralement mise en scène... Et curieusement, c'est bien ce qui se produit ici puisque Ninus, après la mort des malheureux amants, reste vivant et donc roi! Un roi penaud, honteux, un peu nigaud, avec ses ridicules plaintes. Comment interpréter ces dieux absents? Je donne ma langue au chat!

13. Le lundi 18 janvier 2016 à , par David Le Marrec

Bonsoir Georg-Friedrich !

(Cette vieille notule est en quatre parties, tu trouveras les autres en allant fouiner dans le mois de juillet 2007, si tu veux. Non pas que ça t'apportera quelque chose, mais il faut bien que je refile ma camelote.)

Oui, c'est « Pirame » dans les différentes éditions du livret et de la partition, mais j'ai quelque mal à me faire à la subversion de l'upsilon (à cuistre, cuistre et demi), et puis le "y" est si joli.

Je n'avais pas relevé le parallélisme que tu cites, qui rend la démonstration encore plus violente !

En réalité, on trouve cela étonnant parce qu'on a encore peu exploré toute la période de désaffection du public dans les premières années du XVIIIe siècle (très peu de succès francs dans les années 90 à 20, et beaucoup de gros échecs, tandis que l'opéra ballet, à entrées en particulier, triomphe). Les rapports du temps ne sont pas très motivants, mais il y a quantité de bijoux qui attendent d'être repris.

Et là, on y voit des dieux cruels qui provoquent des fins injustes (Didon de Mme de Saintonge & Desmarest, Céphale et Procris de Duché de Vancy & Jacquet de La Guerre en 1694, Callirhoé de Roy & Destouches en 1713, bien sûr par-dessus tout Idoménée de Danchet & Campra en 1712) ; mais cela, on l'avait déjà avec Atys (« Dieux cruels, dieux impitoyables / N'êtes-vous tout-puissants / Que pour faire des misérables ? »), voire avec Isis

Ce qui est plus inhabituel, c'est effectivement l'invocation non suivie d'effet comme chez La Serre dans ce Pirame : on invoque les dieux, et on se retrouve avec un mage de pacotille, qui doit lui-même convoquer des sous-espèces pour contraindre (sans succès) les rois parjures… À mon avis, l'explication est plutôt de l'ordre de la couture dramatique (il fallait une scène avec un monstre plutôt qu'un dieu descendant des cintres, vu que <attention gros spoiler> ça finit mal).
On trouve toutefois d'autres exemples où pour permettre la plus grande déréliction, les dieux doivent rester muets ; par exemple dans Philomèle de Roy & La Coste 1705 (il y a bien une invocation infernale, mais on se demande comment les dieux permettent une telle accumulation d'horreurs, devant les gémissements de l'innocence), et surtout, bien sûr, Médée de Th. Corneille & Charpentier en 1693, où c'est encore plus explicite que chez La Serre : « Ah, le Ciel qui toujours protégea l'innocence… / Adieu Jason, j'ai rempli ma vengeance ».

Mais oui, le fait que Ninus survive, invaincu mais gémissant, ça donne une couleur inhabituelle à l'ensemble (ça ne se limite pas à l'éclat de la douleur, ni même au triomphe des méchants). Fermelhuis fait un peu la même fin peu après (1730) dans le Pyrrhus de Royer où le roi abusif et amoureux voit mourir (au terme d'une superbe tirade, plus développée que celle de Thisbé) celle qu'il courtise, par le suicide.

14. Le mercredi 20 janvier 2016 à , par Georg-Friedrich

Merci beaucoup pour ta réponse (j'ai découvert après coup en effet les autres notules). Sais-tu sinon ce que vaut l'enregistrement de "Céphale et Procris" par Musica Fiorita et celui, plus récent, de "Pyrrhus" édité chez Alpha, avec le même Jeffrey Thompson? En attendant, encouragé par les concerts de louanges que tu prodigues sur ces pages, je vais me plonger dans "Callirhoé" de Destouches, que j'ai à la maison depuis moultes années, mais que je n'ai jamais pris le temps d'écouter.

15. Le mercredi 20 janvier 2016 à , par David Le Marrec

Céphale et Procris (donc celui de Jacquet de La Guerre, pas de Grétry) est assez réussi dans cet unique enregistrement de la radio autrichienne : le français est très perfectible chez tous (sauf Raphaèle Kennedy, assez parfaite), mais la direction et vive et le souci de déclamation patent. On espère avoir un jour mieux, mais dans l'attente, ça fait très bien l'affaire si on veut découvrir l'œuvre sans avoir besoin de luxe. L'œuvre, riche harmoniquement, assez dure dramatiquement, mérite de toute façon le détour.

Pyrrhus, sorte de synthèse de tout ce qui a été écrit jusque là en tragédie en musique, n'est pas du tout dans le style très « troisième école », beaucoup plus élancé et galant, du reste de Royer. Un des plus beaux prologues du répertoire, et deux tirades assez bouleversantes de Polyxène – c'est le moment où Emmanuelle de Negri fend vraiment la coquille pour devenir une grande maîtresse de la déclamation.
Cette version est impeccable instrumentalement, même si au disque elle paraît manquer un peu d'élan (en salle, c'était vraiment parfait, et je crois que c'est la bande du concert, retouchée, qui est utilisée). Thompson n'y présente pas les mêmes avantages d'investissement qu'en Ninus : on y entend les mêmes bizarreries avec les voyelles très ouvertes et les remontées soudaines de larynx façon crapaud, sans que cela cadre aussi bien avec les nécessités du rôle.
Ce n'est pas une œuvre ni un enregistrement prioritaire, mais c'est un témoignage très intéressant et au-dessus de tout reproche.

Quant à Callirhoé, même ceux qui ne sont pas familiers ou pas très enthousiastes de la tragédie en musique sont en général conquis : le drame tendu comme un arc, et le naturel extrême de la mélodie qui se fond dans le récitatif, c'est irrésistible. Dans ce répertoire, pour des oreilles d'aujourd'hui, on n'a pas fait aussi adéquat. (Il faut aussi essayer la bande de Beaune, avec Staskiewicz et Buet à la place de d'Oustrac et Fernandes, encore meilleurs diseurs.)

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David Le Marrec

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