mardi 9 octobre 2007
Où la culture exclut l'agriculture
Petit éclat de rire ce soir à l'écoute de l'émission Du grain à moudre, où Brice Couturier, en charge de la présentation, énonçait :
Le premier estime, avec Illitch, qu’au-delà [1] d’un certain tipping point, seuil critique, les institutions, les technologies, créées pour soulager la peine des hommes et leur prêter main-forte, se retournent contre leurs créateurs. L’autre déconstruit une philosophie qui sacralise la nature en tant que telle, aveugle au fait que la ciguë, l’opium, les trompettes de la mort sont aussi sont des produits naturels.
Sans doute est-ce notre enfance campagnarde au milieu des lutins des bois, mais un petit sourire aussi condescendant que tendre envers le savant homme de la ville s'affiche sur nos lèvres, à la façon de celui qui, se sachant considéré comme inférieur, perçoit bien à quel point les élites ont simplement cultivé certains pans utiles du savoir, tout comme eux - pas les mêmes.
Le classement des restaurants de Paris et les remèdes contre la traite des blanches constituent sans nul doute des sujets de conversation plus payants socialement que la reconnaissance in situ de champignons comestibles à la texture caoutchouteuse et la pratique de la traite des vaches, mais la lacune révèle là la présence incontestable d'un savoir.
Notes
[1] Petite erreur très répandue qui figure sur la version écrite du site de France Culture : on n'emploie le trait d'union que pour le nom.
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Vaste monde et gentils a suscité :
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