Nous avions annoncé que nous évitions les doublons dans cette rubrique, afin de brasser le plus de répertoire possible. Cependant, pour prévenir une demande, voici qui fait pendant à une autre conception de jeune chanteur, totalement opposée (très homogène, jouant essentiellement sur le timbre ample et l'émotion lassée), celle de Hans Hotter et Michael Raucheisen en 1943.
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Fischer-Dieskau tout jeune, capté de très près. Moins abattu que chez Moore I (1955), moins lyrique qu'à Prades (1955), moins pensé que chez Moore II (1962), moins chantant que chez Demus (1965), moins recueilli que chez Perahia (1990), ce n'est sans doute pas le meilleur témoignage, mais il se place sans peine devant les collaborations avec Moore III (1971), Barenboim (1979) et Brendel (1985).
Comme chez Klaus Billing (1948 !), où la voix est étonnamment claire (quasiment à se demander s'il n'adopte pas les tonalités originales...), la conception n'a pas encore la cohérence extrême et la profondeur abyssale auxquelles elle parviendra dès 1955. Voisinent ici, étrangement, un lyrisme naïf des débuts (legato extrême un peu répandu) et l'expressionnisme forcené des années soixante-dix (quelques phrases détachées). Cependant le timbre et l'expression sont déjà pleinement bouleversants : si nous ne connaissions pas ses autres enregistrements, nous considèrerions ceci comme un jalon majeur.
L'impact vocal, permanent, est sidérant.
Le son du piano de Hertha Klust (qui aurait, semble-t-il, à moins que ce ne soit quelque homonyme, chanté Inès dans le Trouvère de Verdi en 1929...) paraît très gourd, étouffé, comme un piano droit sous une couverture. Sans être profondément inspirée, elle se montre extrêmement attentive aux intentions du chanteur, et sensible au ton. Le toucher est donc peut-être mécanique [1], mais jamais indifférent au texte.
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Les autres versions DFD libres de droits sont Billing (avec un meilleur piano, mais nous ne l'avons pas sous la main) et Moore I (toujours distribuée par EMI à petit prix, et largement connue). Celle de Prades en 1955 ne l'est vraisemblablement pas, puisqu'il semble que le concert n'a pas été radiodiffusé, et que l'INA n'offre cette archive qu'aujourd'hui.
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Suite de la notule.