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Pagliardi / Dumestre : Caligula poupon


Caligula delirante de Giovanni Maria PAGLIARDI à l'Athénée.

Concept amusant des pupi (siciliens...) pour cet opéra vénitien à marionnettes, effectivement très parent de l'Incoronazione di Poppea et de Cavalli (bien que composé sensiblement plus tard, en 1672). Evidemment, c'est lui qui a attiré une bonne partie du public.

L'intrigue de cour "circulaire" (celui qui est aimé aime un autre qui à son tour, dans le cadre clos d'une cour hostile) est celle qui prévaudra à l'époque du seria triomphant de la première moitié du XVIIIe siècle (Giulio Cesare, La Verità in Cimento, Motezuma...). Ce n'est pas une innovation pour autant, le livret de l'Artemisia de Cavalli est déjà complètement (et de la façon la plus réussie qui soit) dans ce schéma.

Musicalement, on retrouve une sècheresse semblable du récitatif, mais avec de beaux moments de lyrisme, sans qu'il soit facile, pour ce type d'oeuvre, de différencier le son de l'interprète (Vincent Dumestre et les membres du Poème Harmonique) de celui du compositeur (puisque les partitions n'indiquent qu'une basse, rarement chiffrée d'ailleurs, et quelques dessus). La comparaison avec la Poppée monteverdienne me semble tout à fait parlante.

L'oeuvre (et sa mise en scène avec marionnettes) porte une dimension assumée de stéréotype et de parodie (la résurrection de Caligula amuse beaucoup le public !), sans doute liée au contexte de création (le carnaval), mais je m'interroge sur la durée très brève de ses actes : y a-t-il eu deux tiers de coupures sur un opéra de trois heures, ou est-ce une oeuvre volontairement "légère" et courte ?
Car Vincent Dumestre est crédité à l' "adaptation" du livret... est-ce pour l'action sur son versant parodique, ou plutôt sur sa durée ?

Quoi qu'il en soit, la redécouverte est des plus agréables, même si j'espérais initialement une oeuvre plus représentative des nouveautés du second XVIIe (la période lyrique italienne la plus féconde jusqu'au buffa de la fin du XVIIIe, à mon humble avis), davantage dans la veine de Falvetti ou Legrenzi.

Les timbres du Poème Harmonique sont superbement chaleureux, à leur habitude, et l'ensemble des chanteurs très valeureux. Jan Van Elsacker était un idéal d'équilibre de voix mixte, à l'expression presque trop délicate pour son rôle de forcené ; Luanda Siqueira ne manquait pas de grâce en princesse étrangère, une voix souple mais non dépourvue de substance. Caroline Meng surprenait par la grosseur du grain, mais balayait toutes les préventions (jusqu'à celles sur la diction floue) par un vrai tempérament, aux épaisseurs proches de Claire Lefilliâtre, mais qui remplacerait très avantageusement les deux Isabelle (Cals et Druet) très prisées dans les rôles de vengeresses, et très loin de la tenue vocale de Mlle Meng. Serge Goubioud lui-même semblait rajeuni, sa voix de ténor de caractère nettement projetée, sans laideurs superfétatoires ; et il n'y avait pas de quoi se plaindre de Jean-François Lombard si on ne l'avait entendu auparavant (la voix a considérablement blanchi, quasiment timbrée comme un falsettiste) ; Florian Götz est en réalité le seul dont je n'ai pas apprécié la sècheresse et la ligne un peu prosaïque.

Et j'ai eu l'excellente surprise de constater que Hasnaa Bennani, à peine sortie du CRR de Paris (ce qui est certes prestigieux, mais rarement suffisant pour une grande carrière), a été repérée et placée dans un premier rôle par Vincent Dumestre.
Les lutins lui avaient en effet souhaité un décollage à la mesure de son potentiel...
Elle chantait Teosena pour la première moitié de la tournée.


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