Verdi, Don Carlo, Noseda, Turin, TCE, Frittoli, Barcellona, Vargas-Secco, Tézier, Abdrazakov, Spotti, Tagliavini...
Par DavidLeMarrec, lundi 29 avril 2013 à :: Saison 2012-2013 - Opéra romantique et vériste italien :: #2241 :: rss
Version en italien et en quatre actes (voir ici la nomenclature des très nombreuses versions possibles : Paris 1866, Paris 1867, Londres 1867, post-Naples 1871, Milan 1884, Modène 1886... et beaucoup d'arrangements entre elles pour les enregistrements commerciaux).
Pas de compte-rendu, mais quelques remarques :
=> Qu'est-ce que c'est mal orchestré. Je n'avais jamais testé Don Carlo en salle, mais on ne peut pas dire que Meyerbeer et Wagner aient été digérés... Les doublures éléphantesques partout...
En revanche, le dernier acte sonne très bien : plus récitatif, plus inventif à l'orchestre, de très nombreuses modulations expressives, des lignes mélodiques plus surprenantes... le grand air d'Elisabeth est clairement un de ces airs cursifs, interrompus de récitatifs, typique du grand opéra à la française, tandis que le grand duo qui suit évoque l'écriture du Wagner de Lohengrin (en bien mieux, naturellement).
=> On entend nettement pourquoi les voix d'aujourd'hui, particulièrement dans Verdi, n'ont pas le même impact qu'il y a cinquante ans : toutes les émissions sont un peu en arrière, ce qui procure une forme d'épaisseur pour les micros, mais diminue la pénétration du son dans la salle. Autre corollaire, le texte est en bouillie - la présence du surtitrage rend cet aspect supportable, pour une oeuvre aussi célèbre, mais les chanteurs suppriment des consonnes, ne les articulent presque pas, nivellent les voyelles...
Tézier est le parangon de cette tendance, et c'est encore plus vrai lorsqu'il est grippé comme ce soir - alors que la voix est ample, elle reste ultracouverte et un peu en-dedans, ne claque jamais. Toutes les voyelles sont largement mêlées de [eu], les attaques et la diction ne sont pas franches ; en ramenant un tout petit peu plus à l'avant son émission, ce serait un autre homme, vraiment.
=> Le Choeur de l'Opéra de Turin a des pupitres féminins très jeunes (presque toutes la trentaine, à vue de nez)... et cela s'entend ! Je n'y avais pas prêté attention jusqu'à la scène de l'autodafé, où la netteté du trait était très inhabituelle. Dans les choeurs "statutaires", les choristes, même s'ils sont régulièrement réévalués, restent longtemps, et cela ne pardonne pas pour les voix de femme, surtout en groupe.
Par ailleurs, pour qu'il n'y ait pas de jaloux, la partie masculine du choeur regardait nettement vers la cinquantaine, et le résultat, coïncidence ou pas, était assez terne.
=> Je me demande comment Noseda pouvait faire pour diriger ses troupes : il mène l'orchestre avec un temps d'avance, ce qui n'a rien d'inhabituel, mais donne les départs aux choeurs et aux solistes (pas forcément disciplinés ni exacts) sur le temps. Quelle déconnexion cérébrale cela suppose-t-il !
Par ailleurs l'orchestre du Teatro Regio est très loin de la précision et de l'éclat de celui de la RAI dans la même ville (1,2).
=> Le public glottophile est comme d'habitude plutôt paroxystique : manifestant bruyamment sa déception à l'annonce d'un remplacement et de deux chanteurs souffrants, applaudissant généreusement chaque numéro (même lorsqu'on attendrait un enchaînement dramatique), malgré cela très attentif, et particulièrement expansifs aux saluts.
Sinon, très belle soirée, tempi à chaque fois plus vifs que les maximums usuellement entendus dans l'oeuvre, mais qui sonnent juste (vu la matière musicale, on peut aller vite pour resserrer le drame, sans dommage), et chanteurs tous excellents. Particulièrement impressionné par Secco (remplaçant Vargas au pied levé), émission qui change tout le temps, mais très maîtrisée, plutôt tranchante, et un aigu dense et clair, très assuré et tendu à la fois, magnifique ; et par Abdrazakov, dont les effets de mezza voce dégagent un halo d'une beauté jamais entendue à ce jour - les récitatifs de son air sont ainsi à peu près inégalés.
Il est par ailleurs rare de disposer trois basses chantées avec une présence sonore remarquable dans un seul ouvrage, particulièrement italien (Abdrazakov, Spotti, Tagliavini). (Et fugace mais superbe Voix Céleste d'Erika Grimaldi)
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