samedi 15 février 2014
Le Lied en français – XXV – Die Wetterfahne (Winterreise n°2)
Enjeux
Ce lied-ci est prosodiquement piégeux : beaucoup de syllabes réparties sur deux notes ou davantages. Il y en a moins en français (la langue, avec toutes ses indispensables prépositions, étant plus bavarde), mais il en demeure, toujours sur les temps forts (première ou quatrième croche dans ces mesures en 6/8).
Pour le sens aussi, la comparaison est filée à coups de tournures allusives en allemand. Écrire un poème français pas trop contorsionné n'est donc pas évident, vu l'état de l'original. Tout en restant comme à l'accoutumée très proche du sens et des appuis de l'original, je me suis autorisé quelques nuances ou ajouts – ce serait-ce que pour éviter une prosodie contorsionnée. Apparaissent ainsi l'image des pales ou la mention du « faux coq de fonte », qui ont l'avantage d'être immédiatement concrètes dans un texte qui risquait les lourdeurs allusives.
Prosodiquement, l'inversion entre « femme » et « celle » produit un résultat préférable, mais les doubles croches précipitées sur la « femme qu'il surmonte » ne m'a pas semblé du meilleur goût.
Mais l'essentiel du travail a porté sur toutes ces notes liées, pour éviter d'insister sur les syllabes faibles ou de se retrouver avec des syllabes accentuées sur des resacs mélodiques. Après test, cela semble fonctionner – j'attends les premiers retours d'autres interprètes.
Poème
Comme toujours, il ne faut considérer la version française comme une traduction de Müller, mais comme une version française (certes largement fidèle, contrairement aux traductions historiques) de l'œuvre combinée de Müller et Schubert. Ces poèmes n'auraient aucun intérêt à être lus en recueil, ils sont conçus pour sonner à l'oreille : pas de mètre (inutile, la musique en tient lieu, et déforme les existants), en revanche des rimes (croisées, sur le modèle de l'original) comme repère timbral.
Die Wetterfahne / La girouette
Des pales de sa girouette jolie
Le vent se jouait parmi le brouillard ;
J'ai cru, alors, dans ma folie,
Qu'elle se jouait du pauvre fuyard.Aurait-il remarqué le faux coq de fonte,
L'amoureux qui s'abritait sous ce toi,
Il n'aurait pas cherché chez celle qu'il surmonte
L'image de la femme qui tient sa foi.Le vent y joue de nos pauvres âmes
Comme une pale, mais pas si fort.
Que leur importent mes alarmes ?
Leur riche fille est couverte d'or !
Partition
Le Bien n'a pas changé de camp :
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Projet lied français a suscité :
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