[Nouveauté] Purcell — Music for Queen Caroline — Christie
Par DavidLeMarrec, samedi 13 décembre 2014 à :: Intendance - Carnet d'écoutes :: #2582 :: rss
Un minuscule mot sur cette nouvelle parution, parce qu'elle confirme des choses déjà glissées auparavant.

Paru chez le nouveau label autoproducteur des Arts Florissants, mais en imitant les polices et les coloris de l'ère Erato.
Le programme de ce nouveau disque est beau et cohérent, trois hymnes sacrés autour de la figure maîtresse de l'inspiration de Purcell, en tout cas concernant la musique de circonstance. On remarque en particulier The Ways of Zion Do Mourn, cantate pour les funérailles de la Reine, et qui devint la première partie (et de loin la plus belle) d' Israel in Egypt dans les deux versions de 1739 (voir là la nomenclature et la discographie) — l'un des chefs-d'œuvre de tout Haendel, avec ses lents chœurs de déploration homophoniques ou tuilés…
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Et pourtant, quelle mollesse inaccoutumée ! L'orchestre semble relativement vaste, il est vrai, mais c'est surtout le trait qui s'est embourgeoisé :
¶ les attaques sont douces, et n'était le grain plus acide des cordes, on croirait entendre un orchestre traditionnel ;
¶ mais surtout le chœur, qui n'a jamais été le mieux articulé du marché, marque un relâchement tout de même sans précédent… dans la lignée de ce qu'on a pu remarquer au fil de ces dix dernières années. Comme si Christie s'était désintéressé de la formation à la déclamation qui a fait tout le prix (incommensurable) de son apport au chant et au style baroques.
Parrott et Mallon, qui ne sont pourtant pas des excités notoires, parviennent à une tout autre intensité dans cette pièce, qui paraît seulement jolie ici, sans la virtuosité de l'Ensemble Aradia ni les appuis menaçants du Taverner Consort.
Décevant, mais cela poursuit les observations faites depuis plusieurs années à présent : Christie semble avoir renoncer non seulement à l'exploration, mais surtout à l'exigence verbale… Comme il était un peu le seul à alimenter le marché en la matière (chaque grand interprète se formant auprès de lui avant de mener sa carrière, parfois même hors du baroque), que va devenir le baroque français si personne n'est là pour l'alimenter en chanteurs formés à la déclamation musicale ? Ce répertoire, à en juger par plusieurs concerts entendus récemment, pourtant par les meilleurs ensembles (et irréprochables instrumentalement), semble en danger de redevenir ennuyeux, un passage obligé d'ouverture de concert, le temps de bercer les mélomanes les plus faibles dans un sommeil sans retour.
Commentaires
1. Le lundi 15 décembre 2014 à , par Bara Spinozuch
2. Le lundi 15 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec
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