Les vidéos glottophiles du moment
Par DavidLeMarrec, lundi 5 janvier 2015 à :: Saison 2014-2015 :: #2601 :: rss
En attendant quelques entrées plus substantielles, quelques sites ou vidéos, admirables ou rigolards, que vous avez peut-être manqués.
¶ Le site du Quatuor Voce propose de beaux sons tirés de leurs disques ou concerts. Un Quatuor déjà plusieurs fois remarqué par CSS (voir notamment notule 649, notule 654, notule 655, notule 656, notule 666 et quelques autres…
Une formation qui se distingue par son audace et ses choix très engagés, quitte à se mettre en danger (ce qui, vu le niveau de la formation, n'est pas peu dire sur leur investissement). Vraiment à entendre, un des quatuors qui marquent leur époque.
¶ Vidéo de L'Étoile de Chabrier, qui semble connaître un regain d'intérêt sur les scènes, mais rarement captée visuellement… dans une production très astucieuse de Pelly (les engrenages du palais sont assez épatants).
¶ Vidéo de Doctor Atomic de John Adams, l'un des très rares opéras récents à s'être imposés au répertoire — et non sans raison, accessible, habile, assez trépidant musicalement et pourvu d'un livret original assez frappant. Comme d'habitude, et plus que d'habitude, Adams n'utilise la répétition qu'à des fins expressives… on ne peut plus du tout parler de musique minimaliste, tant le contenu est riche et les procédés divers.
¶ Vidéo de Luisa Miller de Verdi, remarquablement dirigée par Massimo Zanetti, qui ne laisse jamais reprendre son souffle sans rien précipiter ni perdre en poésie. En plus, beaucoup d'éléments intéressants dans la distribution : les allègements de Gregory Kunde, le cas particulier de Nicola Alaimo (qui aurait probablement pu être ténor, mais présente une maîtrise belcantiste telle qu'on ne peut que rendre les armes), et surtout la révélation tonitruante de la capiteuse Cristina Melis, loin de se reposer sur ses lauriers vocaux.
¶ Formidable extrait du Requiem de Verdi (« Lacrimosa »), tendre et tempêtueux, avec Nicolas Courjal, mais tout le monde est déchaîné (ces dames, Svetlana Kasyan, Stefanie Iranyi, corrigent sévèrement la norme discographique en matière de technique comme d'engagement). Donné récemment à Moscou.
¶ Vidéo de La Clémence de Titus de Mozart par Jérémie Rhorer. Très intéressante à plus d'un titre (je reviendrai sur l'adaptation de Kurt Streit, qui chante beaucoup Wagner dernièrement, à un rôle mozartien, avec beaucoup d'adresse et de style), à commencer par les couleurs assez inédites et l'urgence remarquable insufflées par Le Cercle de l'Harmonie — vraiment dans son répertoire naturel, très loin des systématismes ou des monochromies que peut laisser affleurer chez eux le premier répertoire romantique.
¶ Vidéo du Winterreise de Schubert par Matthias Goerne et Christoph Eschenbach. Les projections ne sont pas forcément indispensables en elles-mêmes (je n'ai pas encore tout vu), mais rares sont les artistes qui bénéficient d'une captation en vidéo d'un cycle de lieder. Vu que les deux premiers Winterreise qu'il a gravés le prennent un peu tôt (dont un avec Brendel plutôt chichiteux), et que le dernier chez Harmonia Mundi pâtit d'une réverbération absurde pour une voix (1,2,3) déjà enveloppante (qui en brouille les contours au lieu d'en exalter la présence), une captation officielle en pleine maturité dans un son plus naturel n'était pas superflue.
¶ Si vous êtes passés à côté, « Kimchilia Bartoli » (parodie de ceci) par le contre-ténor Kangmin Justin Kim est un petit tour de force… non seulement la gestique (le port de tête, les accentuations physiques des temps !) est très exacte (et inconfortable pour chanter), mais jusqu'au timbre imite assez exactement son illustre modèle. C'est au prix de quelques aigus un peu bas, mais considérant que cet air n'est vraiment pas taillé pour falsettiste, il y a de quoi être impressionné — et, me concernant, passablement hilare. Humour glotto-certifié.
¶ La vidéo du Gala du Tricentenaire de l'Opéra-Comique, pas un simple récital, mais un spectacle qui raconte avec malice la naissance de l'institution — le principe vire un peu au catalogue (et au catalogue d'échecs !) dans la partie XIXe sélectionnée par Arte pour sa retransmission hertzienne, néanmoins il faut voir cela… très amusant, et remarquablement chanté. En plus, Les Siècles sont évidemment passionnants à suivre dans leur lecture philologique de Dauvergne à Poulenc !
¶ Sur Arte+7 (dépêchez-vous !), Bartoli et Fasolis (et Jaroussky) jouent du Steffani dans des recoins de Versailles. Intéressant à plus d'un titre : cette musique du dernier quart du XVIIe est bien plus intéressante (dramatique et variée) que de l'opéra seria, le concert privilégie les duos, et les lieux très intimes rendent des sons chambristes (salons lambrissés) qu'on n'entend guère en concert et même au disque. Tout cela est de plus très favorable, amis glottophiles, à l'instrument caressant (et peu puissant) de Bartoli.
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