[Carnet d'écoutes n°113] – Joseph Calleja : album Verdi
Par DavidLeMarrec, samedi 3 février 2018 à :: Carnet d'écoutes :: #2997 :: rss
Plusieurs nouveautés emblématiques ou appétissantes viennent de paraître. Par conséquent, petite série ce week-end.
Joseph Calleja : album Verdi
On peut écouter intégralement, gratuitement et légalement ici (sur ordinateur : payant sur téléphone).
--
Combien mes sentiments sont ambivalents envers Calleja !
♥ La voix est miraculeuse, une véritable émission claironnante, haute et mixée, qui n'hésite pas à paraître légèrement nasale au disque pour réellement sonner, crois-je devenir, dans les salles. On croirait retrouver le profil des grands chanteurs du passé (avec une diction tout de même un peu plus en arrière).
♥ Ce dernier disque a le mérite non négligeable, plutôt que de se limiter aux airs (rarement le plus intéressant de la musique), de proposer quantité de duos, parmi les plus belles pages de Verdi (Alvaro-Vargas, Carlo-Posa, Otello-Iagp) ; il explore aussi des franges que Calleja n'a pas forcément projet d'aborder – uniquement des rôles de ténor spinto, voire dramatique, alors que Calleja est très prudent (et sort à peine d'Edgardo et Alfredo, des rôles de format lyrique pas très lourd…).

♠ Et pourtant… qu'est-ce que j'enrage en entendant cette expression impavide ; ce n'est pas tant une incapacité ou une pudeur que le fait qu'on entende, audiblement, qu'il se concentre sur son timbre et sa voix. Il en va de même pour le répertoire : extrêmement réduit, si bien qu'un album tiré des grands opéras de Verdi fait figure de renouvellement incroyable dans son répertoire (pourtant presque exclusivement verdien…). Quel gâchis de cantonner ce talent dans une poignée de rôles où l'on n'a pas vraiment besoin de son excellence, alors que tant de franges moins bien servies pourraient bénéficier de sa notoriété et de sa qualité. Ah, pour sûr, il ne va pas vieillir précocément, celui-là.
♠ Calleja, en fin de compte, mis à part la question du timbre (vraiment à mon goût, contrairement à l'autre) et de la personnalité (sensiblement moins fantasque), a tout du profil Pavarotti : un technicien qui ne peut que fasciner tous les amateurs de chant, sans qu'on soit bien que le chanteur en fasse réellement quelque chose. [Mais peut-on chanter aussi bien sans être obsédé en permanence, à chaque seconde de sa vie à la ville ou sur scène, pour le beau son ?]
Bref, c'est très beau, mais pas complètement palpitant (tous ces héros emportés paraissent tellement civils !), et un peu frustrant aussi, en creux du moins.
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire