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[Carnet d'écoutes n°118] – Nouveautés Hausegger : Barberousse, 3 Hymnes à la Nuit (Keller)


hausegger

Hausegger – Barbarossa
Hausegger – 3 Hymnen an die Nacht
Begemann (baryton), Norrköping SO, Hermus


On peut écouter intégralement, gratuitement et légalement par ici – vous y trouverez l'intégralité des quatre enregistrements disponibles de Hausegger : trois disques CPO et un mp3 autoproduit par l'American Symphony Orchestra.

Le poème symphonique sur Barberousse n'est ni très figuratif, ni au sommet musicalement de Hausegger – on est loin de la Natursymphonie (Jedi-Sinfonie) ou des poèmes symphoniques du précédent album CPO (Variations sur un comptine, Fantaisie dionysiaque, Wieland le forgeron), vraiment réjouissants de bout en bout, débordant de contrechants très nourrissants, pour un postromantisme à la fois très dense, radieux et pas du tout opaque.

En revanche les 3 Hymnes à la Nuit, non pas sur du Novalis mais sur du Gottfried Keller (le poète fétiche des meilleurs cycles de Schoeck, celui du Notturno ou de Lebendig Begraben, par exemple), révèlent un aspect moins purement postromantique et plus subtilement décadent, plus chargé et inquiétants tout en conservant les mêmes qualités de lyrisme, exaltés de surcroît par le grain prégnant et la déclamation toujours splendide de Hans-Christoph Begemann (même en français, d'ailleurs).

Un cycle qui se classe sans peine parmi les plus beaux cycles de lieder orchestraux décadents (liste qui mériterait fort d'être mise à jour pour inclure quelques bijoux qui y font défaut, dont les Schoeck, précisément – et peut-être Casella).

hausegger

Je précise tout de même que, contrairement au merveilleux Symphonique de Bamberg dans l'album ci-dessus déjà dirigé par Anthony Hermus, c'est cette fois le Symphonique de Norrköping qui officie – et malgré toute la science des ingénieurs du son de CPO (amplitude et transparence les meilleures du marché), Norrköping conserve son titre de cuivres les plus acides au monde. Même pour un fanatique de cuivres soviétiques, de spectres orchestraux norvégiens (toujours acidulés) et de trompettes baroques dans mon genre, les dents grincent quelquefois, tant la franchise de leur émission a quelque chose du citron frais, le sucre en moins.

Pour autant, très bel orchestre au spectre clair et au véritable engagement, comme toujours. Mais la caractéristique n'a pas changé depuis les enregistrements de Neeme Järvi il y a un quart de siècle… toujours un des orchestres les plus typés au monde, plus facile à reconnaître que Berlin ou le Concertgebouworkest.


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Commentaires

1. Le mardi 13 février 2018 à , par Benedictus

Gottfried Keller (le poète fétiche des meilleurs cycles de Schoeck, celui du Notturno ou de Lebendig Begraben, par exemple)


Juste deux précisions: 1. pour le Notturno, il y a juste un tout petit bout de Keller à la fin du quatrième mouvement (pour les 9/10 de l'œuvre, c'est du Lenau); 2. il y a un autre cycle qui est tout entier sur des poèmes de Keller, c'est Unter Sternen (pour voix et piano; peut-être mon préféré - dans un genre assez austère, spéculatif et évasif.)

2. Le mardi 13 février 2018 à , par Benedictus

Sinon, à propos de Jedi, tu as remarqué qu'on trouve le thème principal dans le premier quatuor de Weingartner? (Quasi entier, pas juste les deux-trois premières notes comme dans Hausegger - où l'orchestration rend la chose plus saisissante, il est vrai.) Déjà que Zemlinsky ne cesse de mouliner le thème des amours de Leia et Solo dans Seejungfrau...

(D'ailleurs pas fait gaffe si il revenait dans la VII - que j'ai trouvé meilleur moins mauvais que la prélogie, mais procédant vraiment trop à un recyclage systématique de tous ceux d'avant; en revanche, j'ai vraiment bien aimé Rogue One - justement, assez différent du cycle Lucas.)

Et puis je note la recommandation, merci. (Cela dit, Norrköping, c'est pas mal pour dégraisser du Reger.)

3. Le mardi 13 février 2018 à , par DavidLeMarrec


Keller

Juste deux précisions: 1. pour le Notturno, il y a juste un tout petit bout de Keller à la fin du quatrième mouvement (pour les 9/10 de l'œuvre, c'est du Lenau); 2. il y a un autre cycle qui est tout entier sur des poèmes de Keller, c'est Unter Sternen (pour voix et piano; peut-être mon préféré - dans un genre assez austère, spéculatif et évasif.)

Oui, bien sûr, essentiellement du Lenau, mais c'est quand même un moment d'éternité, la fin du Notturno, même si la poésie de Keller vaut ce qu'elle vaut (je me suis toujours demandé, justement, pourquoi finir par ça, même si je ne suis pas un inconditionnel de Lenau non plus).

Oui, Unter Sternen, c'est magnifique, mais moins célèbre encore, et sans doute moins facile d'accès  j'aime évidemment – davantage que le méchant Lebendig Begraben. Et Fischer-Dieskau & Höll jouent effectivement à fond la carte de la bizarrerie dégingandée, avec beaucoup de succès (alors qu'on pourrait très bien traiter ça comme de jolies mélodies un peu enveloppantes et sinueuses, façon Wolf).

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Prémices de Star Wars

Pour la Sirène de Zemlinsky, oui, c'est frappant, on a la fin de l'Empire contre-attaque en boucle (presque des variations, à ce stade) pendant le mouvement lent, avec son thème d'amour caractéristique… Ça m'a rendu l'écoute beaucoup plus réjouissante de cette choucroute transparente mais un peu vaste, lorsque tu m'as signalé cela !  \o/

Par ailleurs, contrairement à Hausegger et Weingartner, il est plus probable que Williams ait éventuellement pu ouvrir cette partition, même si l'engouement pour Zemlinsky est postérieur à la composition de Star Wars IV. Hausegger et Weingartner, on peut se permettre d'en douter, ce n'était pas un chercheur en décadentisme… c'est simplement qu'il baignait tellement dans Wagner qu'il n'est pas illogique qu'il en ait tiré quelques conclusions communes.
Mais tout de même, quelle musique, si on la retirait, je crois qu'une bonne partie de l'univers Star Wars s'effondrerait !  (Ça deviendrait Dune avec un bon scénario et un peu plus de Rohmer que de Star Trek…)

En revanche, pour le Quatuor de Weingartner, tu parles du premier mouvement, avec le motif de l'héroïsme des jedis en mineur ?  C'est quand même une tournure musicale assez standard (alors que dans la symphonie de Hausegger, il y avait l'harmonie identique, la suspension du moment, l'orchestration…), je trouve que le premier mouvement est assez largement un décalque de celui du Quatorzième Quatuor de Schubert (Tod & Mädchen), où l'on trouve les mêmes motifs au violoncelle, très structurants. Et ce n'est pas le seul écho qu'on y trouve, on sent qu'il a vraiment écrit sa version du Schubert.

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Norrköping attitude

Norrköping dans Reger, ça dégraisse, certes, mais bobo les oreilles sur les parties qu'on entendait déjà très bien dans les autres versions…

Pourtant, les trompettes de Leningrad ou de la RTF, aucun problème… et pour moi, rien de plus beau que celles de Trondheim, pas franchement moelleuses à l'anglo-germanique. Même les italiennes de la haute époque, même celles du Ring de Böhm, vraiment criardes tout de même, j'encaisse sans douleur. Mais Norrköping, on atteint une sorte de seuil de la douleur… curieux d'entendre ça en vrai.

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Cahiers du Cinéma

(D'ailleurs pas fait gaffe si il revenait dans la VII - que j'ai trouvé meilleur moins mauvais que la prélogie, mais procédant vraiment trop à un recyclage systématique de tous ceux d'avant; en revanche, j'ai vraiment bien aimé Rogue One - justement, assez différent du cycle Lucas.)

Si, si, je crois bien qu'il revient (c'est le thème de Luke), lorsque son nom est évoqué dans les différents rébus de la quête (mais sous une forme plus discrète, comme c'est le cas à la flûte avant le fameux solo de cor du Binary Sunset).

Effectivement le VII recycle assez servilement – mais lorsqu'on a découvert le IV il y a longtemps, c'est tellement rafraîchissant à revivre, j'avais trouvé ça délicieux. Et le nouveau thème de Rey (avec plein de motifs à exploiter) est très beau.

Rogue One, oui, très différent, plus un film d'aventures pur, avec de grosses séquences très dissociées. Ce qui fait tout son prix, à mon sens, c'est le cataclysme final (vu le statut spécial de l'épisode, on peut massacrer autant de personnages qu'on veut), étonnamment poétique pour un film de ce genre. Ça m'a évoqué la mélancolie amère de fin du monde qu'on trouve dans On the Beach de Kramer… avec des moyens beaucoup plus visuels, certes.

Quant au VIII, j'en ai lu beaucoup de mal, mais je l'ai trouvé tout à fait jubilatoire, dans la mesure où il assume la distanciation, complètement à rebours de l'univers mortellement sérieux de la prélogie. Par ailleurs la musique y joue un rôle plus importants que dans tout ce qui a été fait depuis le VI…

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David Le Marrec

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